L'Agamemnon et le Niagara
prenant
à leur bord le câble
transatlantique
réunit des capitaux très importants pour tenter
l'opération. Il a fait fabriquer un câble beaucoup plus
solide
que les câbles alors en usage.
Au centre, l'âme est composée d'un taron de sept
fils
de cuivre pur gainé de trois
couches
de
gutta-percha.
Le
tout est solidement enveloppé
dans
de la toile
goudronnée armée de dix-huit torons formés chacun de
sept
fils
de fer. Cyrus Field en fait fabriquer
3
200
kilo-
mètres qu'il fait charger
à
bord de
YAgamemnon,
navire
de guerre britannique en bois à hélice, armé d'un
gréement de fortune.
La
pose
commença
le
7
août
1857
à
partir de Valentia sur la
côte
ouest de l'Irlande.
Dix
jours
plus tard, le câble se rompt par
3
700
mètres de fond.
L'année
suivante, Field reprend son projet. Deux
navires,
ÏAgamemnon
et le
Niagara,
doivent, à partir
d'un point situé au milieu de l'Atlantique, poser chacun
une moitié du câble
;
échec
;
une nouvelle tentative en
août 1858 réussit: le 5 août 1858, un message
part
d'Irlande en direction de Terre-Neuve. On illumine à
New
York
pour fêter la nouvelle
;
mais, moins d'un mois
plus tard, la liaison est interrompue. La guerre de
Sécession
(1861-1865)
interrompt alors les travaux. Dès
l'annonce de la
paix,
Cyrus Field reprend son projet, réu-
nit à nouveau des capitaux et, à l'aide du navire géant
Great
Eastern,
effectue une nouvelle tentative.
Le
2 août
1865,
au cours de la pose, le câble se rompt,
disparaît au fond de l'eau
;
on ne réussit pas à le repê-
cher.
La tentative de 1866, enfin, se solde par une
victoire.
Le 27 juillet
1866,
le reporter du
Times
qui vit
sur le navire et a obtenu
l'exclusivité
du reportage
peut
annoncer à ses lecteurs que non seulement la liaison est
établie
à travers l'Atlantique, mais aussi quelques jours
plus tard que le
Great
Eastern
a réussi à repêcher et
mettre en service le second câble.
Désormais,
tout devait aller très vite. Trois ans
plus tard, le baron Erlanger, financier établi à Londres,
fonde la
société
du
câble
transatlantique français. C'est la
compagnie anglaise, propriétaire du
Great
Eastern,
qui
effectue
la pose. L'opération donne lieu à de grandes
démonstrations scientistes et nationalistes
dans
la
presse française:
«Ulllustration,
écrit le reporter du
grand journal illustré, a pris toutes ses mesures pour
suivre pas à pas les péripéties de cette mémorable
expédition à laquelle le monde entier s'intéresse.
»
Rien
de moins...
A
partir de ce moment, l'ensemble des continents
se
ceinture d'un réseau de câbles sous-marins dont la
géographie est étroitement liée
à
celle
des empires
colo-
niaux. Les premiers grands câbles anglais, par exemple,
sont à destination des points névralgiques de l'Empire :
en 1854, un câble relie Ceylan au continent indien;
en
1859,
un autre petit
câble
effectue
la
jonction
entre la
Tasmanie
et l'Australie
;
en
1860
enfin, un long
câble
est
entrepris à partir de Londres vers Suez, Aden, Mascate
et
Karachi. La France, pour sa
part,
installe à partir
de
1880,
toute une série de liaisons le long des côtes
d'Afrique Noire, aux Antilles et en Indochine. Une
conférence
faite en
1896,
sous le patronage de l'Union
coloniale,
inscrit très nettement la
croissance
du parc de
câbles
sous-marins
dans
le contexte de la course aux
—246—