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Rupture du
câble.
Relevage
du
câble
pour la
recherche
d'un défaut.
Collection historique
des
Télécommunications.
—242
Catherine
Bertho.
Télégraphes
et
téléphones
Extraits du livre de Catherine Bertho "Télégraphes et téléphones - de Valmy
au microprocesseur" écrit avec la collaboration de Patrice Carré et
Claudine Guerrier et publié
dans
Le Livre de Poche - 1981
La
grande
course
aux
câbles
sous-marins.
Il
y a des progrès techniques ou industriels qui se
font
dans
l'ombre et qui ne parviennent jamais réelle-
ment à mobiliser l'opinion. D'autres, en revanche, par
leur aspect spectaculaire, ou par l'ampleur de leurs
conséquences
sur la vie quotidienne, retiennent l'atten-
tion du public qui se passionne pour les péripéties des
premières tentatives. Il en est ainsi pour
la
pose des pre-
miers câbles télégraphiques sous-marins
dans
les an-
nées
1860,
et en particulier du grand
câble
transatlanti-
que. Un journal comme le
Times
envoie un journaliste
sur le bateau poseur de
câble
et publie son récit haletant
sous forme de feuilleton. L'ouverture de la liaison
Europe-Amérique en
1866
a à peu près autant de reten-
tissement que, soixante-dix ans plus tard, la traversée de
Lindbergh. La traversée de l'Atlantique commence à
être la pièce de touche du succès des techniques nouvel-
les.
Il faut réunir les deux moitiés écartées du monde in-
dustriel
:
les grands clippers mettaient soixante-quinze
jours
à faire la traversée en
1850
;
les
grands paquebots à
vapeur
neuf
jours
en
1862
;
pour le télégraphe, puis pour
les
liaisons radio, la traversée de l'Atlantique sera la
pierre de touche du succès. Lorsqu'en 1901 Marconi
réussira à lancer des signaux radio au-dessus de l'Atlan-
tique-Nord et, émettant à Poldhu (Cornouailles), sera
capable
de se faire entendre
à
Terre-Neuve, il saura qu'il
a
gagné.
L'idée
de faire franchir des bras de mer aux câbles
télégraphiques naît très tôt, presque en même temps
que le télégraphe.^ Des tentatives ont d'ailleurs lieu en
même temps aux
États-Unis
et en
Angleterre.
s
1845,
Morse
réussit à poser un câble d'assez faible longueur
entre Castle-Garden et Governor's Island
dans
le
port de
New
York.
Vers
1841,
le père anglais du télégraphe,
Wheatstone,
propose à la Chambre des communes de
relier
par câble l'Angleterre à la France.
Pour arriver à des résultats positifs, il faut cepen-
dant
que soit franchi un triple seuil technique. En pre-
mier
lieu, avant d'immerger un câble électrique, il est
nécessaire
de résoudre le problème de l'isolation. Les
premières tentatives d'isolation au papier s'étant
révélées
peu concluantes, la fabrication de câbles sous-
marins ne devient réellement envisageable
qu'après
1847.
L'ingénieur allemand Warner Siemens,
auquel on doit la première grande ligne télégraphique
européenne entre
Berlin
et Francfort
(1848-1849)
et la
-243-
Déroulement
de
câbles
sous-marins.
Collection
historique
des
Télécommunications.
première locomotive électrique, met alors au point des
machines capables
d'appliquer
sur les câbles une
substance plastique isolante tirée du latex d'un arbre de
Malaisie,
la gutta-percha.
Il
faut
d'autre
part
que le câble soit nettement
plus
solide
qu'un
câble installé à terre, en particulier
pour
la
partie la
plus
proche des
côtes,
soumise
à
la fois aux frot-
tements résultant des courants et des marées et aux
menaces
des pêcheurs, de leurs filets et de leurs dragues.
Le
premier câble à travers la Manche, par exemple, est
victime
du chalut de pêcheurs
côtiers.
Ceux-ci
ramènent
triomphalement un tronçon de fil de cuivre, persuadés
d'avoir découvert une algue miracle, au cœur rempli
d'or.
Ce
premier câble à travers la Manche comportait
en
effet
un âme de cuivre isolée
à
la
gutta-percha et était
recouvert
d'une
simple spirale de fer. Il était très fragile
et
fut immédiatement mis hors de
service.
Le
second
-
ble
armé posé l'année suivante comportait quatre
conducteurs de cuivre et était nettement
plus
solide.
s
1858,
on conçoit des câbles couverts
d'une
enve-
loppe textile extensible en spirale, capable de les
protéger efficacement. En fait, la technique des câbles
télégraphiques sous-marins se stabilise. Jusqu'aux
années
1920,
les principes de fonctionnement resteront
les
mêmes.
Une
fois la question de la solidité et de l'isolation
des câbles résolue
(les
problèmes d'affaiblissement ne se
posant pratiquement pas
pour
les câbles télégraphi-
ques),
restait à construire des bateaux capables de trans-
porter les énormes masses que représentaient les câbles
et
de les poser sans les rompre.
Les
premiers câbles sous-marins étant de longueur
modeste, on a simplement recours à des navires tradi-
tionnels sommairement aménagés. Le premier câble
de
1851
sous la Manche est posé par un simple remor-
queur,
le
Goliath,
dans
des conditions techniques
tout
à
fait
précaires. Cependant,
pour
la pose du
câble
d'Algé-
rie
en
1863,
l'Administration française des télégraphes
achète
spécialement un vieux vapeur anglais,
ÏElectric
Pacha,
rebaptisé le
Dix-Décembre
en hommage au jour
de l'élection de Louis-Napoléon Bonaparte, et le fait
équiper spécialement.
Elle
transforme de même en
1874,
un
autre
vapeur à hélice anglais en navire câblier,
La
Charente,
Jusqu'en
1895,
les deux bateaux vont être
employés simultanément, le
Dix-Décembre
ayant
d'ailleurs
perdu
son nom à la chute de l'Empire
pour
devenir, de façon
plus
républicaine,
Y
Ampère,
Les
Anglais,
pour
leur
part,
sont les premiers à
aménager spécialement un ancien paquebot
pour
la
pose
de câbles sous-marins
:
le
Great
Eastern,
C'est le pre-
mier
plus
gros navire de son temps, un véritable
monstre d'acier qu'il faut mettre
à
l'eau par le flanc sur la
Tamise
en
1866.
Great
Eastern,
avec
ses
cuves
gigan-
tesques où sont lovés plusieurs milliers de kilomètres de
câbles,
est un navire spécialisé, bardé de dispositifs in-
ventés spécialement
pour
faciliter
la
pose d'un
câble.
Ses
superstructures à
la
Jules
Verne
ont bien de quoi enthou-
siasmer
les lecteurs de
L'Illustration,
La
société
du
câble
transatlantique qui l'a fait construire, le rentabilisera en
—244
Dévidement du câble sous-marin de Douvres à Calais.
Le
câble sous-marin de Douvres à Calais
dans
la cale du Blazer.
le
louant (fort cher)
pour
les
grandes opérations de pose
qui vont se succéder à partir de 1866.
Le
premier câble sous-marin de quelque
importance est posé en 1851 entre Douvres et Calais.
Son
promoteur
est
Jacob
Brett,
un technicien anglais qui
vient de mettre au point un procédé d'isolation à la
gutta-percha, mais qui n'a pas réussi
à
trouver des finan-
cements
pour
son projet
à
Londres.
Selon
un mécanisme
classique,
qui jouera par exemple
pour
les
innombrables
projets
de tunnel sous la Manche, l'opinion anglaise
n'est pas enthousiasmée par le projet de liaison avec le
continent. Brett se heurte à l'hostilité de l'ingé-
nieur Stephenson, alors tout-puissant, et à la réticence
de l'opinion anglaise, amplifiée par une campagne de
presse. Louis-Napoléon Bonaparte, en revanche, auquel
Brett
a été recommandé par des amis connus lors de son
exil
à Londres, se montre intéressé. Londres est alors la
place
boursière la
plus
importante en Europe. Le
futur
empereur encourage la formation
d'une
Compagnie du
télégraphe sous-marin de la Manche,
dont
les capitaux
sont anglais. Après une tentative malheureuse, le câble
est
mis en service en
1851,
entre Douvres et Calais.
D'autres liaisons à travers la Manche suivront
en
1859,
sur le trajet Dieppe-Beachy Head, toujours à
l'initiative de Brett et avec des capitaux anglais.
La
grande affaire est cependant l'établissement
d'une
liaison avec
l'Algérie.
La colonie conquise en
1830
commence
à se développer. Surtout elle représente la
première grande colonie de peuplement de la
France.
Il
est
donc
d'une
importance primordiale de la relier au
plus
vite avec la métropole.s
1853,
alors même que le
réseau continental est encore embryonnaire, l'Adminis-
tration des télégraphes passe une convention avec le
même
Jacob
Brett qui vient de réaliser le premier câble
sous la Manche. La «Compagnie du télégraphe
électrique
sous-marin de la Méditerranée
»
doit poser un
câble
entre la France et l'Algérie par la Corse et la
Sardaigne.
En
1856,
la liaison avec la Sardaigne est bien
réalisée
mais le câble ne résiste pas aux contraintes
techniques des
grands
fonds entre la Sardaigne et
l'Algérie.
En 1860 le gouvernement, lassé
d'attendre,
déchoit la Compagnie de ses droits et passe une nouvelle
convention
avec
les
promoteurs du
câble
transatlantique
Glass
et EUiott
pour
un nouveau tracé, par Minorque
cette
fois.
Après un an de fonctionnement, la tentative
se
solde à son tour par une déconvenue. En
1870,
de
nouveaux modèles de câbles sont mis au point. A partir
de ce moment, des câbles à travers la Méditerranée vers
l'Afrique du Nord (tous à un conducteur) vont se
multiplier :
Marseille-Alger
en
1871,
1879, 1880, 1919;
Marseille-Oran
en
1892
;
Marseille-Tunis
en 1893.
Liaison
transatlantique.
Le
gouvernement et les assemblées sont très
soucieux
de la liaison
avec
l'Algérie,
mais l'opinion et les
milieux
d'affaires s'intéressent beaucoup
plus
au câble
transatlantique.s 1857, un Américain, Cyrus Field,
-245-
L'Agamemnon et le Niagara
prenant
à leur bord le câble
transatlantique
réunit des capitaux très importants pour tenter
l'opération. Il a fait fabriquer un câble beaucoup plus
solide
que les câbles alors en usage.
Au centre, l'âme est composée d'un taron de sept
fils
de cuivre pur gainé de trois
couches
de
gutta-percha.
Le
tout est solidement enveloppé
dans
de la toile
goudronnée armée de dix-huit torons formés chacun de
sept
fils
de fer. Cyrus Field en fait fabriquer
3
200
kilo-
mètres qu'il fait charger
à
bord de
YAgamemnon,
navire
de guerre britannique en bois à hélice, armé d'un
gréement de fortune.
La
pose
commença
le
7
août
1857
à
partir de Valentia sur la
côte
ouest de l'Irlande.
Dix
jours
plus tard, le câble se rompt par
3
700
mètres de fond.
L'année
suivante, Field reprend son projet. Deux
navires,
ÏAgamemnon
et le
Niagara,
doivent, à partir
d'un point situé au milieu de l'Atlantique, poser chacun
une moitié du câble
;
échec
;
une nouvelle tentative en
août 1858 réussit: le 5 août 1858, un message
part
d'Irlande en direction de Terre-Neuve. On illumine à
New
York
pour fêter la nouvelle
;
mais, moins d'un mois
plus tard, la liaison est interrompue. La guerre de
Sécession
(1861-1865)
interrompt alors les travaux.s
l'annonce de la
paix,
Cyrus Field reprend son projet, réu-
nit à nouveau des capitaux et, à l'aide du navire géant
Great
Eastern,
effectue une nouvelle tentative.
Le
2 août
1865,
au cours de la pose, le câble se rompt,
disparaît au fond de l'eau
;
on ne réussit pas à le repê-
cher.
La tentative de 1866, enfin, se solde par une
victoire.
Le 27 juillet
1866,
le reporter du
Times
qui vit
sur le navire et a obtenu
l'exclusivité
du reportage
peut
annoncer à ses lecteurs que non seulement la liaison est
établie
à travers l'Atlantique, mais aussi quelques jours
plus tard que le
Great
Eastern
a réussi à repêcher et
mettre en service le second câble.
Désormais,
tout devait aller très vite. Trois ans
plus tard, le baron Erlanger, financier établi à Londres,
fonde la
société
du
câble
transatlantique français. C'est la
compagnie anglaise, propriétaire du
Great
Eastern,
qui
effectue
la pose. L'opération donne lieu à de grandes
démonstrations scientistes et nationalistes
dans
la
presse française:
«Ulllustration,
écrit le reporter du
grand journal illustré, a pris toutes ses mesures pour
suivre pas à pas les péripéties de cette mémorable
expédition à laquelle le monde entier s'intéresse.
»
Rien
de moins...
A
partir de ce moment, l'ensemble des continents
se
ceinture d'un réseau de câbles sous-marins dont la
géographie est étroitement liée
à
celle
des empires
colo-
niaux. Les premiers grands câbles anglais, par exemple,
sont à destination des points névralgiques de l'Empire :
en 1854, un câble relie Ceylan au continent indien;
en
1859,
un autre petit
câble
effectue
la
jonction
entre la
Tasmanie
et l'Australie
;
en
1860
enfin, un long
câble
est
entrepris à partir de Londres vers Suez, Aden, Mascate
et
Karachi. La France, pour sa
part,
installe à partir
de
1880,
toute une série de liaisons le long des côtes
d'Afrique Noire, aux Antilles et en Indochine. Une
conférence
faite en
1896,
sous le patronage de l'Union
coloniale,
inscrit très nettement la
croissance
du parc de
câbles
sous-marins
dans
le contexte de la course aux
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