M. Dumond, compte rendu de l’ouvrage L’école à la maison au Québec de Christine Brabant,
Enfances Familles Générations, mars 2015, 3 pages. - http://www.efg.inrs.ca/index.php/EFG/article/view/511
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tif familial […] plus propice à l’éducation des
enfants » (p. 76) plutôt que les motifs religieux
fréquents dans les études étasuniennes. Leurs
visions éducatives, quant à elles, sont de deux
types : les visions progressistes (centrées sur
l’enfant) et celles plus traditionnelles (centrées
sur le contenu), mais toutes remettent en ques-
tion les approches éducatives centrées principa-
lement sur les résultats.
Dans un souci de neutralité, l’aspect « social »,
ensuite abordé par l’auteure, traite de plusieurs
questionnement ou enjeux sociaux (la réus-
site éducative, la transmission de valeurs et le
développement moral) développés par plusieurs
d’auteurs, qu’ils soient pour et contre l’appren-
tissage en famille, laissant au lecteur le soin de
se faire sa propre opinion. Elle conclut toutefois
que les préoccupations sont nalement souvent
communes et partagées, mais, simplement pas
abordées sous le même angle. Par exemple, s’ils
s’entendent sur la nécessité d’un pluralisme
d’opinion, d’une éducation citoyenne et sur le
rejet d’une forme imposée d’idéologie, certains
considèrent que le choix de ces parents traduit
une forme de pensée inappropriée pour la vie
en société tandis que pour d’autres, c’est plu-
tôt l’idéologie prônée par l’État, autrement dit
la transmission des valeurs du gouvernement
en place, qui serait insatisfaisante pour le déve-
loppement personnel des enfants. De même,
elle discute la perception de différents auteurs
concernant la participation des parents au sys-
tème éducatif, qui sont considérés tantôt comme
des irresponsables (rejet de la forme publique
d’éducation) et tantôt comme des ressources
sur le plan pédagogique (possibilités d’expé-
rimentation et d’innovation). Bien qu’il faille
prendre leurs conclusions avec précautions du
fait d’une méconnaissance de la population
totale du mouvement d’apprentissage en famille
et donc, d’une difculté à obtenir des échantil-
lons représentatifs, plusieurs études montrent
toutefois que la réussite éducative des enfants
est égale, voire supérieure, à celle des élèves
de l’école publique. Un chapitre plus théo-
rique explore ensuite le parallèle possible entre
le mouvement d’apprentissage en famille et
deux courants de l’éthique de société (p. 111).
L’auteure montre des similitudes entre l’éthique
féministe et l’appren tissage en famille, au sujet,
par exemple, de l’expertise en éducation des
mères, de leurs valeurs éducatives (l’autono-
mie, les relations signicatives, le dialogue)
et de leur engagement social. N’ayant pas été
approfondies par des recherches empiriques, ces
réexions restent à explorer.
Enn, les chapitres présentant l’aspect « démo-
cratique » de l’apprentissage en famille sont
relatifs aux recherches actuelles de l’auteure,
notamment son interprétation de la situation
selon la théorie de la gouvernance réexive,
le chapitre le plus abstrait du livre. L’auteure
appréhende la situation de manière pragma-
tique, c’est-à-dire en recherchant des solutions
concrètes et, de préférence, directement dans
leur contexte d’application et dans l’expérience
des individus, an de limiter les écarts entre
les normes idéales et appliquées. Les parents
regrettent le manque de critères et d’outils
d’évaluation adéquats de la part de l’adminis-
tration scolaire dans l’évaluation de l’ensei-
gnement reçu et l’expérience éducative vécue
à la maison par l’enfant tandis que les acteurs
scolaires se trouvent démunis face à cette clien-
tèle. Cela conduit, d’une part, à un manque de
collaboration entre les commissions scolaires
et les parents et, d’autre part, à des situations
d’invisibilité et de non-dialogue lorsque ces
familles, en résistance face à l’institution, n’ins-
crivent pas leurs enfants auprès de la commis-
sion scolaire. Cet écart entre le cadre législatif
québécois et la pratique appelle, selon l’auteure,