
http://www.snphar.com - Journal du Syndicat National des Praticiens Hospitaliers Anesthésistes-Réanimateurs Élargi - n° 57 - Juin 2011
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RÉFLEXION
Beaucoup interprètent le fait que, ce secret s’imposant
à « tous les professionnels intervenant dans le système
de santé », tous les professionnels de santé ont donc
droit à un accès à toutes les informations médicales. Bien
que cette interprétation ait été jugée abusive par le
conseil national de l’ordre des médecins (CNOM), elle
continue à avoir cours dans les établissements, le CNOM
n’étant pas reconnu comme ayant une valeur contrai-
gnante par l’administration.
D’autre part, le même article L1110-4 du CSP précise que
« lorsque la personne est prise en charge par une équipe
de soins dans un établissement
de santé, les informations la
concernant sont réputées
confiées par le malade à l’en-
semble de l’équipe ». Là encore,
la notion d’équipe est interprétée
de façon éminemment variable
selon les établissements. Certains
d’entre eux ont, d’ores et déjà,
ouvert l’ensemble des informations
du dossier patient informatisé à
l’ensemble des soignants de
l’hôpital, sans aucun contrôle de
ces accès, ce qui, outre les
éventuels manquements au secret
professionnel que cela peut
entraîner, a déjà eu la conséquence qu’une partie
importante du personnel refuse de se faire soigner dans
son établissement quand il en a le choix.
LES PROBLÈMES POSÉS SUR LA
POSITION DU MÉDECIN RESPONSABLE
DE L’INFORMATION MÉDICALE
La fonction de médecin responsable de l’information
médicale (MRIM) a été créée afin que la dérogation
légale qu’est le PMSI au secret médical puisse être sous
la responsabilité d’un médecin et que celui-ci puisse
garantir la confidentialité des données transmises.
La mise en place de la T2A a infléchi cette fonction
principale du MRIM vers celle de production des
informations nécessaires à la facturation des séjours. Le
centre de gravité de leur activité s’est donc déplacé du
médical vers l’administratif, ce qui s’est traduit dans un
certain nombre d’établissements par l’intégration du
MRIM à un pôle administratif (31 % des DIM de CHU
sont rattachés directement à la direction générale de
l’établissement, à la CME, ou aux deux).
Cette sujétion administrative ruine la nécessaire indépen-
dance que le MRIM devrait avoir pour être garant de la
confidentialité des informations médicales, notamment
quand elle est une gêne à l’évaluation de l’activité
médicale et de sa valorisation.
Pour ceux qui dépendent encore d’un pôle médical ou
médico-technique, le renforcement des pouvoirs
exclusifs du directeur sur la carrière d’un praticien hospi-
talier à travers la loi Hôpital, Patients, Santé et Territoires
(HPST) rend plus difficile encore l’exercice indépendant
d’un contrôle de la confidentialité. Si, dans la plupart des
cas, une négociation intelligente est possible, des conflits
peuvent néanmoins survenir et malheureusement conduire
aujourd’hui à des actions autoritaires allant jusqu’à la
mise en recherche d’affectation du praticien gênant.
Ce risque est d’autant sensible pour le MRIM qu’un e
partie des recettes des établis-
sements est liée aux données
médicales qu’il gère dans le cadre
de la T2A. Des dysfonction -
nements dans le recueil ou le
traitement de ces informations
peuvent conduire à des pertes
financières conséquentes et la
demande d’audit de la chaîne de
l’information médicale par
l’administration devient de plus
en plus fréquente en cas de
problèmes financiers de l’établis-
sement.
Enfin, le rôle du MRIM dans la
préservation de la confidentialité
est interprété selon les établissements : si certains
l’assurent pour des informations médicales, y compris
les dossiers papier ou la communication à des tiers,
d’autres voient attributions limitées aux strictes
données du PMSI (fichiers résumés de séjour), sans
droit de regard sur le reste de l’information médicale.
LES PROBLÈMES POSÉS SUR LE
RECOURS À DES SOCIÉTÉS EXTERNES
Si des contrôles qualité sont pratiqués régulièrement
dans le cadre des procédures normales d’un MRIM, il
devient de plus en plus fréquent que des audits
externes soient réclamés par les établissements. Ils sont
même gérés de manière institutionnelle par des
structures officielles comme l’Agence nationale d’appui
à la performance des établissements de santé (ANAP)
qui assure auprès de centaines d’hôpitaux des
missions d’amélioration de la performance, aboutissant
à la signature de contrats tripartite ANAP-ARS-hôpital.
Dans ce cadre, il est proposé à l’établissement des
audits externes de la chaîne de codage PMSI, réalisés
par des sociétés externes privées avec lesquelles l’ANAP
a passé marché. Ces audits consistent, à partir du fichier
de RSS que récupère la société, à tirer au sort des
dossiers que le personnel de ces sociétés, pas forcément
médecin, va recoder à partir du dossier patient.
La difficulté
pour le médecin responsable
de l’information médicale
est de faire part
de ses préventions sur
la rupture de laconfidentialité
sans être soupçonné de vouloir
faire obstacle à l’évaluation
de ses pratiques.
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