VOL PARABOLIQUE ET MICROPESANTEUR
Si le vide est facile à obtenir sur Terre, l’impesanteur – plus
exactement la micropesanteur2 – est un état difficile à
reproduire. Difficile, mais pas impossible.
Le vol parabolique, effectué à bord d’un avion spécialement
aménagé, permet d’obtenir une chute libre à trajectoire
parabolique.
Le principe du vol parabolique
Lors de la 1
ère phase de vol, l’avion évolue à l’horizontale. Le
pilote prépare sa parabole en augmentant progressivement sa
vitesse jusqu’à environ 810 km/h, vitesse maximale autorisée
pour ce type d’appareil. Puis il cabre progressivement l’appareil
pour atteindre un angle de 47°. Il s’instaure, pendant cette
manœuvre, une forte pesanteur : les passagers pèsent 1,8 fois
leur poids sur Terre.
Alors que l’avion est en pleine ascension, le pilote réduit
significativement le régime des moteurs. L’appareil tel un
projectile décrit alors une parabole. Ses passagers et sa
cargaison sont alors en chute libre dans des conditions proches
de l’impesanteur.
20 s plus tard, le retour à la pesanteur est rapide. Lorsque
l’avion atteint une inclinaison de 45° vers le bas, le mécanicien
augmente cette fois le régime des moteurs pour redonner de la
vitesse à l’appareil et permettre au pilote de le redresser
progressivement. Les passagers pèsent une nouvelle fois 1,8 fois
leur poids pendant 20 s, en descente cette fois, avant un retour
à l’horizontale et l’attente d’une nouvelle parabole 2 min plus
tard.
Ces manœuvres sont répétées 31 fois lors de chaque vol.
Un champ d’investigation étendu
L’intérêt des vols paraboliques s’étend à de nombreux domaines
tant en sciences physiques qu’en sciences de la vie. La
mécanique des fluides, la biologie, la physiologie humaine, la
combustion et la physique fondamentale comptent parmi les
disciplines les plus étudiées.
Les limites des vols paraboliques
Les conditions d’accès à l’impesanteur lors de vols paraboliques
sont, par rapport aux vols spatiaux, limitées en qualité et en
durée. L’impesanteur recréée lors de ces vols est ainsi de 0,05g,
alors qu’elle est de 10-6g dans une capsule spatiale automatique.
Cette valeur reste cependant suffisante pour l’étude de
nombreux phénomènes.
i2S VISION Mag no10 www.i2s-vision.fr
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D
epuis plusieurs années, les
établissements scolaires sont
invités à concevoir et réaliser des
expériences qui sont mises en œuvre
dans des conditions proches de
l’impesanteur1, lors d'une campagne de
vols à bord de l’airbus A300-0G.
Différence entre poids et masse, étude
des oscillations d'une masse, étude du
comportement d'une émulsion… sont
autant de projets développés par des
groupes de jeunes passionnés pour
comprendre le phénomène et les effets de
l'impesanteur.
L’objectif de cette initiative est également
de les sensibiliser à la science et à
l’organisation d’un projet spatial.
Dès la rentrée scolaire de septembre, le
CNES lance un appel à projets permettant
de sélectionner trois groupes d'une
quinzaine d'élèves de collège ou de lycée.
Les expériences sont alors mises en
œuvre au cours d’une campagne de vols
paraboliques du printemps suivant.
Parmi les trois groupes retenus en 2004
par le CNES, figure un groupe de 18
élèves de seconde du Lycée Montesquieu
de Bordeaux - suivant l’option MPI
(Mesures, Physique et Informatique) -
sélectionné pour une série d’expériences
(cf. image 1) sur la chute des corps, les
mouvements sur un plan incliné, les
mouvements de pendule et le
comportement de liquides non miscibles.
Le projet
L’idée du projet est de marcher dans les
traces de scientifiques illustres tels que
Galilée, Newton et bien d’autres, mais en
explorant un nouveau champ
d’investigation, la micropesanteur.
Il semble que Galilée ait beaucoup
expérimenté pour découvrir les lois de la
chute des corps. Il opérait de façon
méthodique en faisant varier de
nombreux paramètres pour recueillir des
données multiples qui étaient ensuite
rassemblées. L’expérience et la mesure
jouent un double rôle, celui de la
découverte et celui de la confirmation
d’une théorie. L’étude des mouvements
sur plan incliné ou des mouvements de
pendule lui permettaient de vérifier les
lois établies avec la chute libre.
Dans un autre domaine, Marie Curie
imagina une expérience avec des liquides
non miscibles qui utilisait les théories
précédemment établies.
«On a compensé le poids de l’huile par la
poussée d’Archimède. En d’autres termes,
on a supprimé la Terre.
Ce qui
montre
que la
forme
d’équilibre
d’un
liquide
abandonné
à lui-même est une sphère. Et c’est ainsi
que la terre est ronde…»
Avec cette idée de supprimer "l’effet de la
terre", le projet présenté par notre équipe
de jeunes scientifiques consiste à
effectuer une série d’expériences qui
permettront de vérifier des lois déjà
connues mais dans des conditions que
nos célèbres physiciens, cités
précédemment, n’ont pu étudier : la
micropesanteur.
Encadré par leur professeur de physique
Eric Couture, notre groupe d’élèves
(Suite page 3)
Expériences en micropesanteur à bord de l’airbus A300-Zéro G.
Un système d’enregistrement filme plusieurs expériences réalisées en micropesanteur
pendant un vol parabolique.
(1) au terme apesanteur, utilisé dans le langage courant, on préfère aujourd’hui celui d’impesanteur
(2) appelée aussi microgravité
Image 1 : Les bancs d’expérimentation à bord de
l’A300-0G
Image 2 : Eric découvre les premières sensations
de la micropesanteur !