DOI : 10.1684/med.2015.1192
THÉRAPEUTIQUES
Michel Gerson
Centre hospitalier
de Colmar
Brèves de pharmacovigilance
La diacéréine reste
sur le marché !
En décembre 2013, la Commission d’AMM de l’ANSM
avait jugé le rapport bénéfice/risque de l’« antiarthrosi-
que » diacéréine (Art 50®, Zondar®et génériques) défa-
vorable ; nous avions conseillé de ne plus utiliser ce
médicament [1]. Néanmoins, l’organisme de pharma-
covigilance européen, le PRAC, a considéré que ce rap-
port bénéfice/risque demeurait favorable sous réserve
d’une modification de l’information : le médicament
est désormais déconseillé après 65 ans ; sa posologie
initiale est réduite et la fonction hépatique doit être
surveillée [2]. Une position étonnante...
Rappelons que la diacéréine est associée à des cas
fréquents de diarrhée, parfois sévères avec déshydra-
tation et hypokaliémie, à des atteintes hépatiques cy-
tolytiques et à des réactions cutanées graves.
Mots clés : arthrose ; effets des médicaments et
substances chimiques [Drug Effects; Osteoarthritis]
Références :
1. Gerson M. Ne plus traiter par diacéréine : rapport bénéfice-risque défavora-
ble. Médecine. 2013;9(10):442.
2. Art 50 mg, Zondar 50 mg et générique : nouvelles restrictions d’utilisation et
recommandations spécialités contenant de la diacéréine – Lettre aux profes-
sionnels de santé. 8/12/2014. www.ansm.sante.fr
Statines et cataracte
La responsabilité éventuelle des statines dans la sur-
venue d’une cataracte est controversée en raison
d’études aux résultats divergents. Une nouvelle étude
cas-témoins portant sur deux cohortes vient d’être pu-
bliée [1] : une de Colombie-Britannique (Canada)
(162 501 patients appariés à 650 004 témoins) et l’au-
tre des États-Unis (45 065 patients appariés à
450 650 témoins). Dans ces cohortes, tous les pa-
tients opérés de cataracte ont été identifiés. Le risque
d’intervention pour cataracte était plus élevé chez les
utilisateurs de statine : RR 1,27 (1,24-1,30) pour la pre-
mière cohorte et 1,07 (1,04-1,10) pour la seconde.
Mots clés : cataracte ; inhibiteurs de l’hydroxyméthyl-
glutaryl-CoA réductase [Cataract; Hydroxymethyl-glu-
taryl-CoA Reductase Inhibitors]
Référence :
1. Wise SJ, Nathoo NA, Etminan M, Mikelberg FS, Mancini GB. Statin use and
risk for cataract: a nested case-control study of 2 populations in Canada and the
United States. Can J Cardiol 2014;30:1613-9.
Médicaments et risque
de dépression ou de suicide
Une équipe anglaise a analysé les notifications spon-
tanées reçues au Royaume-Uni par le système officiel
de pharmacovigilance (MHRA) de 1998 à 2011 et s’est
intéressée aux médicaments le plus souvent concer-
nés par les notifications de dépression, de suicide et
de tentative de suicide [1].
Pour la dépression arrivent en tête deux médica-
ments du sevrage tabagique, la varénicline et le bu-
propion, puis un antidépresseur la paroxétine et un
traitement de l’acné, l’isotrétinoïne. Pour l’isotréti-
noïne, le MHRA a publié une mise en garde invitant
à informer les patients et leur famille de ce risque
[2]. Pour les suicides et tentatives de suicide, arri-
vent en tête les antidépresseurs sérotoninergiques,
la clozapine et la varénicline. Les auteurs ont calculé
le taux de notifications d’effets indésirables psychia-
triques rapportées au million de prescriptions ; arri-
vent en tête (après le rimonabant retiré du marché)
l’isotrétinoïne puis la méfloquine, la varénicline et le
bupropion.
En raison des biais inhérents à la notification sponta-
née, ces taux ne reflètent pas nécessairement l’inci-
dence réelle de ces effets indésirables. Aussi les au-
teurs insistent-ils sur l’importance d’un recueil
rigoureux des évènements tels que la dépression, les
suicides et tentatives de suicides au cours des essais
thérapeutiques.
Mots clés : dépression ; suicide [Depression; Suicide]
Références :
1. Thomas KH, Martin RM, Potokar J, Pirmohamed M, Gunnell D. Reporting of
drug induced depression and fatal and non-fatal suicidal behaviour in the UK
from 1998 to 2011. BMC Pharmacology and Toxicology. 2014;15:54.
2. Isotretinoin (Roaccutane). Reminder of possible risk of psychiatric disorders-
warn patients and family; monitor patients for signs of depression. Drug Safety
Update volume 8 issue 5, December 2014: A2.
Ambroxol, bromexhine
et réactions allergiques
sévères
Le PRAC vient de publier ses conclusions sur le risque
de réactions allergiques sévères lié à deux expecto-
rants, l’ambroxol (Surbronc®et autres) et la brom-
hexine (Bisolvon®) [1]. L’EMA avait été saisie en avril
2014 par l’Agence belge du médicament qui avait reçu
des notifications de réactions allergiques et d’attein-
tes cutanées sévères (érythème multiforme et syn-
drome de Stevens-Johnson) imputées à l’ambroxol ;
l’ambroxol étant un métabolite important de la brom-
hexine, le PRAC avait décidé d’étendre la réévaluation
à cette dernière. Le PRAC a conclu que le risque de
réaction allergique sévère avec ces médicaments était
faible.
Rappelons que le service médical rendu par ces spé-
cialités est jugé insuffisant par la Commission de la
Transparence qui considère qu’elles n’ont pas de
place établie dans la stratégie thérapeutique [2, 3].
Mots clés : anaphylaxie [Anaphylaxis]
58 MÉDECINE février 2015
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