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rapport aux usages en vigueur4. Les expressions fi gées dans les traductions des 
œuvres de Molière ont fait aussi l’objet d’une analyse de Tomasz Stróżyński qui 
estime que Boy semble parfois avoir succombé à sa « fantaisie linguistique » et 
« avoir dépassé les bornes de la liberté de traducteur »5.
Les expressions fi gées ne sont qu’une partie du lexique impressionnant qu’uti-
lisait Żeleński et qui comporte une multitude de synonymes, proverbes, diminu-
tifs, augmentatifs, des termes techniques qui n’ont pas encore fait l’objet d’une 
analyse. La richesse du vocabulaire utilisé par Boy est étonnante. J’en cite la liste 
thématique d’après Borowy: théologie, philosophie, droit, économie, médecine, 
pharmacie, escrime, tactique et stratégie, navigation, chasse, agriculture, équita-
tion, noms d’oiseaux et de poissons, boucherie, cuisine, dialectique et jeux6.  
Les commentaires critiques concernant les expressions fi gées dans les tra-
ductions de Żeleński invitent à regarder de plus près aussi comment il a traité les 
termes techniques. Les cadres de cet article nous permettront d’analyser juste une 
partie de cette riche terminologie, celle qui se rapporte à la cuisine. Comme la 
gastronomie « constitue l’une des expressions les plus spécifi ques d’une ethnie 
et, aux Temps modernes, d’une nation »7, le vocabulaire de la cuisine représente 
un problème pour le traducteur. Les diffi cultés surgissent surtout avec l’apparition 
dans l’œuvre originale de mots renvoyant à des réalités différentes de celles que 
connaît le lecteur de la traduction. Les traductologues considèrent que ces diffé-
rences peuvent être cause d’intraduisibilité des œuvres littéraires (Vinay, Darbel-
net, Mounin, Wojtasiewicz).
La traduction de toutes les pièces de Molière (qui apparaît en 1912) a été le 
premier grand accomplissement de Boy-traducteur8. Dans ses comédies, Molière 
utilise le vocabulaire de la gastronomie pour montrer l’avarice ou la fausse mo-
destie et ridiculiser des personnages. Les noms des repas, des plats et des produits 
alimentaires ne se sont donc pas trouvés dans ses textes par hasard: ils y remplis-
sent un rôle et pour cela ils méritent d’être présents aussi dans le texte traduit. 
Notre but est de soumettre à l’analyse la traduction des termes gastronomiques 
dans L’Avare, Tartuffe et Le Bourgeois gentilhomme. Nous avons choisi ces trois 
pièces parce que le vocabulaire de la cuisine y est bien visible. Nous allons es-
sayer de montrer dans quelle mesure Boy a réussi à rendre dans ses traductions le 
lexique de la cuisine. L’analyse sera précédée par une caractéristique du banquet 
dans la comédie, notamment dans les pièces choisies, et se composera de trois 
4 D. Bralewski, « Połknąć wronę, czyli o frazeologii boyowskich przekładów Moliera i Raci-
ne’a », Folia Litteraria 23, Acta Universitatis Lodziensis, Łódź 1988, p. 146.
5 T. Stróżyński, « O frazeologizmach w Boyowskich przekładach Moliera », [dans:] 
E. Skibińska, M. Cieński (dir.), Język – stereotyp –  przekład, Dolnośląskie Wydawnictwo Eduka-
cyjne, Wrocław 2002, p. 228.
6 W. Borowy, op. cit., pp. 87–88.
7 P. Ory, « La Gastronomie », [dans:] P. Nora (dir.), Les Lieux de Mémoire, t. 3: Les France, 
Gallimard, Paris 1997, p. 3743.
8 T. Stróżyński, op. cit., p. 221.
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Romanica Wratislaviensia 55, 2008
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