danses. Ariane n’y réagit pas. Zerbinette essaie de la convaincre de prendre un nouveau compagnon.
Ariane, silencieuse, se retire dans sa grotte.
On annonce l’arrivée de Bacchus, qui vient d’échapper aux enchantements de la magicienne Circé.
Ariane croit d’abord au retour de Thésée, ensuite à l’arrivée d’Hermès, venu l’emporter dans le
royaume des morts.
Bacchus, de son côté, se croit à nouveau victime de sortilèges. Mais bientôt, Ariane et Bacchus
découvrent leur amour et s’élèvent vers la félicité éternelle.
La partition
« Noble ou trivial ? Grave ou léger ? Si le réel ne se prive pas de faire coexister les « genres
», l'opéra, lui, a souvent séparé le « sérieux » de la « vis comica Or, voici que nous nous
sommes laissés séduire par les faux-semblants de l'esthétique baroque. Le sujet ? Tout
entier dans cette tension qui oppose le sublime - incarné par la figure d'Ariane - à l'art des
saltimbanques italiens tenu pour dédaignable. Tantôt, c'est une déesse qui pleure notre
condition, tantôt c'est la très humaine Zerbinette qui en rit. D'un côté, Scaramouche,
Arlequin... De l'autre, l'art majuscule, et son ambition philosophique.
Autant de partages des rôles qui ne vont pas sans surprises. » Texte de Richard Strauss
cité par Antoine Goléa.
Ariane à Naxos a connu de nombreux avatars. Une première version, créée à Stuttgart, s’incorpore à
la représentation du Bourgeois gentilhomme de Molière.
Elle remplaçait la cérémonie turque prévue par Lully.
La seconde version, celle qui nous concerne, est une version entièrement lyrique.
Une troisième version pour grand orchestre est la plus jouée en Allemagne.
Enfin une version dite « mozartienne » ; c’est celle présentée à Toulon dans la mise en scène de
Mireille Laroche
La référence à Molière a complètement disparu. À la place, Hugo von Hofmannsthal crée un prologue
placé dans un palais viennois du XVIIIe siècle, permettant une description critique du système social
de l’époque.
La deuxième partie d’Ariane à Naxos est tout à la fois un opéra à numéro et un pastiche de l’opéra
seria.
La succession des scènes y est déterminée par une structure musicale.
Dans le prologue, par contre, le théâtre domine, avec un échange de répliques rapides, dans un style
récitatif très nerveux avec des échappatoires vers des arioso plus lyriques.
Après les orgies sonores d’Elektra et de Salomé, Strauss tisse, dans Ariane à Naxos, un tapis
orchestral au dessin transparent et aux couleurs envoûtantes.
Discographie
Sept versions sous notre regard critique (pour avoir la discographie complète, cliquez ici) et,
contrairement à la légende qui veut qu’une version ne soit de référence que si l’enregistrement a été
réalisé au temps de la télévision en noir et blanc, deux versions récentes font notre bonheur.
Deux autres appartiennent aux temps légendaires du team Walter Legge chez EMI et du Festival de
Salzbourg. Karajan (référence Médiathèque : ES7711) possède un plateau vocal de rêve dont le
premier miracle est la capacité de ses fortes personnalités (Streich ! Schwarzkopf ! ! Seefried ! ! !) à se
fondre dans une équipe. Bœhm, dans l’enregistrement public issu des archives de la radio
autrichienne (ES7719), nous comble par sa vivacité; ajoutez à cela des chanteurs déchaînés tels que
Della Casa, Schock, Neugebauer, Seefried, Güden, et vous aurez un plaisir sans nom, à condition de
supporter un son étriqué.