La Chine : forces et faiblesses d`une économie en

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La Chine : forces et faiblesses d’une économie en expansion
https://clio-cr.clionautes.org/la-chine-forces-et-faiblesses-d.html
sous la direction d’Yunnan Shi et Françoise Hay
La Chine : forces et faiblesses d’une économie
en expansion
(Puf de Rennes,octobre 2006, 411pages
par
Mise en ligne : mardi 12 décembre 2006
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Service de presse i Géographie i Asie
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La Chine : forces et faiblesses d’une économie en expansion
L’introduction rappelle les différents éléments qui marquent la Chine d’aujourd’hui : le
dynamisme chinois depuis son ouverture au monde il y a 25 ans, se manifeste aujourd’hui par un
taux de croissance insolent (+10% par an en moyenne depuis l’ouverture), et la montée en
puissance de son industrie et de son économie, peu affectées par la crise asiatique et japonaise des
années 1990. La Chine vient bouleverser les équilibres mondiaux actuels structurés autour des
pays industrialisés. Son entrée à l’Organisation Mondiale du Commerce en 2001en fait désormais
un partenaire incontournable.
La Chine est d’abord une grande puissance démographique (1 homme sur 5) doublée d’une
diaspora active. Son statut de membre permanent du Conseil de Sécurité et son arme nucléaire en
font aussi une puissance politique et militaire de premier ordre. C’est une puissance économique,
qui s’affirme comme un leader régional en Asie, et se positionne à la 4e place mondiale en 2006.
C’est enfin une puissance commerciale, avec des produits de plus en plus « haut de gamme » ( :
appareils photos, télévisions, téléphones par exemple) et la volonté croissante d’imposer ses
standards technologiques. Le pays est privilégié par les investisseurs internationaux, attirés par la
qualité de la main d’œuvre chinoise.
On assiste en Chine au passage d’une économie agricole à une économie industrielle, ce qui
déclenche de fortes migrations vers les villes et dope la consommation.
Il y a cependant des limites : le système financier est peu développé, le PIB par tête est encore très
faible, l’économie chinoise est très consommatrice en énergie : c’est le deuxième consommateur de
pétrole derrière les Etats-Unis, et premier consommateur mondial de charbon. Pour réduire cette
dépendance énergétique, les Chinois tentent d’investir dans le nucléaire et dans les énergies
renouvelables.
Dans la première partie, qui s’attache au développement interne de la Chine, Pascale
Mériot développe le processus récent d’urbanisation de la Chine, au cœur du dilemme
entre planification et marché : la densité moyenne chinoise est faible, et cache de profondes
disparités entre un Ouest lointain inhospitalier (10% de la population), une Chine intérieure rurale,
et une Chine littorale plus industrielle et urbaine (45% de la population). Le taux d’urbanisation
peut paraître faible, en comparaison des taux européens : respectivement 29% et 75% en 1995,
mais cela s’explique par une définition plus administrative de l’urbanisation en Chine. Cette
croissance urbaine s’explique largement par l’exode rural, malgré les contrôles sur la population
par le permis de résidence : les migrants temporaires sont souvent dans l’illégalité, quand ils n’ont
pas la chance de disposer d’un permis de résidence urbain. Les réformes ont un peu assoupli le
système, les entreprises d’Etat introduisant un système temporaire de contrat de travail, mais ce
dernier est souvent payant. De plus, le différentiel de revenus entre urbains et ruraux s’explique
souvent par les barrières administratives, puisqu’ils n’ont pas le même traitement social ni le
même accès aux emplois. Le visage de la ville chinoise s’est transformé dans le sens d’une plus
grande spécialisation et cette urbanisation, que les autorités voulaient graduelle a instauré des
déséquilibres sociaux mal maîtrisés.
Li Ma et François Shmitt soulignent aussi ces inégalités croissantes au sein de la population
chinoise, aussi bien entre régions qu’entre urbains et ruraux, et étayent leurs propos par des
graphiques et des cartes.
La deuxième partie de l’ouvrage retrace le développement par secteur d’économie :
télécommunications, secteur technologique, automobile, énergie et industrie lourde, productivité
agricole.
La troisième partie s’intéresse à l’ouverture de la Chine.
Laëtitia Guilhot et Catherine Figuière se demandent si la Chine est devenue un leader régional et
si elle en a les capacités politiques et économiques. A l’aide de tableaux, elles mettent en lumière
l’interpénétration croissante de la Chine dans le commerce régional : la Chine s’approvisionne
dans la région (des biens intermédiaires et des biens d’équipement) et exporte vers le reste du
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monde (des biens de consommation). Depuis 2001, l’Asie demeure la principale région émettrice
de flux d’IDE reçus en Chine, avec une part prépondérante de Hong Kong, et une part croissante
de l’Australie et de la Corée du Sud. La croissance chinoise concurrence directement beaucoup des
pays de l’ASEAN, alors que les économies développées sont les moins affectées : le Japon et la
Chine sont à cet égard plus complémentaires que concurrents : le vieillissement japonais pourrait
nécessiter les cols blancs chinois, tandis que la Chine a besoin de la technologie japonaise. En
revanche, en reprenant les critères classiques de l’hégémonie selon J.Nye (la puissance militaire,
économique, démographique, la capacité de séduction du modèle culturel ou soft power, et la
capacité de transfert de la puissance) il semble que ni la Chine, ni le Japon ne possèdent toutes les
caractéristiques de ce rôle : la Chine possède la puissance militaire et démographique, le Japon la
puissance économique (PIB plus élevé, puissance financière plus stable), la Chine le « soft power ».
Mais ni la Chine, ni le Japon n’ont su imposer une monnaie régionale en Asie.
Dans une quatrième partie, consacrée aux investissements directs étrangers (IDE) et aux
firmes multinationales, la part relativement faible des investissements français en Chine est
soulignée : seulement 3% du total des IDE en Chine, derrière l’Allemagne et le Royaume-Uni. La
France pourrait pourtant jouer un plus grand rôle dans des secteurs comme l’environnement (eau)
ou la fourniture d’énergie (le nucléaire), qui sont les obstacles actuels à la croissance économique
chinoise. Quant au Japon, il est devenu en 2003 le premier partenaire économique de la Chine et
inversement, la Chine se retrouvant être la principale plateforme d’exportation. Mais les firmes
japonaises se heurtent au fait qu’il n’existe pas de réel marché à l’échelle de la Chine : les
échanges de biens entre régions chinoises demeurent soumis à de nombreuses entraves
commerciales et administratives, et un protectionnisme régional persiste : ainsi, dans la région du
delta des perles, 5 aéroports ont été construits dans un rayon de 90kms sans interconnexions entre
eux. La mise en place de zones de libre-échange vise à supprimer ces barrières tarifaires : ainsi la
Pan Pearl River Delta, lancée en 2004 dans l’objectif d’unir 9 provinces méridionales à Hong Kong
et Macao génère déjà le 1/3 des exportations chinoises avec une population équivalente à celle de
l’Union Européenne.
Ce livre est donc très complet, et s’adresse aussi bien aux géographes qu’aux économistes et aux
investisseurs étrangers en Chine. Le géographe retiendra davantage les tableaux comparatifs entre
régions et de cartes sur les disparités spatiales, mais aussi les comparaisons régionales entre Chine
et Japon. L’ouvrage est rédigé en français dans sa plus grande partie, mais certains articles
nécessitent la compréhension de l’anglais. La densité du livre (411 pages) est compensée par le fait
que la plupart des chapitres comprennent un petit résumé en anglais et en français. Il intéressera
en priorité les professeurs de lycée pour le cours de terminale sur la façade pacifique, et les
professeurs d’université pour les articles plus « techniques » sur l’économie chinoise.
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