Jacques FRETEY
Responsable de l'Afrique Occidentale pour le Groupe de Spécialistes des
tortues marines de l'Union mondiale pour la Nature (UICN) et pour la
Convention de Bonn sur les Espèces migratrices (CMS)
d'Irvine sur la pêche le long de la "Gold
Coast" (Ghana), en 1947, pour que la
communauté scientifique contemporaine
sache que la viande et les œufs des tor-
tues marines sont ainsi exploités dans le
golfe de Guinée.
Il faudra encore attendre une quarantaine
d'années pour que Ndiva et ses cousines
fassent enfin l'objet sur les côtes du
Gabon de premières mesures de conser-
vation. C'est sur ces mêmes côtes, en
1997 à Ekwata, à l'initiative d'ECOFAC
(ECOsystèmes Forestiers d’Afrique
Centrale), que se tiendra la première
réunion des pays d'Afrique Centrale en
vue de définir une stratégie commune
pour mieux les connaître et mieux les pro-
téger. Ceci était la première étape d'un
processus régional touchant l'ensemble
de l'Afrique Occidentale, lequel s'est
concrétisé en 1999 par la formulation d'un
acte diplomatique, le Mémorandum
d'Abidjan, très vite signé par tous les
États d'Afrique Centrale.
Le pari engagé en Afrique Centrale pour
sauver ces espèces en danger d'extinc-
tion est difficile et plus malaisé que dans
la Caraïbe où le tourisme est devenu une
entreprise partout rentable. En Afrique
Centrale, les pêcheurs sont très pauvres
et encore peu aidés par les grands pro-
grammes de développement. Il est com-
plexe de vouloir les priver, eux et leur
famille, de ressources en viande fraîche,
en protéines facilement apportées par la
centaine d'œufs d'un nid ou des apports
financiers représentés par la vente de ces
produits ou la fabrication d'objets en
écaille. Œuvrer pour la conservation des
tortues marines en Afrique Centrale signi-
fie aujourd'hui, trouver avec les popula-
tions humaines côtières des solutions
pour améliorer leur qualité de vie et trou-
ver avec elles des alternatives à l'exploi-
tation des tortues.
Là où des projets d'écotourisme sont nés,
les villageois commencent à se rendre
compte qu'une tortue vivante est bien
plus intéressante sur du long terme qu'u-
ne tortue morte. Ce livret préparé par
Alexis Billes arrive dans ce contexte d'un
tourisme de nature voué à se développer
sur les côtes, et en particulier sur les pla-
ges d'Afrique Centrale. Il répond de façon
claire et simple aux questions que peut se
poser le visiteur arrivant sur un site de
nidification, et s'interrogeant sur ces ani-
maux mystérieux sortant des océans pour
y accomplir leur ponte selon un rite
ancestral. Que ce visiteur soit ici remercié
de sa seule présence sur une plage,
puisque par celle-ci il contribue active-
ment à un projet visant la protection des
espèces gravement menacées que sont
les tortues marines.
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