C’est faire comme ceux avec qui l’on se trouve, et non crier comme l’âne.
Ce verbe s’appliquait autrefois à n’importe quel animal, et l’homme ne
faisait pas exception, ce qui n’était guère atteur. C’est au e siècle
que le privilège de braire fut réservé à l’âne. Mais si nous ne brayons
plus, nous pouvons toujours brailler , et ce n’est toujours pas atteur. Ne
dit-on pas brailler comme un âne? Il nous arrive aussi d’ânonner , ce qui,
pour être moins sonore, ne nous range pas moins au rang de l’ignorant.
C’est une comparaison dont l’âne pourrait à bon droit s’o usquer, car
lorsque sa compagne l’ânesse ânonne, elle aussi, il ne peut que se réjouir
de lui voir donner ainsi le jour à son petit.
En ces temps anciens où l’animal était doté d’une parole plus riche
qu’aujourd’hui, l’âne pouvait également recaner ou recaigner , c’est-à-
dire crier en montrant les dents, ce que l’homme continue de faire
lorsqu’il ricane . Selon les régions, ce brave animal (l’âne, pas l’homme)
pouvait également carnonner ou carnucher , ou bien encore hinhanquer ,
hihanquer , hihaner . Quoi qu’il en soit, l’interruption de son cri s’expri-
mait alors par le verbe onquer , qui aurait pu voguer en d’autres lieux
pour s’appliquer au phoque ou à l’otarie («honk, honk!», dit l’otarie à
Gaston, ga eur bien connu des éditeurs et des lecteurs). Mais ce serait
sauter du coq à l’âne, et nous n’en sommes pas encore là.
Braire
avec les ânes
4