Nombreuses sont les dates mémorables qui jalonnent notre histoire formant
ainsi notre mémoire collective; certaines d’entre elles expriment une victoire et
une réussite, d’autres une défaite et un malheur, et quelque fois une tragédie.
L’étude de l’histoire est primordiale pour qui souhaite comprendre l’évolution des
sociétés et des nations et en tirer les enseignements nécessaires à la prépara-
tion du futur.
Avait raison celui qui dit un jour: «Celui qui ne connait pas son passé, ne peut
pas comprendre son présent et ne pourra pas, de ce fait, construire son avenir.»
Et si toutes les nations accordent une attention particulière à leur propre histoire,
pourquoi les musulmans n’en feraient-ils pas autant?
Ne sommes-nous pas, après tout, invité à méditer le sens de l’Histoire, de notre
propre histoire?
Cependant, cette méditation du sens de l’Histoire débute par la narration et
l’évocation des faits et évènements qui en découlent.
A ce sujet, Dieu invite Son Messager( )à conter les récits historiques porteuses
de leçons et d’enseignements, il est dit dans le Coran : Raconte-leur ces récits!
Peut-être les feront-ils réfléchir? (Sourate Les Murailles n°7, verset: 176).
A l’exception de la biographie prophétique, l’histoire de l’islam est l’histoire
d’hommes et de femmes dont l’infaillibilité n’est pas garantie, s’arrêter auprès
de leur œuvre nécessitera un très grand sens d’objectivité, notre rôle n’étant pas
de les juger mais de comprendre les moments forts qui ont marqué leur temps et
leur action en vue de tirer les leçons nécessaires qui s’imposent que leur action
soit le fruit de la réussite ou de l’échec.
Malheureusement, il est triste de constater que le problème de la Oumma, au-
jourd’hui, réside dans sa méconnaissance des évènements qui façonnèrent son
histoire, frappée d’amnésie elle ne retient pas les leçons de ses expériences à
défaut de pouvoir les saisir; ainsi donc comment pourrait-elle bâtir son avenir et
faire entendre sa voix dans un monde agité et en pleine mutation?
Un rappel de quelques grandes dates qui furent le théâtre d’évènements qui
changèrent le cours de l’histoire de l’islam et installèrent définitivement la Oum-
ma dans l’arène des nations, ne serait pas dénué d’intérêt.
Et étant donné que nous sommes dans le mois de Ramadan, je ne retiendrai ici
que ceux qui se déroulèrent durant ce mois béni et je les évoquerai selon un ordre
chronologique accompagné d’un un bref commentaire:
17 du mois de Ramadan l’an 2 de l’Hégire / 13 mars 624 apr. J.C.: bataille
de Badr, première victoire militaire de l’islam, cette victoire fut hautement sym-
bolique dans la mesure où elle porta un coup solide aux Quraychites croyant se
débarrasser facilement de l’islam, elle permit aussi de consolider la présence
du nouvel Etat musulman naissant à Médine et d’envoyer un signal fort à toutes
les tribus arabes de la péninsule qui suivaient de près l’évolution du rapport de
force entre les deux camps.
10 du mois de Ramadan l’an 8 de l’Hégire / 1er Janvier 630 apr. J.C.:
conquête de la Mecque, autre grand évènement qui marqua le triomphe défini-
tif de l’islam sur l’Arabie païenne et qui conduisit à la reddition de la Mecque
sans bataille. Après 10 ans d’exil les musulmans et à leur tête le Prophète ( )
retrouvent enfin leur ville natale de laquelle ils en furent chassés. Cette entrée
triomphale du Prophète ( ) à la Mecque fut suivie par l’abolition du culte païen
et l’amnistie générale envers les ennemis d’hier, attitude que les conquérants
adoptent rarement. La conquête pacifique de la Mecque donnera lieu, l’année
suivante, à l’afflue des délégations dépêchées par les tribus arabes venues an-
noncer leur conversion à l’islam et prêter serment d’allégeance au Prophète ( ).
25 du mois de Ramadan 658 de l’H. / 3 septembre 1260 apr. J. C.: bataille
de ‘Ayn Jâloût (région se trouvant non loin de Jénine et de Nazareth en Pa-
lestine) qui vit la victoire des musulmans sur les Mongols. Cette victoire écla-
tante fut le fruit d’une conjugaison intelligente des efforts entre deux illustres
personnages: le premier, le Sultan Mamluk Sayf eddîn Qutuz et le second, le
commandant Baybars. Cette bataille eut pour conséquence de stopper l’avancée
fulgurante des Mongols qui, après la chute de Bagdad sous leurs bottes en 656
de l’H. / 1258 ap. J.C. et la mise à sac de celle-ci, menaçaient le reste du monde
musulman. Ceux-ci ne se relèveront plus de leur défaite et entameront la déca-
dence de leur empire.
26 du mois de Ramadan 927 de l’H. / 28 août 1521 apr. J.C.: Prise de Bel-
grade, capitale de la Serbie actuelle, par les Ottomans. Cette conquête fut
l’œuvre du vaillant et puissant Sultan Sulaiman le Magnifique (surnom que lui
ont donnéles Occidentaux, les Turc, eux, le surnommaient al-Kanuni autrement
dit le Législateur) et fut perçue comme un des coups d’éclat de ce jeune Sultan
fraîchement installé sur le trône. Sous le règne ottoman, Belgrade connaîtra
prestige et prospérité et sera un bel exemple de tolérance religieuse.
S’il est vrai que ces faits historiques sont pour la plupart des batailles militaires
et qu’elles pourraient laisser dire à certains détracteurs de l’islam que cette
religion est conquérante et belliqueuse, il n’en reste pas moins qu’elles débou-
chèrent sur de grands changements annonçant l’avènement d’une aire nouvelle.
Il suffit à l’historien avisé et impartial de se pencher sur les suites de ces ba-
tailles et conquêtes pour se rendre à l’évidence que si certaines d’entre elles
avaient un caractère purement défensif, d’autres n’avaient pas pour motif l’avi-
dité de richesses et le dessein d’asservir les peuples conquis, motivation que
l’on peut relever largement dans de nombreuses guerres de conquête menées
par des puissances occidentales, les guerres contemporaines en sont encore un
vibrant témoignage.
Bien entendu, prenons garde de ne pas sombrer dans un angélisme contre-pro-
ductif; ces batailles, en dehors de celles de l’époque prophétique, connurent
elles aussi des erreurs dues à la faiblesse humaine, néanmoins, celles-ci ne
ternirent pas pour autant la noblesse des idéaux qui sous-tendaient ces cam-
pagnes militaires.
Bulletin d’information hebdomadaire du
Centre Islamique et Culturel de Belgique
Ramadan 2011
N°2 – Le 12 août 2011
C’est arrivé
ce jour-là…