Un tel succès n'est pas sans rencontrer des résistances. Pour l'édition du magazine Le Point, Sophie
Coignard a rencontré Salman Khan. Elle a aussi interviewé des savants et des intellectuels très
sceptiques concernant cette prétendue révolution. Denis Kambouchner, auteur de nombreux livres
sur l'école, va encore plus loin : "L'ambition de Salman Khan est manifestement immense : il veut
faire de la Khan Academy le Google, le Wikipédia ou le Facebook de l'éducation. Elle porte toutes les
couleurs de l'humanisme. Mais ce système présuppose chez ses destinataires une grande volonté
d'apprendre. Si cette volonté n'est pas là, que fait-on ? De plus, ce système est naturellement pensé
en premier lieu pour les apprentissages scientifiques. Les humanités sont réduites ici à la portion
congrue, et je frémis à l'idée que la philosophie, par exemple, soit enseignée ainsi."
De fait, la Khan Academy propose surtout des cours de maths. Surtout, elle repose sur deux principes
qui font grincer des dents nos professeurs. D'abord, l'idée qu'un cerveau ne peut soutenir l'attention
que 15 minutes au maximum ; puis, l'idée d'une éducation "inversée" : celle où la leçon est reçue à la
maison, et les devoirs, qui la mettent en pratique, faits en classe. Le maître n'est plus qu'un
répétiteur. Son rôle n'est plus de délivrer le savoir, mais de s'assurer de son assimilation. Une
révolution en effet. Difficile à ignorer, mais dont les conséquences n'ont pas fini de faire couler
l'encre.
Capture d'écran du cours Introduction aux nombres imaginaires
Un tel succès n'est pas sans rencontrer des résistances. Pour l'édition du magazine Le Point, Sophie
Coignard a rencontré Salman Khan. Elle a aussi interviewé des savants et des intellectuels très
sceptiques concernant cette prétendue révolution. Denis Kambouchner, auteur de nombreux livres
sur l'école, va encore plus loin : "L'ambition de Salman Khan est manifestement immense : il veut
faire de la Khan Academy le Google, le Wikipédia ou le Facebook de l'éducation. Elle porte toutes
les couleurs de l'humanisme. Mais ce système présuppose chez ses destinataires une grande volonté
d'apprendre. Si cette volonté n'est pas là, que fait-on ? De plus, ce système est naturellement pensé
en premier lieu pour les apprentissages scientifiques. Les humanités sont réduites ici à la portion
congrue, et je frémis à l'idée que la philosophie, par exemple, soit enseignée ainsi."
De fait, la Khan Academy propose surtout des cours de maths. Surtout, elle repose sur deux principes
qui font grincer des dents nos professeurs. D'abord, l'idée qu'un cerveau ne peut soutenir l'attention
que 15 minutes au maximum ; puis, l'idée d'une éducation "inversée" : celle où la leçon est reçue à la
maison, et les devoirs, qui la mettent en pratique, faits en classe. Le maître n'est plus qu'un