d i re c t i o n g é n é ra l e j e a n - m a r i e b l a n c h a rd fondation subventionnée par la ville de genève b o u l e v a rd d u t h é â t re 1 1 c h 1 2 1 1 g e n è v e 1 1 t+41 22 418 30 00 f+41 22 418 30 01 w w w. g e n e v e o p e ra . c h g ra n d t h é â t re d e g e n è v e o p é ra ariane à naxos r i c h a rd s t ra u s s Dossier pédagogique L e s j e u n e s a u c œ u r d u G ra n d T h é â t re P ro g ra m m e p é d a g o g i q u e r é a l i s é g r â c e a u s o u t i e n d e l a Fo n d a t i o n Ju l i u s B a e r et du Département de l'instruction publique du Canton de Genève Ariane à Naxos Ariadne auf Naxos Opéra en un prologue et un acte de Richard Strauss Livret de Hugo von Hofmannsthal Création de la première version : 25 octobre 1912, Königliches Hoftheater de Stuttgart Création de la seconde version : 4 octobre 1916, Hofoper de Vienne Branle-bas de combat dans la maison « de l’homme le plus riche de Vienne », où l’on prépare une grande soirée spectacle. Un jeune compositeur qui s’apprêtait à présenter son opéra seria, est au bord de la crise de nerfs, voire du suicide, en apprenant que son œuvre va être jouée en même temps qu’un spectacle de commedia dell’arte… Feu d’artifice oblige ! La pagaille dans les coulisses est à son comble, jusqu’à ce que, cédant au charme de la frivole Zerbinette, le compositeur accepte le défi. Abandonnée par Thésée, la tragique Ariane se lamente sur son île déserte qui n’est pas si déserte que cela ! Zerbinette et ses quatre compères tentent de la divertir. Mais c’est le jeune et beau Bacchus qu’elle prendra tout d’abord pour Thésée, puis pour Hermès, le messager de la mort, qui parviendra à la consoler. Amour quand tu nous tiens ! Programme pédagogique du Grand Théâtre Dossier préparé par Kathereen Abhervé et Solange Amstutz Février 2007 Table des matières Introduction 3 La production du Grand Théâtre de Genève 4 1. L’ESSENTIEL A CONNAITRE Résumé de l’opéra par scène 5 Les personnages de l’opéra et leur tessiture Généralités sur les tessitures Les personnages de l’opéra et du prologue 9 Les moment forts de l’opéra 13 2. EN SAVOIR PLUS Les auteurs de l’opéra Richard Strauss : le compositeur Hugo von Hofmannsthal : le librettiste 15 Genèse d’un chef-d’œuvre Hofmannsthal et Strauss : une collaboration fructueuse Echec : la version de 1912 Réécriture : la version de 1916 20 Ariane, un opéra du XVIIIe ? Une esthétique baroque Mélange des genres et contrastes Le thème de la métamorphose 23 Ariane, une comédie ? Qu’est ce que la commedia dell’arte ? Les zannis dans Ariane 26 Qui est Ariane ? Ariane et la mythologique Ariane et les arts 29 ANNEXES 35 1. CD d’accompagnement : liste du contenu 2. Lettre d’Hugo von Hofmannsthal 3. Passerelle avec le Musée d’art et d’histoire 4. 3 pages extraites de la partition, sélectionnées par Fosca Aquaro 5. Questionnaire pour les enseignants et les élèves 2 Introduction Production du Grand Théâtre de Genève Ce dossier pédagogique est destiné aux enseignants qui participent au parcours pédagogique d’Ariane à Naxos de Richard Strauss, dans le cadre du programme « Les jeunes au cœur du Grand Théâtre ». Son contenu vise les trois ordres d’enseignements (primaire, cycle d’orientation et post-obligatoire) ; nous avons fait tout notre possible pour que tous puissent en tirer profit, des plus jeunes aux plus âgés. Ce dossier est divisé en deux parties : la première présente les aspects essentiels à connaître avant de commencer le parcours pédagogique. Les enseignants disposant de peu de temps pour aborder l’œuvre, pourraient se limiter à cette partie essentielle afin de familiariser leurs élèves avec : L’argument Les personnages et leur voix en lien avec le CD Les moments forts de l’opéra en lien avec le CD Une bonne connaissance de ces trois aspects garantira un maximum de profit et de plaisir pour les élèves prenant part aux ateliers et venant au Grand Théâtre pour assister à Ariane à Naxos. La seconde partie de ce dossier permet d’aborder l’œuvre par le biais de diverses thématiques (historique, culturelle, littéraire) complétée par des propositions d’activités en lien avec le Musée d’art et d’histoire. Nous encourageons les enseignants à sélectionner ou à adapter le contenu de ce dossier, selon le niveau de leurs élèves. Nous vous remercions pour votre collaboration et vous souhaitons, à votre classe et à vous-même, un parcours pédagogique inoubliable au cœur du Grand Théâtre Les responsables du programme pédagogique « Les Jeunes au cœur du Grand Théâtre » Kathereen Abhervé [email protected] 022 418 31 72 Christopher Park [email protected] 022 418 31 88 3 Ariane à Naxos de Richard Strauss Direction musicale Mise en scène Décors et costumes Lumières Chorégraphie Jeffrey Tate Christof Loy Herbert Murauer Jennifer Tipton Beate Vollack Les personnages Le Maître de musique Le Compositeur Le Ténor / Bacchus Le Maître à danser Zerbinetta La Prima Donna / Ariane Naïade Dryade Echo Arlequin Scaramouche Truffaldino Brighella Eike Wilm Schulte Katarina Karneus Wolfgang Millgramm Olivier Ringelhahn Marlis Petersen Nina Stemme Henrike Jacob Isabelle Henriquez Klara Ek Brett Polegato Alexandre Kravets Martin Snell Bernard Richter Orchestre de la Suisse Romande Production du Royal Opera House Covent Garden Chœurs du Grand Théâtre, direction : Ching-Lien Wu Grand Théâtre de Genève Répétition générale : 12 avril Représentations : 14, 17, 19, 24, 26 avril à 20h 22 avril à 17h Conférence de présentation Par Anselm Gerhard en collaboration avec l’Association genevoise des Amis de l’opéra et du ballet Mercredi 11 avril à 18h15 Grand Théâtre de Genève Une heure avant… Par Alain Perroux tous les soirs de spectacle à 18h45 (15h45 le 22 avril) au Grand Théâtre 4 L’ESSENTIEL A CONNAITRE Résumé par scène de l’opéra en un prologue et un acte Prologue (environ 40 minutes) Une salle de réception dans la demeure d’un riche bourgeois de Vienne. Tous s’affairent autour des derniers préparatifs de la fête « gastro-musico-pyrotechnique » que donne le soir-même, à ses invités, le maître. Personnages du prologue par ordre d’arrivée : Le Majordome, Le Maître de Musique, Le Laquais, L’Officier, Le Compositeur, Le Ténor, Le Perruquier, Zerbinette, La Prima Donna et Le Maître à Danser Ouverture orchestrale Scène 1 Le Majordome confirme au Maître de Musique qu’un divertissement avec des comédiens italiens est programmé après la représentation d’Ariane, et ajoute que les deux pièces devront être terminées à neuf heures pour laisser place à un feu d’artifice. Le Maître de Musique court alors annoncer la nouvelle à son élève, Le Compositeur. Scènes 2, 3, 4 et 5 Le Laquais indique à L’Officier la loge de Zerbinette. Arrive Le Compositeur qui ne connaissant pas encore la nouvelle et souhaitant faire répéter ses musiciens, demande à l’impertinent Laquais où les trouver. Celui-ci l’abandonne devant une porte. Le Compositeur alors seul, cherche une mélodie pour Bacchus. La porte s’ouvre sur Le Ténor (Bacchus) furieux après Le Perruquier qu’il insulte et maltraite. Le Compositeur cherche du papier pour noter l’air qu’il vient de composer. Scène 6 et 7 Zerbinette sort de sa chambre avec L’Officier et semble contrariée de devoir se produire avec sa troupe, après l’opéra. Surviennent La Prima Donna et le Maître de Musique. Scène 8 Le Maître de Musique fait part de la nouvelle au Compositeur qui entre dans une grande colère. Scène 9 Zerbinette présente ses compagnons au Maître de Musique et au Compositeur qui s’emporte contre lui. 5 Scène 10 La Prima Donna découvre avec mépris la présence des comédiens italiens, tandis que Le Maître à Danser tente de persuader Zerbinette de l’avantage de « passer » après l’opéra puis vante les mêmes avantages à La Prima Donna. Scène 11 Le Majordome annonce que son gracieux maître à changé d’avis et souhaite que le ballet-mascarade soit représenté en même temps que la tragédie d’Ariane car un feu d’artifice est prévu pour neuf heures. Tous les personnages réagissent à leur manière. Scène 12 Restent Le Compositeur scandalisé, Le Maître à Danser et Le Maître de Musique, deux vieux renards qui vont utiliser leurs meilleurs arguments pour convaincre le jeune homme, de se plier au caprice de leur commanditaire. Il suffira de quelques coupures. Scène 13 et 14 La Prima Donna et Le Ténor plaident pour savoir lequel des rôles sera le plus coupé. Le Maître de Musique et Le Maître à Danser résument l’opéra à Zerbinette qui devra improviser avec sa troupe. Scène 15 Le Compositeur présente à son tour la tragédie d’Ariane à Zerbinette qui relativise l’importance du drame. Le jeune homme tombe sous le charme. Scène 16 et 17 Le rideau va se lever et le Maître de Musique encourage La Prima Donna qui refuse d’entrer en scène avec Zerbinette. Le Compositeur euphorique embrasse Le Maître de Musique en lui vantant les qualités divines de la musique. Mais il s’effondre, désespéré, en découvrant qu’il a été berné par Zerbinette. Acte 1 (environ 1h20’) Ariane se lamente après avoir été abandonnée par Thésée sur l’île de Naxos. Trois nymphes veillent sur elle. Cet acte pourrait être partagé en 3 parties : - Ariane - Les Comédiens italiens - Ariane et Bacchus Personnages de l’acte 1 par ordre d’arrivée : Naïade, Dryade, Echo, Ariane, Arlequin, Zerbinette, Brighella, Truffaldin, Scaramouche, Bacchus. 6 Ouverture orchestrale 1. Ariane Les trois nymphes, Naïade, Dryade et Echo veillent sur Ariane et se demandent si elle dort. Mais elles savent qu’elle pleure, le cœur à jamais brisé. Ariane s’éveille pour se lamenter sur son triste sort. Arlequin, Brighella, Truffaldin et Zerbinette qui la découvrent ainsi, savent qu’il sera difficile de la divertir. Ariane poursuit son douloureux monologue en les ignorant. Elle pense à Thésée. Même ses nymphes sont impuissantes à l’aider. Les quatre compères pensent qu’elle est devenue folle et Arlequin tente de chanter pour la divertir imité par Echo. Ils se rendent vite à l’évidence que c’est peine perdue. Toutefois Arlequin semble troublé. Long monologue d’Ariane qui appelle Hermès, le messager de la mort. 2. Les Comédiens italiens Les quatre comédiens italiens, compatissants devant la grande douleur d’Ariane, dansent malgré les injonctions de Zerbinette qui finit par les chasser. Elle s’adresse alors à Ariane, d’abord cérémonieusement, puis d’égale à égale, lui parlant de la perfidie des hommes et de la légèreté des femmes toujours prêtes à aimer. Dans cet air, elle annonce déjà l’arrivée du nouvel amour d’Ariane. Arlequin félicite Zerbinette pour son beau prêche et tente de la séduire. Mais elle le repousse tout en sachant qu’elle finira par lui céder. Elle prend le public à témoin. Arrivent les trois autres bouffons qui tournant autour de Zerbinette, tentent de la séduire à leur tour. Zerbinette s’amuse de cette danse de séduction qu’ils tissent autour d’elle et disparaît avec Arlequin au nez et à la barbe des trois autres. Arlequin et Zerbinette reviennent sur scène en chantant un duo d’amour et Brighella, Truffaldin et Scaramouche découvrent avec dépit qu’ils ont été floués. Ils sortent tous les cinq. 3. Bacchus et Ariane Un intermède orchestral plein de mystère annonce l’arrivée de Bacchus. Entrée des trois nymphes : Naïade, Dryade et Echo annoncent l’arrivée du jeune dieu Bacchus dont elles content les origines divines, et narrent sa première aventure amoureuse avec l’enchanteresse Circé. Bacchus apparaît, invisible des nymphes et d’Ariane. Il chante une douce mélodie en souvenir de Circé à laquelle il est heureux d’avoir pu échapper. Ariane entend sa voix qu’elle prend pour celle d’Hermès, et s’en réjouit. Elle s’avance vers lui, mais après avoir pensé un instant reconnaître Thésée, elle salue le nouveau venu surpris d’un tel accueil. Puis commence un long quiproquo entre Ariane et Bacchus : lui la prenant pour une enchanteresse, elle le prenant pour Hermès. Il parle de philtre, elle parle d’un pays éternel. Cependant, Bacchus le premier comprend la méprise et essaie de réveiller Ariane qui persiste à croire qu’elle vient d’atteindre l’autre monde. Alors Ariane, sans résistance, succombe à l’amour de Bacchus. Le chant des trois nymphes participe à 7 cet amour. Zerbinette a presque le mot de la fin : « Quand vient le nouveau dieu, Nous lui appartenons, muettes ! » Bacchus et Ariane réaffirment alors leur amour éternel. 8 Les personnages de l’opéra et leur tessiture 1. Généralités sur les tessitures Les compositeurs attachent un soin particulier au choix des tessitures (hauteur des voix) des personnages de leurs opéras. Ce choix répond en principe à une tradition (l’opéra est né au début du XVIIe siècle) selon laquelle, les voix aiguës sont attribuées à des personnages jeunes et sans expérience, les voix plus graves, étant plutôt réservées aux personnages plus âgés, ou chargés de responsabilités (politique, familiale) selon la répartition ci-après : a. Les voix d’hommes - Les jeunes premiers, les amoureux sont en principe des ténors - Les hommes d’âge mur, les princes sont des barytons - Les vieux rois, les empereurs, les méchants sont des basses. - Les jeunes hommes peuvent être aussi des sopranos ou des mezzo-sopranos b. Les voix de femmes - Les jeunes filles sont la plupart du temps des sopranos légers. - Les femmes, princesses, reines, amantes sont des sopranos dramatiques ou sopranos colorature. - Les femmes d’âge mûr, les reines, les sorcières sont souvent des mezzo-sopranos ou des altos. Durant la période baroque, les compositeurs et le plublic aimaient les personnages travestis, c’est-à-dire que : - les personnages féminins avec des voix d’homme (sorcières, nourrices, etc.) - certains personnages masculins (jeunes hommes, rois et princes) avec des voix de castrats ou de femme, en principe soprano ou mezzo-soprano. Richard Strauss, dans plusieurs de ses opéras, utilise ce procédé, en dotant les très jeunes hommes de voix de femme. C’est le cas du Compositeur, dans Ariane à Naxos. 2. Les personnages du prologue : A. Les personnages principaux : Le Compositeur, soprano lyrique Le Compositeur pourrait être un ténor, un ténor léger. Mais il est trop jeune et le Maître à Danser a déjà ce type de voix. Le Compositueur est un rôle de travesti comme Chérubin des Noces de Figaro de Mozart ou Octavian du Chevalier à la Rose. Il a une voix de soprano lyrique, ce qui permet à Richard Strauss d’offrir un troisième type de voix féminine avec celles de Zerbinette et de La Prima Donna. Il ne chante que dans le prologue. (air 1) Le Compositeur pourrait être considéré, par certains égards, comme le porte-parole de Richard Strauss, soulevant la problématique de la liberté de la création et de ses contraintes sociales et financières, et posant une réflexion sur l’absolu et le sacré de 9 l’art, de l’amour et des difficultés à concilier idéal et réalité : « O mécènes ! Cette expérience empoisonnera mon âme pour toujours ! ». « Je n’ai rien de commun avec ce monde ! » affirme-t-il. Puis plus loin : «La musique est l’art sacré de réunir toutes sortes d’états d’âme, comme des chérubins devant un trône resplendissant ! Et c’est pour cela qu’elle est sainte parmi les autres arts ! La sainte musique ! » Toutefois Le Compositeur du prologue apparaît comme un grand romantique, cette distanciation temporelle pourrait permettre à Richard Strauss d’échapper à une quelconque identification… Le Ténor du prologue (Bacchus dans l’opéra) On entend très peu le Ténor dans le prologue, qui apparaît comme un personnage assez imbu de lui même « Ça, pour un Bacchus ! Tu t’imagines que je vais me mettre ça sur la tête. Tiens, canaille, pour ta tête de Bacchus ! ». Notons que Richard Strauss n’affectionnait pas particulièrement ce type de tessiture. Toutefois, dans l’opéra Ariane, il confie à Bacchus, jeune homme assez peu expérimenté, le schéma conventionnel des voix d’opéra (les amants étant en principe chanté par des ténors). Bacchus sera donc un ténor à la voix éclatante. (air 2) Zerbinette, soprano colorature Zerbinette est une soprano colorature. Richard Strauss a de la sympathie pour ce personnage dont la virtuosité vocale n’a d’égal que la virtuosité amoureuse et qui mène ses compagnons par le bout du nez. Vive, légère, toujours sincère, extrêmement humaine, elle semble bien connaître la vie. Elle chante dans le prologue et dans l’opéra. Et ses interventions sont nombreuses et peuvent être de longs monologues. (air 3) La Prima Donna, soprano dramatique La Prima Donna du prologue semble être une artiste ayant de l’expérience, un statut bien établi. Elle est habituée aux égards et à la reconnaissance : « Nous mettre dans le même panier que ces gens-là ! Ne sait-on pas ici qui je suis ? ». Elle est assez insupportable et représente le stéréotype de la chanteuse d’opéra, c’est une sorte de Castafiore qui entretient avec le Ténor, son partenaire chanteur, des rapports de concurrence. On l’entend très peu dans le prologue. Mais la métamorphose va se produire dans l’opéra seria (1er acte), où cette Prima Donna odieuse va interpréter le rôle très dramatique d’Ariane. Richard Strauss lui prête une voix de soprano dramatique, même grand soprano wagnérien. (air 4) B. Les personnages secondaires : Le Maître à Danser, ténor léger Le Maître à Danser à une voix de ténor léger comme sa personnalité virevoltante et sans épaisseur. Il n’est présent que dans le prologue. (air 5) Ses apparitions sont généralement accompagnées par le piano. 10 Le Maître de Musique, baryton Le Maître de Musique entretient avec son élève, le Compositeur, des rapports paternalistes, mais il ne peut toutefois pas être une basse, car il est trop jeune et il semble ne pas avoir acquis les qualités de la sagesse que requerrait une voix de basse. Il laisse paraître son affolement, ses craintes, son désarroi et finalement sa petitesse dans le final du prologue. Il n’est pas un grand personnage. Il n’est présent que dans le prologue. (air 6) Le Majordome, basse parlée Le Marjordome n’apparaît que dans le prologue. Quoique ce personnage soit parlé, son rôle est extrêmement important, puisqu’en se démarquant des rôles chantés, il accentue la grandeur du personnage qu’il représente et qu’il sert (un riche bourgeois viennois : petit clin d’œil à Monsieur Jourdain). Ses apparitions sont en principe ponctuées par des percussions bruyantes, représentant l’importance et la noblesse du maître de maison. (texte 7) C. Les petits rôles : - Le Laquais est une basse - Le Perruquier est un baryton - L’Officier est un ténor Ces trois personnages aux tessitures différentes, apportent une grande richesse musicale au prologue. 3. Les personnages de l’opéra : A. Les personnages principaux : Ariane, soprano dramatique La Prima Donna du prologue est devenue Ariane. Son ton, ses manières, sa ligne vocale ont complètement changé. Elle est maintenant une héroïne d’opéra et ce, malgré la présence des comédiens italiens qui ne parviendront pas à la distraire de son rôle. Elle a des attitudes théâtrales, d’abandon et de désespoir propres à ce type de personnage passionné des opéras des XVIIe et XVIIIe siècles. Elle est plus près du monde des dieux que de celui des humains et flurte continuellement avec la mort libératrice. La voix, ici, prend toute son ampleur et offre des couleurs riches et variées, allant de la simple lamentation chantée dans un souffle : « Ah ! » à la grande déclamation lyrique. (air 10) Bacchus, ténor dramatique ou heldentenor Il en va de même pour Bacchus. Le personnage un peu fat et désagréable du prologue qui jetait sa perruque à la tête du Perruquier, devient un jeune et beau dieu surgi de la mer comme par enchantement qui arrive pour sauver et aimer la belle éplorée. Il n’est pas un héros valeureux et plein de fougue, mais se présente comme sortant d’un rêve ou, plus précisément, d’un cauchemar (il vient d’échapper à la 11 magicienne Circé). Il semble étonné de se trouver sur cette île. Il n’a pas un rôle très actif car il est en fait le jouet des dieux et surtout d’Ariane qui attend d’être métamorphosée par lui. (air 13) Ses airs sont souvent assez doux et tendres, certains pourtant d’une grande vaillance. Zerbinette, soprano colorature Zerbinette est un personnage de comédie. On la trouve dans la Commedia dell’arte sous les traits de Colombine, dans le théâtre de Molière à Marivaux (les soubrettes ingénues ) et dans les opéras de Mozart (Zerline de Don Giovanni, Suzanne des Noces de Figaro, etc) La voix est très agile, très haute. Elle illustre la vivacité, la légèreté, la jeunesse et la fraîcheur de cette jeune fille espiègle et délurée. (air 12) B. Les personnages secondaires : Les Nymphes, soprano aiguë, alto et soprano Elles n’apparaissent que dans l’opéra et accompagnent l’héroïne en l’entourant et la protégeant de leur chant. Elles sont un peu comme les Filles du Rhin protégeant l’or (L’Or du Rhin de Wagner). Elles annoncent également l’arrivée de Bacchus. Elles ont trois types de tessitures différents (Naïade est une soprano aiguë, Dryade, une alto et Echo, une soprano). Elles chantent en solo, en duo ou ensemble, ce qui permet une grande richesse musicale. (air 8) Arlequin, baryton Ce personnage est sans complication et ce qu’il chante correspond à ce qu’il est. Il aime la vie et le chante à Ariane : « Il te faut vivre, chère vie, revivre encore une fois ! » , et le répète à Zerbinette. Il vit d’amour et d’eau fraîche, comme l’Arlecchino de la Commedia dell’arte ou le Sganarelle des comédies de Molière ou le Figaro de Mozart dont il adopte la tessiture. (air 9) Il a plus d’esprit que ses compagnons et parviendra sans mal à séduire Zerbinette. C’est un filou que ses compagnons jalousent un peu : « Tiens, tiens ! Quel voleur ! Quel infâme voleur ! » Les quatre bouffons : Arlequin (baryton), Brighella (ténor aigu), Truffaldin (basse) et Scaramouche (ténor) Ces quatre personnages de Commedia dell’arte apparaissent dans l’opéra, presque toujours ensemble à la manière des Frères Jacques. Ils semblent être crédules et sans beaucoup de jugement contrairement à Arlequin, comme on vient de le voir. (air 11) 12 Les moments forts de l’opéra 1. LE PROLOGUE L’ouverture du prologue L’ouverture du prologue permet de présenter les différents personnages de la pièce par des motifs ou des instruments qui leur sont attachés. On découvre tout d’abord le Compositeur, sa jeunesse, son impétuosité, son ardeur et son impatience, puis sa colère. Apparaît ensuite soutenu par un cor et bassons, Bacchus, personnage un peu lourd représentant le monde des dieux, suivi du Compositeur qui revient avec un air plus doux et chaleureux. Brève évocation de l’opera seria (hautbois et violons) qui est interrompue par un tumulte des cordes annonçant l’arrivée des Comédiens italiens. Le rythme est sautillant et le basson amène une note pastorale. Retour du Compositeur annonçant le motif central de l’opera seria (la rencontre d’Ariane et de Bacchus). Retour du Compositeur (cor) suivie de Zerbinette (flûte aiguë), puis d’Ariane (annonce sa rencontre avec Hermès). On retrouve Zerbinette (violons et flûtes) puis le Compositeur. Tous les personnages sont en place. L’orchestre accélère pour laisser place au spectacle. (air 14) On s’inquiète dans les coulisses Cet extrait du début de la scène 4, nous présente une grande scène d’ensemble avec Zerbinette, Le Compositeur, le Maître de Musique, La Prima Donna, Le Maître à Danser qui discutent en mélangeant le parlé et le chanté. Zerbinette est soutenue par le piano. Le Maître à Danser s’adresse à Zerbinette dans un style ancien (Le Bourgeois Gentihomme de Lully). Même attitude du Maître de Musique qui s’adresse à La Prima Donna. On retrouve dans cet extrait de nombreux motifs correspondant aux différents personnages, qui tissent une sorte de pot-pourri afin de rendre compte de la consternation générale devant le changement du déroulement de leur spectacle. (air 15) Le Compositeur et Zerbinette Duo entre ces deux personnages. On découvre une Zerbinette un peu différente de ce que l’on attendait : profonde et sincère. Le Compositeur, devant ce personnage de comédie, étonnant, l’apparente aussitôt à Ariane, l’héroïne de son opera seria. Le Compositeur est à l’unisson avec Zerbinette. (air 16) L’affolement dans les coulisses Changement d’ambiance. Après le tendre duo du compositeur et de Zerbinette, le spectacle reprend ses droits et la musique illustre l’affolement des personnages qui vont devoir entrer en scène dans quelques instants. (air 17) 13 2. L’OPERA L’ouverture de l’opéra L’ouverture de l’opera seria se présente en deux parties. La première dédiée à la solitude d’Ariane abandonnée sur son île déserte – les cordes, le cor (Thésée), l’harmonium (le couple ancien Ariane/Thésée). La seconde partie est plus agitée et annonce la révolte d’Ariane. (air 18) Les nymphes Les trois nymphes (Naïade, Dryade et Echo) s’ébattent dans l’eau en veillant sur Ariane. Alternance de solos et de duos, puis leurs voix se réunissent (réminiscence de l’air des Trois Filles du Rhin dans L’Or du Rhin de Wagner). L’ambiance est calme et fluide comme l’eau. (air 19) Le réveil d’Ariane Longue et douce plainte d’Ariane qui ne sait plus si elle est morte (de chagrin) ou encore vivante. Dans ce passage Ariane rejoint par cette plainte de la femme abandonnée, sa sœur d’infortune (Didon de la Didon et Enée de Purcell). (air 20) Zerbinette s’adresse à Ariane Cet air est extrait d’un très long monologue durant lequel Zerbinette s’adresse à Ariane qui ne l’écoute pas). Ici Zerbinette va pouvoir déployer sa virtuosité vocale. Elle s’amuse à énumérer ses anciens amants. Elle nous fait découvrir d’autres personnages de la Commedia dell’arte qui n’apparaîtront pas sur scène comme le clown Paillasse, les domestiques Mezzetino et Burattino, le paysan Cavicchio et le vieux jardinier Pasquariello. (air 21) Zerbinette et Arlequin Après le grand air de Zerbinette, retour au récitatif accompagné (une sorte de déclamation parlée chantée). Arlequin félicite Zerbinette pour son beau prêche et tente de la séduire. (air 22) Zerbinette résiste mais finira par lui céder à la fin de la scène, au nez et à la barbe de ses trois autres soupirants. (air 23) Les Nymphes annoncent l’arrivée de Bacchus Après cette longue scène passée en compagnie des personnages de la Commedia dell’arte, le compositeur nous ramène à l’operia seria par le biais des nymphes qui annoncent l’arrivée de Bacchus. Leurs voix se mêlent, illustrant les jeux des nymphes dans l’eau. (air 24) La rencontre d’Ariane et Bacchus Après leur rencontre étonnante basée sur un quiproquo, Ariane et Bacchus chantent à l’unisson leur ravissement d’avoir été transformé par l’autre. (air 25) Finale Tout finit bien comme l’avait prédit Zerbinette qui réapparaît sur la scène pour constater triomphante « Quand vient le nouveau dieu, nous lui appartenons, muettes ! ». En effet Ariane tombe dans les bras de Bacchus : « Aupès de toi, permets qu’Ariane demeure » et Bacchus lui répond : « C’est toi qu’appelait tout mon être ». L’orchestre explose de joie dans un tutti exubérant. (air 26) 14 EN SAVOIR PLUS Les auteurs de l’opéra 1. Richard Strauss : le compositeur Né à Munich le 11 juin 1864 Mort le 8 septembre 1949 à Garmisch-Partenkirchen Richard Strauss est un compositeur et un chef d’orchestre allemand. Aucun lien de parenté n’existe entre Richard et Johann Strauss (père et fils), célèbres pour leurs valses et originaires, quant à eux, de Vienne. Richard Strauss a composé pour de nombreux genres musicaux. Il a écrit de la musique de chambre, des poèmes symphoniques, des Lieder (chants), de la musique de ballet ainsi que de nombreux opéras. La musique allemande connaît à la fin du XIXe siècle une période de conflit d’ordre esthétique. En effet, à la « musique pure » représentée par les compositions de Johannes Brahms s’oppose la musique à programme dont le chef de file est Franz Liszt. Richard Strauss, peinture de Max Liebermann (1918) a. La direction d’orchestre Comme le père de Richard, Franz Strauss, est un conservateur et un anti-wagnérien, le jeune Strauss est formé à l’école brahmsienne et ne découvre la musique de Liszt et de Wagner que très tard, alors que sa carrière de chef d’orchestre est déjà 15 amorcée. En effet, c’est par le violoniste Alexander Ritter que le compositeur est introduit dans les cercles lisztiens en 1883. A cette époque, Richard Strauss, invité par Hans von Bülow (premier mari de Cosima Wagner), dirige avec succès l’orchestre de la cour de Meiningen. Toute sa vie durant, le compositeur pratiquera avec talent l’activité de chef d’orchestre. Jusqu’en 1924, Strauss se consacre essentiellement à la direction d’orchestre, d’abord à l’Opéra de Munich, puis à l’Opéra de Weimar, avant de retourner à Munich, comme chef associé, en 1894, et de prendre la direction de l’Orchestre philharmonique de Berlin (1893-95). En 1898, il est nommé premier chef d’orchestre à l’Opéra royal de Berlin, dont il deviendra le directeur général de la musique dix ans plus tard. b. La composition Strauss va bénéficier très jeune d’une double formation : d’une part, il connaît les formes traditionnelles de musique (forme sonate, rondo, thème et variation, …) ; d’autre part, il adopte les idéaux esthétiques de la jeune génération dont les noms les plus célèbres sont ceux de Hector Berlioz, Richard Wagner, Franz Liszt. Le compositeur s’illustre dans des genres variés. Les poèmes symphoniques connaissent un grand succès : Il faut citer notamment Don Juan (1887-88), Till l’Espiègle (1894-1895) et Ainsi parlait Zarathoustra (d’après Nietzsche, 1896). Richard Strauss se marie en 1894 avec la soprano Pauline de Ahna. C’est peut-être pour cette raison que le compositeur va bientôt se tourner vers la création d’opéras. Après quelques œuvres peu remarquées, Strauss connaît un succès éclatant avec Salomé (1904-1905), drame basé sur la pièce de Oscar Wilde. La musique de l’opéra dont le langage se situe parfois à la limite de l’atonalité exprime des sentiments et une sensualité d’une extrême violence. Richard Strauss au travail 16 La rencontre de Strauss avec l’écrivain, poète et librettiste Hugo von Hofmannsthal, marque un tournant décisif dans la carrière du compositeur. Leur collaboration (voir : Genèse d’un chef-d’œuvre) s’étend sur plus de vingt ans et produira de nombreux opéras. Après la mort de l’écrivain en 1929, Strauss vit une période difficile aussi bien artistiquement que personnellement. La montée du nazisme et son avènement en 1933 annoncent des temps douloureux en Allemagne. Parce qu’il désire préserver la musique allemande et les choix esthétiques discutables du régime politique en place, le compositeur accepte de devenir président de la Chambre de musique du Reich (Reichsmusikkammer). Cette collaboration avec le Reich ne l’empêchera pas de poursuivre son travail avec l’auteur autrichien d’origine juive Stefan Zweig (18811942). Strauss se compromet certes avec le nazisme qui savait honorer les rares personnalités artistiques restées en Allemagne, on ne trouve pourtant chez le compositeur aucune sympathie pour l’idéologie nationale-socialiste. Cette période marque l’homme et l’artiste. Richard Strauss ne se remettra pas véritablement des années de guerre et des bombardements alliés (la ville de Dresde fut détruite à plus de 70 %, de nombreux lieux de culture, des théâtres, des opéras furent détruits) ni de son jugement lors des procès de la dénazification. En 1946 est créée à Zurich l’œuvre Métamorphoses, vaste mouvement symphonique aux résonances épiques. Richard Strauss montre dans cette composition une parfaite maîtrise des ressources de la polyphonie ainsi que de l’utilisation des motifs et de la forme. On voit souvent dans cette œuvre un adieu déchirant à un monde en train de disparaître. La vie créatrice de Richard Strauss s’achève avec un cycle de Lieder empruntés à des poèmes de Heinrich Heine et Eichendorff. Richard Strauss 17 2. Hugo von Hofmannsthal : le librettiste Né à Vienne le 1er février 1874 Mort le 15 juillet 1929 à Rodaun Hugo von Hofmannsthal est un écrivain, poète, librettiste et auteur dramatique autrichien. Hugo von Hofmannsthal naît dans le milieu aisé d’une famille d’industriels qui attache beaucoup d’importance à l’éducation. Enfant unique, il reçoit l’enseignement de professeurs privés avant de se rendre en 1884 au Collège académique de Vienne (Wiener Akademisches Gymnasium), une école d’élite de la monarchie. Il y apprend l’italien, le français, l’anglais, le latin et le grec. Le futur écrivain et librettiste lit énormément. C’est un élève brillant et mature. Sous l’influence de Nietzsche, il commence très jeune (il a à peine 16 ans) à écrire des poèmes. En 1892, à 18 ans, il écrit son premier drame lyrique intitulé La Mort du Titien (Der Tod des Tizian). À la demande de son père, il commence à étudier le droit, mais réoriente très vite ses études en choisissant d’approfondir ses connaissances en langues romanes et notamment en littérature française. L’éducation prestigieuse et le milieu intellectuel que fréquente le jeune homme, font de Hugo von Hofmannsthal un homme de lettres et de culture brillant et un écrivain qui marquera la Vienne du début du siècle et la littérature germanophone. En 1901, sur le point de s’engager dans l’enseigne3ment, il décide cependant de se consacrer à sa carrière d’écrivain. La même année, il épouse Gertrud Schlesinger. À la même époque et au cours de voyages en France, en Italie et en Grèce, il rencontre de nombreux intellectuels dont les écrivains Thomas Mann et Arthur Schnitzler, le poète Rainer Maria Rilke. Il se lie d’amitié avec le sculpteur Auguste Rodin et l’homme de théâtre Max Reinhardt qui mettra en scène ses pièces théâtrales. Hugo von Hofmannsthal, en 1893 Au début de sa carrière d’écrivain, Hugo von Hofmannsthal s’oriente, comme la plupart des jeunes gens de sa génération, vers le symbolisme français. Ses œuvres sont empruntes de nostalgie, de solitude, et les thématiques de la vie et de la mort souvent évoquées. Influencé par les écrits de Friedrich Nietzsche et du psychanalyste Sigmund Freud, Hugo von Hofmannsthal traite de thèmes antiques et élisabéthains. L’auteur rédige également des écrits théoriques sur la poésie et le théâtre. La valeur véritable de l’art dramatique tient selon lui à sa capacité à faire 18 saisir à chaque homme sa position dans le monde et dans la société. Le rôle du théâtre est à la fois de représenter l’ordre de la société et de le créer. Hugo von Hofmannsthal écrit notamment les pièces de théâtre Elektra (1903) et Der Schwierige (1921). Parallèlement à son activité d’auteur dramatique, de poète et de librettiste, il écrit plusieurs récits ainsi que des essais politiques. En 1920, après plusieurs années de préparation, Hugo von Hofmannsthal fonde avec Max Reinhardt, Richard Strauss et Franz Schalk, directeur de l’opéra de Vienne, le Festival de Salzbourg. La pièce Jedermann (1920), écrite par Hugo von Hofmannsthal et mise en scène par Max Reinhardt, inaugure le Festival et y est depuis,régulièrement programmée. Le 15 juillet 1929, l’écrivain meurt le jour même de l’enterrement de son fils qui s’était donné la mort quelques jours auparavant. Activité : Hugo von Hofmannsthal, dans sa lettre à Richard Strauss (annexe 2), écrivait : « La métamorphose est le vie de la Vie, elle est à proprement parler le mystère de la Nature saisie dans son acte créateur ; tout ce qui persiste en soi-même s’engourdit et meurt. » De quel type de métamorphose est-il question dans cette réflexion du librettiste ? Pensez-vous que tous les êtres humains ont la possibilité et les moyens d’atteindre cet état de grâce ? Dans l’affirmative, quel serait la marche à suivre pour y parvenir ? 19 Genèse d’un chef-d’oeuvre 1. Hofmannsthal et Strauss : une collaboration fructueuse En 1899, Hugo von Hofmannsthal et Richard Strauss se rencontrent pour la première fois au cours d’une réception du poète berlinois Richard Dehmel. Le compositeur est alors âgé de 35 ans. Lors d’une seconde rencontre à Paris, le jeune poète propose à Strauss de créer ensemble un ballet. Le projet Der Triumph der Zeit (Le triomphe du temps) ne convainc pourtant pas Strauss et le spectacle n’est pas monté. Richard Straus. Photo prise en 1921 (Underwood & Underwood) Library of Congress Hugo von Hofmannthal. En 1901, Strauss assiste à la première de Elektra, pièce de Hofmannsthal, mise en scène par Max Reinhardt. Il est enchanté et propose à l’auteur une collaboration. En 1909 est créé l’opéra Elektra. Cette nouvelle version de la pièce, mise en musique par Strauss, remporte un énorme succès. Cette première œuvre marque le début d’une collaboration riche, fructueuse et rare. En effet, les deux hommes placent leur travail au centre de leur relation ce qui ne va pas sans conflit, mais aboutit aux œuvres uniques suivantes: - Le Chevalier à la rose, 1910 (Der Rosenkavalier) - Ariane à Naxos, 1912–1916 (Ariadne auf Naxos) - La Femme sans ombre, 1913-1919 (Die Frau ohne Schatten) - Hélène d’Egypte, 1928 (Die ägyptische Helena) - Arabella, 1929 (Arabella) 20 Ariane à Naxos est, après Le Chevalier à la rose, la seconde collaboration entre Strauss et Hofmannsthal. En écrivant ce livret, le poète souhaitait, tout en remerciant le metteur en scène Max Reinhardt d’avoir « sauvé la création du Chevalier à la rose » en 1911, ouvrir une nouvelle voie pour l’opéra post-wagnérien en imaginant une sorte de retour vers l’opéra à numéros (alternance d’airs et de récitatifs). Nourrissant une passion pour Molière, Hofmannsthal pensa tout d’abord à La Comtesse d’Escarbagnas, puis opta pour Le Bourgeois Gentilhomme qu’il souhaitait adapter en allemand. Les intermèdes seraient recomposés par Strauss qui devait remplacer le ballet turc de Lully, par un petit opéra d’une trentaine de minutes à la manière du divertissement que l’on trouvait dans une comédie-ballet classique : simplicité de l’intrigue, absence de psychologie des personnages. Strauss se mit péniblement au travail. En réaction à l’opéra wagnérien, Hofmannsthal cherchait à faire renaître l’opéra de cour dans le style de ceux des XVIIe et XVIIIe siècles, peuplés de personnages mythologiques. Il choisit le personnage d’Ariane abandonnée par Thésée, un des thèmes les plus traités de l’histoire de l’opéra – plus de soixante-dix œuvres depuis Monteverdi (1608) jusqu’à Massenet (1906) – (voir Ariane et la musique) et très apprécié à l’époque baroque. Il renforce son propos en introduisant à ce contexte seria, un élément buffa également très en vogue à l’époque de Molière auquel il emprunte d’ailleurs la plupart des personnages du prologue. Les masques de la commedia dell’arte devront improviser sur le thème mythologique. Un important échange épistolaire entre Hofmannsthal et Strauss rend compte de leurs préoccupations artistiques qui les amèneront à l’écriture du livret et à la composition de l’opéra. 2. Echec de la version de 1912 La création d’Ariane à Naxos en juillet 1912, au Königliches Hoftheater de Stuttgart, sous la direction de Richard Strauss lui-même est un échec. Beaucoup trop long et sa formule hybride : théâtre et opéra, ne convainc personne. L’opéra est remis sur le métier et subira des coupures drastiques comme le dit si justement le Maître à danser dans le prologue : « l’opéra contient des longueurs, de dangereuses longueurs. On les coupera. » Hofmannsthal abandonne Molière et écrit un nouveau prologue en 1913. Mais Richard Strauss et Hofmannsthal revinrent à Molière, en produisant quelques années plus tard, une version du Bourgeois Gentilhomme seul, avec musique, dont le compositeur tira en 1920 une Suite orchestrale op. 60. 3. Réécriture : la version de 1916 La comédie de Molière fut abandonnée et fut remplacée par le prologue. L’idée du théâtre dans le théâtre subsista toutefois et Monsieur Jourdain, bourgeois français de XVIIe devient l’homme le plus riche de Vienne. L’opéra seria est quant à lui, conservé et devient l’acte d’Ariane. Cette seconde version d’Ariane à Naxos recréée en 1916 sur la scène du Hofoper de Vienne, fut un succès. C’est cette seconde version qui est en principe représentée 21 sur les scènes d’opéra, celle-là même qui sera donnée au Grand Théâtre de Genève en avril prochain. La collaboration de Strauss et d’Hofmannsthal fut, dans Ariane, une de leurs plus belles réussites. Le premier admirant Couperin et Watteau, le second, passionné par Molière, est attiré par le mélange des genres de l’univers théâtral baroque. Autant de thèmes que l’on retrouve dans Ariane à Naxos (voir chapitre : Ariane, un opéra du XVIIIe ?) Ariane à Naxos adopte ouvertement la forme de « pastiche » (pasticcio, en italien). Le mot désignait au XVIIIe siècle, l’assemblage d’airs d’opéras d’auteurs divers afin de créer une œuvre nouvelle. En art, ce mot désigne un exercice de style consistant à revenir sur la passé, sur soi-même, afin de s’interroger sur son avenir. Toute la collaboration de Strauss et d’Hofmannsthal se joue sous le signe du passé, provoqué par l’ouragan wagnérien. Ainsi Elektra et Hélène l’Egyptienne renouent avec l’antiquité ; Le Chevalier à la rose avec Mozart. La Femme sans ombre et Arabella rêvent du passé. Toutefois, Hofmannsthal et Strauss n’ont pas fait avec Ariane à Naxos un véritable retour en arrière, mais œuvre de modernité, tournée à la fois vers le passé et vers l’avenir en totale rupture avec le grand opéra wagnérien. Ici les récitatifs annoncent une nouvelle tradition musicale du texte – sorte de conversation musicale chère à Strauss – , et l’orchestre réduit (37 musiciens), quasiment jamais employé dans sa totalité, se détourne de la conception orchestrale romantique pour des préoccupations proches de celles de l’Ecole de Vienne (Berg, Schoenberg, Webern). Laissons à Hofmannsthal le mot de la fin : « Je crois que cela peut devenir quelque chose de merveilleux, un nouveau genre qui semble revenir à une forme plus ancienne, comme toutes les évolutions qui se font en spirale. » Sebastiano Ricci – Bacchus et Ariane Huite sur toile, 189 X 104 cm. Vers 1713 Londres, Chiswick House 22 Ariane à Naxos, un opéra du XVIIIe ? a. Une esthétique baroque L’opéra Ariane à Naxos issu de l’étroite collaboration entre Strauss et Hofmannsthal, plonge, comme nous venons de le voir dans le chapitre précédent, ses racines dans la tradition théâtrale du XVIIe siècle (personnages comiques de Molière et de la commedia dell’arte, et héros mythologiques proches de la tragédie racinienne). Jean-François de Troy Bacchus et Ariane à Naxos Huile sur toile 161 x 128 cm. - 1725 Montpellier, musée Fabre Tout Ariane renvoie à l’esthétique baroque. L’univers baroque est celui : - du double (Zerbinette /Ariane ; Arlequin/Bacchus) Hofmannsthal a également réussi a créer, malgré leurs différences, une sorte de proximité entre Ariane et Zerbinette, voire même une étonnante parenté. Ariane s’adresse ainsi à Bacchus dans la scène finale : «Tu as tout métamorphosé, miraculeusement ! … Auprès de toi, permets qu’Ariane demeure ! ». Tandis que Zerbinette confiait à Ariane « Et quand il baisait mon front… j’étais captive du dieu, transformée au plus profond de moi !» - des contrastes et du mélange des genres (buffa/seria ; commedia dell’arte/opéra) - des contraires (monde des hommes et celui des dieux) - de l’interférence entre la réalité et illusion (Ariane vivante ou morte) - le paroxysme des sentiments (Le Compositeur et Ariane) Richard Strauss compose même l’acte d’Ariane selon une forme traditionnelle, en totale opposition à Wagner, consistant à faire alterner récitatifs (secco avec piano, et accompagnato avec l’orchestre), airs (solos, duos, quatuors et quintette). La longue lamentation d’Ariane qui ouvre l’opéra, est proche de celle de la Didon abandonnée de Purcell (Didon et Enée) et du Lamento d’Arianna de Monteverdi. 23 b. Le mélange des genres et les contrastes Au XVIIe siècle, le mélange des genres (comique et dramatique) permettait de prendre de la distance par rapport au drame et pouvait même sauver les héros tragiques de situations désespérées (le théâtre dans le théâtre). Toutefois, dans Ariane à Naxos, il n’y a jamais de véritable interférence entre le comique et la tragédie. Ariane ne voit pas – ou refuse de voir et d’entendre – les masques de commedia dell’arte qui chantent pour elle. Ce sont les nymphes qui finissent par la réveiller « Ah ! » souffle-t-elle. « Ah ! » répète Echo, figure baroque par excellence. Il y a alternance et non fusion, interpénétration certes car la comédie se contente d’intervenir comme un divertissement auquel l’opéra laisse par deux fois le champ libre. Dans Ariane à Naxos, les personnages comiques et tragiques ont un langage différent : «Oui, il semble que madame et moi parlions des langues différentes » constate Zerbinette. Les nymphes et les masques entendent les paroles d’Ariane sans toutefois les comprendre. Le discours d’Ariane est situé à un niveau métaphysique. Ariane et Bacchus parlent le langage des initiés, des dieux, tandis que les personnages de comédie représentent le monde des hommes (voir, lettre d’Hugo Hofmannsthal annexée). Les attitudes des personnages sont également contrastées (théâtralité) : Ariane est statique (assise dans sa grotte), Bacchus arrive lentement contrastant avec les masques qui dansent, chantent, en un mot, qui vivent. c. Le thème de la métamorphose Ayant dû reconsidérer leur travail après l’échec de la création de 1912, Strauss et Hofmannsthal offrirent quatre ans plus tard, une œuvre nouvelle, totalement transformée, ne pourrait-on pas dire métamorphosée puisque après ces quatre années de gestation, la nouvelle Ariane, enfin prête pour le succès, sort de sa chrysalide. Les personnages et la métamorphose Ariane à Naxos, une œuvre de la métamorphose ? Certainement, et Hugo von Hofmannsthal dans une très belle lettre adressée à Richard Strauss (annexée) s’en explique très longuement : « Vous me demandez ce qu’il en est de la métamorphose telle qu’Ariane en fait l’expérience entre les bras de Bacchus, car vous sentez qu’il s’agit là du nœud vital, non seulement pour Ariane et Bacchus, mais pour l’ensemble. » Désir de métamorphose d’Ariane Dans l’opéra, la première phrase d’Ariane est : « Ah ! Où étais-je ? morte ? et je vis, je revis. » Avant même d’avoir vu Bacchus, Ariane, est déjà par la pensée passée dans l’autre monde. Toutes les paroles d’Ariane dans son premier long monologue, font allusion à ce passage, et à ce désir de métamorphose : «Il est un royaume, où tout est pur : le royaume des morts. », plus loin : « Tu vas me libérer, me rendre à moi-même ». Puis lorsque Bacchus apparaît, Ariane s’entêtant à voir en lui, 24 Hermès : « Je suis prête. Tu le demandes ? Veux-tu m’éprouver », puis « Et la métamorphose ? Comment l’opères-tu ? (…) Ou fais-tu boire un philtre ? » Ariane poursuit : « C’étaient des paroles magiques ! », « O, toi, magicien, tu transformes les êtres ! » Enfin Ariane comprend que la métamorphose a eu lieu : « Comment cela s’est-il fait ? (…) Tu as tout métamorphosé, Miraculeusement. » Ariane a subi la transformation, l’initiation. L’amour métamorphose Bacchus La première image que nous avons de Bacchus est celle qu’en donnent les trois nymphes (Dryade, Echo et Naïade) qui devinent, plus qu’elles ne voient, Bacchus. « Quel beau miracle ! » s’exclame Dryade qui poursuit : « Un jeune dieu ! ». Puis il est question de sa première amante l’enchanteresse Circé qui « lui offre le philtre (… ) Mais l’adolescent résiste à ses enchantements. » . « Circé que voulais-tu faire de moi ? » se demande-t-il, puis en découvrant Ariane : « Es-tu la déesse de cette île ? (…) Reçois-tu l’étranger ? (…) Lui fais-tu boire alors un breuvage magique ? (…) Les métamorphoses-tu ? Malheur ! Es-tu une enchanteresse ? » Mais une autre métamorphose va se produire pour Bacchus, puisqu’il se prépare à devenir le propre destin d’Ariane. « Je te le dis, ce n’est que maintenant que la vie commence pour toi et pour moi ! ». Dans le prologue, Le Compositeur précise d’ailleurs : « elle renaît – retrouve vie dans ses bras ! C’est ce qui fait un dieu de lui. Quelle expérience pourrait bien en ce monde faire d’un homme un dieu si ce n’est celle-là ? » Bacchus a subi la transformation. Il est devenu un dieu : « C’est toi, toi qui transformes tout ! Je me sens différent de celui que j’étais ! L’esprit du dieu s’est réveillé en moi pour mieux saisir ton être radieux ! ». La grotte se transforme La grotte est le lieu où Ariane cache sa douleur, se protège du regard des autres, et souhaite mourir « La grotte silencieuse sera ma tombe » dit-elle dans le premier monologue. A l’arrivée de Bacchus, la grotte va se transformer aussi : « La voûte de ma grotte s’étend sur une couche heureuse, sur un autel sacré ! ». Bacchus ajoute : « Et cette grotte, la grotte de tes souffrances, je veux qu’elle nous abrite tous deux pour la suprême volupté ! » Activités : A la fin de Riquet à la houppe (1697) de Charles Perrault, une parole prononcée par la Princesse suffit à transformer Riquet le laid, le difforme, en un merveilleux Prince Charmant. Mais comme le précise facétieusement un peu plus loin l’auteur luimême : « Quelques-uns assurent que ce ne furent point les charmes de la Fée qui opérèrent, mais que l’amour seul fit cette métamorphose. » Dans le conte de Charles Perrault comme dans Ariane à Naxos de Richard Strauss, pensez-vous que la métamorphose ne se situe que sur le plan amoureux ? N’est-elle pas le résultat une véritable expérience intérieure ? 25 Ariane, une comédie ? Grand admirateur de Molière, Hofmannsthal souhaitait, comme on l’a déjà vu, adapter Le Bourgeois Genthilhomme de Molière, en une pièce en deux actes où la turquerie serait remplacée par un petit opéra. Il espérait pouvoir ainsi juxtaposer dans une même pièce, le buffa (en introduisant des personnages de commedia dell’arte) et le seria (personnages mythologiques). Rassembler sur une même scène des masques spécialisés dans l’improvisation et des personnages nobles porteurs d’un mythe, était une gageure. Ariane à Naxos fut un succès qui ne s’est jamais démenti depuis sa (seconde) création. Le gang d’Ariane c opéra de Montréal Quest-ce que l’opera buffa ? L’opera buffa est souvent inspiré d’une pièce de théâtre et peut-être considéré comme le « pendant » de la comédie. A l’origine, ce genre comique utilisait volontiers des personnages de Commedia dell’arte ou s’inspirait volontiers de la vie quotidienne. Qu’est ce que l’opera seria ? C’est un opéra sérieux dont le sujet est en général historique ou mythologique. Il est le pendant de la tragédie au théâtre. Il met en scène des personnages nobles qui évoluent dans des décors fastueux. Qu’est-ce que la commedia dell’arte ? Le terme italien commedia dell’arte, signifie théâtre interprété par des gens de l’art, c’est-à-dire des comédiens professionnels. Ce type de théâtre populaire italien est apparu vers 1545 avec les premières troupes de comédie avec masques. Les représentations ont alors lieu sur des tréteaux, les acteurs improvisant leur texte à partir d’un canevas (scénario réglé d’avance). Le comique était principalement gestuel (pitreries, pirouettes, cabrioles, pantomimes). Les personnages étaient facilement reconnaissables, par leurs attitudes, leurs vêtements et bien sûr par leur masque. 26 Les personnages étaient classés selon diifférentes caractéristiques : Les zannis (valets du petit peuple) : Arlequin (joyeux et bon vivant), Scaramouche est le versant méchant d’Arlequin, Brighella (l’aubergiste) Les vieillards : Pantalon (vieux barbon amoureux d’une jeune fille), le docteur… Les soldats (fanfarons et parfois peureux) : le Capitan, Matamore, Spavento… Les amoureuses (ingénes mais aussi ingénieuses à tromper les vieillards) : Isabella, Colombine (qui fait parfois partie des zannis) Certains personnages de la commedia dell’arte sont restés extrêmement célèbres et sont passés dans d’autres cultures théâtrales. Polichinelle est à l’origine du Punch anglais, le Capitan se retrouve dans le tengu japonais, Pedrolino est le frère jumeau du Pierrot français. En France la commedia dell’arte inspira les plus grands dramaturges, que ce soit Molière, qui partagea une salle pendant un temps avec les « Comédiens Italiens du Roi », ou Marivaux. Molière a d’ailleurs repris la plupart de ces personnages dans ses pièces de théâtre. On retrouve dans Ariane à Naxos bon nombre d’entre eux : Arlequin est apparu au XVe siècle en Italie. Il est originaire de Bergame (le bas). Son nom viendrait d’un diable nommé « Hellequin ». Arlequin serait donc un personnage issu des croyances populaires concernant l’enfer. Sa fonction, essentielle, est celle d’un valet comique. Il est connu pour sa bouffonnerie. A l’origine rustre, naïf et balourd, il est devenu plus rusé, vif, cynique, usant parfois d’un langage scatologique. Optimiste, il trouve une solution à tout. Paresseux, coureur de jupons et gourmand. Il est toujours en quête de nourriture. L’habit d’Arlequin est composé d’une veste et d’un pantalon à losanges colorés (anciennement des pièces irrégulières), un béret de feutre blanc, avec quelquefois un morceau de queue de renard ou de lapin. Il porte aussi une ceinture à laquelle pend toujours une batte en bois. Le masque d’Arlequin est un demi-masque noir avec une mentonnière. Les traits sont démoniaques et grotesques. Il porte une bosse sur le front qui serait le reste d’une corne de diable, ou une verrue. Le noir évoquerait en réalité les charbonniers de Bergame au visage couvert de suie et non celui d’un Africain. Les yeux, deux petits ronds minuscules, évoquent la ruse ou la gourmandise. Le nez est retroussé. 27 Brighella est originaire de la ville haute de Bergame en Lombardie (son nom vient de « briga », querelle). Il se croit plus intelligent que les habitants de la ville basse, comme Arlequin. Il se définit lui-même ainsi : « Je suis un homme fameux pour les fourberies et les plus belles, c’est moi qui les ai inventées ». Il a toutefois des points communs avec Arlequin car il est paresseux, rusé, intéressé et amateur de femmes. Il est ingénieux et combinard, travaillant toujours seul, même s’il fait parfois appel aux services de son compère Arlequin. C’est un aubergiste ou un valet rusé qui arrange des mariages et manipule ses maîtres pour servir ses propres intérêts. Son costume est blanc : une veste et un pantalon large galonnés de bandes d’étoffe verte. Par dessus, il porte un manteau court, la tabaro, et est coiffé d’une toque brodée de vert. A sa ceinture, il porte une bourse et un poignard. Le masque de Brighella est assurément plus bestial et plus rusé que celui d’Arlequin. Les traits des joues et des orbites étirés vers l’extérieur, un nez aux narines larges, semblable au museau d’un singe malin. Sa couleur brune foncée, évoque la peau brulée des habitants des montagnes. Scaramouche fut créé par Tiberio Fiorelli (1608-1694), directeur de la troupe des Comédiens-italiens, ami de Molière. Il est le fils ou le petit-fils du capitaine Matamore. Il se prétend prince, marquis, seigneur de contrées aussi lointaines qu’imaginaires. En réalité c’est le valet d’un petit seigneur. Il est capable d’accomplir de véritables exploits, comme celui de donner un soufflet avec le pied. Son costume est toujours noir. Truffaldino, on trouve la trace de ce personnage sous les traits d’un vieillard, dans une comédie de Molière, L’Etourdi ou le contre-temps. Colombine est une humble servante piquante et indépendante, une soubrette insolente (femme de chambre) à l’esprit vif, à la langue bien pendue, ou l’ingénue romantique amoureuse d’Arlequin. Elle est belle, ne porte pas de masque. Colombine, très malicieuse, mène Arlequin par le bout du nez. Elle est souvent l’objet de la convoitise de Patanlon, ce qui provoque la jalousie d’Arlequin. Elle apparaît sur la scène italienne vers la moitié du XVIIe siècle. Elle est aussi optimiste qu’Arlequin, bien que n’ayant plus d’illusion. Elle déborde d’énergie. Elle sait utiliser les hommes pour parvenir à ses fins. Vis-à-vis de son maître, elle a un franc-parler et agit à sa guise. Elle est la parfaite alliée de sa maîtresse dont elle favorise les amours. Elle pourrait s’apparenter à la Zerbinette d’Ariane à Naxos. 28 Qui est Ariane ? 1. Ariane et la mythologie Ariane, ou selon l’ancienne graphie, Ariadne (du grec ancien), est dans la mythologie grecque, la fille du roi de Crète Minos et de Pasiphaé, fille d’Hélios le Soleil, et de l'Océanide Perséis. Elle est la sœur de Glaucos, Catrée, Androgée, Acacallis, Deucalion, Phèdre et Xénodié et également la demi-sœur du Minotaure que sa mère Pasiphaé eut avec un magnifique taureau offert à Minos par Poséidon pour lui être sacrifié. Le roi de Crète trouva l'animal si beau qu'il ne pût se résoudre à le sacrifier. Poséidon, pour le punir, infligea à Pasiphaé, l’épouse du roi de Crète, une violente passion pour le taureau avec lequel elle s’accoupla et conçut le Minotaure, moitié homme et moitié taureau. Minos demandera à Dédale de construire le Labyrinthe, enchevêtrement souterrain de tunnels et de couloirs qui n'avait qu'une seule entrée, pour cacher ce monstre. Les Grecs devaient verser chaque année, tous les neuf ans, selon Plutarque, un tribut composé de sept jeunes gens et sept jeunes filles destinés à être donnés en pâture au Minotaure. Thésée, las d'entendre le reproche des Athéniens qui s’étonnaient que le fils du roi soit le seul garçon à ne pas participer au tirage au sort qui désignait les victimes, se porta volontaire pour faire partie du prochain contingent. Les auteurs rapportent que les victimes périssaient de faim, égarées dans l'enchevêtrement des couloirs du Labyrinthe, ou dévorées par le Minotaure. Thésée séduisit Ariane, la fille de Minos et lui demanda comment sortir vivant du Labyrinthe. Cette dernière ayant appris de Dédale qu'il suffisait d'attacher un fil à l'entrée puis de le suivre pour ressortir, confia à Thésée, qui promit de l'épouser, une pelote de fil et une épée. Thésée laissa ses compagnons à proximité de l'entrée du Labyrinthe et partit défier le Minotaure, en laissant derrière lui le fil qui devait permettre de regagner la sortie. Il rapporta la dépouille du monstre et le groupe, accompagné d'Ariane, s'enfuit sur un navire après avoir sabordé la flotte qui mouillait dans le port. Les fugitifs firent escale sur l'île de Dia (Naxos) et repartirent en abandonnant Ariane endormie. Simple trahison ou ordre des dieux, les versions varient. Ariane restée seule est découverte par Dionysos (Bacchus) qui, lançant sa couronne dans les cieux, en fit une constellation, puis l’enleva sur son char merveilleux pour faire d'elle son épouse divine. Selon d’autres traditions, Ariane fut au contraire mise à mort par Artémis, à la demande de Dionysos. Citons Racine, dans ces fameux vers (Phèdre, I, 3) : « Ariane, ma sœur, de quel amour blessé Vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée ! 29 Qui est Bacchus ? Bacchus (Dionysos en grec) est fils de Jupiter et de Sémélé. Celle-ci, foudroyée à la vue de Jupiter, ne put mener à terme l’enfant qu’elle portait. Jupiter le cousit dans sa cuisse et donna plus tard naissance à Bacchus. Les récits concernant les errances de Bacchus sont variés, parfois contradictoires. Lors d’une traversée en mer vers Naxos, Bacchus fut pris en otage par des pirates. Le dieu révéla alors sa puissance en immobilisant le navire, dont le mât devint une vigne, et métamorphosa les pirates en dauphins. C’est également à Naxos que Bacchus rencontra Ariane endormie, abandonnée par Thésée, et l’épousa avant de l’emmener sur l’Olympe où il trouva enfin sa place. Avec les autres dieux, Bacchus participa aux combats contre les Géants, utilisant comme armes le lierre, la vigne, les serpents et les fauves qui l’accompagnaient. Dans l’art antique, Dionysos est d’abord un dieu à la longue barbe, couronné de lierre et de vigne, tenant un vase à boire à deux anses verticales (le canthare) et vêtu d’une longue robe. Vers la fin du Ve siècle av. J.-C. apparaît un type juvénile, qui fait de Dionysos un adolescent imberbe. En Grèce le dieu est parfois figuré sous forme d’un simple masque accroché à un pilier. Ce type d’effigie précède le développement du théâtre. Les représentations dramatiques – comiques et tragiques – font partie des fêtes en l’honneur de Dionysos, qui se trouve ainsi souvent associé à l’image du théâtre. La transe, provoquée par la musique et la danse chez les bacchantes, l’ivresse due au vin chez les satyres, caractérisent le cortège du dieu. Dans l’imagerie romaine, c’est le triomphe de Bacchus qui domine sous forme d’un cortège où le dieu est conduit sur un char attelé de panthères ou de centaures. Qui est Thésée ? Thésée est le plus important des héros attiques. Selon certaines traditions, il est le fils d’Egée, roi d’Athènes, et d’Aetha ; selon d’autres il serait en fait le fils de Neptune. Il naquit en Argolide et ne devait regagner Athènes qu’une fois assez fort pour soulever le rocher sous lequel son père Egée, avait placé son épée. Devenu adulte, il eut à combattre de nombreux monstres dont le taureau de Marathon, puis mena l’expédition des jeunes Athéniens livrés en tribut au Minotaure. Avec l’aide d’Ariane, fille de Minos, Thésée parvint à tuer le monstre et, guidé par un fil, à sortir du labyrinthe. Sur le chemin du retour, Thésée fit escale sur l’île de Naxos où il abandonna Ariane endormie. Puis il vogua vers Athènes mais, contrairement à ce qui avait été convenu avec Egée, il oublia de 30 changer la couleur des voiles de son navire : Egée pensant que son fils avait échoué, se jeta à la mer qui depuis porte son nom. Thésée devint roi de l’Attique qu’il unifia. Il combattit les Amazones, épousa leur reine, Antiope qui lui donna un fils, Hippolyte. Puis à la mort de celle-ci, il épousa Phèdre que Vénus rendit amoureuse du jeune Hippolyte. Phèdre, éconduite par lui, le dénonça à son père qui le chassa. Hippolyte mourut dans un accident de char. La légende de Thésée, parfois proche de celle d’Hercule, comporte de nombreux autres épisodes. Sa fin est peu glorieuse car il semble avoir été chassé d’Athènes, pour se réfugier à Scyros, où il mourut, accidentellement ou assassiné. Thésée est surtout représenté dans l’épisode crétois, en particulier lorsqu’il tue le Minotaure. Qui sont les nymphes ? Les nymphes sont des divinités de la nature, parfois considérées comme les filles de Zeus, les nymphes habitent dans des grottes, dans les campagnes et les bois, chantant et filant la laine. Ces jeunes femmes personnifient la fécondité, la grâce et les esprits de la nature. Divinités secondaires, elles accompagnent le plus souvent les dieux et les déesses de premier plan, ou bien elles sont les servantes d’autres nymphes (Circé, Calypso). Certaines catégories de nymphes portent des noms spécifiques : les Dryades sont les nymphes des arbres ; les Oréades, celles des montagnes, les Naïades celles des eaux douces, en particulier des sources, des rivières et des lacs, les Néréides, celles de la mer. Leurs sanctuaires, ou nymphées, sont souvent associés à des grottes ou à des sources. Qui est Echo ? Dans la mythologie grecque, Echo est une nymphe des sources et des forêts du Mont Hélicon, et la personnification de l’écho acoustique. Elle fut élevée par les nymphes et instruite par les Muses. Elle était très bavarde et distrayait Héra pour favoriser les amours de Zeus. La déesse pour la punir, lui ôta la parole, l’obligeant à répéter ce que disait son interlocuteur. Elle tomba amoureuse de Narcisse, mais méprisée de lui, elle se réfugia dans une grotte où elle se laissa dépérir. Elle devint si maigre qu’elle finit par disparaître. Seule sa voix demeura. Ainsi naquit le phénomène de l’écho. Activités : Le labyrinthe fascine les hommes depuis des millénaires et continue de les interpeller pour de multiples raisons (long chemin initiatique, complexité de l’âme humaine, l’homme perdu dans l’univers, etc,). L’écrivain Jacques Attali a usé de cette métaphore pour décrire le monde moderne. Partagez-vous ce point de vue ? 31 Ariane, personnage féminin de la mythologie grecque, a depuis très longtemps intéressée et inspirée écrivains, poètes, peintres et musiciens 2. Ariane et la littérature On en trouve les premières traces littéraires chez le poète latin Catulle (87 av. J.-C. 54 av. J.-C.), dans son long poème intitulé Carmina ou Carmen LXIV, 50-70 ; LXIV, 132 – 201 ; LXIV, 323 – 381 ; LXIV, 382 – 381. On retrouve Ariane, dans les Métamorphoses VIII et l’Art d’aimer du poète latin Ovide (43 av. J.-C.-18 av. J.-C) et sous la plume de Plutarque (50-125) Les vies parallèles (Vie de Thésée). L’Athénien Philostrate (175-249) la mentionne dans Les Images. En 1672, Thomas Corneille, dans sa tragédie Ariane met en présence Ariane et sa sœur Phèdre que lui préférera Thésée. De nombreux poètes comme André Chénier dans son poème Bacchus (Bucoliques, 1785), José-Maria de Heredia (1842-1905) dans son poème Ariane (Les Trophées), Théodore de Banville (1823 – 1891) dans son poème Ariane, ou Goethe s’intéressèrent au personnage d’Ariane. Citons Goethe : "Si elle ouvre les yeux, elle va se réjouir sur ce qui vient compenser la perte qu'elle a faite, elle jouit de la présence divine, avant même d'avoir pris conscience de l'éloignement de l'infidèle. Comme tu seras heureuse, jeune fille comblée, lorsque, au dessus de cette côte rocheuse à l'aspect stérile, l'amant t'emmènera vers les collines cultivées, plantées de vignes où, entre les rangées de ceps, entourée de joyeux serviteurs, tu commenceras à jouir de la vie que tu ne finiras pas, mais dont tu jouiras dans le ciel omniprésent, en regardant vers nous du haut des étoiles, avec une éternelle bienveillance... " Plus près de nous, André Gide écrivit en 1946 un petit chef-d’œuvre intitulé : Thésée. Le triomphe de Bacchus et d’Ariane. Annibale Carrache 32 3. Ariane et les beaux-arts Dans l’art antique, on voit parfois Ariane donner une pelote de fil à Thésée. Le thème de l’abandon de Thésée se rencontre fréquemment : Ariane est endormie tandis que le héros s’éloigne. Une statue, connue depuis 1512 (copie du IIe siècle ap. J.-C., aujourd’hui au Vatican), représente très probablement Ariane endormie. D’innombrables vases attiques figurent Dionysos accompagné d’une femme qui est parfois nommée Ariane. Le thème de l’abandon a rarement été repris par les peintres modernes. C’est surtout la rencontre de Bacchus et d’Ariane qui a fait l’objet des très nombreuses représentations, à partir du Titien qui réalisa Bacchus et Ariane d’après les textes de Philostrate, Catulle et Ovide (1522-1523, Londres, National Gallery). « Un tableau qui justifierait qu’on se rende à Londres pieds nus » écrivait Henry James (lettre à John Lafarge, 1869). Titien signa également La Bacchanale à Andros (1523-1525, Madrid, Musée du Prado). Aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, les artistes s’enthousiasmèrent pour ce double sujet : 1. La rencontre de Bacchus et d’Ariane sortant de son long endormissement : Ce thème inspira aux artistes des compositions pleines de tendresse, de sensualité. Les deux amants souvent dénudés, sont placés dans des décors maritimes (sur des rochers avec la mer en toile de fond) ou dans une clairière. 2. Les Noces de Bacchus et d’Ariane Ce thème leur a permis de peindre de grandes fresques illustrant de joyeuses fêtes, souvent licencieuses, en célébration de l’amour, de la jeunesse et du vin. Ces grandes bacchanales se déroulent dans des décors forestiers verdoyants et propices aux amours des dieux et des hommes. Entre 1576 et 1578, Le Tintoret exécute une peinture allégorique Ariane, Vénus et Bacchus, pour célébrer la concorde et l’union dans la République de Venise. Ce tableau symbolise l’automne (couronne de pampres sur la tête de Bacchus) et l’élément Eau (Venise, Sala di Anticollegio, Palazzo Ducale). Tiziano Vecellio s’inspira également de ce thème en réalisant Bacchus et Ariane (1523-1524, Londres, National Gallery) ; Comme nous pouvons le voir, ci-contre, Reni s’inspirant des auteurs latins, réalisa une magnifique scène représentant Bacchus et Ariane (Los Angeles, The Los Angeles county Museum of Art). Le triomphe d’Ariane a été choisi par 33 Annibale Carrache comme thème central du plafond au palais Farnèse (1597-1600, Rome). Ce sujet ne laissa pas Rubens indifférent, qui réalisa Bacchanale et Ariane endormie (d’après Titien, 1628, Stockholm, Musée national). Le Nain a peint un Dionysos et Ariane (Orléans, Musée des Beaux-Arts). Gianantonio Pellegrini réalisa un Bacchus et Ariane (vers 1720, Paris, Musée du Louvre). Nicolas Bertin (1688 – 1736), Victor Honoré Janssens (1658 – 1736), Sebastiano Ricci ( 1659 – 1734), Giambattista Tiepolo, pour ne citer qu’eux, s’intéressèrent également à ce sujet. Nicolas Poussin réalisa Les Adriens, dit Grande Bacchanale à la joueuse de luth (Paris, Musée du Louvre). Le Musée du Louvre permet également d’admirer le groupe Bacchus consolant Ariane réalisé par le sculpteur d’Aimé Jules Dalou, vers 1892. Turner s’intéressa également à ce sujet en réalisant une huile sur toile Bacchus et Ariane, 1840 (Londres, Tate Gallery). Delacroix réalisa Bacchus revenant des Indes rencontrant Ariane abandonnée ou l’Automne (1856-1863) (Sao Paulo, Museu des artes). Ce thème d’Ariane abandonnée revient chez Delacroix dans une petite toile datée de 1850 : Ariane aux rochers contant ses injustices (Zurich, collection privée). Plus près de nous, Giorgio De Chirico a souvent utilisé l’Ariane endormie du Vatican dans ses compositions, en particulier pour La Statue silencieuse ou Ariane (1903, Düsseldorf, Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen). Picasso, Matisse, Andy Warhol, Hans Erni traitèrent également ce sujet très inspirant. Joseph Edward Southall Ariane à Naxos 1925 Huile sur toile 36 x 50 cm. Birmingham Art Gallery 34 4. Ariane et la musique Ariane est le titre de nombreuses pièces musicales (du XVème siècle à nos jours) basées sur la légende d’Ariane abandonnée par Thésée sur l’île de Naxos, qu’elle quitte finalement pour suivre le dieu Dionysos (Bacchus) qui l’emmène à Lemnos. La première composition remonte au XVème siècle avec Il Trionfo di Bacco e Arianna de Lorenzo de Medici. Viennent ensuite l’Arianna de Claudio Monteverdi, sur un livret d’Ottavio Rinuccini (1608), puis Bacchus et Ariane de Marin Marais (1696). Nicola Porpora a composé Arianna in Nasso, drame en trois actes sur un livret de Paolo-Antonio Rolli (1733). Haendel crée Arianna in Creta, drame musical en trois actes d’après un livret de Pietro Pariati (1734). Joseph Haydn écrivit la cantate Ariane à Naxos (1791). Jules Massenet s’inspirera également de ce thème pour créer son opéra Ariane d’après un poème de Catulle Mendès (1906). Paul Dukas composa sur un livret de Maeterlinck (1907), un conte en trois actes qu’il intitule Ariane et Barbe-Bleue. Darius Milhaud n’échappe pas à l’attrait d’un tel sujet et compose un opéra minute en cinq scènes intitulé L’Abandon d’Ariane (1928). Suivra en 1931, le ballet en deux actes Bacchus et Ariane d’Albert Roussel. Bohuslav Martinu n’échappa pas non plus à l’empire d’Ariane lorsqu’il compose Ariana (Le voyage de Thésée) en 1961. Le dernier en date, Epilogue d’Ariane et Thésée, un oratorio pour bande, ensemble instrumental, dispositifs informatiques et soprano, est dû au compositeur PierreAlain Jaffrennou (1984). TROUVEZ-EN D’AUTRES ! 35 Annexe 1 CD d’accompagnement : liste du contenu DECOUVRONS LES PERSONNAGES Le Prologue Piste 1. Piste 2. Piste 3. Piste 4. Piste 5. Piste 6. Piste 7. Le Compositeur Le Ténor Zerbinette La Prima Donna Le Maître à Danser Le Maître de Musique La Majordome L’opéra Piste 8. Piste 9. Piste 10. Piste 11. Piste 12. Piste 13. Les Nymphes Arlequin Ariane Les Bouffons Zerbinette Bacchus DECOUVRONS L’OPERA GRACE A 13 MOMENTS FORTS Le Prologue Piste 14. Piste 15. Piste 16. Piste 17. L’ouverture du prologue Discussion Le Compositeur et Zerbinette L’affolement avant le lever de rideau L’opéra Piste 18. Piste 19. Piste 20. Piste 21. Piste 22. Piste 23. Piste 24. Piste 25. Piste 26. L’ouverture de l’opéra Les Nymphes L’éveil d’Ariane Zerbinette s’entretient avec Ariane Zerbinette et Arlequin Zerbinette et les quatre bouffons Les Nymphes annoncent Bacchus Ariane et Bacchus Finale Tous ces extraits sont tirés de la version dirigée par Kurt Mazur à la tête du Gewandhausorchester Leipzig avec Edita Gruberova (Zerbinette), Jessy Norman (Ariane). Philipps, 2 CD (1990) 36 Annexe 2 Lettre d’Hugo von Hofmannsthal à Richard Strauss « Vous me demandez ce qu’il est de la métamorphose telle qu’Ariane en fait l’expérience entre les bras de Bacchus, car vous sentez qu’il s’agit là du nœud vital, non seulement pour Ariane et Bacchus, mais pour l’ensemble. Et vous pensez qu’un mot de moi devrait vous le faire comprendre plus intimement encore, mais je suis quant à moi d’avis que tout cela vous est déjà devenu très familier – c’est précisément pourquoi vous éprouvez de la peine à le comprendre rationnellement. Il en va ainsi de tous les secrets révélés de la vie, dont il ne nous est pas donné de nous rendre maîtres grâce à des mots, plus intimement qu’ils ne nous sont déjà intimes ; par les sons cependant ils se laissent conduire jusqu’à nos cœurs, et c’est précisément en quoi l’art poétique doit en appeler à la musique et ce par quoi leur union est pleinement légitimée autant que couronnée de succès. La métamorphose est la vie de la Vie, elle est à proprement parler le mystère de la Nature saisie dans son acte créateur ; tout ce qui persiste en soi-même s’engourdit et meurt. Qui veut vivre doit passer au-delà de soi-même et doit se métamorphoser : doit oublier. Pourtant : toute la dignité humaine est liée aussi à la persévérance de l’identique, au refus de l’oubli, à la fidélité. C’est là une des contradictions les plus insondables sur l’abîme duquel est bâtie l’idée de l’Etre, tel le temple oraculaire de Delphes dressé, sans le moindre dallage ou plancher, sur sa crevasse. On m’a fait remarquer que je n’ai pas cessé, toute ma vie durant, de m’étonner, penché sur l’éternel mystère de cette contradiction. Effectivement, voici qu’Ariane se dresse ici contre Zerbinette comme déjà le faisait Elektre contre Chrysothémis. Chrysothémis voulait vivre, et rien de plus ; or elle savait que qui veut vivre doit oublier. Elektre, elle, n’oublie pas. Comment les deux sœurs auraient-elles pu se comprendre ? Zerbinette est dans son élément quand elle papillonne d’un soupirant au prochain, tandis qu’Ariane ne pouvait être l’épouse que d’un seul homme, et ne peut être que celle qu’un homme laisse derrière lui. Elle arrache son vêtement : c’est le geste de celles qui veulent fuir le monde. « Ici chaque chose finit dans le tout », dit-elle (…). Ariane nourrit l’espoir et la folie de se donner à la mort ; alors « sa barque fait naufrage et s’enfonce vers d’autres mers ». C’est cela la métamorphose, prodige entre tous les prodiges, authentique mystère de l’Amour. (…) Mais dans une existence moins marquée par le Fatum, une force plus douce que celle de la mort viendra ouvrir ces abîmes : l’Amour est répandu tout au travers de l’Etre ; s’il lui est donné de se saisir, de toute sa puissance, d’une âme, celle-ci peut se délivrer jusqu’au tréfonds d’elle-même de tout ce qui l’engourdit : le monde lui est rendu, oui, le monde s’enchante de lui-même, devient tout à la fois En-deça et Audelà. Lorsque Ariane, devant son Soi métamorphosé, voit également métamorphoser en Palais de la Joie la grotte de ses douleurs, lorsqu’elle rencontre, dans les plis du manteau de Bacchus, le regard de sa mère posé sur ses yeux et que son île d’une prison devient un Elysée – de quoi prend-elle alors conscience, sinon qu’elle aime et vit ? Elle était morte, et la voici ramenée à la vie ; son âme en vérité s’est métamorphosée – bien sûr, c’est là la vérité d’un degré d’expérience initiée particulièrement haut, comment pourrait-ce être la vérité de Zerbinette et des siens ? Ces masques communs de la vie voient dans les événements vécus par Ariane ce qu’ils sont justement capables d’en comprendre : l’alternance des amants, un nouveau chassant l’ancien. Ainsi au finale les deux mondes auxquels ressortissent 37 ces âmes sont-ils unis de manière ironique, tout juste comme ils sont susceptibles d’être unis : dans l’incompréhension. Dois-je dire encore quelque chose de Bacchus ? Selon moi, il se pourrait qu’au beau milieu de votre travail vous vous posiez soudainement la question : qui est Bacchus ? Qui cache ce masque, dès lors qu’ici tout n’est que masques de la vie d’en-haut comme de celle d’en-bas ? Car vous le sentez bien, comme j’en prends conscience moi-même en écrivant ces lignes, je me situe ici tellement au-dessus, et si loin, de toute la mythologie, que de simples références mytho-anecdotiques ne parlent plus de moi. J’ai délié, dès la rive, les poutres de cet antique radeau et dois, si je ne veux sombrer, parvenir à mon but sur la crête des vagues elle-même. Bacchus est le contre-exemple du masque commun Arlequin, comme peut être Ariane vis-à-vis de Zerbinette. Arlequin est la nature, sans âme, qui ne tend vers aucun destin – quoiqu’un homme. Bacchus est, lui, un enfant, richement doté de destin. Arlequin est n’importe qui, Bacchus est unique, un Dieu sur la voie de sa déification. En Bacchus se condense l’unique chose digne d’amour, le principe angoissant de l’Amour : le destin. Tendre vers son propre accomplissement de destinée, à devenir le destin d’une autre, est la plus noble force vitale, elle n’est donnée qu’à des élus – qu’ils soient jeune garçon ou vieillard. Bacchus est presqu’un enfant, et pourtant un Dieu et plus qu’un. (…) Hier Bacchus était un enfant, sa première aventure était Circé qui n’est rien d’autre que la « Nature naturelle », une Zerbinette maléfique. Pour Arlequin tout ceci serait bien égal, il se serait agi d’une aventure galante, le premier maillon d’une longue chaîne : Don Juan lui-même a bien une première fois, reposé entre les bras d’une femme. Mais il s’agit de Bacchus – il voit qu’il est désiré, déjà il se sent circonvenu, mais il n’aime pas encore. Oui, ce n’est pas ici qu’il aimera, il le sait, et un frisson le fait reculer : car il ignore où il n’aimât jamais. Là où une nature sans comprendre s’abandonnerait, il lui est donné de résister : tout se dévoile à la pénétration vive, riche de l’idée du destin, de son pressentiment : métamorphose vers le haut, métamorphose vers le bas. Animal et Dieu se révèlent en lui, et la chaîne qui le lie – tout ceci en un éclair, dès lors il se dégage de l’éternité de Circé, mais pas sans emporter une blessure, un désir, un savoir inspiré. C’est ainsi que vous comprendrez le sens de son petit couplet glissant entre désir et crainte, et vous l’aurez ainsi compris en un clin d’œil. Pourtant y surnage quelque intuition d’un triomphe : les élus ont cette indicible, immesurable capacité d’anticipation ; ils seraient des insensés – s’ils n’avaient raison. Et maintenant, comment il doit le rencontrer, le trouver, cet être qu’il pourra aimer, dont il sera le destin-devenir et dans lequel il rencontrera lui-même son propre destin-devenir, remarquera sa place dans l’Existence – un être qui ne le reconnaît pas : mais précisément dans cette méconnaissance réside ce qui permet à cet autre de se donner entièrement à lui, de se confier à lui comme un être vivant et, en outre, de s’unir en lui, entièrement donné au-delà de soi-même, détaché de soi comme on ne peut l’être que pour la mort – voilà où j’ai besoin d’un artiste tel que vous, pour ne rien devoir dévoiler de plus avec des mots. Arrivé là, ou bien depuis longtemps votre main a jeté sa plume, ou bien vous avez senti s’épouser en vous les forces les plus profondes et les plus secrètes de la musique, et vous sous situez déjà désormais dans une région où les mots du texte vous sont devenus des hiéroglyphes – et vous composez l’imprononçable. (…) Traduction : Philippe Godefroid 38 Musée d’art et d’histoire Visites « le fil d’Ariane » dans les collections archéologiques, arts appliqués et beaux-arts. Dans le cadre du programme organisé par le Service pédagogique du Grand Théâtre autour d’Ariane à Naxos » de Richard Strauss, l’Accueil des Publics des Musées d’art et d’histoire propose un moment d’accueil au Musée d’art et d’histoire sous forme d’un parcours commenté interactif (durée 1 heure) et/ou de découverte individuelle, adapté à l’âge des élèves des degrés primaires, secondaires et post-obligatoire. La princesse crétoise Ariane, son amant Thésée, son frère le Minotaure, son divin Grand-Père Zeus, et Dionysos, le dieu qui en fit son épouse, sont présents sous différentes formes à découvrir dans les collections du Musée d'art et d'histoire, et la collection archéologique en particulier, autour d’épisodes essentiels de la Mythologie grecque qui n’a cessé d’inspirer les artistes occidentaux. Pour en savoir plus Accueil des Publics des Musées d’art et d’histoire Isabelle Burkhalter [email protected] + 41 22 418 25 05 Infos pratiques pour les écoles Où ? Musée d’art et d’histoire 2, rue Charles-Galland 1206 Genève - Suisse Tél. +41 (0) 22 418 26 00 Du mardi au dimanche de 10 heures à 18 heures Entrée gratuite Bus 1, 2, 6, 7, 8, 9, 20, 33, A, E, G - Trams 12, 16,17 Arrêt Rive De l’arrêt Rive, remonter le Boulevard Jaques-Dalcroze jusqu’au musée. Bus 36 Arrêt Saint Antoine Comment ? Sur réservation, au minimum15 jours avant la date choisie, auprès de : Accueil des Publics des Musées d’art et d’histoire Tél. + 41 (0) 22 418 25 00 (de 9h à 11h ou en laissant un message sur le répondeur) Fax + 41 (0) 22 418 25 01 e-mail : [email protected] 39 e f a es age pap r uv h n Re ie rcop so p e s a le n s le d z î u ' e l ap nt s ttr rna dan A o a e ch Sall e- d z- n t ar e r t ar e ) ’ -1 d ir s r( e u o on é ist s ie s r s é u f oi ué M d’h ée in èce s p riq r s e t e us C t l ab ! te et vase nt ! h le oc s zcl ro ou Re la n g 'enr ez u s ut sur qui o Ec ari m au e ch Sall de vi d’ t ar d’ ire ée to us is M d’h et éc h de iffr Fo co ez ye m le éd s n r, 1er éta le ie q om ge di ue s eu d de du ési cé th gne lèb éâ r tre son es a ! m ute ar ur i, s D t ar e r Plier à nouveau les quatre coins vers l’extérieur Pr em Sa ier ét G age rè ( ce 2) 3 lle Plier les quatre coins vers l’extérieur et tourner la feuille Sa Re lu z e de Il z l -c e ha e st co Sa uss ll ée p co up e rc uch le A e Cr infé hé é èc ri su sur rian e eur (-1 ru u ee ) n n t ha din Di ut os on p ie , va ysos d. se ! Couper au niveau trait-tillé 2 i s ! ée to se rie c us is ) M d’h rie (1 zers ave isse et Gale lle Zi nce e tap ère ? a n Sa iss u d-p na sur an on ts gr s c en on ite ar t s Fa ds-p ù es an O gr CACHE 1 E E H E C S A U C M d’ rt ’a re 1) d n e toi ur (é so s us ’his nférie te nse i i e M d 'ag a ée èc qu aux et ss Cr Musée d’art et d’histoire, Genève E H C A C i u ée to td us is an M d’h uv ! et i b ie ar agn e ? r m p ni tu om ag fu c p n te m so an co z al le ne en g uel Q nd ra âtre G é Th re N rp e n M et usé zA d’ e de m dm hi d’ -c ha os ir sto ar us aï ez S a l sé qu l' ir e t e l e i e i m n R so e om fé t a e r ie u pr déc gina r( em hi ir -1 ) ie ffr e p r a ez or m le tra ou n it r ! om de de Re u i it Q na e n n co ria A rt ac ? a ) re d’ re (-1 i frè ée to érieur n re so ho us is f M d’h e in ce sant amp è é ss Gr o e et u pp un ! ha lle -c Sa t o r es de ba su ir zm x no Re co reu es le ou ur ez am à fig itr n rb o A et s Pl Su CACHE e e uv c Natalia Hickmann et Isabelle Burkhalter MUSEE Etapes de fabrication du coin-coin 4 Plier jusqu’au carré Qui connaît Ariane ? Lis les aventures d'Ariane puis plie ton cache-cache musée et pars à la recherche de ces amis et de sa famille dans le Musée d'art et d'histoire. Ariane est une princesse qui aide un héros à tuer un monstre. Elle s'enfuit ensuite avec lui mais il l'abandonne sur une île. Elle y rencontre alors un dieu qui s'éprend d'elle et l'épouse. Ainsi résumée, l'histoire d'Ariane a l'air simple et banale. En fait, elle est pleine de péripéties et 1 d'aventures qui commencent déjà au temps La princesse et le taureau ou l'enlède ses grands-parents. Mais reprenons tout vement d'Europe depuis le début … Il était une fois une jeune et belle princesse appelée Europe qui se promenait au bord de la rivière avec ses suivantes. Soudain apparaît un magnifique taureau blanc à l'air très doux. A force de cabrioles, le bel animal amène la jeune fille à grimper sur son dos. Il l'enlève alors sans qu'elle ne puisse rien faire. Sous l'apparence du taureau se cachait Zeus, le roi des dieux, transformé pour séduire la belle. Europe donne naissance à trois enfants, dont l'un Minos devient roi de Crète. Il a donné son nom à la civilisation minoenne présente dans cette île il y a plus de 4000 ans. A son tour, Minos a des enfants dont une fille aussi jolie que maligne, Ariane. 3 2 La reine et le taureau ou le Minotaure Le roi Minos avait fâché son oncle Poséidon, le dieu de la mer, en refusant de lui sacrifier un taureau. Pour se venger, Poséidon rend la femme de Minos, amoureuse de l'animal. De cet amour naît un fils avec un corps humain et une tête de taureau, le Minotaure. Ce monstre est toujours affamé et très dangereux. Minos le fait donc enfermer au milieu d'un labyrinthe dont il était impossible de ressortir. Autant dire qu'avec ce frère-là, la petite Ariane n'a jamais pu jouer ! Il l'aurait dévorée toute crue. La princesse et le héros ou le fil d'Ariane Les Athéniens, pour réparer un tort qu'ils avaient fait à Minos, envoyaient régulièrement à manger pour le monstre. Un terrible menu puisqu'il dévorait sept jeunes gens et sept jeunes filles ! Mais un jour, un jeune Athénien nommé Thésée décide de mettre fin à cette boucherie. Il part pour la Crète parmi ceux qui devaient être mangés. La princesse Ariane le remarque à son arrivée et décide de l'aider à échapper au Minotaure. Elle lui remet une pelote de fils en lui recommandant de la dérouler au fur et à mesure de son avancée dans le labyrinthe. Ainsi, le jeune homme va tuer le monstre et retrouve facilement le chemin de la sortie. 4 La princesse et le dieu ou Ariane à Naxos Thésée quitte la Crète en emmenant Ariane avec lui. Mais la jeune fille qui par amour avait quitté son île et sa famille se retrouve vite toute seule. En effet, Thésée profite de son sommeil pour l'abandonner lâchement dans l'île de Naxos. Heureusement, c'est là que vit Dionysos, dieu de la vigne et du théâtre. Il surprend Ariane endormie et en tombe immédiatement amoureux. Il l'épouse et c'est ainsi que la petite princesse crétoise vit désormais auprès des dieux. Les épisodes et motifs mythologiques en lien avec Ariane dans les collections du Musée d’art et d’histoire Sujet Thésée No inv. 28000 voir Cache-Cache Musée Europe enlevée par Zeus-Taureau 6098 voir Thésée contre les Amazones Coupe 20152 Thésée et le Minotaure Amphore MF 152 Cache-Cache Musée Lien Portrait imaginaire du premier amour d’Ariane On peut y lire le nom du héros. Les grands-parents d'Ariane. La tapisserie est l’activité par excellence de la jeune fille et de la femme grecque. Ariane donne son fil à Thésée pour sortir du Labyrinthe Un des exploits de Thésée après l’abandon d’Ariane. (on ne le voit pas bien !) Le monstre fameux est le frère d’Ariane. Type d'objet Mosaïque Lieu Salle des antiquités romaines Niveau -1 Tapisserie / Zizers Salles historiques Zizers , 306. Niveau 1 Vase attique figures rouges Salle des antiquités grecques Niveau -1 Vase attique à figures noires Le couple sur un lit de banquet 1) Vases attiques à figures noires Salle des antiquités grecques Niveau -1 Salle des antiquités grecques Niveau -1 Cache-Cache Musée Dionysos et Ariane 1) Olpé 20608 2) Dinos HR 2002-08 voir 2) Vases italiotes Cache-Cache Musée Taureau attaqué par 2 lions 15053 Dionysos Amphore MF 236 Crat. à volutes 15036 Amphore I 4 23436 Sarcophage minoen Zeus Voir surtout Amphore Un taureau monstrueux à rapprocher du Minotaure Découvre Ariane à Naxos et tombe amoureux d'elle Cratère à colonnettes attique / Grèce Salle des antiquités grecques Niveau -1 Statue /Rome, Salle des Vases /Grèce antiquités Peinture du grecques et plafond du foyer romaines du Grand Théâtre Niveau -1 eau, monde marin, Sarcophage de Salle des pieuvres évocation terre cuite en antiquités du nom « minoen » forme de grecques qui vient de Minos. baignoire Niveau -1 Barbe longue et Présent sur Salle des foudre en main, céramiques et du Musée antiquités Ariane dans les collections d’art et d’histoire Accueil des Publics des Musées d’art et d’histoire assis sur un trône, il statuettes grecques et Février 2007 « accouche » romaines d’Athéna qui sort armée de sa tête Amphore MF 154 Hermès Poséidon foudre en main, assis sur un trône, il « accouche » d’Athéna qui sort armée de sa tête Grand-père d’Ariane et père de Dionysos Messager des dieux, Ariane croit le voir arriver En compagnie d’Apollon, il assiste à la naissance d’Athéna sortant de la tête de Zeus. céramiques et statuettes antiquités grecques et romaines Niveau -1 Présent sur céramiques et statuettes Salle des antiquités grecques et romaines Niveau -1 Vase attique à fig. Salle des noires / Grèce antiquités grecques Niveau -1 Nymphe Statue 8947 Statue Nymphe 1990-31 Le Mettay, vers 1750, Tableau / Beaux-Arts Salle des antiquités grecques Niveau -1 Beaux-Arts, Salle 405 Niveau 2 Vénus, Bacchus et les trois grâces 1840-1 Coypel, mi 18e, Tableau / BeauxArts Beaux-Arts, Salle 405 Niveau 2 Avant d’aimer Ariane, Dionysos a eu une aventure avec la déesse de la beauté Ariane dans les collections du Musée d’art et d’histoire Accueil des Publics des Musées d’art et d’histoire Février 2007 Labyrinthe Formes de types labyrinthiques sur vases de l'époque géométrique Vases géométriques Armes Evocation de l'arme utilisée par Thésée Vitrine Armes Amours Petits personnages ailés. Symboles de l'amour de Dionysos pour Ariane Evocation liée à Dionysos dieu du théâtre, masques de Silène et Pan Nombreux dans les collections du musée Masques de théâtre Sculpture n.4, Vitrine 8 Oscillum C 1072 Sculptures à mettre en lien avec la peinture du plafond du foyer du Grand Théâtre Salle des antiquités grecques et romaines Niveau -1 Salle des antiquités grecques Niveau -1 Salle des antiquités romaine Niveau -1 Où trouver ces objets dans le Musée d’art et d’histoire La présentation de la collection est organisée sur cinq niveaux, de manière thématique et chronologique. Plan des différents niveaux : Niveau inférieur, niveau -2 (000) : Archéologie : Côté Bd. Helvétique: Collections préhistorique et gallo-romaine Côté Bd J.-Dalcroze : Salle de conférences Niveau rez inférieur, niveau -1 (100) : Archéologie: 110 : Restaurant et librairie 111 : Egypte 112 : Kerma 113 : Grèce 114 : Italie avant Rome-Etrurie 115 : Rome 121 : Lapidaire médiéval 123 : Lapidaire gallo-romain Ariane dans les collections du Musée d’art et d’histoire Accueil des Publics des Musées d’art et d’histoire Février 2007 Niveau rez-de-chaussée, niveau 0 (200 ): Expositions temporaires et Arts appliqués 201,202, 215, 216 et 218 : Expositions temporaires 204 : Salle des Armures 205 : Salle du château de Zizers 206 et 209 : Collection de Mobilier 210 : Salle du Conseil d’Etat 211-212 : Moyen âge 207 : Icônes 208 et 214: Collection Byzantine Niveau galerie, niveau 1 (300) : Arts appliqués et chambres historiques 300 : Instruments de musique 301 : Argenterie 302 : Etains 303 à 306 : Chambres du château de Zizers 308 : pas d’exposition Niveau supérieur, niveau 2 (400) : Beaux-Arts 401 : XXe siècle 402 : Konrad Witz 403 : Ecole italienne 404 : Liotard 405 : Ecole française 406 : Fondation Baszanger 407 : Ecole anglaise 408 : Saint-Ours et l’âge néo-classique 409 : Diday et Calame 410 : Corot 411 : Impressionnistes 412 : Hodler 413 : Valotton 414-415 : XXe siècle Ariane dans les collections du Musée d’art et d’histoire Accueil des Publics des Musées d’art et d’histoire Février 2007