Mémoire de master Janvier 2013 EC O LE N AT I O N AL E SU PE R IE U R E Lisa Cepisul O IT D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R Cycle d’usage des bâtiments IR ES A M AR N E- LA -V A LL EE Directeurs de mémoire Jean-François Blassel Guillemette Morel-Journel LE O EC N N O AT I AL E E ES IR O IT D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R R IE U R PE SU A AR M LL -V A LA N E- EE LE O EC N N O AT I AL E E ES IR O IT D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R R IE U R PE SU A AR M LL -V A LA Directeurs de mémoire Jean-François Blassel Guillemette Morel-Journel N E- Mémoire de master Matières à penser Janvier 2013 EE Lisa Cepisul 1. Un objectif commun des réponses différentes 13 1.1 Un socle commun 13 EE 7 LL Introduction -V A 1.1.a «Homme, Nature et Technologie» Temporalité de l’Exposition 15 AR 1.2.a Un site existant, des pavillons temporaires M 1.2.b La fin programmée d’un premier cycle d’usage A Un objectif - six architectes - six réponses ES 1.3 O IT D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R 1.3.c Peter Zumthor - Un pavillon-atmosphère 17 IR 1.3.a Hanovre, un terrain d’expérimentations 1.3.b MVRDV - Empilement de paysages 1.3.d Simon Vélez et Shigeru Ban - Expérimentation d’un matériaux singulier 2. Matériaux et énergie 25 2.1 Recyclage des matériaux 25 21.a Deux stratégies de recyclage 2.1.b Démolition ou démontage? 2.1.c Réutilisation d’un matériau brut 2.2 Concept et structure 29 2.2.a Masse ou économie de matière? 2.2.b Module ou sur-mesure? 2.3 Expérimentations 35 2.3.a Le papier recyclé 2.3.b «acier végétal» E Énergie grise R 2.4 39 R IE U 2.4.a Énergie grise et transport Sensibiliser le public, transmettre les relations à la nature 43 3. Assemblages et cycles d’usage 47 3.1 Assemblages par pièces métalliques 47 N AL E SU PE 2.5 3.1.b Technique et technologie Assemblage par frottement versus monolithe 51 3.2.a Réutilisation et flexibilité programmatique EC O LE N AT I O 3.1.a Technique et tradition 3.2 3.2.b Assemblage sensible 3.3 Forme et assemblage 3.3.a Rigidité d’assemblage 3.3.b Souplesse d’assemblage N E- 1.2 LA 1.1.b Les principes de Hanovre 55 LE O EC N N O AT I AL E E ES IR O IT D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R R IE U R PE SU LL Résumé 68 Annexes 70 75 EE 61 -V A LA 1. Tableau d’analyse du corpus N E- 2. Tableau d’analyse complémentaire AR M Bibliographie A Conclusion LE O EC N N O AT I AL E E ES IR O IT D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R R IE U R PE SU A AR M LL -V A LA N E- EE 7 IT O IR ES A M AR N E- LA -V A LL EE Introduction D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R «À mon sens, le Pavillon en carton doit être vu comme l’histoire de la construction, de la démolition, et du recyclage. Habituellement en architecture, l’achèvement d’un bâtiment est considéré comme l’accomplissement du projet; l’histoire de ce «Pavillon en carton» temporaire ne s’accomplira qu’après sa propre démolition.» Shigeru Ban1 EC O LE N AT I O N AL E SU PE R IE U R E La construction et la démolition d’un bâtiment sont des actes consommateurs d’énergie qui nécessitent une réelle prise en compte lors de la conception du projet. Il peut paraître paradoxal pour un architecte d’intégrer la démolition dans la conception même de son bâtiment, cependant la rapidité d’évolution des usages, des besoins et des fonctions est telle qu’un bâtiment, aujourd’hui, ne peut plus être figé dans un programme fini. L’architecte doit penser à une flexibilité programmatique et spatiale du bâtiment, dès la conception du projet pour répondre à d’éventuelles modifications des usages dans le temps. Ces principes se rapportent aux concepts de cycle de vie et de cycle d’usage. La différence entre les deux réside dans le fait que le cycle de vie n’envisage la matière que jusqu’à la démolition du bâtiment, alors que le cycle d’usage projette la matière au delà de ce stade. Le premier fait référence à la période entre la construction et la démolition d’un bâtiment, c’est à dire à un cycle où la matière a été pensée dans un usage invariable, de sa mise en oeuvre à la fin de son utilisation. Tandis que le cycle d’usage renvoie aux statuts successifs que pourra avoir un bâtiment et la matière qui le constitue, à compter de sa construction, sans que la démolition n’en soit fatalement l’aboutissement. La fin d’un cycle d’usage peut bien sûr être associée à la fin de vie du bâtiment, quand celui-ci ne peut plus assurer ses fonctions structurelles d’abri; mais également, à la fin d’un usage programmatique, c’est à dire quand les usagers n’en 1 Shigeru Ban, Dossier de presse du Cycle de conférences «1 architecte, 1 bâtiment» du Pavillon de l’Arsenal. Le Pavillon du Japon, Hanovre 2000 - 13 décembre 2001 EE LL -V A LA N EAR M A ES IR O IT D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R Superficie : 160ha (100ha site des exposition existant + 60ha d’extension au sud) E Bâtiments existants + nouvelles Halles d’exposition IE U R Bâtiments du corpus Site Est pour les pavillons temporaires et permanents (114 000 m²) EC O LE N AT I O N AL E SU PE R Site Ouest pour les pavillons temporaires (66 000 m²) reconverti en parking après l’Expo 1. Plan du site de l’Exposition 2000 à Hanovre Position des pavillons du corpus. Document : LC, complété partir du plan de : HERZOG Thomas, Expodach, prestel, 2000, p19 Japon ZERI Expodach Christ Hollande Suisse M LL -V A LA N E- AR ont plus l’utilité. Dans les deux cas, la matière mise en oeuvre est envisagée dans un rapport au temps et à ses rôles consécutifs au sein d’un bâtiment qui évolue. Elle n’est plus condamnée à être le déchet d’une première utilisation en fin de vie du bâtiment, mais peut engager un nouveau cycle d’usage ailleurs (dans un autre bâtiment, dans un produit industrialisé, dans la nature...); ou simplement continuer à servir un bâtiment dont l’usage change. La question concerne alors le passage de la fin du premier cycle, au début d’un second. EE 9 D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A La citation de Shigeru Ban appuie cette définition de cycle d’usage en mettant en avant le fait, qu’aujourd’hui, les cycles de vie des bâtiments peuvent être abordés sous un autre angle : il n’est plus seulement question d’achèvement de la construction, mais d’anticipation des cycles par lesquels le bâtiment passera. Pour son pavillon temporaire en carton à l’exposition de Hanovre, Shigeru Ban a intégré la démolition dans la conception même de celui-ci. Il a donc prévu, anticipé et défini les modalités de la fin d’un cycle de son bâtiment. Le mot démolition regroupe plusieurs sens, et nous verrons plus tard dans le développement que, dans le cas de ce pavillon, c’est la suite de l’histoire : le recyclage, qui permet d’en préciser les conditions. Les principes qu’aborde Shigeru Ban sont associés aux notions de cycles, d’utilisation, de recyclage et de déchets, mais aussi et surtout, à l’impact de la construction sur son environnement à travers ses échanges indirects et directs avec les cycles de la nature. EC O LE N AT I O N AL E SU PE R IE U R E Toutefois, Shigeru Ban n’a pas été le seul architecte à s’intéresser aux cycles d’usage de son pavillon lors de l’Exposition Universelle de Hanovre en 2000. En effet, le principe même de pavillon temporaire réduit le premier cycle d’usage à une durée donnée. Ainsi tous les bâtiments construits pour l’événement achèvent un premier cycle d’usage en tant que pavillons à la fin des cinq mois de l’exposition. C’est pourquoi une exposition universelle est un terrain d’étude intéressant pour pouvoir observer et analyser la succession de plusieurs cycles d’usage. J’ai choisi l’Exposition Universelle à Hanovre en Allemagne, ou Expo 2000, parce qu’elle offrait un champ de recherche riche et singulier du point de vue du thème général abordé : «Homme, Nature et Technologie». Ce thème se rapportait aux domaines de l’énergie et du développement durable. Il incitait les participants à se questionner sur l’avenir du dialogue que l’homme a établi entre les avancées techniques et son environnement, à l’aube du XXIe siècle. Les organisateurs de cette exposition avaient également imposé aux différents pays de concevoir leurs pavillons de façon à ce qu’ils soient démontables ou réutilisables à la fin de ces cinq mois. Chaque participant avait donc libre champ de concevoir un pavillon temporaire ou permanent, tout en prenant en compte l’avenir de celui-ci après l’exposition. La fin de l’exposition ne devait donc pas signifier la fin de vie des pavillons, mais plutôt le début d’un nouveau cycle d’usage, alternatif à la démolition. EE LL -V A LA N E- AR La ville de Hanovre avait été choisie parce qu’elle proposait un site d’exposition existant (figure 1), qui ne nécessitait pas de faire émerger tous les pavillons d’un terrain vierge, dans un soucis d’économie d’énergie et de matière. Les problématiques environnementales et énergétiques avaient clairement été posées aux participants et appuyées par un texte2 écrit spécialement par William Mc Donough pour les acteurs de l’exposition. Il y définissait les lignes directrices qui orienteraient l’exposition vers un développement soutenable pour la ville et son environnement. ES A M Cette étude portera donc les cycles d’usage des bâtiments, ou comment contrôler l’énergie grise des bâtiments et prendre en compte leurs cycles d’usages? EC O LE N AT I O N AL E SU PE R IE U R E D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR Les six pavillons qui composent le corpus d’étude ont tous été conçus pour l’exposition de Hanovre, et sont autant de réponses singulières aux problématiques posées par le thème général. Ils peuvent être regroupés selon leur devenir à la fin de l’exposition: - le démontage, pour le pavillon colombien de Simon Vélez, le pavillon du Christ de GMP, le pavillon japonais de Shigeru Ban, et le pavillon suisse de Peter Zumthor; - la réutilisation, pour le pavillon permanent de la Hollande de MVRDV et la toiture de l’exposition (The Expo Roof, ou Expodach) par Herzog and Partners. Ces deux bâtiments étaient appelés à rester pour compléter le site existant des expositions après l’Expo 2000. L’analyse de ces pavillons permettra de déterminer les critères qui qualifient et différencient ces propositions aussi variées, apparues en réponse à un objectif pourtant commun. 2 MC DONOUGH William & Partners - The Hannover principles - 1992 LE O EC N N O AT I AL E E ES IR O IT D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R R IE U R PE SU A AR M LL -V A LA N E- EE 11 LE O EC N N O AT I AL E E ES IR O IT D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R R IE U R PE SU A AR M LL -V A LA N E- EE 13 Un objectif commun, des réponses différentes O IR ES A M AR N E- LA -V A LL EE 1. D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT Avant de commencer l’analyse concrète des pavillons, j’aimerais identifier les grandes lignes de l’objectif qui a été transmis aux participants de l’exposition de Hanovre, en distinguant ce qui a orienté les propositions des architectes vers des réponses architecturales si variées et singulières à partir de ce sujet commun. Sans aborder encore la matière des pavillons, je voudrais déceler ce qui était à l’origine de ces démarches multiples, ce qui a aidé les architectes à s’orienter dans le sillon dessiné par le thème imposé, et ce qui les a attirés dans le concept même de participer à une exposition temporaire. 1.1 Un socle commun EC O LE N AT I O N AL E SU PE R IE U R E 1.1.a «Homme, Nature et Technologie» L’exposition de Hanovre a été orientée à travers son thème (Homme, Nature et Technologie), vers des sujets liés au développement durable, à l’énergie et à l’environnement. Ce thème n’ a pas seulement été appliqué aux expositions de chaque pays, mais également aux pavillons qui les accueillaient. Ces derniers devaient respecter ce thème en se montrant exemplaires dans leur façon d’aborder les problématiques liées à l’environnement. Dans le but de diriger le travail des architectes vers une architecture plus responsable, les organisateurs de l’Expo 2000 ont fait appel à William Mc Donough1, architecte, pour énoncer et transmettre une série de principes portant sur les points clé d’un projet durable. Ces principes ne visaient pas seulement les projets architecturaux, mais également les projets urbains autour de l’exposition. Ils n’étaient donc pas adressés uniquement aux architectes, mais à tous les acteurs de la transformation du site des expositions. Ce texte de Mc Donough, The Hannover Principles, Design for sustainability2, paru 1 William Mc Donough est un architecte qui redéfinit et révolutionne les notions de déchet et de recyclage, pour faire avancer les recherches en matière de développement durable. 2 MC DONOUGH William & Partners, The Hannover principles, 1992 D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M LL -V A LA AR en 1992, est le premier dans lequel il fait apparaître ses recherches sur les notions de déchet, de cycle de vie et de recyclage des matériaux. Il ne parlera du fameux principe de Waste = Food (déchet = nourriture) que dix ans plus tard dans son ouvrage Cradle to Cradle3 (C2C ou de berceau à berceau). Ce principe replace les matériaux dans des cycles où rien ne se perd; tout déchet doit être matière ou nourriture, et retourner dans un organisme. Dans les principes de Hanovre, il souligne le fait qu’il faille changer la façon dont l’homme interagit avec la matière naturelle qu’il consomme. Il met en avant son incapacité à rendre à la terre, autrement que sous forme déchets, la matière qu’il a extraite pour alimenter ses productions. Avec Cradle to Cradle, il précise que ces déchets devraient pouvoir retourner dans des «cycles biologiques»4 pour être ingérés par la nature si ce sont des matériaux biodégradables, ou dans des «cycles techniques clos dans lesquels ils circuleront indéfiniment»4, si ce sont des matériaux précieux pour l’industrie. Les déchets sont recyclés et redeviennent matière à production. Si les matériaux sont de moins bonne qualité après le recyclage, Mc Donough parle alors de sous-cyclage. C’est principalement cette notion de cycles et la redéfinition des déchets qui s’appliqueront aux pavillons de l’exposition. EE Cycle d’usage des bâtiments · Lisa Cepisul N E- 14 EC O LE N AT I O N AL E SU PE R IE U R E 1.1.b Les principes de Hanovre Dans le texte pour l’Expo 2000 de Hanovre, les principes énoncés par Mc Donough forment une base d’informations dont les concepteurs pouvaient s’inspirer pour adapter leurs méthodes de travail dans le but de les diriger vers l’objectif d’une construction plus durable. Ces règles n’étaient pas à prendre comme une «checklist», mais devaient plutôt être vues comme des «lignes directrices encourageant des réponses créatives au programme donné»5. Les neufs principes sont des maximes très générales qui ne sont pas tournées spécifiquement vers l’architecture. Mc Donough développe également des thèmes plus précis. Il les classe selon cinq catégories définies par les cinq éléments ancestraux (terre, air, feu, eau et esprit). D’après lui, les cinq éléments peuvent servir de structure au monde d’aujourd’hui et au programme environnemental, de la même façon qu’ ils ont structuré le monde antique. Cependant ce regroupement sans trop de rapport avec les principes énoncés, représentait certainement plus une façon de simplifier et hiérarchiser la transmission de ses idées, qu’une réelle information sur le sujet. Nous les laisserons donc de côté pour la suite de l’analyse. Les thèmes abordés concernent : - les matériaux, leur recyclabilité et leur énergie grise; - la pollution produite par le bâtiment, son rapport aux énergies renouvelables et sa capacité à transmettre les relations que la matière entretient avec la nature; 3 MC DONOUGH William, BRAUNGART Michael, Cradle to Cradle: Remaking the Way We Make Things, Farrar, Straus and Giroux, 2002 4 MC DONOUGH William, BRAUNGART Michael, Cradle to Cradle: Remaking the Way We Make Things, Farrar, Straus and Giroux, 2002, p138 5 MC DONOUGH William & Partners - The Hannover principles - 1992, p15 [to encourage creative responses to the suggested programm] D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M LL -V A LA AR - la prise en compte de l’avenir du pavillon par les architectes dès la conception. Ce sont ces thèmes que nous appellerons principes, et qui serviront de critères à l’analyse des pavillons (cf Annexe tableau 1). Avec ce texte, Mc Donough met principalement en exergue l’importance de déterminer dès la conception, le rôle de la matière employée dans un bâtiment, et d’en projeter l’usage jusqu’à son état de déchet et plus loin encore, de façon à anticiper les cycles par lesquels elle peut passer. Il remet en question le statut et l’utilisation de la matière dans les productions de l’homme. Dans les principes de Hanovre, il parle déjà de l’importance du recyclage et de la réutilisation des matériaux de construction. Il commence à appliquer ces notions aux bâtiments. Avec Cradle to Cradle, il sort de la théorie et prouve qu’il est possible d’appliquer la notion de waste = food à des produits industrialisés (chaises, tissus, chaussures...), mais il ne parle pas encore d’une possible transposition à des bâtiments. Concernant ces derniers, son attention se dirige plutôt sur leur rapport aux énergies renouvelables. Dans le cadre de cette réflexion sur le recyclage et les cycles d’usage, on peut se demander si cette notion est applicable aux bâtiments et comment? Ou quels critères permettraient de transcrire ces problématiques à la matière mise en oeuvre dans les pavillons? EE 15 N E- Un objectif commun, des réponses différentes 1.2 Temporalité de l’Exposition EC O LE N AT I O N AL E SU PE R IE U R E 1.2.a Un site existant, des pavillons temporaires Cette Exposition Universelle est unique dans sa démarche visant à créer une cohérence entre son thème général lié à l’environnement et au durable, et sa réalisation concrète sur le site de Hanovre. L’objectif principal des organisateurs était de limiter les dépenses en énergie et en matière, pour concevoir et mettre en place l’Expo 2000. Ils avaient donc choisi un site d’exposition existant dans la ville de Hanovre, qu’ils viendraient compléter avec de nouveaux pavillons, plutôt que de faire émerger d’un site vierge la totalité du complexe d’exposition. Cette décision s’explique également par le fait que le site d’une exposition universelle requiert une surface de plusieurs dizaines d’hectares pour accueillir des millions de visiteurs en un temps limité (6 mois maximum). Et par conséquent, après l’exposition, toute la structure mise en place n’accueillera plus une affluence comparable à celle pour laquelle elle avait été créée. Pour éviter cette situation à Hanovre, le site des expositions existant de 100ha a été complété de 60ha dédiés aux nouveaux pavillons, dont moins de la moitié resteront permanent après la fin de l’Expo 20006. Le site existant de 100ha, a donc atteint 160ha pour accueillir les 50 millions de 6 Expo 2000 Hannover, Surfaces pour pavillons, Bureau International des Expositions 16 Cycle d’usage des bâtiments · Lisa Cepisul D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M LA N E- AR Pour ne pas encombrer le site au terme de l’exposition, il était prévu que 36 des 62 pavillons construits puissent être démontés et ainsi disparaître du site. Les 26 pavillons restants demeureraient permanents pour compléter le site des expositions8. Il était ainsi laissé aux participants le choix du type de parcelle qu’ils voulaient investir. A savoir : une parcelle temporaire qu’il faudrait rendre intacte après l’exposition et donc faire disparaître toute trace du pavillon; ou bien, une parcelle permanente avec un pavillon pouvant compléter le site des expositions après l’Expo 2000. Une troisième option était celle de ne pas construire de pavillon et d’exposer dans l’un des bâtiments existants.9 Le choix de la parcelle orientait donc déjà l’objectif des architectes dans la conception de leurs pavillons. Dans le cas d’un pavillon permanent, ils devaient permettre une certaine flexibilité pour pouvoir accueillir un nouveau programme après l’exposition. Pour un pavillon temporaire, il fallait prévoir son démontage et le faire disparaître sans laisser de traces, après les cinq mois d’utilisation. -V A LL EE visiteurs attendus7, et s’est stabilisé à une surface d’environ 125ha après l’exposition. Les organisateurs ont ainsi appliqué les conseils et principes de Mc Donough au développement du site, pour protéger la ville de Hanovre de la pollution et des déchets générés par un événement de cette ampleur, dans le but de pourvoir retrouver, à la fin des 5 mois, un site propre, identique à son état initial. EC O LE N AT I O N AL E SU PE R IE U R E 1.2.b La fin programmée d’un premier cycle d’usage L’usage temporaire des pavillons et la fin de vie programmée de certains d’entre eux, amène à se poser la question de la temporalité de la matière au sein de ces bâtiments. Le texte de Mc Donough apporte une dimension nouvelle à l’utilisation de la matière pour l’Expo, celle du cycle. La matière naturelle est produite selon des cycles de : production-déchetréutilisation (principe de C2C ou waste=Food). Pour l’exposition de Hanovre, la fin de l’usage des pavillons d’exposition en tant que tel, était prévue et connue des organisateurs et des architectes. Mc Donough préconisait donc d’installer la matière utilisée de façon temporaire dans un cycle imitant celui de la nature, pour permettre sa réutilisation après l’exposition. Ce principe mène à la notion de cycle d’usage des pavillons, celle-ci s’applique aux bâtiments et aux matériaux. La démolition est la fin de cycle la plus courante aujourd’hui. Le plus souvent après une démolition, les matériaux sont envoyés en usines pour être recyclés ou souscyclés; ou bien, ils sont enfouis dans le sol et deviennent des déchets toxiques et encombrants imposés à la nature mais n’entrant dans aucun de ses cycles de régénération. Avec la notion de réutilisation, la matière ne devient pas déchet, mais nourriture à 7 MC DONOUGH William & Partners, The Hannover principles, 1992, p12 8 Expo 2000 Hannover, Expo 2000 re-utilisation of the building, Bureau International des Expositions 9 Expo 2000 Hannover, Règlement spécial n°2, article 8, p3, Bureau International des Expositions D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M LL -V A LA AR un nouveau cycle, c’est le principe de C2C. La réutilisation s’inscrit également dans le principe de cycle d’usage. C’est à dire qu’un bâtiment qui n’aurait plus d’utilité pour ses usagers peut être réutilisé pour abriter un autre programme, en changeant d’usage grâce à une flexibilité anticipée par son concepteur. La réutilisation peut également concerner la matière qui pourra être réemployée à d’autres fins. Elle peut finir un premier cycle dans les pavillons avec la fin de l’exposition universelle, et en commencer un nouveau à travers la réutilisation ou le recyclage pour assurer une nouvelle fonction. Mc Donough et les organisateurs de l’Expo 2000 ont transmis aux participants l’importance d’anticiper le cycle d’usage qui succédera à celui de pavillon de l’exposition, à travers la prise en compte de la temporalité du bâtiment et de la matière qui le compose. EE 17 N E- Un objectif commun, des réponses différentes 1.3 Un objectif - six architectes - six réponses EC O LE N AT I O N AL E SU PE R IE U R E 1.3.a Hanovre, un terrain d’expérimentation Les expositions universelles ont toujours été des terrains d’expérimentation et d’innovations architecturales et techniques. Les pavillons érigés pour l’exposition de Hanovre sont autant de réponses différentes à un même objectif, celui de présenter les innovations de chaque pays et de mettre en place des procédés permettant d’anticiper l’avenir des pavillons, après la fin de l’exposition. Les architectes peuvent présenter à travers ce pavillon une tranche de leur travail, de leurs expressions et orientations architecturales. Cette partie aura pour but de renseigner sur les préoccupations des architectes au moment de l’Exposition, et sur ce qui a pu orienter les concepts qu’ils ont développés dans leurs pavillons respectifs. Et, de ce fait, éclairer les points qui dès la conception, rendent les pavillons différents les uns des autres. Chaque architecte sélectionné pour participer à l’Exposition Universelle de Hanovre a des envies architecturales et des centres d’intérêts particuliers, et développe des principes théoriques qui ne sont pas toujours réalisables dans des commandes traditionnelles. C’est pourquoi une exposition temporaire peut leur apparaître comme un terrain possible d’expérimentation. Les architectes du groupe MVRDV ont profité de ce pavillon et du caractère attractif de l’exposition, pour présenter les principes théoriques et conceptuels qu’ils ont développés dans leur ouvrage MétaCity DataTown10; alors que Zumthor en profite pour créer une architecture des sens, un pavillon qui présenterait les critères sensibles qu’il énoncera trois ans plus tard dans une conférence sur les Atmosphères11. Ces architectes profitent donc de l’exposition pour offrir au public l’expérience d’un 10 MVRDV, Metacity Datatown, Rotterdam : 010 Publishers, 1999 11 ZUMTHOR Peter, Festival de littérature et de musique en Allemagne, Atmospheres. Architectural Evironments. Srronding Ogjects, 1er juin 2003, Château de Wendlinghausen 18 Cycle d’usage des bâtiments · Lisa Cepisul O IR ES A M AR N E- LA -V A LL EE Éoliennes (en haut des tours) D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT Forêt urbaine (superposition de la nature) Montagnes (support d’information) Pavillon hollandais 1 PE R IE U R E Metacity Datatown «The Temperature of a Space» «Surrounding Objects» «Between Composure and Seduction» EC O LE N AT I O N AL E SU «The Sound of a Space» 1. Superposition des paysages Mise en rapport des concepts du pavillon hollandais avec ceux développés dans Metacity Datatown par l’agence MVRDV. Sources : -MVRDV, Metacity Datatown, Rotterdam : 010 Publishers, 1999 -«MVRDV», El Croquis, n°111, 1997-2002, p40 2. Atmospheres References répétées au corps sonore dans l’ouvrage Atmospheres. Chaque image correspondant à un chapitre. ZUMTHOR Peter, Atmospheres,Birkhauser, 2006, p30,34,36,42. 2 Un objectif commun, des réponses différentes 19 PE R IE U R E D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M LL -V A LA N E- AR 1.3.b MVRDV - Empilement de paysages Dans le pavillon hollandais, les architectes de l’agence MVRDV superposent des tranches du paysage et des activités du pays qu’ils représentent. Chaque tranche a une nature et une hauteur différente : «De haut en bas on traversera ainsi les couches d’une géologie fictive»12. Ils s’essaient à un exercice particulier où le pavillon et son architecture deviennent l’exposition, alors que les autres pavillons abritent une exposition sur un thème indépendant de leur architecture. Les architectes créent une architecture-exposition, où le contenu est également le contenant. C’est la structure qui est la plus représentative de ce principe puisqu’au rez-de-chaussée par exemple, elle est montagneuse en béton coulée (paysage de grotte); au deuxième étage elle est répétitive et industrielle, mettant en avant la culture artificielle et hors sol des fleurs; ou encore, au quatrième étage où elle est forestière, faite de tronc d’arbres massifs (paysage de sous bois). Ils orientent ce pavillon vers un monolithe ancré au sol, se développant verticalement. Dans leur ouvrage MétaCity DataTown, paru en 1999, ils s’intéressaient déjà aux paysages de la Hollande en créant des simulations autour de cet espace qui se serait urbanisé à partir d’un sol artificiel gagné sur la mer, recréant des paysages artificiels, verticaux (figure 1). Cet ouvrage présente certains des thèmes qui seront repris dans le pavillon de la hollande. Le pavillon leur a donc permis de réaliser une sorte de prototype représentatif de leurs recherches théoriques. La superposition des paysages permet aux architectes, à la fois de présenter les différentes situations paysagères d’un pays en un seul coup d’oeil, de parler de la métaphore de la Hollande sur son sol artificiel et son développement vertical; mais également, d’imager leur discours sur «la nature en l’air» (sujets de Metacity Datatown). «Le pavillon de Hanovre pense et théorise la Hollande..., et instrumentalise le paysage en matériau de projet»12. EE objet architectural découlant de leurs recherches respectives. EC O LE N AT I O N AL E SU 1.3.c Peter Zumhtor - Un pavillon-atmosphère Peter Zumthor appelle son pavillon «corps sonore»13. Ce bâtiment temporaire permet à l’architecte de développer et expérimenter une architecture des sens, une architecture sensible qui met en avant la vue à travers un labyrinthe, les sons des musiciens et la résonance des murs, les odeurs du bois, et la proximité de la matière au touché. Ses connaissances des scieries dans son enfance ont amené Zumthor à réinterpréter et transformer les murs de bois en train de sécher, en murs sonores, surface sensible et génératrice d’une atmosphère singulière. 12 GUIHEUX Alain, «MVRDV Pavillon Hollandais de l’Exposition Universelle Hanovre, AMC, n°111, 2000, p62-67 13 P.Zumthor, P.Bachmann, K.Gruber, I.Gut, D.Ott, M.Rigendinger, Corps Sonore Suisse, Birkhäuser, 2000 Cycle d’usage des bâtiments · Lisa Cepisul D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M AR N E- LA -V A LL EE 20 EC O LE N AT I O N AL E SU PE R IE U R E 4 3. Pavillon ZERI Pavillon en bambou en construction sur le site des expositions, avec le pavillon du Japon en carton en arrière plan. VELEZ Simon, Grow your own house, Vitra Design Museum, 2002 p38 4. Halle à Manheim, Frei Otto Source d’inspiration pour la structure du pavillon Japonais. Photo : http://www.aut.cc/html/presse.html 5. Paper Dome, Shigeru Ban, 1998, Japon Shigeru Ban dit être parti de ce bâtiment en améliorant les joints et la structure pour concevoir le pavillon du Japon de Hanovre. Photo : http://www.shigerubanarchitects.com 3 5 IE U R E D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M LL -V A LA AR Il profite du statut temporaire et expérimental de l’exposition pour faire un pavillon qui est à mi-chemin entre un bâtiment et un labyrinthe, sans réel programme, ou exposition. C’est l’expérience des sens qu’il met en avant. Ce pavillon temporaire lui a offert le terrain et la liberté nécessaires à l’expression de ses théories. Il lui a permis d’appliquer les différents points qui participent, d’après lui, à créer une atmosphère. Il énumérera précisément ces points lors de la conférence donnée en 2003 en Allemagne, et publiera l’ouvrage Atmosphères14, trois ans plus tard, à partir de cette conférence. Une analyse rétro-active montre que le pavillon de Hanovre met en application la plupart de ces points, comme par exemple : - La Compatibilité des matériaux [Material Compatibility] : pour le pavillon suisse, Zumthor parle «d’accrod parfait : asphalte - bois - métal»15. - Le Son de l’ Espace [The Sound of a Space] : il illustre ce point dans Atmosphères avec l’exemple même du pavillon suisse en parlant de «swiss sound box», ou boîte à sons suisse. -La Température de l’Espace [The Temperature of a Space] : « Pour construire le pavillon suisse à Hanovre, nous avons utilisé beaucoup de bois, beaucoup de poutres en bois. Quand il faisait chaud, il faisait, dans le pavillon, frais comme dans une forêt, et quand il faisait frais dehors, il y faisait chaud, alors qu’il n’était pas fermé.»16 - Entre Sérénité et Séduction [between composure and seduction] : «Les gens disent toujours que l’architecture est un art de l’espace, mais c’est aussi un art du temps»17; Zumthor fait ici référence à la temporalité de l’architecture, et à la déambulation des personnes dans l’espace créé; comme le pavillon temporaire suisse et sa morphologie de labyrinthe. Le pavillon suisse est comme celui de MVRDV, un pavillon-exposition, mais d’une façon un peu différente puisqu’il ne présente pas d’exposition particulière sur le thème Homme, Nature, Technologie, mais crée le spectacle à travers l’interaction de musiciens et poètes avec le pavillon lui-même. C’est l’envie de créer une atmosphère bien particulière à partir de principes théoriques, qui a guidé l’élaboration de ce pavillon. EE 21 N E- Un objectif commun, des réponses différentes EC O LE N AT I O N AL E SU PE R 1.3.d Simon Vélez et Shigeru Ban - Expérimentation d’un matériaux singulier Les architectes Simon Vélez et Shigeru Ban se sont servis de l’exposition et de son caractère temporaire pour présenter et pousser l’expérimentation d’un matériau particulier (figure 3). Le choix d’une parcelle temporaire a certainement orienté le projet vers une expérience structurelle et matérielle particulière, et en continuité avec leurs travaux sur leurs matériaux respectifs. Shigeru Ban est connu pour la mise en oeuvre d’un matériau singulier, recyclable et 14 ZUMTHOR Peter, Athmospheres, Birkhäuser, 2006 15 .Zumthor, P.Bachmann, K.Gruber, I.Gut, D.Ott, M.Rigendinger, Corps Sonore Suisse, Birkhäuser, 2000, p18 16 ZUMTHOR Peter, Athmospheres, Birkhäuser, 2006, p33 17 ZUMTHOR Peter, Athmospheres, Birkhäuser, 2006, p41 [Architecture is a spacial art... but architecture is also a temporal art] D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M LL -V A LA AR qui n’est à l’origine pas prévu pour le domaine de la construction; il s’agit du papier recyclé. Il l’emploi depuis les années 1985, et c’est à l’occasion de la commande d’un pavillon éphémère qu’il a pu expérimenter pour la première fois les tubes de carton comme matière structurelle. Il précise à nouveau pour Hanovre, qu’il profite du fait que le pavillon soit temporaire pour pousser et tester des solutions structurelles innovantes avec ce matériaux. 18 C’est avec l’aide de Frei Otto, architecte allemand, que Shigeru ban va construire la plus grande hall en tube de carton selon un principe structurel reprenant le grid shell d’une halle d’Otto à Manheim (figure 4). Ce pavillon est en fait l’occasion de dépasser les prouesses faites sur le bâtiment «Dôme de papier» construit deux ans plus tôt au Japon, en faisant évoluer et en améliorant les joints et la structure (figure 5). Shigeru Ban profite donc de l’éphémérité de l’Exposition pour développer et présenter ses avancées concernant les tubes de cartons. EE Cycle d’usage des bâtiments · Lisa Cepisul N E- 22 R E L’architecte Colombien Simon Vélez va lui aussi, à l’occasion de l’Exposition Universelle de Hanovre, présenter et surtout faire découvrir l’usage d’un matériau méconnu dans la construction occidentale, le bambou. Il construit principalement des toiture et abris en bambous de petite taille, et va donc adapter ses concepts à l’échelle d’un pavillon d’exposition, et importer avec lui les techniques traditionnelles de mise en oeuvre du bambou (figures 3). Le pavillon étant ouvert, à l’air libre, et très particulier dans sa morphologie et son expression structurelle (adapté à un climat tropical), la temporalité de l’Exposition lui permettait donc de mettre en oeuvre assez librement ce matériau peu connu en Europe pour ses propriétés structurelles. EC O LE N AT I O N AL E SU PE R IE U Les préoccupations diverses des architectes, couplées au caractère temporaire de l’exposition et à son thème, ont fait émergé des typologies de bâtiments toutes différentes. Les enjeux liés au rapport entre la matière et la durée de son utilisation sont fondamentalement différents de ceux d’un bâtiment permanent. Malgré les objectifs communs (donnés par les organisateurs de l’Expo 2000 et appuyés par Mc Donough), les propositions architecturales pour les pavillons étaient autant de réponses singulières qu’il y avait de concepteurs. Les analyses suivantes permettront de faire apparaître quels sont les autres facteurs qui participent à la différenciation architecturale des pavillons sur le site de Hanovre. 18 Source : Matilda McQuaid, Frei Otto, Shigeru Ban, Phaidon Press, fév. 2006 LE O EC N N O AT I AL E E ES IR O IT D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R R IE U R PE SU A AR M LL -V A LA N E- EE LE O EC N N O AT I AL E E ES IR O IT D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R R IE U R PE SU A AR M LL -V A LA N E- EE 25 Matériaux et énergie O IR ES A M AR N E- LA -V A LL EE 2. SU PE R IE U R E D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT Pour un événement de la durée d’une Exposition Universelle, le choix des matériaux de construction s’avère essentiel. Ils peuvent être envisagés de plusieurs manières dans le but de suivre les démarches environnementales suggérées par l’exposition : -Le matériau peut être choisi pour sa durée de vie limitée en adéquation avec la durée même de son utilisation. -Le matériau est utilisé dans les mêmes conditions que dans un bâtiment permanent et sa réutilisation après l’exposition est anticipée. -La réutilisation du matériau n’est pas envisagée après l’exposition, son recyclage est plus approprié. Le choix des matériaux employés va influencer l’énergie grise accumulée par le bâtiment, et la durée de ses cycles d’usage. Les projets développés ont répondu de façons différentes et parfois même opposées, à la question du rôle de la matière dans le temps. Les architectes n’envisageaient pas le rapport à l’énergie de la même manière et au même niveau, suivant le concept du projet. Cette partie visera à analyser le rôle de la matière dans le rapport des pavillons aux enjeux posés par le thème de l’exposition. Elle permettra également d’identifier les différentes stratégies mises en places. EC O LE N AT I O N AL E 2.1 Recyclage des matériaux: 2.1.a Deux stratégies de recyclage Suivant le choix de la parcelle, les architectes pouvaient construire des pavillons temporaires ou permanents. Pour les pavillons temporaires, la matière employée pouvait être, soit recyclée, soit réutilisée après l’exposition. L’anticipation du cycle d’usage de ces pavillons conditionne la réutilisation des matériaux employés. Shigeru ban était parti du principe de ne pas laisser de traces de son pavillon après l’exposition. Pour cela il avait sélectionné et employé des matériaux recyclés, recyclables, ou qui pourraient retourner dans les circuits de production industrielle. 26 Cycle d’usage des bâtiments · Lisa Cepisul EE membrane en papier de 0.52mm d’épaisseur D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R N E- IT O IR ES A M AR membrane translucide en PVC de 0.89mm d’épaisseur cable métallique de contreventement (dia. 6mm) membrure d’un échelle archée en bois de 60 à75mm d’épaisseur LA -V A LL tube de carton de 120mm dia. 22mm d’épaisseur support métallique des échelles en bois sable bac en acier (fondations contenant le sable) 50 100cm 1 EC O LE N AT I O N AL E SU PE R IE U R E 0 10 2 1. Coupe sur les fondations du pavillon japonais Les containers en métal et panneaux bois, sont remplis de sable. Ils sont démontés et recyclés après l’expo. Dessin : LC, Source coupe : «Expo 2000 Hannover : «Health Futures» in Thème park, Japan Pavillon» JA , 2001, n°40 . 2. Fondations du pavillon japonais en chantier Containers métal - bois - sable Source image : Shigeru Ban, Projects in process to Japanese Pavilion, Expo 2000 Hannover - Editeur : Tokyo, Toto Shuppan, 1999 D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M LL -V A LA AR Zumthor a lui aussi anticipé la fin du cycle d’usage de son pavillon grâce au recyclage mais avec un matériau plus commun et mis en oeuvre sous forme brute, le bois. Ces deux pavillons diffèrent en tous point : ils n’ont pas le même concept architectural, ils n’utilisent pas les mêmes matériaux, ils sont structurellement opposés, et pourtant ils suivent le même cycle d’usage à la fin de l’exposition : le recyclage. Les architectes ont limité le nombre de matériaux entrant dans la composition du pavillon pour en faciliter le démontage et le tri. En effet, Zumthor n’emploie que du bois suisse (Mélèze et Douglas), de l’acier et des fondations en béton; Shigeru ban s’est limité au papier recyclé, à l’acier et au bois. Les concepteurs de ces deux pavillons sont les seuls à avoir proposé des réponses quant au recyclage des fondations. C’est une démarche singulière qui est apparue grâce à la prise en compte de la durée de l’installation des pavillons sur le site. EE 27 N E- Matériaux et énergie EC O LE N AT I O N AL E SU PE R IE U R E 2.1.b Démolition ou démontage? Les fondations du pavillons japonais sont représentatives de l’intention de l’architecte de faire disparaître totalement son bâtiment. Au lieu d’être constituées de béton, qui aurait été source de déchets à la fin du premier cycle d’usage du pavillon, les fondations étaient faites de containers à structure métallique et panneaux de bois, remplis de sable (figures 1 et 2). Le sable, intact après utilisation, pouvait donc être rendu à l’entreprise qui l’avait fourni; le métal et le bois pouvaient être démontés et réutilisés, ou retourner dans un cycle de production après avoir été recyclés. Les tubes de papier recyclé formant la structure sont eux, retournés à l’entreprise allemande qui les avait produits pour être recyclés à nouveau. Le bois de la structure pouvait, lui aussi, être réutilisé ou sous-cyclé, tout comme les sangles qui connectaient les tubes de carton. Les déchets du premier cycle sont donc matière à un nouveau cycle, un nouvel usage. Rappelons-nous de la citation de Shigeru ban en introduction, il parlait de démolition de son pavillon. Ce début d’analyse du pavillon Japonais, nous permet de préciser ce terme pour employer préférentiellement celui de démontage, ou de désassemblage, qui est plus en lien avec la notion de recyclage. 2.1.c Réutilisation d’un matériau brut Le pavillon Suisse emploie principalement le bois et en très grande quantité (37 000 poutres de bois empilées). Le bois brut est récupéré après son premier cycle d’usage dans un état comparable à celui dans lequel il était avant d’être mis en oeuvre sur le site, il peut donc retourner au fournisseur pour être réutilisé dans un autre bâtiment. Pour ce pavillon, Peter Zumthor a développé un rapport particulier à la matière employée et mise en oeuvre. Il a considéré la durée de l’exposition comme un facteur moteur de ses choix concernant la matérialité et ses cycles d’usage. Le rapport au temps et à la durée de l’exposition est particulièrement lisible dans le choix du traitement de certaines parties du pavillon, comme par exemple les 28 Cycle d’usage des bâtiments · Lisa Cepisul N E- LA -V A LL EE ressorts à boudin M AR 4 D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A traction des ressorts qui comprime les poutres en bois (le frottement les garde en place) câble métallique tendu poutres en mélèze ou douglas (sans clous, ni vis, ni colle; le bois est brut et intact) 5 lame d’acier 50 100 200cm EC O LE N AT I O N AL E SU 0 PE R IE U R E fondation en béton préfabriqué 3 6 3. Coupe sur un mur à empilement du pavillon suisse Fondations : bloc béton préfabriqué Système de tension avec des lames d’acier non traitées contre l’oxydation Dessin : LC Source coupe : P.Zumthor, P.Bachmann, K.Gruber, I.Gut, D.Ott, M.Rigendinger - Corps Sonore Suisse Birkhäuser, 2000, p 187 5. Pavillon suisse de Zumthor Le concept du pavillon repose sur l’emploi du bois en masse pour créer une atmosphère. image : TAMBOTINI Suzanne, «Expo 2000», MD, n°9, sept. 2000 4. Pavillon du globe des sciences à Genève Le bois du pavillon suisse de Hanovre a été repris et transformer pour créer la façade de ce pavillon. image : http://www.charpente-concept.com 6. Pavillon japonais de Shigeru Ban Le concept du pavillon repose sur une structure légère et économe en matière, le grid shell en tubes de carton. image : http://www.japononline.com D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M LL -V A LA AR lames d’acier sur lesquelles reposent les murs de bois. Celles-ci n’étaient pas traitées contre l’oxydation puisque la durée d’exposition ne le nécessitait pas. En demeurant brut, l’acier peut retourner plus facilement dans un circuit de recyclage, et surtout assurer un recyclage qualitatif (puisqu’il n’est pas mélangé à d’autres matières). Les fondations en béton étaient constituées de 396 plots préfabriqués dans lesquels venaient se fixer les supports des murs (figure3). La préfabrication de ces éléments limitait l’énergie dépensée sur le site pour les produire et les mettre en place, et elles pouvaient être sous-cyclées après l’Exposition. L’entreprise de construction du pavillon est suisse: Nusslï. Elle est spécialisée dans la construction de pavillons et de bâtiments temporaires, elle a donc permis le développement de méthodes et techniques particulières permettant de prendre en compte les caractéristiques singulières des matériaux dans le cas d’une exposition de cinq mois. Les matériaux avaient, de ce fait, été sélectionnés pour permettre un recyclage complet du pavillon après l’exposition. Le second cycle d’usage des matériaux avait été anticipé et avait orienté le choix des concepteurs. A la fin de l’exposition, le bois du pavillon Suisse a été réutilisé sous forme de revêtement de façade pour le pavillon des Sciences de l’Exposition Nationale Suisse de 20021 (figure 4). Les éléments de bois qui servaient de poutres dans le pavillon suisse de Hanovre, sont devenus les secteurs sphériques à claire-voie de la façade du globe des sciences. EE 29 N E- Matériaux et énergie SU PE R IE U R E Les architectes de ces pavillons ont donc réussi à appliquer aux matériaux mis en oeuvre, le principe de waste=food de Mc Donough. Il ont retourné les matériaux utilisés aux entreprises qui les avaient produits, dans un état permettant un recyclage de qualité, ou un sous-cyclage pour certaines parties. Le cycle d’usage de la matière a été prolongé grâce au recyclage. Celle-ci peut être utilisée pour d’autres fonctions ou être réemployée dans de nouveaux bâtiments. Elle devient donc bien «nourriture» pour un nouvel organisme dans lequel elle commence un second cycle, ou un nième cycle comme pour le papier recyclé. EC O LE N AT I O N AL E 2.2 Concept et structure 2.2.1 Masse ou économie de matière? Les deux architectes précédents avaient prévu le recyclage ou le sous-cyclage des matériaux, cependant leurs stratégies quant à la distribution de la matière n’étaient pas les mêmes. Shigeru Ban voulait que le pavillon Japonais soit économe en matière de par sa 1 Pavillon du globe des sciences, monté par l’entreprise de construction bois : Charpente Concept. Source de l’information concernant la réutilisation du bois: http://www.charpente-concept.com Cycle d’usage des bâtiments · Lisa Cepisul ES A M AR N E- LA -V A LL EE 30 O IR 3.40m IT 3.40m D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R 7 6 N 0 9 4 5 10 20m 1- bassins 2- colonnade 3- cloître 4- court 5- croix 6- arbre 7- espaces d’exposition 8- hall principal 9- crypte souterraine 8 1 5 3 2 EC O LE N AT I O N AL E SU PE R IE U R E 8 9 7. Grid shell du pavillon japonais Gridshell en chantier, mis en volume par dessous. Photo : «Les échelles de la durabilité», Quardens d’arquitectura i rbanisme, n°225, mars 2000, p76-81 8. Plan du pavillon du Christ Trame modulaire de 3.40m plan : «Hanover 2000 : humankind-nature-technology», Architectural review, vol.208, n° 1243, septembre 2000.- pp.42-81 9. Pavillon du christ à Hanovre Trame modulaire pour la colonnade et le cloître. Photo : GMP, Architecture 1999-2000, Meinhard von Gerkan, Editeur : Bâle, Birkhäuser, 2002 7 EC O LE N AT I O N AL E SU PE R IE U R E D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M LL -V A LA AR forme et son concept structurel léger, alors que Zumthor employait la masse et l’amoncellement de matière pour le pavillon suisse (figures 5 et 6). Shigeru Ban, accompagné de Frei Otto, a choisi une structure en grid shell (figure 7) composée de tubes de papier recyclé pour former une grande halle d’exposition. Cette structure était, selon lui, l’évolution d’un projet qu’il avait monté quelques années auparavant au Japon, le «dôme de papier». Le pavillon Japonais de Hanovre serait plus économe en matière puisqu’il est fait d’assemblages de tissu (plus légers que ceux en bois du dôme de papier), et la structure est un grid shell plutôt qu’une voûte. «Le gridshell est une structure légère, courbée, faite de barres et de nœuds rigides.»2 Les barres, positionnées dans deux directions, constituent une grille planaire avec un maillage rectangulaire. La courbure de la surface et le blocage des nœuds permettent d’obtenir une grande rigidité et une efficacité matérielle, qui permettent de mettre en oeuvre de grandes portées avec peu de matière. Le volume du pavillon est libéré de tout point d’appui, et offre ainsi 2500m² de surface au sol. De ce fait, l’espace d’exposition peut être organisé sans contrainte. Cependant la richesse et la générosité spatiale de cette structure singulière n’ont pas été prises en compte par les organisateurs de l’exposition japonaise, qui ont recouvert les espaces d’exposition d’un voile translucide. Cette toile tendue créait une sorte de faux plafond, dissimulant le grid shell en grande partie et redécoupant l’espace principal en un espace d’exposition, avec une hauteur sous plafond ordinaire, et un grand vide inutilisé et invisible au dessus (figure 6). Le pavillon de Zumthor, proposait un autre concept, celui de la masse. Le pavillon se présentait sous la forme de murs à empilements de neuf mètres de haut. Ils étaient constitués de poutres en bois brut superposées, qui tenaient en place en étant comprimées les unes aux autres. Trois mille mètres cube de bois étaient nécessaires pour constituer le pavillon. Il s’agissait au final de la répétition d’un système très consommateur en matière et qui se préoccupait peu de la quantité d’énergie que représentait sa production et sa mise en place. Ces deux architectes transmettaient les valeurs communes du recyclage des matériaux après l’utilisation du pavillon, cependant ils opéraient de deux façons complètement différentes pour la mettre en oeuvre. L’économie était de rigueur pour l’un, et le déploiement massif caractérisait le concept architectural pour l’autre. EE 31 N E- Matériaux et énergie 2.2.b Module ou sur-mesure? Deux autres architectes ont développé une stratégie commune liée à la préfabrication industrialisée d’éléments structurels. Il s’agissait de Von Gerkan (agence GMP) pour le pavillon du Christ et de Herzog pour la toiture de l’exposition (ou Expodach). Ils mettaient en avant les économies d’énergie et de matière possibles grâce à la préfabrication, à travers une trame modulaire pour l’un et, l’emploi de la production assistée par ordinateur pour l’autre. Ici encore, c’est le concept architectural qui détermine la quantité et la distribution de la matière. 2 Source : OTTO Frei, «Grid shells», IL (Institue for lightweight Structures), n°10, 1974, p26 Cycle d’usage des bâtiments · Lisa Cepisul M AR N E- LA -V A LL EE 32 11 D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A 10 Contreventement par panneau de bois aggloméré Poteau : deux demi-troncs de bois brut. AT I O N AL E SU PE R IE U R E Poutre de 19m de porte-à-faux, en bois lamellé-collé EC O LE N 12 10. Séchage et découpe des troncs pour l’Expodach Séchage des 78 troncs devant la Forêt noire. Photo : HERZOG Thomas, Expodach, prestel, 2000 11. Mise en oeuvre du bois par machine Production assistée par ordinateur. Photo : HERZOG Thomas, Expodach, prestel, 2000 12. Répartition des différents bois structurels A chaque type de bois une fonction structurelle différente. Dessin : LC , Source axono : HERZOG Thomas, Expodach, prestel, 2000 EC O LE N AT I O N AL E SU PE R IE U R E D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M LL -V A LA AR Le pavillon du Christ était conçu suivant une trame modulaire d’éléments préfabriqués en métal, qui permettait une production rapide et optimisée de la structure (figure 9). La trame répétée et reprise par différents corps du bâtiment, répondait avec un seul module, à plusieurs éléments du programme (figure 8). La matière produite était ainsi rentabilisée et optimisée dans un élément reproduit en série. Pour la toiture de l’expo, Herzog a voulu mettre en avant les capacités structurelles du bois à travers une mise en oeuvre complexe et précise d’éléments générés en trois dimensions par ordinateurs, puis produits par des machines reliées directement à ces ordinateurs (figure 11). Les quantités de matière déployée sont les plus précises possibles puisque la conception assistée permet de modéliser et répartir la matière de façon rigoureuse selon les besoins structurels. Dans ce bâtiment, le bois et ses différentes déclinaisons (brut, lamellé-collé ou panneaux d’aggloméré) sont mis en avant et permettent de spécifier l’usage et le rôle de chaque élément au sein de l’entité finale. En effet, le bois brut est utilisé pour les poteaux (très sollicités par les membrures qui viennent se greffer sur eux), le bois lamellé-collé pour les poutres courbes en porte-à-faux (19m), et les panneaux de bois aggloméré pour les contreventements (la toiture fait 20m de haut) (figure 12). Les troncs de bois brut à l’origine des poteaux, sont issus de la Forêt Noire, au sud de l’Allemagne (figure 10). Des arbres vieux de 150 à 300 ans ont été sélectionnés pour constituer les pièces maîtresses de la structure bois et, par la même occasion, nettoyer la forêt en permettant aux jeunes pousses de remplacer des arbres centenaires. La distinction du bois, suivant sont rôle structurel, permet d’en optimiser l’utilisation. Les matériaux utilisés pour construire ce pavillon, ainsi que les techniques pour les mettre en oeuvre, sont allemands. Ils représentent donc les innovations du pays d’accueil de l’exposition. Contrairement au pavillon suisse pour lequel un seul élément d’un même bois était répété et superposé dans tous le pavillon de façon indifférenciée, pour la toiture de l’expo, les bois ont été choisis suivant les rôles et les usages programmés. Ce principe de différenciation a permis, selon l’architecte, d’anticiper un recyclage futur de la toiture, en facilitant la dissociation des parties à recycler. Quand le bâtiment sera démonté, le bois brut des poteaux pourra être retourné à une entreprise ou une scierie en tant que matière première, pour être transformé (de la même façon que les poutres du pavillon suisse sont devenues brise-soleil). Les troncs de bois brut non traité seront facilement recyclés et réutilisés, contrairement aux poutres en bois lamellé-collé, qui elles, ne vont pas produire un recyclage de qualité. Il s’agira plutôt de sous-cyclage puisque le bois sera mélangé à la colle qui le composait. Le bois lamellé-collé permet d’obtenir des formes complexes, mais ne favorise pas le recyclage. Le principe de Waste = Food ne fonctionne que si la matière récupérée («food») est de qualité. Même si la toiture avait été commandée pour compléter le site existant de Hanovre et donc être un bâtiment permanent (qui continue d’abriter des événements après l’Expo 2000), les architectes ont intégré, dès la conception, la possibilité de la démonter et d’en recycler ou sous-cycler les différentes parties le moment venu. EE 33 N E- Matériaux et énergie Cycle d’usage des bâtiments · Lisa Cepisul 13b M A D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES Membranes en papier recyclé et PVC AR N E- 13a LA -V A LL EE 34 Échelles et chevrons de bois Grid shell en tubes de carton Fondations métalliques (+bois et sable) CORRIDOR EC O LE N AT I O N AL E SU PE R IE U R E 14 15a 13. Prototype du pavillon japonais à Hanovre Test structurel à échelle 1:1 du grid shell couplé à la structure bois. Photos : a - «Japanese Pavilion at the EXPO in Hanover», Detail, n°6, sept. 2000, p1012 - 1017 b- «Les échelles de la durabilité», Quardens d’arquitectura i rbanisme, n°225, mars 2000, p76-81 14. Éclaté de la structure du pavillon japonais Superposition du grid shell et de la structure bois ajoutée. Axo : «Japanese Pavilion at the EXPO in Hanover», Detail, n°6, sept. 2000, p1012 - 1017 15b 15. Elevations du projet initial et du projet réalisé La corridor en tubes de carton à été abandonné par manque de temps. Elevations : a - MIYAKE Riichi, Shigeru Ban: Paper in Architecture, Rizzoli, nov. 2009 b - «Japanese Pavilion at the EXPO in Hanover», Detail, n°6, sept. 2000, p1012 - 1017 Matériaux et énergie 35 N E- LA -V A LL EE Ces deux derniers pavillons permettent de réaliser des économies d’énergie grâce au contrôle de la matière structurelle dans le pavillon. L’architecte Von Gerkan, de l’agence GMP, le fait de façon indifférenciée en répétant un module préfabriqué selon une trame. Herzog, au contraire, optimise par ordinateur la répartition de chaque matériau suivant son rôle et emplacement dans le bâtiment. A M AR 2.3 Expérimentation de la matière R E D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES Les pavillons japonais et colombien ont en commun l’utilisation de matériaux inusités à des fins structurelles en Europe. Les tubes de carton et le bambou sont des matériaux qui sont inconnus des autorités allemandes. Ils ont donc été soumis à des tests particuliers pour attester de leur résistance et capacités structurelles. L’emploi de matériaux singuliers a d’abord été un frein à l’obtention des permis de construire pour Shigeru Ban et Simon Vélez. Cela représente une contradiction dans l’organisation même de l’exposition, puisqu’il était demandé aux pavillons de représenter la culture et les avancées techniques de leur pays, mais il n’avait pas été prévu leur mise en oeuvre temporaire à Hanovre. Toutefois, ce sont des matériaux qui répondent au thème et aux principes de l’exposition, puisque le tube de carton est issu d’un processus de recyclage (sa production complètement industrielle a permis à l’architecte de choisir la section ainsi que la longueur des tubes, jusqu’à 20m pour diminuer le nombre d’assemblages), et le bambou est cultivé de façon abondante, il est rapidement renouvelé (le bambou guadua utilisé pour le pavillon ZERI atteint ses qualités structurelles en 4 à 5 ans, soit 5 fois plus vite que le Mélèze utilisé pour le pavillon suisse par exemple). Ces deux architectes sont les seuls à avoir construit des prototypes à échelle 1:1 pour satisfaire les autorités allemandes (figures 13a, 13b et16). EC O LE N AT I O N AL E SU PE R IE U 2.3.a Le papier recyclé Avec les tubes de carton, Shigeru Ban s’est d’abord heurté à des problèmes structurels puisqu’en janvier 1999, alors que l’étude du pavillon était déjà bien avancée, le bureau d’ingénierie Büro happold, a pointé un problème de taille : les tubes de cartons subiraient un phénomène de fluage, fragilisant le grid shell. Il était trop tard pour modifier la taille des tubes, ou pour faire des modifications morphologiques de la structure qui entraîneraient des surcoûts considérables. Shigeru Ban a donc fait le choix de compromettre la pureté de la structure en carton en augmentant la section des chevrons de bois (tenus par des échelles arcées au dessus du grid shell) et en les combinant au grid shell, pour s’assurer de poursuivre la construction du pavillon. Ces chevrons étaient initialement prévus uniquement pour prêter force [lend strength]3 au grid shell, fixer la membrane et faciliter l’entretien et le montage du pavillon (figure 14). 3 MC QUAID Matilda, Frei Otto, Shigeru Ban, Phaidon Press, fév, 2006 Cycle d’usage des bâtiments · Lisa Cepisul N E- LA -V A LL EE 36 D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M AR 16 18 EC O LE N AT I O N AL E SU PE R IE U R E 17 16. Prototype du pavillon ZERI en Colombie Prototype à échelle 1:1, démonté par la suite. Photos : «Rethinking Bamboo Architecture as a Sustainable Alternative for Developing Countries», Congrès International de l’histoire de la construction, cottbus, mai 2009 17. Test du prototype ZERI en Colombie Tests de charge sur l’étage du pavillon avec des bidons d’eau. Photos : VELEZ Simon, Grow your own house, Vitra Design Museum, 2002, p54 18. Pavillon ZERI à Hanovre Pavillon monté sur le site des expositions, puis démonté et transporté en Colombie pour être remonté dans le parc de Manizales. Photos : http://www.zeri.org/ZERI/Bamboo.html EC O LE N AT I O N AL E SU PE R IE U R E D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M LL -V A LA AR Après cela, un changement soudain de l’ingénieur en charge du projet pour un ingénieur local, a encore modifié le concept structurel du pavillon. La première équipe avait considéré, qu’étant donné le caractère temporaire du pavillon, les coefficients de charge du vent et de frottement au sol pouvaient être diminués. Le second ingénieur exigeait que le pavillon remplisse les mêmes conditions qu’un bâtiment permanent. Les échelles de bois et les chevrons ne pouvaient plus être simplement assemblés [loosely connected]3 et «mobiles», mais devaient devenir une structure rigide. Cela s’est traduit par la multiplication des échelles et l’ajout de renforcements métalliques. Le concept même de structure en grid shell et de structure «low-cost» défendus par l’architecte s’est perdue dans les ajouts successifs de matière, qui ont également compromis le bon recyclage du pavillon. Tous les retards engendrés par ces modifications ont empêché la construction du corridor en tube de papier, qui devait enserrer la halle sur trois côtés et marquer l’entrée du pavillon (figures 15a et 15b). Pour finir, La membrane translucide constituée de papier recyclé recouvrant la halle n’a pas non plus suffit à atteindre les normes incendie allemandes, et elle a donc été doublée par une membrane en PVC. Cette membrane, contrairement à celle en papier recyclé, rejettera du CO2 lorsqu’elle sera recyclée, et ne répond donc pas aux intentions de recyclage qualitatif, soutenues par Shigeru Ban. Ce dernier a été surpris de «la réticence des autorités allemandes à reconnaître les nouvelles structures et les nouveaux matériaux, et son incapacité à écouter un expert comme Otto»3. Toutes les bonnes intentions de Shigeru Ban se sont heurtées aux autorités allemandes, et ont été brouillées par des ajouts successifs de matière contradictoires avec les concepts initiaux du projet, à savoir le caractère recyclable du pavillon et son optimisation de la matière. Cependant la responsabilité n’est pas à jeter uniquement sur les autorités. L’ambition de Shigeru Ban était certainement trop élevée concernant un matériau encore expérimental dans sa mise en oeuvre en grid shell. Il a été confronté à la réalité constructive d’une halle de cette taille, qui ne pouvait pas tenir avec de simples nœuds de tissu pour assurer la sécurité des 3.200.000 visiteurs qui l’ont parcourue pendant cinq mois. L’exposition était certes, temporaire, mais les pavillons devaient tout de même satisfaire la sécurité d’ un bâtiment public devant accueillir des flots de visiteurs continus et importants. EE 37 N E- Matériaux et énergie 2.3.b «acier végétal» Concernant le pavillon Zeri, un prototype a été monté en Colombie pour passer des tests de résistance au vent, à la pluie, et aux charges diverses. Ces tests ont été réalisés en remplissant l’étage de bidons pleins d’eau pour simuler la charge des visiteurs (figure 17). Un système de traction a également été mis en place pour tester la résistance de la structure. Ces essais étaient requis pour estimer le niveau de sécurité du pavillon et, par la même occasion, acquérir des données supplémentaires sur cette structure. en MJ/kg en KWh/m3 23 à 25 0.3 à 2.5 32 à 35 0.9 à 1.6 500 60 000 550 (armé : 1850) 19 LA -V A Energie consommée Bambou papier recyclé bois acier béton EE Cycle d’usage des bâtiments · Lisa Cepisul LL 38 12.0 Transport ferroviaire 5.7 AR Voie d’eau M 42.0 A 138.1 Poids lourds ES Véhicules utilitaire légers IR 405.9 20 D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O Aérien N E- Consommation Unitaire d’énergie (gep/t.km) 22 SU PE R IE U R E 21 EC O LE N AT I O N AL E 23 19. Energie grise Comparaison de l’énergie grise des matériaux. tableau : LC Source pour l’énergie en MJ/kg : Institution of Professional Engineers New Zealand (IPENZ) www.ipenz.org.nz Source pour l’énergie en KWh/m3 : www.lesenr.fr 20. Energie consommé par le transport Comparaison de l’énergie consommée suivant le mode de transport. tableau : LC Source : http://www.ademe.fr 21. Pavillon ZERI en chantier à hanovre Pas de grues mais 40 ouvriers colombiens. Photo : VELEZ Simon, Grow your own house, Vitra Design Museum, 2002, p38 22. Transport des 78 troncs bruts Camions à deux remorques par troncs. Photo : HERZOG Thomas, Expodach, prestel, 2000, p36 23. Transport du pavillon du Christ Une centaine de camions nécessaires pour transporter le pavillon en morceau. Photo : http://www.thueringer-allgemeine.de D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M LL -V A LA AR Ils étaient nécessaires étant donné le nombre de paramètres ne pouvant pas être prévus avec certitude, comme les estimations concernant les matériaux, les déviations géométriques, les connections et la fabrication. Le prototype a finalement passé aisément tous les tests liés à sa résistance. Le bambou, couplé au bois pour les poteaux, est un matériau très utilisé pour sa résistance et sa souplesse. Simon Vélez, l’architecte du pavillon, est réputé pour l’avoir décliné dans différents bâtiments aux échelles et programmes variés. C’est une plante qui présente des caractéristiques structurelles étonnantes, Vélez l’appelle «acier végétal». Ce pavillon à été commandé par la fondation ZERI. Cet organisme développe des projets qui soutiennent et appliquent les notions de développement durable et de recyclage, refusant les principes de déchets. La fondation s’est adressée à Simon Vélez pour créer un pavillon qui défendrait à la fois les principes qu’elle soutient et montrerait également les propriétés particulière du bambous, dont il est un spécialiste. Il a fait importer de Colombie les bambous et les techniques traditionnelles pour le mettre en oeuvre. Ainsi le pavillon est déjà lui-même, une part de l’exposition, puisqu’il transmet le savoir et la culture d’un pays en matière de construction en bambou (figure 18). EE 39 N E- Matériaux et énergie 2.4 Energie grise EC O LE N AT I O N AL E SU PE R IE U R E La question de l’énergie grise des pavillons faisait partie des principes abordés par MC Donough dans son texte à l’attention des participants de l’exposition. La notion d’énergie grise fait référence à l’énergie consommée tout au long du cycle de vie d’un matériau, de son extraction, à son recyclage en fin de vie. Elle intègre également l’énergie nécessaire au transport de la matière et à sa mise en oeuvre. Les données générales recueillies sur l’énergie grise des matériaux des pavillons, permettent d’établir des comparaisons de consommations d’énergie en KWh/m3 (figure 19). L’acier est en moyenne 90 fois plus consommateur d’énergie que le bois ou le béton au cours de sa vie. C’est lors de sa transformation que l’énergie grise est la plus importante. Le choix des matériaux va donc beaucoup influer l’énergie grise des pavillons. La répartition de la matière est également importante, un pavillon comme celui de Zumthor, qui met en oeuvre 3000 m3 de bois, consommera certainement plus d’énergie qu’un pavillon qui répartit la matière de façon économe. Pour les pavillons, l’énergie grise dépend également de l’énergie consommée dans le transport des matériaux jusqu’au site de Hanovre, et en dehors après l’exposition (figure19). En effet, à la fin du premier cycle d’usage les matériaux sont, soit recyclés, soit réutlisés lors de la ré-édification du pavillon sur un autre site. Dans ce cas, l’énergie consommée va dépendre de la distance que le pavillon va parcourir en pièces détachées avant d’être remonté, et surtout du mode de transport utilisé. 2.4.a Énergie grise et transport Cycle d’usage des bâtiments · Lisa Cepisul ? 9 000 km ? EE camion ? black forest à Hanovre : 450km ? Hanovre à Thuringe : 180 km X ? X 1 440 000 Japon X X E X X X ZERI Suisse 0.98 Christian Expo roof X 3,04 37.8 0.28 0.46 0.98 5.13 60.48 0.038 25 PE SU AL E N O AT I N LE O EC 24 Hollande R IE U R consommation unitaire d’énergie par bateau tep par camion tep par train tep Consommation retour tep 6750 IR 900 000 O 81 900 81 900 IT X D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R t.km retour ES A ? camion LL forêt Uhwiesen à Hanovre : 500km Hanovre - Genève : 800km Expo roof Hollande 78 troncs de 9 à 15 t -V A 9 000 km Christian LA ? Suisse 3000m3 de bois (Mélèze) : 1800t camion N E- Mode de transport Distance du lieu de production au site Distance de retour (jusqu’au nouveau site) t.km aller ZERI 3500 bambous colombiens : 9.1 t bateau AR Japon tube carton produit et recyclé en Allemagne Matériau Poids en tonnes M 40 24. Distances parcourues par les matériaux Calcul des t.km pour les matériaux principaux utilisés pour les pavillons de l’Exposition de Hanovre. tableau : LC 25. Calcul de l’énergie consommée pour le transport Calcul approximatif de l’énergie consommée pour le transport des matériaux en tonne équivalent pétrole (tep) tableau : LC IT O IR ES A M LL -V A LA AR Pour le pavillon ZERI, le transport des bambous par bateau, de la Colombie à Hanovre, puis de Hanovre au parc de Manizales (Colombie) a nécessité moins d’énergie que le seul transport par camion du bois du pavillon Suisse de la Forêt de Uhwiesen au site des expositions (figure 25). Effectivement, le transport par bateau consomme trois à quatre fois moins d’énergie qu’un transport par camion, mais deux fois plus d’énergie qu’un transport ferroviaire. Le pavillon ZERI était le seul à ne pas nécessiter de grue sur le chantier pour être monté, grâce aux techniques de construction traditionnelles colombiennes (figure 21). Cependant quarante ouvriers colombiens spécialisés et formés par Vélez ont du se déplacer sur le chantier pour assembler le pavillon. Le prix de ce pavillon (100 000$) était bien moins élevé que celui des autres pavillons, compte tenu de son mode de mise en oeuvre et de son matériau principal peu coûteux. EE 41 N E- Matériaux et énergie EC O LE N AT I O N AL E SU PE R IE U R E D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R Les poutres du pavillon suisse avaient peu de distance à parcourir entre le point de production et le site de mise en oeuvre du bois, cependant le mode de transport et l’importante quantité de matière déplacée ont considérablement augmenté l’énergie grise pour la mettre en oeuvre à Hanovre, puis à Genève. Le transport par camion nécessite approximativement sept fois plus d’énergie que le transport ferroviaire. D’après l’architecte, le Mélèze et le Douglas proviendraient de la forêt d’Uhwiesen en Suisse et auraient été préparés en scierie allemande pour répondre aux exigences des normes du pays d’accueil. De même le transport des troncs d’arbre entiers (de 50m de long) pour la toiture de l’expo a nécessité un transport routier particulier, composé d’un camion à deux remorques par tronc (pour les 78 troncs). Ce transport ne pouvait pas être réalisé par voie ferroviaire (ce qui aurait nécessité 7 fois moins d’énergie) (figure 22). Le fait de s’approvisionner sur le territoire où va être érigé le pavillon, est un moyen de limiter les dépenses d’énergie liées au transport de la matière sur le site de l’expo, et ainsi limiter l’énergie embarquée du matériau; mais encore faut-il pouvoir sélectionner le mode de transport adéquat. Shigeru Ban s’est approvisionné dans une usine allemande de recyclage du papier, et a retourné les tubes à cette même usine après l’Exposition pour qu’elle les recycle à nouveau. Finalement ce ne sont pas forcément les matériaux qui ont parcouru la plus grande distance, qui ont l’énergie embarquée la plus importante. Le pavillon du Christ, avec sa structure entièrement métallique et son transport par camion, a certainement une énergie grise très élevée (figure 23). Il faudrait comparer l’énergie grise des matériaux d’un bâtiment démoli, à celle de matériaux réutilisés ou recyclés, pour constater que l’économie d’énergie et de matière se fait dans la multiplication des cycles d’usage des bâtiments et de la matière qui les compose. Les problématiques liées à la consommation non maîtrisée des énergies fossiles et des ressources en matériaux bruts, montrent bien que réutiliser un matériau au lieu d’extraire à nouveau de la matière première pour le remplacer est source Cycle d’usage des bâtiments · Lisa Cepisul ES A M AR N E- LA -V A LL EE 42 26b D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR 26a 27b EC O LE N AT I O N AL E SU PE R IE U R E 27a 28 26a et b. Energies renouvelables dans le pavillon hollandais Schéma de l’interaction du bâtiment avec le vent, le soleil(a) et la pluie (b). Système relié au circuit technique (eau sanitaire, ventilation, chauffage) Schéma : «MVRDV», El Croquis, n°111, 1997-2002, p42 27a et b. Effets du temps sur le bois Apparition de la teinte grisée sur les troncs à la fin de l’exposition. Photos: «MVRDV», El Croquis, n°111, 1997-2002, p42 29 28. Vitraux recyclés (vue intérieure) Réinterprétation des vitraux avec des objets recyclés dans des panneaux de verre. Photo : http://www.gmp-architekten.de 29. Pavillon du Christ remonté à Thuringe Détérioration des vitraux quelques années seulement après l’exposition. Photographe : Schütze Rodemann Source : http://www.agefotostock.com Matériaux et énergie 43 -V A LL EE d’économie. Ce processus entre dans un cycle similaire à celui de la nature, où rien est déchet, tout est matière à nourrir un nouveau cycle; ou comme en chimie, «rien ne se perd, tout se transforme»4. D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M AR L’un des thèmes abordés par Mc Donough dans Les Principes de Hanovre, est lié à la capacité des pavillons à sensibiliser le public de l’exposition aux problématiques liées à l’environnement, la nature, le durable et la matière. Les architectes du pavillon hollandais ont été les seuls à aborder la question des énergies renouvelables à travers la mise en place d’éoliennes et d’un bassin de rétention d’eau en toiture. Ceux-ci permettaient d’alimenter à la fois les systèmes de ventilation et de refroidissement, et le circuit sanitaire (figures 26 a et b). Cependant l’utilisation de ces procédés se révèle utile et bénéfique sur le long terme c’est pourquoi ils n’étaient pas en adéquation avec la durée même de l’exposition. Ils étaient principalement à but pédagogique et ont été retirés du pavillon, à la fin de l’exposition. N E- LA 2.5 Sensibiliser le public, transmettre les relations à la nature EC O LE N AT I O N AL E SU PE R IE U R E Le pavillon suisse et l’Expodach sont deux bâtiments dans lesquels le bois était exposé de façon naturelle, sans traitement particulier, et qui donnaient à voir les changements et évolutions de la matière dans le temps. Ils présentaient sa mise en oeuvre et ses qualités constructives et environnementales (figures 27 a et b). La mise en oeuvre du bois dans le pavillon de Zumthor était telle, qu’elle mettait en évidence ses propriétés naturelles et les réactions physiques dues à son environnement. En effet il était prévu que le bois se dilate et se contracte suivant les variations atmosphériques et, que des ajustements soient réalisés au cours de l’exposition, si les déformations étaient trop importantes. Le visiteur était donc amené a expérimenter et observer les effets du fluage, du retrait et du gonflement du bois. Le bois utilisé pour le pavillon suisse serait, d’après l’architecte, de meilleure qualité après l’exposition puisqu’il aurait séché pendant celle-ci. De plus, le bois jeune et fraîchement coupé, empilé sous forme de murs, diffusait des odeurs caractéristiques des aires de stockage du bois dont Zumthor s’inspire pour ce pavillon. Créer une proximité entre la matière et les visiteurs était également l’un de ses objectifs et une façon de sensibiliser le public à ce matériau naturel, et à l’atmosphère recherchée. Le toit de l’expo présentait, lui aussi, le matériau bois de telle façon que les variations de teintes naturelles que subit le bois tout au long de l’exposition et au delà, soient visibles par le public, et le sensibilise aux caractéristiques propres de ce matériau. Les troncs pouvaient rester brut puisque les porte-à-faux des pales le protégeaient des intempéries. 4 Antoine Lavoisier, chimiste du XVIIIe siècle. D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M LL -V A LA AR Avec le pavillon du Christ, GMP transmettait un aspect plus artificiel de la matière et du recyclage à travers un système de vitrail moderne et reinterprété, grâce à des panneaux de verre sandwich dans lesquels étaient introduits des produits du quotidiens ou des matériaux naturels (passoires à thé, bouchons de liège, cassettes audio, morceaux de bois, épingles, thermomètres...). Le recyclage de ces éléments s’expliquait par leur réutilisation en tant que filtre lumineux. Cependant, cette mise en oeuvre était plus à but pédagogique et didactique à l’attention du public, qu’un réel acte de recyclage. (figures 28 et 29) Shigeru Ban transmettait lui aussi des informations sur le recyclage et la réutilisation à travers la mise en oeuvre de son pavillon. Il utilisait des tubes de carton issus du recyclage, ceux-ci étaient directement en accord avec l’exposition qu’il abritait et qui se concentrait sur les méthodes de recyclage. Les visiteurs pouvaient donc se renseigner sur les processus du recyclage grâce à l’exposition, et, expérimenter une application possible à l’échelle d’un bâtiment, en parcourant la halle. EE Cycle d’usage des bâtiments · Lisa Cepisul N E- 44 SU PE R IE U R E L’énergie grise d’un matériau mis en oeuvre dans les pavillons de l’expo, dépendra du lieu de production et du transport, surtout s’il est importé d’un autre pays. Elle dépendra également du nombre de voyages permettant la succession des cycles d’usages (démontage-remontage successifs du pavillon) Le principe même des Expositions Universelles, consistant à présenter les innovations techniques et constructives d’un pays, a été confronté au thème de l’exposition de Hanovre qui préconisait une attention particulière aux dépenses d’énergie, incluant le transport depuis le pays d’origine des matériaux mis en oeuvre. L’Allemagne n’était pas complètement prête à accueillir de nouveaux matériaux. Il n’avait pas été prévu de procédure particulière adaptée au test de ces matériaux pour les confronter aux normes du pays, ce qui a prolongé l’obtention des permis de construire des pavillons japonais et ZERI. EC O LE N AT I O N AL E L’anticipation des différents cycles de vie des pavillons oriente et détermine le choix des matériaux et leur rôle dans le bâtiment. Et d’un autre côté, le choix des matériaux va qualifier ces cycles de vie selon leur durée de vie, leur résistance, leur facilité à être recyclés ou réutilisés. Les architectes Shigeru Ban et Peter Zumthor, ont montré différentes façon d’appliquer les principes de «waste =food» dans un bâtiment, quand cela avait été démontré seulement sur des produits de consommation. Le matériau sert de base à une autre mise en oeuvre après son premier cycle d’usage. Il n’est pas déchet mais bien matière de qualité pour satisfaire un nouveau cycle. Du choix des matériaux fait par les architectes, ressortent deux cycles de vie alternatifs à la démolition : le recyclage et la réutilisation. L’état dans lequel ils sont EC O LE N AT I O N AL E SU PE R IE U R E D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M LL -V A LA AR récupérés après l’exposition, permet d’envisager différentes réutilisations. Ils doivent être récupérés dans un état physique tel qu’ils ne sont pas endommagés ou affaiblis par leur première mise en oeuvre. Pour permettre un recyclage optimal sans perte de matière ou de qualité du matériau, il faut que celui-ci puisse être séparé de ceux avec lesquels il était assemblé. Ce sont les connections entre les matériaux de différentes natures sur un même bâtiment qui vont déterminer l’état du matériau après sa première utilisation. Faciliter la dissociation des matériaux est donc primordial pour amorcer un second cycle d’usage. La question de l’assemblage est essentielle, puisqu’elle détermine le démontage du bâtiment et le possible recyclage des matériaux. EE 45 N E- Matériaux et énergie LE O EC N N O AT I AL E E ES IR O IT D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R R IE U R PE SU A AR M LL -V A LA N E- EE 47 Assemblages et cycles d’usage O IR ES A M AR N E- LA -V A LL EE 3. IE U R E D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT Les architectes des pavillons étudiés ont, pour la plupart, employé un nombre restreint de matériaux dans leur pavillon dans le but de limiter les différents types d’assemblages. Moins il y a de matériaux différents, moins il a d’assemblages variés, et plus le démontage et le tri seront facilités à la fin du premier cycle d’usage. Si le démontage n’a pas été prévu dès la conception, les matériaux ne peuvent pas être séparés convenablement les uns des autres, et les hybrides créés empêchent un recyclage de qualité. Le sous-cyclage est la conséquence de ce manque d’anticipation. Nous avons vu dans la partie précédente que l’emploi d’un même matériau, ou d’un principe commun peut mener à des concepts architecturaux opposés, tout comme pour Zumthor et Shigeru Ban qui se sont essayés au recyclage complet de leur bâtiment, mais avec des stratégies différentes quant à la distribution de la matière. La question des assemblages met également en exergue des similarités pour certains procédés utilisés et des dissemblances dans les résultats observés. PE R 3.1 Assemblages par pièce métallique EC O LE N AT I O N AL E SU Les architectes du pavillon ZERI et de la toiture de l’exposition, ont proposé la mise en oeuvre d’un matériau principal, assemblé de différentes façons par des connections en métal. Des pièces métalliques permettent d’assembler les tiges de bambou dans le pavillon de Simon Vélez, et les éléments de bois dans la toiture de Herzog. Elles sont plus ou moins complexes, et se trouvent aux nœuds par lesquels transitent le plus de charges. Dans le pavillon ZERI, les connections métalliques sont généralisées, elles sont situées à l’extrémité de tous les bambous; alors que pour l’Expodach, l’utilisation du métal est ciblée, Il n’est utilisé que pour assurer les connections les plus complexes : entre les pieds et aux nœuds qui reprennent les charges des pales en porte-à-faux. 48 Cycle d’usage des bâtiments · Lisa Cepisul demi tronc de bois N E- LA -V A LL EE les demis-troncs sont enserrés par boulonnage membrure métallique greffée au tronc 2 D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M AR 1 0 5 10 3 20m bambou bambous bois boulon tige métallique boulonnée AL E N O AT I N LE O EC béton tige filetée trou pour insérer le mortier mortier SU PE R IE U R E 4 rotule métallique 6 1. Assemblage Expodach Détail d’assemblage des tiges filetées sur les demis-troncs. Dessin : LC, Source : HERZOG Thomas, Expodach, prestel, 2000, p54 2. Troncs hybrides Une partie des greffes métalliques sur les troncs : hybride bois/métal Photo : HERZOG Thomas, Expodach, prestel, 2000, p42 0 10 30 60cm 5 3. Coupe sur le pavillon ZERI Pavillon à 1 étage, de 40m de diamètre. 4. Assemblage des bambous Assemblage type de trois bambous par boulonnage. 5. Assemblage : bambou-bois-béton Détail d’un pied du pavillon, les bambous et le bois ne sont pas en contact avec le sol. 6. Assemblage : bambou - tige filetée Le bambou est percé et rempli de mortier pour lier la tige métallique au bambou. Dessin : LC, Sources 32,33,34 et35 : VELEZ Simon, Grow your own house, Vitra Design Museum, 2002, p84,115,119 D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M LL -V A LA AR 3.1.a Technique et tradition La technique d’assemblage de Vélez consiste à introduire une tige métallique dans le bambou et percer un trou dans l’une des cavités pour y couler du mortier, dans le but de sceller la pièce métallique à l’extrémité du bambou (figure 6). Pour monter le pavillon, ce sont alors les pièces métalliques qui sont assemblées entre elles, et non pas directement les bambous. Cette technique permet d’épargner les bambous lors du montage-démontage du pavillon, seules les pièces métalliques sont mises à contribution. Il existe différentes techniques d’assemblage suivant le nombre de bambous qui se rencontrent (figure 4). Des techniques plus traditionnelles consistent à nouer les bambous entre eux par des sangles, mais le procédé de Vélez permet de renforcer les bambous à leurs extrémités, c’est à dire à l’endroit où ils sont le plus susceptibles de casser sous la charge. Les pièces métalliques resteront toujours scellées au bambou par le mortier. Il n’est plus possible de récupérer la tige de bambou intacte sans le mortier. Toutefois, les bambous-hybrides (bambou-mortier-métal) peuvent être réutilisés dans une autre construction. Les bambous acheminés à Hanovre étaient déjà connectés aux pièces métalliques, ce qui a considérablement réduit le temps de montage du pavillon sur place. Cet assemblage a finalement permis au pavillon Zeri d’être monté à Hanovre pour l’exposition; puis démonté pour être reconstruit définitivement dans le parc de Manizales (Colombie). Il existait donc, au moment de l’exposition de Hanovre, deux pavillons ZERI : le prototype en Colombie (qui a été démonté plus tard), et le pavillon d’exposition. Le choix du matériau et des techniques d’assemblage du pavillon ZERI, a permis de répondre de façon singulière et efficace aux problématiques posées par Mc Donough et au thème imposé par l’exposition. EE 49 N E- Assemblages et cycle d’usage EC O LE N AT I O N AL E SU PE R IE U R E 3.1.b Technique et technologie Pour l’Expodach, la pièce maîtresse de l’assemblage est la «pyramide» qui relie les pâles en port-à-faux aux pieds. Cette pièce de métal offre la précision d’assemblage nécessaire pour connecter tous les éléments en bois générés par informatique. Tous les autres assemblages dans les pieds constituent des greffes de chevilles et de tiges filetées sur les troncs massifs qui portent la toiture. Ces petites pièces métalliques permettent, entre autre, d’assembler les membrures des contreventements aux troncs. Herzog affirme avoir rendu possible le démontage de la toiture pour anticiper un recyclage futur, ce sont les assemblages qui en parlent le mieux. Les fixations étaient facilitées par la découpe des troncs en deux dans la longueur. Effectivement cette technique permettait de fixer par boulonnage les pièces métalliques sur des demi-troncs d’une profondeur d’environ 30 à 40cm (figure 1), plutôt que d’encastrer ces tiges dans des troncs entiers de 80cm de diamètre et de les fixer avec une sorte de colle, mauvaise pour le recyclage. L’avantage du boulonnage est qu’il permet de récupérer le bois en bon état après le démontage. Il n’y a pas de résidus des assemblages dans le bois (qui compromettrait la réutilisation ou diminuerait la qualité du recyclage). Cycle d’usage des bâtiments · Lisa Cepisul EE 50 N E- LA -V A LL éoliennes AR bassin rétention d’eau 8 O IT D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R Structure bois brut (troncs d’arbres) IR ES A M Structure métal Structure métal Structure béton 7 9 tube de drainage EPDM membrane étanchéité Dalle alvéolaire préfabriquée 10 chappe adhérente PE R IE U R E bassin filtre EC O LE N AT I O N AL E SU poutre acier 11 0 5 20 40cm 7. Coupe sur le pavillon hollandais Monolithe, superposition des matériaux. Dessin : LC, Source : «MVRDV», El Croquis, n°111, 1997-2002, p40-75 8, 9 et 10. Pavillon hollandais après l’Expo 8 et 9 - Le pavillon est à l’abandon. Les matériaux sont dégradés. 10 - Les troncs d’arbre bruts auraient pu être recyclés, ils sont restés intacts. Photo : http://www.flickr.com 12 0 5 10 20m 11. Détail sur le bassin en toiture Monolithe, matériaux encastrés. Dessin : LC, Source : «MVRDV», El Croquis, n°111, 1997-2002, p40-7512 12. plan du RDC Béton moulé, coulé en place. Le plan est figé, il n’y a pas de flexibilité programmatique. Source : «MVRDV», El Croquis, n°111, 1997-2002, p40-75 Assemblages et cycle d’usage 51 -V A LL EE Toutefois, l’aspect des troncs après les dizaines de greffes métalliques, le rapproche plus visuellement d’un hybride bois-métal, que d’un élément de bois simplement assemblé avec du métal. Les deux matériaux semblent visuellement indissociables (figure 2). D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M AR Les deux pavillons suivants sont deux réponses strictement opposées à l’objectif donné par le thème de l’exposition de Hanovre. Le bâtiment de l’équipe MVRDV est un monolithe hybride constitué d’une superposition de tranches toutes différenciées par leur nature et leur structure. Alors que le pavillon de Zumthor est un empilement de poutres brutes toutes identiques, juxtaposées pour créer un parcours des sens. N E- LA 3.2 Assemblage par frottement versus monolithe EC O LE N AT I O N AL E SU PE R IE U R E 3.2.a Réutilisation et flexibilité programmatique Dans le pavillon hollandais, le métal, le béton et le bois brut sont superposés indifféremment les uns sur les autres pour constituer cet empilement de paysages (figures 7 et 8). Le choix d’autant de matériaux structurels peut sembler contradictoire du point de vue du recyclage ou de la réutilisation puisqu’il se place à l’opposé des autres pavillons qui limitent le nombre de matériaux mis en oeuvre. Toutefois il était prévu que ce pavillon reste sur le site des expositions de Hanovre après l’Expo 2000 pour être réutilisé, et non pas recyclé ou démonté. Les architectes auraient pu, néanmoins, prévoir son démontage de la même façon que Herzog l’a fait pour l’Expodach. La mise en oeuvre par tranches de matériaux aurait pu permettre une récupération et un tri des éléments métalliques et du béton coulé dans le but de les sous-cycler. Les troncs bruts comparables à ceux utilisés pour la toiture de l’Expo, auraient été facilement recyclables (figure 10). Ils auraient pu appliquer le principe de Waste = Food de la même façon que le bois du pavillon suisse le faisait, pour être transformé et réutilisé dans un autre bâtiment. Le concept expérimental et spectaculaire du projet était donc certainement en désaccord avec le choix d’une parcelle permanente. Les structures de chaque niveau étaient bien trop singulières (troncs d’arbres bruts, collines et cônes de béton coulés sur place, bassin moulé dans la toiture...) et pas assez flexibles pour permettre un changement de programme à la fin de l’exposition (figure 12). Les assemblages et les matériaux sont identiques à ceux d’un bâtiment permanent classique dont le recyclage est compliqué (figure 11). Ce pavillon a très bien joué son rôle d’attraction. Il a eu un succès incomparable dans l’Exposition, mais c’est justement ce statut de bâtiment-exposition, monolithique et figé, qui l’a empêché de changer de cycle d’usage et de se diriger vers une réutilisation avec un programme différent. Tout convergeait pourtant pour en faire une attraction éphémère et recyclable. Le concept choisi par les architectes n’a pas été mis en oeuvre de façon cohérente avec les exigences environnementales de l’exposition. 52 Cycle d’usage des bâtiments · Lisa Cepisul 0 1 2 4m EE poutre bois LL lame métallique -V A plaque métallique LA ressort IR ES A M AR N E- câble acier D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O câble acier poutre bois cale en bois lame métallique 13 unités de service gouttières mur à 14 empilement lame métallique gouttière métallique (tôle pliée) poutres transversale (contreventement) poutres cales câble métallique en tension EC O LE N AT I O N AL E SU PE R IE U R E ressort à boudin, transmet la traction aux lames métalliques qui compriment alors les poutres 13. Tête et pied d’un mur à empilement Monolithe, superposition des matériaux. Dessin : LC 14. Plan du pavillon suisse Juxtaposition des murs à empilement, concept de massivité avec 3000m3 de bois mis en oeuvre. Plan : Hanover 2000 : humankind-naturetechnology, Architectural review, vol.208, n° 1243, septembre 2000.- pp.42-81 15. Système de tension Les poutres de bois sont comprimées par des plaques d’acier, grâce à un système de ressorts. Le frottement garde les poutres en place. Dessin : LC 15 R E D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M LL -V A LA AR 3.2.b Assemblage sensible Ce statut de bâtiment expérimental, Zumthor s’en est servi pour créer un pavillon qui n’était presque pas bâtiment puisqu’il était simplement constitué de murs à empilement en bois, à l’air libre et sans réel programme. (figure 14) Cette condition liée au temporaire lui a permis d’exposer ses concepts d’atmosphère et de pavillon-sensible, tout en intégrant le fait que ce n’était qu’une expérience éphémère vouée à n’exister que pour la durée de l’exposition. C’est pourquoi il a également considéré les éléments de son pavillon comme temporaires. Leur premier cycle d’usage ne dépasserait pas la durée de l’événement. Ils pourraient retourner dans un cycle de production pour être transformés et utilisés à nouveau. Pour cela, il a utilisé un système d’assemblage particulier : les 37 000 poutres de bois étaient comprimées verticalement et sous-tendues horizontalement, par un système de ressorts à boudin et de câbles (figure 15). Les ressorts compriment les poutres les unes sur les autres entre des lames d’acier, grâce à un système de tirants métalliques reliés au sol. Ils assurent ainsi la rigidité de l’ensemble (figure 13). Les ressorts absorbent les mouvements du matériau dus aux variations de l’hygrométrie ambiante. Ce système était expérimental et demandait une attention de tous les jours pour ajuster la structure si des déformations trop importantes causées par le fluage et le séchage du bois apparaissaient. Il était prévu que les murs diminuent d’une hauteur de 60cm, à cause du fluage, pendant la durée de l’exposition. Et comme la compression permettait de garder les poutres en place, elle devait continuellement être adaptée aux mouvements du bois. Les cales qui séparaient les poutres les unes des autres permettaient de laisser passer les vues et l’air entre les différents murs du pavillon. Le fait que cette structure ne nécessite ni colle, ni vis, ni boulons, ni clous pour faire tenir les 3000m3 de bois entre eux, a permis de les récupérer intacts après l’Exposition. EE 53 N E- Assemblages et cycle d’usage EC O LE N AT I O N AL E SU PE R IE U Zumthor a pris en compte la temporalité réduite de l’exposition comme paramètre fondateur du projet, contrairement à l’agence MVRDV, qui elle, n’a pas su prévoir et anticiper la fin de l’exposition comme la fin d’un cycle. Elle n’a pas intégré les principes recommandés par Mc Donough et le pavillon reste, aujourd’hui encore, à l’état de déchet sur le site des expositions puisqu’aucun nouveau programme n’a pu y être installé. Ces deux stratégies répondant de façon opposée aux contraintes exposées par Mc Donogh, montrent comment deux pavillons si différents peuvent émerger d’un objectif commun. Le pavillon hollandais se retrouve à l’état de ruine comme un bâtiment permanent ordinaire qui n’est plus utilisé (figures 9 et 10). Sa condition physique aujourd’hui éloigne toute possibilité de réutilisation. Les matériaux sont devenus inutilisables, endommagés par le temps, le manque d’entretien et le vandalisme. Ces deux pavillons présentaient finalement deux types d’assemblages opposés, 54 Cycle d’usage des bâtiments · Lisa Cepisul LL -V A LA N E- AR assemblage conique (une fois les deux pièces emboîtées il n’y a pas besoin de soudure ou boulons) EE 12cm 17 tôles métalliques cadres métalliques cadre des panneaux sandwich 3.40m EC O LE N AT I O N AL E SU PE R IE U R E D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M 16 18 16. Assemblage conique La forme des pièces permet un emboîtement qui bloque l’assemblage sous le poids des éléments. 18. Axonométrie éclatée Emboîtement des panneaux sandwich (vitraux) dans les cadres métalliques. Dessin : LC, Source : Gerkan Meinhard von, Von Gerkan, Marg & Partner, Architecture 19992000,vol 8, Bâle, Birkhäuser, 2002 17. Montage du pavillon Les modules arrivent déjà montés deux par deux et sont assemblés les uns aux autres. Photo : Gerkan Meinhard von, Von Gerkan, Marg & Partner, Architecture 1999-2000,vol 8, Bâle, Birkhäuser, 2002 Assemblages et cycle d’usage 55 D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES Les pavillons étudiés précédemment étaient assemblés à l’aide de pièces métalliques, de systèmes de tension et de compression, ou plus traditionnellement par encastrement. Concernant les deux pavillons suivants, Shigeru ban et GMP ont mis en place des systèmes de connections dont la rigidité dépend de la forme. Le pavillon de Shigeru Ban est une halle en grid shell, dont la mise en oeuvre dépend du mouvement des nœuds entre eux, lors de la mise volume. Pour le pavillon du Christ, les assemblages des poutres et des poteaux se font par des éléments coniques métalliques qui, une fois emboîtés, ne nécessitent pas de soudure. La différence entre les deux réside dans le fait que, pour le premier, c’est la présence d’une certaine souplesse dans les assemblages qui va permettre leur déformation pour donner sa forme au treillis; alors que pour l’autre, c’est la forme figée et solide des deux éléments qui se rencontrent qui tient la connection en place. SU PE R IE U R E 3.3.a Rigidité d’assemblage Le pavillon du Christ de l’architecte allemand Von Gerkan avait un destin un peu particulier, comparé aux autres pavillons temporaires de l’exposition, puisque son implantation dans la ville de Thuringe (Allemagne) avait, en fait, été prévue avant même son exposition sur le site de Hanovre. Ce second cycle d’usage était le vrai but du pavillon qui avait été commandé pour venir compléter le monastère de Volkenroda. Son second cycle d’usage était l’objectif final et donc le premier à avoir été planifié. L’exposition de Hanovre était en fait un moyen de le financer. Comme pour le pavillon Suisse, une nouvelle approche de l’anticipation des cycles d’usage a été développée. Avec une structure métallique modulaire, l’architecte allemand Von Gerkan a mis en avant des assemblages métalliques sans soudure qui lui ont permis de désassembler les modules les uns des autres, après la fin de l’exposition et de les remonter par la suite sur le site qui lui était réservé. L’une des connections entre les poteaux et les poutres du pavillon se présente sous la forme d’un emboîtement conique, selon lequel les pièces emboîtées tiennent en place sans soudure, sous leur propre poids. Il faut les soulever pour les désemboîter (figure 16). Le système modulaire permet également de faciliter l’emboîtement des cadres métalliques entre eux (figure 17). Les cadres modulaires de 3.40m de côtés sont arrivés sur le chantier en étant déjà AL E N O AT I N LE O LL -V A LA N E- A M AR 3.3 Forme et assemblage EC EE avec le frottement d’un côté qui conserve les matériaux intacts, et le monolithe de l’autre qui complique la récupération et le tri. Cependant leurs concepts forts et leur statut de pavillon-exposition, les rapprochaient tous deux du caractère temporaire de l’exposition et donc du recyclage. L’exemple de ces deux pavillons, laisse clairement apparaître que les assemblages déterminent la nature des cycles d’usages du bâtiment et de la matière mise en oeuvre. 56 Cycle d’usage des bâtiments · Lisa Cepisul -V A LL EE nœud simple avec une sangle (croisement de deux tubes) A M AR N E- LA nœud avec plusieurs sangles (assemblage de tubes) 20 coupe schématique sur le maillage à plat déformation de la surface E D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES 19 grille initiale blocage en rives, déformation de la surface grille déformée EC O LE N AT I O N AL E SU PE R IE U R mise en volume de la surface 21 19. Assemblages du grid shell Les tubes sont assemblés un treillis. Dessin LC, Source : «Expo 2000 Hannover : «Health Futures» in Thème park, Japan Pavillon», JA , n°40, 2001 21. Mise en volume de la halle Le grid shell est mis en volume par dessus. Photo : MC QUAID Matilda, Frei Otto, Shigeru Ban, Phaidon Press, fév. 2006 20. Assemblages des tubes de carton Les tubes sont assemblés avec des sangles de tissu. Photo : «Les échelles de la durabilité», Quardens d’arquitectura i rbanisme, n°225, mars 2000, p76-81 22. Déformation des nœuds L’assemblage par nœuds permet le mouvement des éléments les uns par rapport aux autres lors de la mise en volume du grid shell. Dessin : LC 22 Assemblages et cycle d’usage 57 R E D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M LL -V A LA N E- AR 3.3.b Souplesse d’assemblage Shigeru Ban aborde la question de l’assemblage par la forme d’une autre manière, puisque c’est la déformation possible des assemblages au cours du montage de la halle qui permet d’obtenir la géométrie globale du bâtiment. Il n’est plus question de la forme propre des éléments qui s’assemblent entre eux, mais de la souplesse de l’assemblage lui même pour permettre le déplacement des éléments les uns par rapport aux autres. Les tubes de cartons sont liés par des sangles de tissu (figures 19 et 20). Ce système permet un jeu entre les tubes assemblés, ils peuvent bouger au niveau des nœuds. Cela permet de monter le treillis entièrement à plat, et de le déformer pour le mettre en volume en le poussant en rive et par dessous. Cette méthode a réduit la durée de montage du pavillon à 8 mois (figures 21 et 22). Le frottement entre les tubes connectés par des nœuds a permis de ne pas avoir à percer ou fixer les tubes avec d’autres éléments. Ces tubes, après avoir été déconnectés les uns des autres, étaient dans le même état qu’à l’origine. Ils ont donc pu être récupérés dans un circuit de recyclage traditionnel avec d’autres cartons. La technique d’assemblage était donc au service de la rapidité de mise oeuvre, et de la réutilisation des matériaux après l’exposition. EE assemblés deux par deux verticalement (figure 18). Ils sont ensuite assemblés aux éléments structurels déjà présents. Ce système de mise en oeuvre par préfabrication, a permis de réduire le temps de montage sur site. Pour ce pavillon, c’est donc bien la morphologie des pièces (modules ou éléments coniques) qui caractérise l’assemblage et permet le démontage et le remontage sur un autre site. EC O LE N AT I O N AL E SU PE R IE U Les différents types d’assemblages vus précédemment ont permis aux pavillons de commencer un nouveau cycle d’usage en dehors du site de Hanovre après avoir été démontés. Leur premier cycle d’usage était temporaire, mais le second est comparable à celui d’un bâtiment permanent lorsqu’ils sont remontés. Cependant, ce qui les différenciera d’un bâtiment permanent traditionnel, ce sera leur capacité à être démontés et recyclés en fin de vie puisqu’ils avaient été conçus pour cela. Les éléments qui les constituent pourront être désassemblés, triés et recyclés plus facilement que pour des constructions ordinaires qui n’auraient pas pris en compte ces questions d’assemblages et de matériaux. On constate, avec ces comparaisons successives, que les pavillons de Zumthor et de Shigeru Ban proposent deux types d’assemblages différents pour arriver au même résultat : les matériaux ne sont pas endommagés ou hybrides après leur premier cycle d’usage et le recyclage est ainsi de meilleure qualité. Ils proposaient tous deux un assemblage qui se servait des frottements pour EC O LE N AT I O N AL E SU PE R IE U R E D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M LL -V A LA AR assurer la rigidité de la structure, mais de façons différentes. Les pavillons qui ont été remontés sur un autre site après l’exposition, ont eux aussi employé des assemblages variés permettant le démontage, mais finalement toujours avec des connections métalliques, dont la solidité et la facilité de mise en oeuvre est cohérente avec l’anticipation des cycles d’usages successifs. Le pavillon ZERI est assemblé grâce à des tiges métalliques boulonnées, la toiture de l’exposition montée grâce à des pièces complexes en acier, et pour le pavillon du Christ, l’assemblage est compris dans l’élément structurel : la forme conique de l’extrémité des poutres. Le pavillon hollandais est finalement celui qui se rapproche le plus d’une construction traditionnelle hybride. Les matériaux de construction utilisés sont habituels et mis en oeuvre de façon ordinaire, dans une forme figée. Ce pavillon n’était pas en accord avec son cycle d’usage programmé, il aurait fallu qu’il soit démonté et sous-cyclé plutôt que conservé dans une forme qui ne permettait pas sa réutilisation. L’histoire de ce pavillon montre bien que l’anticipation des cycles d’usage des bâtiments se fait dès la conception, en même temps que le choix du concept, des matériaux, de la mise en oeuvre et des assemblages. Lorsqu’un cycle a été déterminé, il est compliqué de le modifier. Le pavillon de Zumthor n’aurait pas pu être conservé dans l’état, il nécessitait une attention quotidienne pour s’assurer que sa structure ne se déformait de façon dangereuse. C’est le caractère temporaire de l’expérience qui a permis cette mise en oeuvre. Celle-ci n’est pas encore compatible avec un bâtiment permanent. EE Cycle d’usage des bâtiments · Lisa Cepisul N E- 58 LE O EC N N O AT I AL E E ES IR O IT D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R R IE U R PE SU A AR M LL -V A LA N E- EE LE O EC N N O AT I AL E E ES IR O IT D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R R IE U R PE SU A AR M LL -V A LA N E- EE 61 O IR ES A M AR N E- LA -V A LL EE Conclusion D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT L’envie d’étudier les pavillons de l’Exposition 2000 est née de l’intérêt suscité par la diversité des propositions architecturales qui ont émergé d’un objectif commun. Le rapprochement entre le caractère éphémère de l’Exposition et son thème général lié à l’environnement, a fait apparaître des typologies de bâtiments temporaires explorant de nouveaux cycles d’usage. L’analyse de ces pavillons a permis la mise en exergue de trois stratégies alternatives à la démolition, permettant de prolonger l’utilisation des matériaux après leur premier usage : le recyclage, la réutilisation par démontage et changement de site, et la réutilisation par changement de programme. Le concept de multiplication ou répétition des cycles d’usage n’est envisageable que si les utilisations futures des bâtiments ont été anticipées dès la conception. EC O LE N AT I O N AL E SU PE R IE U R E Zumthor, Shigeru Ban et Herzog se sont penchés sur l’exercice du recyclage dans le but de faire disparaître leurs bâtiments lorsqu’ils ne seraient plus utilisés. Pour Shigeru Ban, c’est le choix de la matière et sa répartition qui ont été fondamentaux. Cependant l’audace de ses choix structurels et d’un matériau encore expérimental, a été freinée par des difficultés constructives inattendues et des contraintes de sécurité liées à l’affluence du public. Peter Zumthor a, lui, poussé à l’extrême les principes du recyclage et de la réutilisation, à la fois dans l’expression architecturale du pavillon (massivité du bois exposé sous forme de murs à empilement), et dans sa mise en oeuvre (assemblages expérimentaux par frottement, nécessitant une surveillance quotidienne). Là où Shigeru Ban prônait l’économie de matière, Zumthor travaillait l’amoncellement et l’accumulation. Malgré des concepts opposés concernant l’emploi de la matière, ils arrivaient tous deux à un recyclage considérable et qualitatif de leurs pavillons. Le recyclage pour Zumthor, se traduisait par la réutilisation directe du bois et le recyclage des assemblages en métal; alors que Ban opérait un recyclage ou souscyclage des matériaux et des assemblages (figure 1). Ces deux principes ont abouti à des expériences permettant d’appliquer, à des bâtiments, le principe de Waste = Food de Mc Donough. Les déchets d’un premier bâtiment deviennent matière à la construction d’un second, ou peuvent retourner dans des cycles fermés, comme assemblages RC HERZOG RC ZUMTHOR AR A ES VELEZ et GMP (réutilisation des modules) O RU conception MVRDV ? RU -V A SC D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT ? RC ? RC RU RU ? RC ? RU RU VELEZ (nouveau site) GMB (nouveau site) MVRDV (site de l’Expo) MVRDV (nouveau site) IE U R E Recyclage Réutilisation Sous-Cyclage Autre Stratégies hypothétiques R RC RU SC ? EC O LE N AT I O N AL E SU PE 1. Arborescence des stratégies développées par les architectes et de stratégies hypothétiques Recyclage ou réutilisation des matériaux et des assemblages pour assurer un second cycle d’usage au bâtiment. Document : LC Pavillon suisse Pavillon japonais Pavillon Hollandais Pavillon du Christ Pavillon ZERI Expodach recyclage X X réutilisation non anticipée X X prévu 2. Tableau des différentes stratégies Fin des cycles d’usage par recyclage ou réutilisation Tableau : LC LA SHIGERU BAN sangles en tissu N E- RU M SC LL ? RC RC SHIGERU BAN EE matériaux IR bâtiments 63 D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M LL -V A LA N E- AR Les architectes Vélez et Von Gerkan (GMP) ont développé des stratégies liées au déplacement d’un bâtiment, et mis en place des techniques permettant la réutilisation des matériaux et des assemblages sur un autre site après l’exposition (figure 1). Leurs stratégies passent toutes deux par des assemblages métalliques. La contrainte d’une commande particulière obligeait GMP à définir le second cycle d’usage avant le premier. Le système modulaire métallique a facilité le passage d’un cycle à l’autre. Avec son pavillon en bambou, l’architecte colombien Vélez a particulièrement bien répondu aux différents enjeux posés par l’Exposition. Il ne faisait pas partie des figures très attendues pour cet événement (comme Zumthor, Shigeru Ban ou MVRDV), mais s’est révélé être un participant remarquable. Il a su associer matériau naturel renouvelable, flexibilité d’utilisation et cycles d’usage répétés, dans un pavillon qui transmettait un savoir faire traditionnel et une culture singulière. Ce pavillon est certainement celui qui peut assurer la succession de cycles d’usage la plus optimale grâce à sa facilité à être monté et démonté, et à sa mise en oeuvre à échelle humaine. EE dans la nature. Pour la toiture permanente de l’exposition, Herzog a anticipé, dès la conception, le démontage et le recyclage de la structure. Toutefois, le choix de certains matériaux difficilement recyclables, comme le bois lamellé-collé, est contradictoire avec ces intentions. Cette stratégie est intéressante du point de vue de la démarche d’anticipation de la fin de cycle d’un bâtiment permanent. EC O LE N AT I O N AL E SU PE R IE U R E La dernière stratégie étudiée est celle du groupe d’architectes MVRDV qui devaient permettre la réutilisation de leur pavillon sur le site des expositions, en assurant une flexibilité programmatique. Cependant le caractère monolithique qu’ils lui ont donné, en rendant indissociable architecture et exposition, a compromis sa réutilisation, et le condamne aujourd’hui à être abandonné et dégradé. D’après les architectes, l’exposition de Hanovre n’ayant pas eu le succès attendu (entre autre à cause de sa localisation), et le taux de chômage ayant grimpé à la fin de l’événement, les investissements dans la maintenance du site ont manqués. Ce qui expliquerait l’état de certains pavillons aujourd’hui. En effet, le pavillon hollandais n’est pas le seul à être resté inoccupé après l’exposition. Quatre autres pavillons ont subi le même sort : le pavillon du Yemen, qui devait être réutilisé pour la production de film; le pavillon polonais qui devait devenir un restaurant et un centre sur la culture asiatique; le pavillon de la Lituanie, qui était destiné à servir de centre de business; et le pavillon de l’Espagne qui n’avait pas encore de programme affilié à la fin de l’exposition1 (figure 3). Ces pavillons avaient tous une identité formelle très marquée (comme le pavillon hollandais); alors que les pavillons français et allemand par exemple, qui suivaient une typologie de grande halle, ont facilement été réutilisés sur le site. Les bâtiments 1 Expo 2000 Hannover - Expo 2000 re-utilisation of the building (Bureau International des Expositions) EE LL -V A LA N EAR M A IR ES D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O e a b d c b- Espagne c- Yemen d- Lituanie e -Hollande 3 R IE U R E a- Pologne réutilisation hors site des expositions 24 recyclage 12 TOTAL 62 AL E SU PE nombre de pavillon réutilisation sur le site des expositions 26 nombre de pavillon 26 enlevés du site après l’Expo (recyclage + réutilisation hors site) 36 EC O LE N AT I O N restés sur le site après l’Expo 3. Plan des pavillons abandonnés sur le site 5 pavillons abandonnés parmi les 26 réutilisés sur le site après l’Expo. Source pour le plan : HERZOG Thomas, expodach, prestel, 2000 Document complété : LC Photos : Daniel Flück ,2009, hanovre, Basse Saxe, Allemagne, 4. Tableaux Fin des cycles d’usage par recyclage ou réutilisation. Source : Bureau International des Expositions Expo 2000 Hannover - Expo 2000 re-utilisation of the building Tableau : LC 4 65 D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M LL -V A LA N E- AR Nous venons de voir que l’étude des six pavillons sélectionnés a fait ressortir deux stratégies principales permettant de renouveler les cycles d’usages (figue 2). Cependant l’arborescence créée par les différentes options peut être complétée par des stratégies hypothétiques qui auraient pu être envisagées : (figue 1) -Pour le pavillon hollandais, les architectes auraient pu anticiper un recyclage ou un sous-cyclage des éléments structurels, qui auraient été plus appropriés que la réutilisation actuelle. Le déplacement du pavillon sur un autre site était également possible en prévoyant son démontage et remontage. Cette stratégie aurait été dans la continuité du concept initial : faire un pavillon-exposition informant sur les énergies renouvelables. Pour pousser le principe plus loin, ils auraient pu en faire un pavillon temporaire et itinérant à but pédagogique. -Les architectes Von Gerkan et Vélez auraient pu proposer des stratégies liées aux techniques modulaires en créant un autre pavillon à partir du module qui avait généré le premier. En effet, pour le pavillon du christ, les modules métalliques auraient pu former un premier plan pour l’exposition de Hanovre, et être assemblés différemment par la suite pour compléter le plan du monastère existant (cette stratégie hypothétique et utopique nécessite une anticipation des deux plans dès la conception). -Les bambous du pavillon ZERI sont également une forme de module puisqu’ils sont tous liés à des membrures métalliques identiques qui leur permettent d’être assemblés de différentes manières. Ils pourraient donc être réutilisés pour compléter ou former un autre bâtiment en bambou. Avec cette stratégie hypothétique basée sur le module, le nouveau bâtiment est obtenu à partir d’un assemblage différent des modules du premier pavillon. EE aux morphologies trop singulières, n’ont pas offert la flexibilité nécessaire à leur changement d’usage. Ils représentent 20% des pavillons restés sur le site (figure 4). EC O LE N AT I O N AL E SU PE R IE U R E Finalement, les architectes des pavillons recyclés ont privilégié des systèmes de mise en oeuvre et des matériaux en accord avec la temporalité de leur bâtiment. Alors que pour les pavillons destinés à être réutilisés (sur site ou hors site des expositions), ce sont des stratégies constructives plus proches de celles des bâtiments permanents qui ont été choisies, compte tenu du second cycle de vie qui avait été prévu. Le fait que ces pavillons puissent devenir permanents pose la question de l’application des stratégies observées à Hanovre à des bâtiments permanents ordinaires, isolés et habités. L’Exposition Universelle offre l’avantage d’un large terrain d’expérimentation aux architectes, pour une période définie. Si certaines stratégies ne sont pas concluantes, elles peuvent disparaître avec le pavillon à la fin de l’exposition. Mais alors, quelles stratégies peuvent être appliquées à des immeubles permanents d’habitation ou de bureau? Et Comment les questions de réutilisation et de recyclage peuvent-elles s’adapter à des bâtiments non expérimentaux? Il est certainement plus compliqué d’imaginer la réutilisation de bâtiments de logements entiers par démontage et remontage sur un autre site, que leur réutilisation par changement de programme, en anticipant dès la conception une M EE LL -V A LA N E- AR flexibilité programmatique et spatiale. Cette stratégie de réutilisation existe déjà, mais elle est encore trop rarement anticipée dans la conception et n’est donc pas toujours optimale. La stratégie du recyclage est envisageable mais il faut que les éléments qui constituent le bâtiment, aient des cycles d’usage précis et prévus sur le long terme, afin qu’ils puissent réintégrer des cycles biologiques ou techniques lorsqu’ils ne seront plus utilisés. Les assemblages doivent également permettre une dissociation des éléments de différentes natures pour optimiser la qualité du recyclage. EC O LE N AT I O N AL E SU PE R IE U R E D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A Toutes ces stratégies sont encore à développer pour pouvoir être un jour applicables à des bâtiments de la vie quotidienne. Elles sont néanmoins un nouveau matériau d’imaginaire qui permet de conceptualiser l’architecture dans le champs du durable. Celle-ci ne s’en trouve pas bridée ou dévalorisée, mais bien enrichie dans son rapport au temps. Les pavillons de l’Exposition Universelle de Hanovre sont une preuve de la richesse et de la diversité qui peuvent émerger d’une architecture attentive aux problématiques environnementales. LE O EC N N O AT I AL E E ES IR O IT D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R R IE U R PE SU A AR M LL -V A LA N E- EE ES A M AR N E- LA -V A LL EE Résumé EC O LE N AT I O N AL E SU PE R IE U R E D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR Le cycle d’usage est une notion qui dépasse celle de cycle de vie en offrant des alternatives à la démolition d’un bâtiment qui n’aurait plus d’utilité pour ses usagers. Elle replace l’utilisation de la matière dans un rapport au temps, en prolongeant son utilisation au delà de sa première mise en oeuvre. L’analyse de la succession de différents cycles est possible avec des pavillons temporaires dont la fin d’un premier cycle d’usage est connue et prévue. L’Exposition Universelle de Hanovre en 2000 offrait un terrain d’étude intéressant de ce point de vue, parce que les organisateurs avaient demandé aux participants de prévoir le devenir des pavillons à la fin des cinq mois d’exposition, mais également parce que le thème général se rapportait au développement durable. L’analyse de 6 des 62 pavillons construits à l’occasion de cette exposition, a fait ressortir deux stratégies principales qui leur permettaient d’entamer un second cycle d’usage, il s’agit : - du recyclage (en anticipant le démontage des matériaux et leur recyclabilité); - de la réutilisation, qui regroupe à la fois le changement de programme d’un pavillon (pour qu’il devienne permanent sur le site des expositions), et le démontage (pour pouvoir le réutiliser sur un autre site). La notion de cycle d’usage permet de réintroduire la matière dans des cycles où elle ne devient jamais déchet, mais où elle reste toujours «nourriture» pour un nouveau cycle. C’est le principe de Waste=Food développé par l’architecte William Mc Donough. Ce dernier avait écrit un texte à l’attention de tous les acteurs de l’exposition de Hanovre, regroupant des principes permettant d’orienter les projets vers des objectifs plus durables. Les différentes stratégies des six pavillons étudiés font ressortir l’importance de prendre en considération dès la conception du projet, les caractéristiques des matériaux mis en oeuvre et la nature des assemblages. Ce sont ces deux paramètres qui permettent aux pavillons de passer d’un cycle d’usage à un autre, mais également de contrôler l’énergie dépensée dans les différents cycles d’un bâtiment. Ces pavillons montrent également que les préoccupations environnementales ne sont pas un frein à la diversité architecturale, mais bien un outil supplémentaire permettant de faire émerger de nouvelle stratégies. ES A M AR N E- LA -V A LL EE 69 EC O LE N AT I O N AL E SU PE R IE U R E D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR The duty cycle is a concept that goes over life cycle, offering alternatives to the demolition of a useless building. The use of material is replaced in relation to time, in order to extend its use beyond its initial implementation. The analysis of the succession of cycles is possible with temporary pavilions because the end of their first duty cycle is known and expected. The 2000 World’s Fair held in Hanover was an interesting field of study because the organizers asked the participants to plan the pavilions’ future at the end of 5 months of exhibition, and also because the general theme refers to sustainable development. The analysis of 6 of the 62 pavilions built on the occasion of this exhibition, highlighted two main strategies that allowed them to start a second duty cycle : recycling (by anticipating the disassembly of materials and their recyclability), and reuse, which includes both switching the program (for the pavilion to become permanent on the Expo site), and disassembly (to reuse the pavilion on another site). The concept of duty cycle reintroduces materials in cycles in which they never become waste, but are still “food” to a new cycle. This is the principle of Waste = Food developped by the architect William Mc Donough. He wrote a text for the attention of all the stakeholders of the exhibition, grouping together principles to guide the projects towards sustainable goal. The six pavilions’ different strategies highlight the importance of taking into account the characteristics of materials used and the nature of assemblies. These are the two parameters that allows the pavilions to step from a duty cycle to another. They also permit to control the energy spent in the different cycles of a building. These pavilions show that environmental concerns are not a barrier to architectural diversity, but an additional tool to bring out new strategies. Japon (Shigeru Ban) pavillon ZERI (Simon Velez) Suisse -démontable et recyclable -démontable -démontable et recyclable AR (Zumthor) A M PAVILLONS N E- LA -V A LL EE Annexes -papier recyclé/ recyclable -bambous et bois -bois intact après démontage waste = food -fondations réutilisable et tubes recyclables à nouveau (pavillon non recyclé) -3000m3 bois directement réutilisables pollution générée par le bâtiment (sur site ou horssite) -aucune trace du bâtiment après l’expo -fondations béton -fondations béton ventilation naturelle -ventilation par les extrémités du pavillon -bât. à l’air libre -bât. à l’air libre - débord de toiture de 7m (protection solaire) -le bois conserve la chaleur et la restitue x x x x analyse du cycle de vie des matériaux et énergie grise contrôler l’énergie embarquée -matériaux allemands, pas d’import et recyclés en Allemagne -bambous et bois importés de colombie! -pas de grues -40 ouvriers colombiens qualifiés -bois allemand de la Forêt de Uhwieser (traité en scierie all.) - caniveau -gouttières participent à l’espace - sol perméable -sol non perméable PE R IE U R E production d’énergie sur le site SU AL E N O O matériaux recyclés ou recyclables interaction avec les énergies renouvelables récupération des eaux de pluie ? minimiser les sols imperméables x EC O LE N AT I IT D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R prendre en compte l’avenir du bâtiment IR ES PRINCIPES 1. Tableau d’analyse du corpus Critères de comparaison à partir des principes de Hanovre. 71 PAVILLONS Christian church (von Gerkan, Marg und Partner) The expo roof (Herzog and partners) Hollande MVRDV prendre en compte l’avenir du bâtiment -démontable -système modulaire -halle -démontage pris en compte à la conception -non réutilisable -pas de changement de programme possible matériaux recyclés ou recyclables remploi : objets du quotidien comme brise-soleil -différentes déclinaisons du bois -structure monolithique, non recyclable mais sous-cyclable waste = food (pavillon non recyclé) -le bois devrait pouvoir être recyclé le moment venu (pavillon non recyclé) -fondations béton -pieux 10 à 15m connectés par un anneau en béton -déchet de la structure existante non démontable ventilation naturelle -bât. non isolé -bât. ouvert -bât. ouvert x x production d’énergie sur le site x x E analyse du cycle de vie des matériaux et énergie grise contrôler énergie l’embarquée x -bois allemand -béton, acier et bois non recyclés -alimentation du bassin par les gouttières -récupération d’eau et réutilisation minimiser les sols imperméables x x -sol en béton non perméable (bâtiment ouvert) mettre en avant et partager les interactions avec la natures -éléments des objets du quotidiens recyclés comme matériau de façade -expérience du vieillissement du bois non traité EC O LE N AT I O N AL E SU PE R IE U R récupération des eaux de pluie -éoliennes, bassins de rétention -éoliennes -marbre de l’île grecque Naxos - 100 véhicules lourds pour le transport de la structure 1. Tableau d’analyse du corpus Critères de comparaison à partir des principes de Hanovre. -V A LA N E- AR M A ES IR O IT D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R pollution générée par le bâtiment (sur site ou horssite) interaction avec les énergies renouvelables LL EE PRINCIPES -renseigne sur la vision homme/ nature de la Hollande et les énergies renouvelables pavillon ZERI (Simon Velez) Suisse (Zumthor) (site Ouest) temporaire (site Ouest) temporaire (site Est) temporaire Surface (m²) 2 500 au sol (3 090m² avec étage services) (75m de long, 25m de large, 15.5m de haut) 2 000 (1500m² RDC et 500m² R+1) (polygone 40m de dia.) 2 000 tubes carton recyclé, bois, câbles métalliques Bambou Guadua, bois Aliso, mortier, -plancher étage : 8cm béton -20 poteaux en bois Bois (douglas et mélèze), métal, -murs h =9m avec 37 000 poutres 167 000 cales et tirans métal N E- LA -V A LL Type de parcelle Sections D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M AR Matériaux Structure 440 tubes de papier de 12cm de dia. et 20m de long (poids :100kg) Certains tubes sont connectés pour former des tubes de 68m de long. -poteaux bois de 8 à 14m de haut -bambous renfort toiture : 2à3cm dia. -bambous structure : 10 à 14cm dia. -lames métal : 50mm ép. -poutres 10x20cm (448 et 290cm de long) nœuds tissu pièces métalliques et mortier dans bambou frottement / compression membrane papier + membrane PVC tuiles de mortier de gouttières : bac préfa. 9mm d’épaisseur en tôle d’acier zingué renforcées avec du de 2 ou 3mm d’ep. bambou et reposant sur une couche de mortier de 3cm containers en métal préfa. réutilisables + panneaux bois + sable béton Sols : tapis de papier, tapis naturels, tuiles de verre recyclé (bambou protégé par sa -sol : bitume propre résine) -planchers des unités : poutres lamélléescollées 100x160mm + panneaux tri plis 40mm Réutilisation ou recyclage Démonté Carton recyclé, métal, bois et sable réutilisés, membrane papier recyclable (initialement 8 mois de montage) Démonté et reconstruit Démonté à Manizales en Bois utilisé pour le Colombie Globe de la science et de l’innovation pour l’exposition nationale Expo.02 Prototype une tranche échelle 1:1 échelle 1:1 en Colombie Nature des assemblages Toiture Fondations EC O LE N AT I O N AL E SU PE R IE U R E Autres EE PAVILLONS Japon (Shigeru Ban) 2. Tableau d’analyse complémentaire Critères de comparaison des matériaux. 396 plots préfa. béton (100x100/ 150x70cm) X PAVILLONS Christian church (von Gerkan, Marg und Partner) The expo roof (Herzog and partners) Hollande MVRDV EE 73 (site Est) temporaire (site central) permanent (site Est) permanent Surface (m²) 2 000 16 000 8 000 Structure marbre, acier revêtu, béton, verre Bois (différents types de façonnages), pièces métalliques d’assemblage, béton béton, métal Sections module préfa. 3.4m (colonnade h=16m) -poteaux 10 à 15m de haut et de 68 à 110cm de diamètre assemblage conique sans soudure ni boulons pièces métalliques monolithique, béton coulé en place plaque de métal membranes ETFE et PTFE métal, béton, isolation... béton pieux 10 à 15m + anneau en béton qui les relie béton N E- LA -V A LL Type de parcelle Toiture Fondations Autres D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R Nature des assemblages IT O IR ES A M AR Matériaux IE U R E membrane étanche pour le bassin Démonté et reconstruit Thuringe pour reconstituer le monastère Volkenroda (août 2001) Démontable Non réutilisable (Durée de vie moyenne -non flexible estimée à plus de 20ans) -état actuel : ruine Prototype X EC O LE N AT I O N AL E SU PE R Réutilisation ou recyclage 2. Tableau d’analyse complémentaire Critères de comparaison des matériaux. maquettes à différentes échelles X D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R Exposition Universelle 2000 IT O IR ES A M AR N E- LA -V A LL EE Bibliographie MC DONOUGH William & Partners, The Hannover principles, 1992 • DELIZEE Pascal, «Expo 2000 à Hanovre», A+, n°164, juin 2000, p36-37 • IRACE Fulvio, ZUNINO Maria Giulia, «Expo 2000 Hannover», Abitare, n°398, sept. 2000, p146-163 • TAMBOTINI Suzanne, «Expo 2000», MD, n°9, sept. 2000 • Expo 2000 Hannover, Règlement spécial n°1 et 2, BIE (Bureau International des Expositions) • Expo 2000 Hannover, Exhibition options at the World Exposition Expo 2000 Hannover, 1995, BIE • Expo 2000 Hannover, First International Planning Meeting, 10-12 Juin 1996, BIE SU • PE R IE U R E • Expo 2000 Hannover, Expo 2000 re-utilisation of the building, BIE Expo 2000 Hannover, Newsletter Information pour les participants à l’Expo 2000, Editeur Expo 2000 Hannover GmbH, Mai 2000, BIE • Expo 2000 Hannover, Surfaces pour pavillons, BIE • Bureau International des Expositions, Bulletin 2000, colloque du 29 octobre 2000, Hanovre, 79p • Dr. Ulrich Mihr, Tubingen (Christine Oschmann, Sabine Stahl) - The Expo-Book The Official catalogue of Expo 2000 - GmbH EC O LE N AT I O N AL E • 75 Hanover 2000 : humankind-nature-technology, Architectural review, vol.208, n° 1243, septembre 2000.- pp.42-81 • http://www.expo2000 • http://www.mcdonough.com • http://expo2000.atspace.com/theme.html • http://www.mcdonough.com/principles.pdf • http://www.deutscher-pavillon-hannover.de/ • http://www.bie-paris.org D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R IT O IR ES A M AR N E- LA -V A LL EE • Pavillon Suisse • UHLIG Gunther, «Klangkorper Schweiz : The Swiss pavilion at the Hanover Expo 2000», DOMUS 2000, n°828, p24-31 • ZUMTHOR Peter, P.Bachmann, K.Gruber, I.Gut, D.Ott, M.Rigendinger, Corps Sonore Suisse, Birkhäuser, 2000 • ZUMTHOR Peter, Athmospheres, Birkhäuser, 2006 • http://www.nussli.us/ • http://www.charpente-concept.com R E Pavillon Hollandais GUIHEUX Alain, «MVRDV Pavillon Hollandais de l’Exposition Universelle Hanovre, AMC, n°111, 2000, p62-67 SU PE R IE U • EC O LE N AT I O N AL E • «MVRDV», El Croquis, n°111, 1997-2002, p40-75 • MVRDV, Metacity Datatown, Rotterdam : 010 Publishers, 1999 • http://www.flickr.com Pavillon japonais • «Japanese Pavilion at the EXPO in Hanover», Detail, n°6, sept. 2000, p1012 1017 • «Japanese pavilion Expo 2000 in Hannover», Detail, n°1, Janv.-Fev. 2000, p36- «Expo 2000 Hannover : «Health Futures» in Thème park, Japan Pavillon», JA , n°40, 2001 • MIYAKE Riichi, Shigeru Ban: Paper in Architecture, Rizzoli, nov, 2009 • MC QUAID Matilda, Frei Otto, Shigeru Ban, Phaidon Press, fév, 2006 • OTTO Frei, «Grid shells», IL (Institue for lightweight Structures), n°10, 1974 • «Les échelles de la durabilité», Quardens d’arquitectura i rbanisme, n°225, mars 2000, p76-81 • http://www.shigerubanarchitects.com D D’A O R C C U H M IT EN E T CT SO UR U E M D IS E AU LA D VIL R L O E IT & D D ’A E U S TE T U ER R R Pavillon ZERI IT O IR ES A M AR N E- LA -V A LL • • VELEZ Simon, Grow your own house, Vitra Design Museum, 2002 • DETHIER Jean, «Le bambou selon Simon Velez», Techniques et architecture, n°458, fev.-mars 2002, p58-63 • http://www.zeri.org/ZERI/Bamboo.html • http://guaduabamboo.blogspot.fr/ Pavillon du Christ ACCORSI Florence, «Spiritualité en 3D», L’acier pour construire décembre 2000, n°68, p16-19 • Gerkan Meinhard von, Von Gerkan, Marg und Partner : Architecture 1995-1997, vol 7, Birkhäuser, 1998, p80-89 SU PE R IE U R E • Gerkan Meinhard von, Von Gerkan, Marg & Partner, Architecture 1999-2000,vol 8, Bâle, Birkhäuser, 2002 • http://www.gmp-architekten.de • http://www.db-bauzeitung EC O LE N AT I O N AL E • Expodach (toiture de l’exposition) • HERZOG Thomas, Expodach, prestel, 2000 EE 37 77 • http://www.lesarbres.fr/croissance.php VERNIER Jacques, Que sais-je? 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