18-repe?res-01-2007:Mise en page 1 21/12/06 16:30 Page 187 Controverses ce qu’on peut dire alors à propos de celui qu’on prétend « soutenir » est injuste et faux. Je voudrais, dans la fidélité à une ancienne amitié (je n’oublie pas que Redeker m’a un jour dédié un livre) aussi bien que dans la fidélité à quelque chose d’important que je trouve dans Esprit (et que je ne retrouve pas dans l’article d’Olivier Roy), l’ajouter maintenant. rieur de la voiture ne tarde pas à révéler le sordide de l’époque : un couple mal fagoté y dévore clope sur clope fenêtres fermées, dans une atmosphère dantesque. L’homme et la femme égrènent les méfaits du tabac sur les enfants : infections pulmonaires à répétition, asthme, etc. À leur décharge, ces dangereux hippies nous indiquent qu’à la date de leur forfait ils ne « savaient pas ». Le dernier plan montre les enfants assis à l’arrière et qui, eux, semblent « savoir » si l’on en juge au regard haineux que le garçon porte sur ses parents et à l’air agonisant de la petite fille que l’on croirait sur le point de rendre l’âme, victime du « tabagisme passif ». Il a dû sembler à quelques publicitaires d’État que les raisons d’en vouloir à ses parents n’étaient pas assez nombreuses et qu’il fallait y ajouter l’homicide involontaire. Espérons que nos deux bambins, devenus trentenaires, non-fumeurs et consommateurs de pommes « bio », auront su trouver en eux la force de pardonner. Soulignons d’abord une évidence : ceux qui menacent si affreusement Redeker et sa famille (il faut lire la teneur des menaces, elles sont horribles) le font bien au nom de l’islam (ce qui ne signifie pas que l’islam est responsable : mais qu’est-ce que l’islam, sinon ceux qui s’en réclament ?). Ces menaces ne seraient-elles d’autre part que des rodomontades de personnalités isolées ? Rien ne permet de le dire ; et quand bien même, il faut se souvenir que les attentats de Londres n’ont été commandités par personne, non plus que le meurtre de Théo van Gogh. Si demain Redeker est assassiné, je souhaite à Olivier Roy de garder cette même équanimité qui lui permet d’affirmer que tout cela ne fait pas problème et n’est en fin de compte qu’une affaire de police. Enfin je voudrais surtout insister sur un argument de son article. Les procès menacent-ils la liberté d’expression ? Je pense qu’au contraire ils la garantissent : imaginons seulement que ses adversaires, au lieu de décréter sa mort, aient fait un procès à Redeker ! On serait revenu à l’humanité. Militant de la Licra, je peux éventuellement juger inopportunes les poursuites engagées contre Petré-Grenouilleau, Edgar Morin, ou Bernard Lewis, mais je ne trouve pas choquant qu’au moment où quelqu’un, qui que ce soit, a le sentiment d’être blessé dans sa mémoire ou dans son identité, il puisse se tourner vers le juge pour lui demander de vérifier le droit ; je Affaire Redeker. Suite* Réponse à Olivier Roy J’ai trouvé injuste et inquiétant l’article d’Olivier Roy : « Les illusions de l’affaire Redeker ». Je ne dirai pas ici qu’il faut défendre Redeker à cause de la liberté d’expression, en ajoutant que néanmoins « je-ne-partage-rien-deson-article-qui-justifie-toutes-lescondamnations ». D’abord parce que ceux qui s’expriment ainsi protègent leur propre image davantage que la liberté d’expression. Ensuite parce que * Voir la controverse du numéro d’Esprit, novembre 2006. 187