Metop-A entre en phase d`exploitation opérationnelle

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Échos
La Météorologie - n° 59 - novembre 2007
2
En Europe…
Metop-A
entre en phase
d’exploitation
opérationnelle
Le lancement du premier satellite
Metop (Metop-A) a eu lieu avec succès
le 19 octobre 2006. La mise en route
des différents instruments (Amsu, Iasi,
AVHRR, HIRS, Gras, Ascat et Gome,
voir tableau 1) s’est déroulée sans problème notable du 24 au 27 octobre, et la
phase de vérification fonctionnelle des
instruments a démarré, pour se clôturer
à la fin du mois de mars 2007. Par
ailleurs, l’émission directe HRPT
(haute résolution) et LRPT (basse résolution) a été activée dès le 24 octobre
2006, permettant aux utilisateurs des
données d’acquisition directe de recevoir les premières images brutes issues
de l’AVHRR.
La diffusion régulière aux utilisateurs,
via le système Eumetcast, des données
globales de niveau 1 prétraitées par
Eumetsat a débuté le 27 novembre 2006
(le tableau présente les instruments
embarqués) pour l’instrument MHS, le
28 novembre pour AVHRR et HIRS, le
29 novembre pour Amsu-A, le 31 janvier 2007 pour Ascat, le 27 février pour
Iasi et le 1er mars pour
Gome. Les données
Gras sont, elles, attendues pour le mois de
septembre 2007.
Le satellite Metop-A a
été officiellement déclaré opérationnel par
Eumetsat le 15 mai
2007, les activités complètes de calibration et
de validation de certains
des instruments devant
se poursuivre jusqu’à la
fin de l’année.
Figure 2 - Températures
de brillance (kelvins)
du canal 3339 (1 479,5 cm-1,
soit 6,75 microns) de Iasi, reçues
en acquisition directe
et prétraitées au CMS
le 27 mai 2007. Ce canal,
situé dans la bande d’absorption
de la vapeur d’eau,
sert au sondage en humidité
dans la troposphère.
L’exploitation opérationnelle des données et des produits de Metop-A à
Météo-France a débuté, en prévision
Figure 1 - Composition colorée, élaborée à partir des
données AVHRR globales de Metop-A, reçues au
CMS, via le système Eumetcast (cyclone Dean,
20 août 2007, 15 h 15 TU).
numérique comme pour d’autres applications. L’impact des données des
instruments Atovs et Ascat dans les
modèles Arpège et Aladin est en cours
d’évaluation dans une chaîne en double,
et devraient être assimilées opérationnellement à l’automne 2007. Les
premières expériences concernant l’assimilation des données Iasi sont également en cours, le passage opérationnel
étant prévu pour 2008. Par ailleurs, les
produits de vent (issus d’Ascat) et d’imagerie (issus de l’AVHRR et de MHS)
commencent également à être exploités
dans les services de prévision de
Météo-France, en métropole et outremer.
Pascal Brunel et Hervé Roquet
Tableau 1 - Les instruments d’observation de Metop et leurs principales applications.
Caractéristiques
Applications
Ascat
Radar diffusiomètre
Vecteur vent à la surface de la mer
AVHRR
Imageur visible et infrarouge
Imagerie, nuages, température de surface, végétation
Amsu-A
Sondeur micro-ondes
Profil vertical de température
Gome
Spectromètre visible
et ultraviolet
Profil vertical d’ozone
Gras
Récepteur GPS
Température et humidité dans la haute atmosphère
HIRS
Sondeur infrarouge
Profil vertical de température et d’humidité
(air clair)
Iasi
Sondeur infrarouge avancé
Profil vertical de température, d’humidité et d’ozone
(interféromètre) à haute résolution (air clair)
MHS
Sondeur micro-ondes
Profil vertical d’humidité
La Météorologie - n° 59 - novembre 2007
En Europe…
L’expérience Cops
Une campagne internationale de mesures, baptisée Cops (Convective and
Orographically-induced Precipitation
Study) s’est déroulée de juin à août 2007
dans le sud-ouest de l’Allemagne et
l’est de la France, c’est-à-dire un
domaine géographique couvrant essentiellement les Vosges et la Forêt-Noire
ainsi que le Jura souabe. Elle a impliqué
plusieurs institutions scientifiques de
recherche, françaises et allemandes
(Météo-France/CNRM, le Laboratoire
d’aérologie de Toulouse, l’Institut
Pierre-Simon-Laplace, avec le Service
d’aéronomie notamment, les universités
de Stuttgart et de Karlsruhe…). Plus
généralement, tous les instituts de
recherche météorologique allemands
sont concernés. Il s’agit d’étudier l’influence du relief sur les précipitations d’origine convective en période
estivale, associées à une activité orageuse marquée.
Le dispositif expérimental de mesures
comprend des avions instrumentés survolant le domaine (une dizaine), des
largages de « dropsondes » à partir des
avions, des stations météorologiques
classiques, des radiosondages mobiles,
des radars météorologiques, des profi-
.
3
leurs de vent, un
réseau de vingtquatre capteurs
GPS à partir du
sol (le long d’une
ligne DononHor nisg rinde),
des lidars, ainsi
que des stations de
mesure des composantes du bilan
d’énergie de surface.
Lancer d’un radiosondage à 17h15 UTC (19h15 locales) par CNRM/GMEI/4M
(D. Legain) sur le site central de Meistratzheim le 30 juillet 2007, dans le cadre de la
POI 12 de Cops, en cours. (Photo Alain Beuraud/CNRM)
Du dispositif instrumental se dégagent
cinq sites particulièrement instrumentés
en Alsace et dans le Bad Württemberg
(quatre en Alsace, Meistratzheim,
Achern, le sommet de l’Hornisgrinde, la
vallée de la Murg, et un en Forêt-Noire,
Stuttgart), disposés le long d’un axe
ouest-est. Une cinquantaine d’heures de
vol ont été effectuées avec les avions
instrumentés, équipés notamment de
lidars, que sont le Falcon 20 et l’ATR 42,
au cours de la seconde quinzaine de
juillet. Des Périodes d’observation intensive (POI) ont été lancées à chaque fois
que des conditions météorologiques propices à l’expérience sur le domaine ont
été prévues.
Un prévisionniste du CMIR/Nord-Est de
Météo-France a été détaché pendant un
mois de la campagne (juillet) au centre
d’opérations de Baden-Airpark de l’expérience Cops, pour l’assistance météo-
rologique aux chercheurs, et notamment
pour l’aide à la détermination des déclenchements des POI. Parallèlement, une
version du modèle Arome, avec un
domaine spatial centré sur le domaine
spécifique de l’expérience, a été activée
par le CNRM, avec fourniture de prévisions quotidiennes sur le domaine.
Cette expérience s’intègre dans le cadre
plus large du projet européen D-Phase
(Demonstration of Probabilistic Hydrological and Atmospheric Simulation of
flood Events in the Alpine region), luimême suite de l’expérience MAP
(Mesoscale Alpine Project) réalisée en
1999 sur les Alpes françaises et italiennes. L’objectif final est, d’améliorer la
performance des modèles opérationnels
en termes de prévision quantitative des
précipitations.
Emmanuel Choisnel
En Europe…
Le Livre vert de la Commission
européenne : adaptation
au changement climatique en Europe
La Commission européenne a publié,
en juin 2007, un Livre vert consacré au
sujet de l’adaptation au changement climatique, qui examine notamment le
rôle possible de l’Union européenne
(UE) dans ce domaine(1). Ce document
ouvre jusqu’au 30 novembre 2007 une
consultation publique, qui permettra à
la Commission de préparer une communication, en vue d’élaborer une politique communautaire sur ce sujet. Ce
document paraît peu après le Stratégie
nationale d’adaptation au changement
climatique française(2), et alors que la
Convention-cadre des Nations unies
sur les changements climatiques
(CCNUCC) a lancé son programme de
travail, dit de Nairobi, sur l’adaptation(3).
Le livre vert européen présente une description alarmante du climat européen
en 2100, fondée sur un scénario d’émissions de gaz à effet de serre très élevées
(scénario A2 du Giec). Heureusement,
l’UE affiche par ailleurs l’objectif de
limiter l’augmentation de la température
moyenne du globe à 2 °C au-dessus de
la température de l’époque préindustrielle : on peut donc espérer que ce scénario A2 ne se réalisera pas.
(1) Livre vert présenté par la Commission au
conseil, au parlement européen, au Comité économique et social européen et au Comité des
régions le 29 juin 2007, COM (2007) 354 final.
(2) www.onerc.gouv.fr.
(3) http://unfccc.int/files/meeting/cop_12/
application/pdf/sbsta_26.pdf.
Page de garde du Livre vert.
L’adaptation consiste à réduire notre
vulnérabilité vis-à-vis de ce nouveau
climat, auquel nous ou nos descendants
seront confrontés : elle s’adresse donc
La Météorologie - n° 59 - novembre 2007
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pratiquement à tous les secteurs et activités, dès lors qu’ils sont sensibles au
climat. Le Livre vert insiste sur la
nécessité de s’adapter à tous les niveaux
d’organisation (UE, national, régional,
local), envisage quelques pistes sur le
rôle de l’UE elle-même. Si l’adaptation
entraînera des coûts, elle créera également de nouvelles perspectives économiques, et particulièrement de
nouveaux emplois et de nouveaux marchés. La stratégie proposée se décline
en quatre « piliers » :
– agir immédiatement dans l’UE, en
prenant en compte l’adaptation dans la
législation européenne, dans les financements européens, et en développant
de nouvelles formes d’action, par exemple sur les normes de construction ou
les assurances ;
– agir à l’extérieur de l’UE, en promouvant l’adaptation dans les pays en
développement, à travers une Alliance
globale sur le changement climatique
dotée dès à présent de 50 millions d’euros ; une attention particulière est portée aux pays voisins de l’UE ;
– élargir le socle de connaissances, par
le développement de recherches et de
Évolution des précipitations moyennes
annuelles d’ici à la fin du siècle
(en pourcentage d’augmentation).
Carte élaborée d’après les données de DMI/ Prudence
(http://prudence.dmi.dk) et traitée par le Centre commun de recherche dans le cadre
de l’étude Peseta, financée par ce dernier
(http:// peseta.jrc.es).
méthodes, et en améliorant les systèmes
d’information bénéficiant du soutien de
la Communauté, tels que le système
européen d’alerte en cas de crues, le
système européen d’information sur les
feux de forêts et le centre de suivi et
d’information (CSI) pour la protection
civile, le système communautaire de
prévision du rendement des cultures,
par exemple en reliant ces systèmes à
une infrastructure européenne adaptée
pour les données météorologiques et à
des programmes de suivi ciblés ;
– faire participer la société, les entreprises et le secteur public européens à
l’élaboration de stratégies d’adaptation
coordonnées et globales.
Curieusement, le rôle possible des services météorologiques n’est pas explicitement évoqué. Rappelons cependant
que l’OMM a pris position vis-à-vis du
programme de la CCNUCC et y contribuera activement.
Évolution de la température moyenne
annuelle en Europe d’ici à la fin du siècle.
Carte élaborée d’après les données de DMI/ Prudence
(http://prudence.dmi.dk) et traitée par le Centre
commun de recherche dans le cadre de l’étude
Peseta, financée par ce dernier (http://peseta.jrc.es).
Marc Gillet
Observatoire national sur les effets
du réchauffement climatique (Onerc)
Commission des communautés européennes, 2007 : Adaptation au changement climatique en Europe : les possibilités d’action de l’Union européenne, Bruxelles.
http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/site/fr/com/2007/com2007_0354fr01.pdf.
En France…
Des sondages d’humidité volumique
du sol sur stations Radome
Un « transect » de douze stations du
réseau Radome, équipées de mesures de
sondage d’humidité volumique (sondes
« Theta Probe »), permettant d’accéder au
profil vertical de contenu
en eau du sol (expérience
dite Smosmania), a été
mis en place dans le sudVue de la tranchée
lors de l’installation du dispositif
de mesures par sondes Theta
Probe (à 5 cm, 10 cm, 20 cm
et 30 cm de profondeur)
de l’eau dans le sol .
. (Photo CNRM/GMEI, N. Fritz)
ouest de la France (trois stations en
Aquitaine, six en Midi-Pyrénées, trois
en Languedoc-Roussillon).
Cette installation a été réalisée dans le
cadre du projet spatial « mission
Smos » (Soil Moisture and Ocean
Salinity), portant sur le développement d’un capteur micro-ondes interférométrique en bande L (de
fréquence 1,4 GHz). Le lancement de
Smos est prévu à l’automne 2008. La
présente campagne de mesures au sol,
de longue durée, réalisée par le
CNRM, en association avec l’Inra,
l’IPSL et l’Onera, et avec le soutien du
Cnes et de l’ESA, vise à préparer la
mise en place d’une future chaîne
d’assimilation des données Smos dans
la chaîne de traitement hydrologique
SIM (Safran-Isba-Modcou), pour
comparaison, ensuite, avec des données satellitaires existantes, sensibles
à l’état hydrique (instruments AMSR,
ERS-Scat).
Emmanuel Choisnel
La Météorologie - n° 59 - novembre 2007
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En France…
En bref…
Un simulateur
climatique en ligne
Mise
en place
d’un portail HAL
Météo-France
Le magazine Science et Vie a développé,
en collaboration avec Météo-France, un
simulateur climatique pour la période
2050-2100 à l’occasion de la parution du
hors-série Climat. C’est le Centre national de recherches météorologiques
(CNRM) qui a fourni les simulations du
modèle Arpège-Climat, qui ont servi à
l’élaboration du rapport 2007 du Giec.
Depuis le 3 octobre,
les archives des articles scientifiques du
CNRM de MétéoFrance sont accessibles en ligne sur le
site http://hal-meteofrance.archives-ouvertes.fr/. HAL (Hyper
article en ligne) est une plate-forme d’archives ouvertes développée par le Centre
pour la communication scientifique
directe (CCSD) du CNRS. HAL MétéoFrance est un portail intégré à ce système.
Il permettra de valoriser la production
scientifique de l’établissement, d’améliorer la visibilité des résultats de la recherche
et d’inscrire Météo-France dans le mouvement en faveur du libre accès aux résultats
de la recherche. L’objectif visé est de rendre systématique le dépôt des publications (en fonction de la politique de
l’éditeur) sur le portail HAL dès janvier
2008.
La station sur le site de l’Aiguille du Midi. (Photo
Philipppe Col, Météo-France).
Nouvelle station
à l’Aiguille du Midi
Le 21 juillet 2007 était inaugurée la nouvelle
station météorologique automatique de
l’Aiguille du Midi par Luc Chatel, secrétaire
au tourisme, Pierre-Étienne Bisch, PDG de
Météo-France, Michel Charlet, maire de
Chamonix et conseiller général. D’autres
parlementaires étaient présents, dont Martial Saddier, député et président de
l’Association météorologique départementale de la Haute-Savoie.
Réaccréditation
du Laboratoire de métrologie
de Météo-France
Page de choix de scénario sur le site
http://climat.science-et-vie.com/.
Cette application permet de consulter les
conséquences climatiques de deux scénarios d’émissions de gaz à effet de serre :
– le premier, qualifié de « modéré »,
parie sur une croissance démographique
faible, un réel souci d’équité sociale et de
modestes évolutions technologiques ;
– le second, qualifié d’ « intensif », fait
l’hypothèse d’une croissance démographique soutenue, d’une croissance économique vigoureuse et de disparités
régionales marquées.
Le simulateur couvre la période 20502100. La France est découpée en environ
360 zones cliquables. Pour chacune de
ces zones, appelées « mailles », cinq indicateurs sont disponibles : la température
maximale (°C), la température minimale
(°C), la pluviométrie (mm/j), l’ensoleillement (w/m2) et l’humidité du sol (%).
Les résultats, provenant de sorties directes de modèles, souffrent d’un excès de précision, mais ne doivent évidemment pas
être interprétés de cette façon. Il s’agit
d’une visualisation d’exemples plausibles
de réalisations du climat futur, pour participer à la prise de conscience du public.
À la suite d’un audit en 2006, l’accréditation du laboratoire de métrologie de
Météo-France avait été suspendue pour le
paramètre température. Le laboratoire est
cependant resté accrédité pour les paramètres pression et humidité. Les 18 et
19 septembre 2007 eu lieu un nouvel
audit, à l’issue duquel la suspension a été
levée par le Cofrac (4). L’auditeur s’est
déclaré convaincu par les mesures prises
pour le laboratoire pour lever les écarts qui
avaient été constatés lors de l’audit 2006.
La formation des opérateurs et la sécurisation des données restent cependant des
points sur lesquels il convient d’être très
vigilant. Malgré un contexte difficile avec,
en particulier, un changement de responsable qualité, le laboratoire a su se mobiliser pour retrouver son rang.
(1) Le Comité français d’accréditation. Cofrac est une
association sans but lucratif, créée en 1994 et régie par
la loi de 1901. Sa vocation est de garantir, par son accréditation, les compétences des laboratoires ou autres
services techniques, selon les normes européennes.
Erratum
Le premier auteur de l’Écho « Des ballons
stratosphériques traquent la mousson africaine », paru dans le numéro 55 de La
Météorologie, pages 2-3, est Dave
Parsons, du Ncar.
L’inauguration. (Photo Gilles Brunot, Météo-France)
Située à 3 845 m d’altitude, au cœur du
massif du mont Blanc, cette station de
mesure est la plus haute d’Europe. Ce point
de mesure est essentiel pour le centre
départemental de la Haute-Savoie, installé à
Chamonix, qui diffuse des prévisions météorologique s'adressant en particulier aux alpinistes évoluant à haute altitude, pour
lesquels les valeurs de température de
vitesse de vent sont des paramètres essentiels, notamment pour leur sécurité.
Cette station, a été financée par différents
partenaires : conseil général de la HauteSavoie, ville de Chamonix-Mont-Blanc,
ATMB (Autoroute et Tunnel du Mont
Blanc). Le site a été sécurisé par la
Compagnie du Mont-Blanc. Météo-France
est chargé de son exploitation et dispose
de données toutes les heures.
Paul Rannou
Responsable de rubrique :
Jacques Siméon
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