tion ne se manifeste pas par une dis-
continuité marquée dans la section
efficace de photoabsorption. Il est
logique de penser qu’il devrait en être
de même pour la section efficace de
CI qui correspond à la photoionisation
d’un atome mettant en jeu un photon
virtuel d’énergie égale à l’énergie de
la transition nucléaire. Pour la charge
45+, l’état final de l’électron devien-
drait un état lié, localisé sous le conti-
nuum à une énergie ωnk, déterminée
par la différence entre l’énergie de la
transition nucléaire et l’énergie de
l’électron K pour l’ion Te45+. Nous
avons donné à ce nouveau processus
de désexcitation du noyau le nom de
conversion interne liée (BIC pour
Bound Internal Conversion).
La figure 1a montre le graphe de
Feynmann associé au processus
BIC. L’état initial du système ato-
mique est défini par le noyau dans
un état excité et le cortège électro-
nique dans l’état fondamental de
l’ion de charge Q. La dispersion en
énergie de l’état initial est donnée
par une largeur Idéterminée à tra-
vers la relation d’incertitude de
Heisenberg, par le taux de décrois-
sance du niveau nucléaire. Dans le
cas du 125Te dans son premier état
excité cette largeur est très petite,
I~ 10–6 eV.
L’état final du système, après
conversion, est défini par le noyau
dans l’état fondamental et le cortège
électronique dans une configuration
excitée correspondant à une lacune
dans la couche Ket un électron
promu dans une orbitale vacante. La
dispersion en énergie du système est
maintenant fixée par le taux des tran-
sitions atomiques dipolaires entre les
états 2pet 1s du cortège électronique
qui déterminent l’évolution du sys-
tème. Pour des atomes comme le Te
cette largeur fest de l’ordre de
12 eV.
Le taux de conversion interne liée
est fixé par le recouvrement en
énergie de l’état initial et de l’état
final qui dépend de la largeur
=I+f, et de la densité de
niveaux atomiques autour de l’éner-
gie ωnk.
La conservation de l’énergie au
cours du processus fixe l’énergie du
rayonnement X émis qui accom-
pagne le comblement de la lacune 1s
par un électron de la couche 2p.
En tenant compte de l’occurrence
du BIC dans la décroissance du
noyau pour les ions Te45+ et Te46+,
l’accord entre les périodes expéri-
mentales et théoriques devient satis-
faisant.
Au cours d’une seconde série
d’expériences effectuées au GANIL,
nous avons cherché à obtenir une
évidence directe du BIC et une
mesure des valeurs des coefficients
associés à chacun des états de charge.
Les transitions atomiques radiatives
2p→1s qui accompagnent la désex-
citation du noyau par BIC fournis-
sent la seule observable possible. En
effet, il n’est plus possible de carac-
tériser la conversion interne liée par
le changement d’état de charge de
l’ion comme dans l’expérience pré-
cédente. La mesure de l’intensité de
ce rayonnement X, appelé par la
suite XCI, est difficile en raison de la
présence d’un rayonnement de même
énergie due à l’ionisation de la
couche Kdu projectile dans les colli-
sions purement coulombiennes entre
les atomes de la cible et le projectile.
Ce rayonnement que nous appelle-
rons par la suite XDIR, est 600 fois
plus intense que le rayonnement
recherché en provenance du BIC. Il
est émis instantanément lorsque les
ions Te atteignent la cible, alors que
le rayonnement associé au BIC est
différé d’un temps proche de la
période du niveau nucléaire. Le
schéma de principe du dispositif
expérimental utilisé pour cette
mesure est donné sur la figure 3. Un
détecteur de photons analyse les pho-
tons Xet gammas émis en arrière de
la cible à une distance comprise entre
5 cm et 20 cm de la cible. Les XCI ou
les gammas atteignent le détecteur
lorsqu’ils sont émis à un angle
moyen de 120° par rapport à la direc-
tion de la vitesse des ions Te. Il en
résulte une variation de l’énergie des
photons détectés liée à l’effet
Doppler. L’énergie détectée des XCI
et des gammas est diminuée d’envi-
ron 5 keV par rapport à l’énergie des
photons émis dans un ion au repos.
Une protection de plomb, placée
entre la cible et le détecteur, absorbe
la majeure partie des XDIR. La petite
fraction des XDIR émis dans une
direction proche de celle du faisceau
incident de Te qui peut atteindre le
détecteur en effectuant des diffusions
secondaires sur les matériaux du dis-
positif expérimental voit en revanche
son énergie s’accroître de 3 keV
environ.
107
Physique nucléaire
Figure 3 - Schéma du dispositif expérimental utilisé pour mesurer le spectre des photons émis en coïn-
cidence avec des ions Te dont l’état de charge est compris entre 45+et 47+et qui ont été diffusés à un
angle θ.
La flèche en tirets montre la direction d’émission des XCI. La flèche en pointillés donne un exemple de
trajet suivi par des XDIR émis depuis la cible et qui atteignent le détecteur. La différence entre les direc-
tions d’émission des photons XCI et XDIR par rapport à la direction des ions Te entraîne que les varia-
tions d’énergie des photons dues à l’effet Doppler sont de signes contraires. L’analyse de la trajectoi-
re des ions dans le spectromètre permet de connaître l’angle θde diffusion.