METIER LANGUES VIVANTES NOTES DE LECTURE Jaurès, de l’éducation État des lieux P BTS INDUSTRIEL note ? Bonne question car il n’y a pas de miracle sans plan massif de formation des enseignants qui interviennent dans le premier degré. De même les trois notes évaluant les compétences en fin de collège en allemand, en anglais et en espagnol, montrent que les compétences de compréhension orale sont satisfaisantes mais qu’il reste beaucoup à faire pour atteindre le niveau B1 du CECR en LV1 et le niveau A2 en LV2. Ces notes font des constats. Les mesures annoncées par le ministre ne vont hélas pas améliorer l’enseignement des LV dans le premier et le second degré, ni l’apprentissage des élèves. ■ Thérèse Jamet-Madec, [email protected] D 30 - US MAGAZINE - Supplément au n o C e livre est une anthologie des textes de Jaurès sur l’éducation. Il rassemble des discours, certains célèbres, d’autres beaucoup moins, et de très nombreux articles de journaux et de revues, pour la plupart inédits. La lecture de ces textes est enthousiasmante. À chaque ligne ou presque, on est surpris et ravi de la pertinence des propos, et de ce qu’il faut bien appeler son extraordinaire modernité. Les questions soulevées sont toutes au cœur de nos expériences et questions présentes : définir les missions de l’école, comprendre ce qu’est la laïcité, construire une culture qui permettre au peuple de vivre libre… Pour Jaurès, l’éducation n’est absolument pas une question annexe, bien au contraire : pas de socialisme sans penser l’éducation. Le socialisme n’est possible que si les travailleurs ont la culture nécessaire pour maîtriser leur destin. La préoccupation permanente de Jaurès, dans ses activités politiques et syndicales, est de penser les conditions d’une authentique démocratisation culturelle. À ces textes extraordinaires s’ajoute une introduction limpide de l’historien Gilles Candar, qui montre ce que signifiait pour Jaurès être professeur. Enfin, dans une passionnante postface, Guy Dreux et Christian Laval, de l’Institut de recherches de la FSU, analysent le lien profond qui existe chez Jaurès entre éducation et socialisme, à travers les questions du sens de l’histoire, de la laïcité, ou du syndicalisme enseignant par Évelyne Rognon exemple. ■ Critiques, pratiques, perspectives Sous la direction de J.-P. Terrail, Ed./ La Dispute C Anglais certes, mais... ans les Brevets de techniciens supérieurs des domaines industriels, l’anglais apparaît de plus en plus comme discipline obligatoire. Une seconde langue vivante peut être prise uniquement en option. Cette évolution répond à une demande des employeurs et correspond à une évolution des situations professionnelles, l’échange d’informations avec des entreprises ou des services étrangers se faisant quasi exclusivement en anglais. Dès lors se pose la question du statut de la langue vivante dans les bacs STI. Pour le SNES, il n’est pas question d’accepter que le « tout anglais » règne. La diversité des langues doit être conservée et même développée, en par- Syllepse/Nouveaux regards L’école en France © Thierry Nectoux lusieurs notes d’information sur les LV ont été mises en ligne en septembre 2005 sur www.education.gouv.fr/stateval La note sur un état des lieux dans le second degré en 2004 confirme la prédominance de l’anglais (92 % des effectifs de première langue) qui se renforce avec une progression de deux points sur la période 2000-2004. L’allemand comme première langue tend à régresser dans toutes les classes, sauf en Sixième où l’étude de deux langues vivantes s’est développée depuis 2000 (classes bilingues). En LV2, la prédominance de l’espagnol s’est accrue au détriment des autres langues, italien excepté. L’apprentissage d’une troisième langue vivante (italien : 45 %, espagnol : 20 %) ne concerne que 6 % des lycéens. La diversification continue donc de s’effriter au fil des ans, ce que nous condamnons. Deux notes évaluant les compétences en anglais et en allemand en fin d’école soulignent que les élèves maîtrisent mieux la compréhension de l’oral que les autres compétences, ce qui correspond aux objectifs prioritaires fixés à cet enseignement. Mais comment va-t-on passer au niveau A1 du CECR (Cadre Européen Commun de Référence) demande la ticulier jusqu’au baccalauréat. Cette diversité impose deux corollaires : • que les étudiants puissent réellement conserver d’autres langues, sous forme de LV2, et donc qu’elles soient présentes dans les établissements ; • qu’un horaire renforcé en anglais soit proposé à tous les étudiants qui en ont besoin et en particulier à ceux qui n’ont pas suivi, dans cette langue, un enseignement de LV1 au lycée. Même si l’anglais s’impose professionnellement, conserver et renforcer la richesse des enseignements de toutes les langues contribue également à favoriser la réussite des élèves dans ce domaine. ■ 626 du 7 octobre 2005 Thierry Reygades onstatant que le système éducatif a réussi une certaine massification mais que les inégalités sociales y persistent, les auteurs situent d’emblée le débat : pour réussir la démocratisation, qu’est-ce qui fait obstacle dans l’école ? La méthode choisie consiste à interroger les transformations pédagogiques à l’œuvre dans l’école d’aujourd’hui, à examiner les conséquences de ces transformations sur les parcours des élèves, et à présenter enfin des propositions pédagogiques de « spécialistes ». Mais le dispositif annoncé d’une expertise « purement sociologique à base d’enquêtes » ne semble pas au rendez-vous. Dès les premières pages, les auteurs se lancent dans une accusation sans nuance : « les pédagogies actives douces et concrètes qui devaient démocratiser l’accès aux savoirs se sont avérées particulièrement élitistes ». Ils vont condamner «l’adhésion de la masse des professeurs d’école aux principes du constructivisme pédagogique » en faisant en permanence un amalgame entre « pédagogie d’évitement » et constructivisme. La deuxième partie qui s’attache aux parcours des jeunes n’est pas plus nuancée. L’indicateur de réussite scolaire qui est utilisé en permanence est « avoir le bac général sans redoublement » ! Fort heureusement les « nouvelles pratiques » proposées dans la dernière partie, si elles restent assez vagues, échappent à cette caricature. Elles consistent à revaloriser la place et le statut de la difficulté intellectuelle, à former les enseignants à reconnaître cette dimension normale des apprentissages, à la gérer, à redonner le plaisir de s’y affronter... La conclusion de cet ouvrage propose de s’appuyer sur les enseignants et la force collective qu’ils constituent pour « affronter la question des limites actuelles de l’action scolaire, évaluer la pertinence des consignes de l’institution et des recommandations d’experts, expérimenter d’autres solutions, valider collectivement les plus efficaces... ». Tout le monde adhérera. ■ Sylvie Nony