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ISNN 1392-8600
þmogus ir þo d i s 2 0 0 4 I I I
kalbotyra
Griller («Dans le labyrinthe»), N. Sarraute (« Les fruits
d’or»), P. Modiano («Voyage de noces»), M. Duras
(«Le marin de Gibraltar»), R. Gary («Education
européenne»), Le Clézio («Le chercheur d’or»),
M. Yourcenar («L’œuvre au Noir»), M. Tournier
(«Vendredi ou les limbes du Pacifique»), G. Bataille
(«L’abée C.»), M. Butor («La modification»), c’est
tout simplement parce que ces auteurs présentent un
répertoire du subjonctif extrêmement riche et varié, et
que, si l’on nous passe l’expression –
«subjonctivement parlant» ils sont les plus
intéressants à étudier. Au total dans les textes
littéraires choisis nous avons recueilli 1293 exemples
dont 58 sont cités dans le présent article. Les cas que
nous avons retrouvés sont classés d’après leurs
emplois dans les phrases indépendantes ou
principales et dans les propositions subordonnées.
Pour l’analyse des exemples littéraires nous nous
sommes appuyés sur les données fournies par les
grammaires normatives françaises.
Ayant pris en considération que le mode subjonctif
peut avoir plusieurs équivalents en lituanien, à côté
des exemples français nous présentons également
leur traduction vers le lituanien, ce qui nous permet
de définir les équivalents lituaniens du subjonctif.
Pour la traduction des exemples choisis, nous nous
sommes servis des traductions déjà faites par les
traducteurs lituaniens.
Soubassements théoriques du mode subjonctif dans le
français moderne
L’étymologie du mode subjonctif vient du latin
subjunctivus, subordonnée – mode exprimant le plus
souvent un procès en tant qu’il dépend d’un autre
procès (Phelizon, 1976, 207).
Le subjonctif comme porteur de certaines valeurs
grammaticales se trouve au centre du problème des
modes en français. Il est même possible que le
subjonctif soit un des problèmes les plus compliqués
de la grammaire française (Référovskaïa, Vasiliéva,
1964, 219).
Depuis environ plus d’un siècle, grammairiens et
linguistes (F. Brunot, F. de Saussure, M. Grevisse,
G. Guillaume, G. Moignet, L. Clédat, J. Pinchon, G. et
R. Le Bidois, M. Cohen, M. Riegel, J. Ch. Pallat,
R. Rioul, R. L. Wagner, O. Soutet et beaucoup
d’autres) sont sans cesse revenus sur la question
des emplois et valeurs du subjonctif français,
nourrissant, par-delà les générations, des dialogues
et des querelles qui témoignent autant de leur souci
de comprendre que de la difficulté du sujet (Soutet,
2000, 1). Malgré les tentatives nombreuses des
linguistes, ce problème ne peut pas être estimé
définitivement résolu.
Dans la littérature spécialisée il existe un grand
nombre d’ouvrages et de théories consacrés au
subjonctif qui témoignent que l’opinion des
linguistes sur ce mode n’est pas unanime. En principe
toutes les théories du subjonctif font deux groupes
principaux.
Les uns estiment que le subjonctif est une forme
à plusieurs valeurs modales (Le Bidois, M. Grevisse,
G. Moignet, L. Clédat, J. Damourette, Ed. Pichon, J. de
Poerck, R. L. Wagner, J. Pichon, etc.). Les
représentants de ce point de vue s’appuient le plus
souvent sur l’entourage contextuel du subjonctif. Les
valeurs attribuées alors au subjonctif sont
nombreuses: subjonctif de désir, de supposition, de
doute, d’ordre, de possibilité, d’irréalité, d’injonction,
d’incertitude, etc.
Les autres ne reconnaissent au subjonctif aucune
valeur modale et le considèrent comme un simple
instrument de subordination (E. Lerch, Th. Kalepky,
C. de Boer, L. Foulet, F. Brunot, etc.). Leurs théories
d’amodalité du subjonctif sont fondées en général
sur des critères syntaxiques ou structuraux. On prend
en considération toute la structure syntaxique d’une
phrase ou bien on décrit la forme en question hors du
contexte et de la phrase.
Bien qu’il existe des points de vue différents, les
théoriciens d’aujourd’hui sont enclins à adopter la
théorie du subjonctif formulée par le linguiste français
Gustave Guillaume dans son œuvre «Temps et verbe».
G.Guillaume a créé une théorie temporelle du subjonctif
(la théorie chrono-génétique), selon laquelle les
notions du mode, de l’aspect sont absorbées par celle
du temps. Acceptée, nuancée ou récusée, cette théorie
constitue une base de référence interprétative qu’on
ne peut ignorer pour le sujet qui nous occupe et se
résume comme suit: les formes de l’indicatif
représentent pleinement le procès dans le temps, les
formes du subjonctif se placent à un niveau de
formation antérieure de la notion d’un procès réalisé.
Le subjonctif présente une image-temps incomplète,
c’est-à-dire l’impossibilité de situer le procès dans
l’actualité. Ainsi, la formation de l’image-temps
n’aboutit pas à son achèvement, la représentation
du procès se trouve dans une période de «devenir».
Il en résulte que le subjonctif exprime l’idée d’un
procès dont la localisation dans le temps reste
imprécise. L’idée d’un procès localisé avec précision