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Saison 2003-2004
L’OUEST, C’EST CA
de Sam Shepard
DOSSIER PÉDAGOGIQUE
Sur la photo : Patrick Ridremont et Olivier Leborgne
© Véronique Vercheval
ING nous aide à initier les jeunes au théâtre dès l’école.
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L’OUEST, C’EST ÇA
De Sam Shepard
Distribution
Colette Emmanuelle : Manman
Olivier Leborgne : Austin
Patrick Ridremont : Lee
Gérard Vivane : Saul
Adaptation : Philippe Prince et Claude Clergé
Mise en scène : Gérard Vivane
Assistant à la mise en scène : Jean-Claude Dubiez
Décor et costume : James Block
Lumière : Laurent Comiant
Régie générale : Vincent Rutten
Régie lumière : Laurent Comiant
Régie son : Eric Degauquier
Construction décor : Mathieu Regaert, Marc Cocozza, Vincent Rutten
Direction technique : Jacques Magrofuoco
Durée du spectacle : 2h10, entracte compris
Dates : du 25 mars au 30 avril 2004
Lieu : Théâtre Jean Vilar
Réservations : 0800/25 325
Contact écoles : Adrienne Gérard : 0473/936.976 – 010/47.07.11
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I. Bio-bibliographie de Sam Shepard
Sam Shepard ( de son vrai nom Steve Shepard Rogers ) est né le 5 novembre
1943 dans l’Illinois, à Fort Sheridan. Son père, aviateur, blessé de guerre, entraîne, une
fois de retour au foyer, sa famille d’une base à l’autre jusqu’à sa retraite à Duarte en
Californie où il a acheté un ranch dans le désert - à 25km de Los Angeles.
Il joue de la batterie dans un groupe de jazz local et plonge malheureusement peu
à peu dans l’alcool. Son fantôme parcourt avec quelques entrechats les 40 nouvelles
écrites par son fils (« Ballades au paradis » ).
Ce dernier devient batteur ( meilleur que son père ) d’un groupe Acid-rock, The
Holy Modal Rounders.
Une fois à New York, dans l’East Lower Side, Sam Shepard veut devenir une star
du rock, car il fréquente Woody Allen, les Rolling Stones et Bob Dylan. Il commence à
s’intéresser à la littérature, surtout à Jack Kerouac, Lawrence Ferlinghetti, Gregory
Corso. Il découvre « En attendant Godot » de Beckett. Il lit aussi Joyce, Neruda et K.
Hansun et Kafka. Cependant, il restera toujours musicien dans l’âme.
En 1963, serveur au Village Gate à New-York, il écrit sa première pièce,
Cowboys . Elle est montée par le théâtre Genesis dans une ancienne église, St. Marks –
in - The Browery...
Il est auteur de théâtre ; suivent comme pièces de théâtre principales,
Melodrama Plays et La Turista (1967), Mad Dog Blues et Black Dog Beast Bait (1971),
Cowboy Mouth et Tooth of Crime (1972), Angel City, Suicide in B-flat et Curse of the
Starving Glass (1976). En 1979, il reçoit le prix Pulitzer pour sa pièce : Buried Child et
sort ainsi de sa marginalité.
True West est publié en 1980 et Fool for Love en 1983.
Ses dernières pièces sont : A lie for the Mind (1985), Simpatico (1993) et Eyes for
Consuela (1998).
En quarante ans, il produit plus de soixante textes dont une quarantaine de pièces
de théâtres, toutes jouées à New-York.
Comme scénariste, il créera Zabriskie Point (1970) réalisé par Antonioni, Body
Guard (Tony Richardson) et Maxagasm (Mick Jagger).
En 1984, Paris, Texas (Wim Wenders) est récompensé par la Palme d’Or à
Cannes.
Fool for Love sera réalisé par R. Altman en 1985.
Comme acteur de cinéma, il connaît un succès grandissant avec Frances
(1982), L’Etoffe des Héros (1983), Cœur de Tonnerre (1992), L’Affaire Pélican (1994) et
La Chute du Faucon Noir (2002).
Il vit aujourd’hui dans un ranch du Minnesota. Un ranch doté d’une arène à
rodéo…Tout homme reste attaché à sa culture et la sienne, c’est celle des cow-boys.
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II. La pièce
1. L’origine
Avant la version définitive, Shepard s’y est repris à treize fois, non seulement par
souci de corriger, mais surtout de perfectionner : il s’agit bien de reprises intégrales de la
pièce. Elle a été rédigée en août 1979, pendant ou après son séjour à la maison
maternelle à Pasadena.
L’auteur présente ainsi sa pièce :
« Elle est située dans un décor constitué de la cuisine et de la pièce annexe d’une
vieille maison d’un faubourg de la Californie du Sud, à environ 40 miles à l’est de L.A.
« L’Ouest, c’est ça », est avant tout pour moi l’aventure de deux personnages qui,
deux heures durant, vont s’entredéchirer. Quand j’entends la voix de Lee parler
clairement et ensuite la réponse d’Austin, plus j’écoute, mieux viennent les voix, les
répliques...
« True West », je le sens comme une totale improvisation, qui se tisse d’elle-
même. »
2. Le sujet et les protagonistes
De quel Ouest parle-t-on ?
La vérité, propose Shepard, c’est que « L’Ouest américain -urbanisé ou sauvage-
est un paysage indifférencié où le désir est frustré. »
Nous sommes en pleine utopie, à peine croyable.
Deux éternels frères ennemis s’affrontent : d’une part, Lee, le cowboy du désert,
direct et concret, d’autre part, Austin, le scénariste intello embourgeoisé de Hollywood.
Austin, qui a laissé sa famille dans le Nord, s’est isolé dans la maison maternelle
pour mettre la dernière main à son scénario : une histoire d’amour sur fond de
reconstitution historique.
Survient son frère aîné, ivrogne et grande gueule qui n’habite nulle part ( au Sud
de nulle part, dirait Bukowsky...), hirsute et fruste ; il casse tout à la maison entre deux
effractions minables... Mais il semble surplomber les destinées, tel une Némésis...
En outre, pour corser le tout, les frères se nourrissent de leur extrême jalousie
mutuelle et de rapports constamment balancés entre l’amour et la haine.
Voici un des multiples exemples dans la scène 4 de l’Acte I :
Lee : Je pourrais devenir comme toi, hein ? Elucubrer d’un fauteuil à l’autre. Etre
payé à rêver. Faire des aller-retours sur l’autoroute et devenir un peu plus ahuri à force
de vouloir rattraper mes rêves. (...) Je t’ai toujours imaginé te traînant dans un campus,
des bouquins plein les bras. Avec des blondes à tes trousses, pas vrai ?
Austin : Des blondes ? C’est drôle.
Lee : Qu’est-ce qu’il y a de drôle ?
Austin : Je t’imaginais toujours quelque part.
Lee : Où tu m’imaginais ?
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Austin : Oh ! Ca dépend. Différents endroits. Des aventures. Tu étais toujours
lancé en pleine aventure.
Lee : Ouais.
Austin : Et chaque fois, je me disais : c’est Lee qui a raison. Il court la planète et
moi je suis planté là. Qu’est-ce que je fabrique ?
Lee : Ben, tu préparais ton avenir.
Peu à peu, Lee, le voyou de la famille, impose sa loi à son cadet, allant jusqu’à le
convaincre de la médiocrité de ses qualités d’écrivain. Le problème, c’est que lui, Lee, s’il
raconte de belles et vraies histoires de western, il est cependant bien incapable de les
mettre par écrit. En outre, il ne pense qu’à « se faire du blé » par n’importe quel moyen.
Quand l’imprésario d’Austin, Saul Kimmer, débarque pour discuter du contrat, Lee
n’a aucune peine à le convaincre de la force de son propre scénario et ainsi d’ignorer
celui d’Austin. De là, va naître le duel féroce entre les deux frères.
Pendant que Lee dicte une ébauche de son scénario à son frère, celui-ci devient
peu à peu fou furieux et se transforme en enfant de Caïn... Dans la scène finale, les rôles
sont totalement renversés par rapport à la première scène.
Et c’est sous le regard indifférent de leur mère, revenue à l’improviste, qu’Austin,
dans une rage folle, agresse son frère qui refuse de l’emmener avec lui dans le désert et
tente de l’étrangler avec le fil du téléphone. Il n’y parvient toutefois pas. La pièce se clôt
sur le face à face violent des deux frères.
Que sont ces cowboys ?
En définitive, on s’aperçoit que Lee, n’a pas choisi de vivre dans le désert, il y a
échoué comme balayeur... Austin voit également la faillite de son rêve d’authenticité : le
Far -West n’est plus celui d’antan et encore moins celui véhiculé par les bandes
dessinées et le cinéma. Notons aussi que sa masculinité reçoit le coup de grâce de la
part de son impresario quand ce dernier donne la préférence au scénario de Lee.
Rien n’est résolu : la mère est renvoyée à sa solitude et à sa folie, le fantôme du
père est définitivement délaissé, comme l’ex-G.I. alcoolique qu’il a toujours été. Dans
l’ensemble, le monde féminin reste étrangement lointain, inaccessible, inexistant, en
marge ...
Shepard ne cesse de rappeler que le langage se dérobe continuellement et
enferme les personnages, incapables de communiquer : l’échange n’existe pas. Seul le
duel existe.
Lee est impuissant à exprimer ses sentiments en mots et son histoire est d’une
totale et confondante niaiserie.
Austin, intellectuel universitaire, n’est qu’un artiste banal : il ne peut utiliser son
vocabulaire de manière satisfaisante.
L’un a trop peu de mots, l’autre en a trop, mais ils ne paraissent pas être les
bons...Kimmer, assez caricatural, personnifie l’inconsistance, le vide de l’environnement :
il ne connaît que le langage du « deal », propre à lui faire emporter le (juteux) morceau.
La mère, réfugiée dans son propre passé, n’est plus dans la réalité et parle à ses
fils comme à des petits enfants. Elle est totalement dépassée.
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