Egypte Polynésie française

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CIP 2015-2019
2014-2016
Egypte française
Polynésie
CADRE D’INTERVENTION OUTRE-MER
PAYS 2014-2016
2015-2019
ÉLÉMENTS DÉTERMINANTS POUR LA STRATÉGIE DE L’AFD EN POLYNÉSIE FRANÇAISE
1.1. 1.1.1.
1.1.2. 1.2. 1.2.1. 1.2.2. 1.3. 1.3.1. 1.3.2. 1.3.3. 1.3.4. 1.4. 1.4.1. 1.4.2. Des handicaps structurels contrebalancés par des potentiels à exploiter
Un territoire insulaire dispersé, peu peuplé, éloigné et isolé
Un potentiel géostratégique, économique et naturel sous-exploité
Un territoire autonome mais dépendant financièrement de l’Hexagone
Une autonomie politique
Une forte dépendance aux transferts de l’État
Un modèle économique en trompe-l’œil
Les « 30 glorieuses » polynésiennes
L’échec post-CEP
Une structure économique peu ouverte à la concurrence
Pauvreté et inégalités en croissance
L’Union européenne : un bailleur peu présent du fait du statut du Pays et de son faible
tropisme régional
Le Fonds européen de développement
Les autres ressources européennes
2
3
3
4
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5
5
6
6
6
7
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8
8
2
BILAN DES ACTIVITÉS PASSÉES9
2.1. 2.2. 2.2.1. 2.2.2. 2.2.3. 2.2.4. 3
STRATÉGIE D’INTERVENTION DE L’AFD EN POLYNÉSIE FRANÇAISE14
3.1. 3.1.1. 3.1.2. 3.1.3. 3.2. 3.2.1. 3.2.2. 3.2.3. 3.2.4. 3.2.5. 3.2.6. Le contexte politique
Un bilan en demi-teinte pour la période 2009-2014
Le financement du secteur public en évolution
Une réponse partielle aux besoins de financement du secteur privé
Une activité d’appui/conseil et de production de connaissances dynamique
Des secteurs d’activité prioritaires mais structurellement en difficulté
Des finalités tournées vers la recherche d’un modèle de développement équilibré
et la valorisation des ressources naturelles
La lutte contre les inégalités économiques et sociales
L’émergence d’un nouveau modèle de développement polynésien
La préservation du patrimoine naturel polynésien
Une application des finalités s’appuyant sur les acteurs existants et les secteurs en devenir
Nourrir la réflexion sur les secteurs contribuant à la cohésion sociale, au dynamisme économique
et à la préservation de la biodiversité
Poursuivre l’appui aux communes (et intercommunalités) dans l’exercice de leurs compétences
Appuyer le Pays et ses satellites dans la mise en place de projets structurants
Favoriser la création d’entreprises et renforcer leur compétitivité
Stimuler l’innovation entrepreneuriale et les filières à forte valeur ajoutée
(en particulier d’exportations)
Développer des activités de substitution aux importations
10
11
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16
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17
17
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19
20
21
ANNEXE 1 – LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES
22
Figure 1 : Schéma logique d’intervention de l’AFD
15
Sommaire
1
Éléments déterminants
pour la stratégie de l’AFD
en Polynésie française
2
CIP 2015-2019
1
1
Éléments déterminants pour la stratégie de l’AFD en Nouvelle-Calédonie
Éléments déterminants
pour la stratégie de l’AFD
en Polynésie française
Située à plus de 17 000 km de sa métropole, au milieu de
l’océan Pacifique, la Polynésie française est une collectivité
d’outre-mer régie par l’article 74 de la Constitution
française et par la loi organique n° 2004-192 du 27 février
2004 portant statut d’autonomie.
L’économie polynésienne est en crise depuis plusieurs
années – le produit intérieur brut (PIB) réel par habitant
1.1.
aurait perdu 11 % de sa valeur depuis 2007 – qui a perduré sur fond d’instabilité politique. Pour renouer avec
la croissance, la Polynésie française devra inventer un
nouveau système économique dans lequel l’innovation,
la valorisation du patrimoine naturel, le développement
de filières génératrices de valeur ajoutée et tournées vers
l’international, et l’exploitation des ressources propres au
territoire joueront un rôle essentiel.
Des handicaps structurels contrebalancés par des potentiels à exploiter
1.1.1. Un territoire insulaire dispersé, peu peuplé, éloigné et isolé
Le territoire polynésien est composé de cinq archipels de
121 îles dont 67 habitées. Il est vaste comme l’Europe et
peu peuplé – moins de 300 000 habitants, soit l’équivalent
de la population corse mais sur une surface émergée deux
fois plus réduite – ce qui le prive d’économies d’échelle
pour son marché intérieur.
À ce caractère archipélagique du territoire s’ajoute un
handicap structurel d’éloignement des grands marchés.
Les Iles-du-Vent – dont Tahiti –, où habitent les deux tiers
de la population, constituent la région du monde la plus
isolée car la plus éloignée d’un continent : environ 6 000 km
séparent Papeete de l’Australie et des États-Unis.
Autre frein : l’éloignement avec l’Hexagone renchérit les
échanges naturels liés au tropisme métropolitain de tout
territoire ultramarin. En conséquence, les prix sont 26 %
plus élevés en Polynésie française que dans l’Hexagone1.
Cet écart est bien supérieur à ce qui est constaté dans les
départements d’outre-mer (DOM) et équivalent à celui
calculé en Nouvelle-Calédonie.
1. Comptes économiques de l’outre-mer (Cerom), comparaison des prix entre la Polynésie française et la France métropolitaine en
mars 2010.
Polynésie française
3
1
1.1.2. Un potentiel géostratégique, économique
et naturel sous-exploité
La géographie de la Polynésie française dispose également
de richesses indéniables. D’une superficie de 5,5 millions
de km², elle représente environ la moitié de la zone
économique exclusive (ZEE) française2. Son implantation
la positionne comme un territoire à valeur géostratégique.
En outre, la Polynésie française bénéficie d’une forte
image de marque en tant que destination touristique
auprès d’un marché diversifié : américain, asiatique,
européen et océanien. Cette appréciation repose sur la
qualité des paysages, la culture locale et le sens de l’accueil.
L’artisanat, qui occupe près de 10 % de la population
en âge de travailler et qui contribue au maintien des
populations dans les archipels, participe de cet attrait.
Secteur à haute intensité de main d’œuvre, le tourisme
constitue un potentiel économique important pour la
Polynésie française.
Par ailleurs, le patrimoine naturel polynésien est exceptionnel. La région constitue l’un des 34 « hotspots3 »
de biodiversité de la planète. Les taux d’endémisme de
la flore et la faune terrestres comptent parmi les plus
élevés du monde. Le milieu marin comprend 12 800 km
de récifs et de lagons. Il représente 20 % des atolls de
la planète. Cette biodiversité est néanmoins menacée,
notamment par l’absence de dispositifs d’assainissement
sur l’ensemble du territoire4 et, sans doute dans le futur,
par l’élévation du niveau de la mer liée au changement
climatique, plaçant en situation de fragilité les atolls
de faible altitude (4 m au plus haut dans l’archipel des
Tuamotu-Gambier).
Les ressources liées au milieu naturel que sont la pêche,
la perliculture et, dans une moindre mesure, la vanille
représentent une source de valeur ajoutée et d’emplois
non négligeables pour le Pays. Les perles brutes constituent
ainsi en 2013 plus de la moitié des exportations totales en
valeur5 tandis que la pêche (palangrière, côtière, lagonaire
ou aquaculture), presque intégralement consommée
localement, occupe une frange importante de la population,
notamment dans les îles. La perle et la vanille, en raison
de leurs qualités intrinsèques, ont par ailleurs un avantage
comparatif certain par rapport aux productions d’autres
parties du monde.
Enfin, le territoire profite d’un réseau d’infrastructures
développé : un aéroport international (Faa’a), 54 aérodromes
dans les archipels, un port autonome (Papeete). Les
moyens de transport aérien et maritime sont importants :
deux compagnies aériennes long courrier (Air France
et Air Tahiti Nui, dont près de 85 % des actions sont
détenues par la collectivité), quatre compagnies aériennes
régionales desservant Tahiti (Air New Zealand, LAN,
Hawaian Arlines et Aircalin), une compagnie aérienne
locale (Air Tahiti) distribuant 46 destinations, des
compagnies de fret. Le réseau des technologies de
l’information et de la communication, Internet et mobile,
est lui aussi relativement bien développé sur Tahiti
principalement, avec la création récente de nouveaux
opérateurs privés dans les secteurs de la téléphonie
mobile et de la fourniture d’accès Internet.
2. La France possède la seconde plus grande zone économique exclusive (ZEE) du monde juste derrière celle des États-Unis. Sans
l’apport polynésien, la ZEE française se situerait au 6e rang mondial.
3. Notion définie à l’origine par Conservation International, une ONG de protection de la nature en 1989. Ces « hotspots » se basent
principalement sur deux notions : l’endémisme et le degré de menace qui pèse sur les espèces
(source : www.developpement-durable.gouv.fr).
4. Seule la commune de Bora Bora assure efficacement ce service, les communes de Punaauia et Papeete disposant d’un réseau de
qualité contrastée (un tiers environ des ménages serait rattaché à un réseau collectif dans ces deux communes).
5. Institut de la statistique de la Polynésie française (ISPF), service des douanes.
4
CIP 2015-2019
Éléments déterminants pour la stratégie de l’AFD en Polynésie française
1.2.
Un territoire autonome mais dépendant financièrement de l’Hexagone
1.2.1. Une autonomie politique
Le cadre institutionnel de la Polynésie française lui confère
une très large autonomie. Le Pays est compétent dans tous
les domaines, à l’exception de ceux conservés par l’État –
qui se concentre sur ses grandes missions régaliennes – et
ceux attribués aux communes. La collectivité peut ainsi
mener sa propre politique économique. Elle dispose de
tout pouvoir en matière fiscale et budgétaire.
La Polynésie française a subi une longue période d’instabilité politique entre 2004 et 2011, avec 13 changements
de gouvernement, liée notamment à de multiples
changements d’alliance des différents groupes ou
personnalités politiques de l’assemblée territoriale. La
loi Penchard, votée en 2011, a favorisé une meilleure
stabilité des majorités territoriales en adoptant une
prime majoritaire dotant le parti ayant gagné les
élections territoriales d’une majorité plus confortable
et en durcissant les conditions de vote des motions
de censure par l’approbation des trois cinquièmes des
membres de l’assemblée. Le cadre institutionnel de la
Polynésie française offre ainsi de meilleures conditions
que précédemment pour une stabilité gouvernementale
propice à la mise en œuvre de réformes structurelles
nécessaires à la relance de la croissance du territoire.
1.2.2. Une forte dépendance aux transferts
de l’État
Le Pays reste fortement tributaire des transferts de
l’État6. En dehors du financement des responsabilités
qui lui incombent, ce dernier soutient le développement
économique du territoire par un triple dispositif inscrit
dans la loi de finances locale : une dotation globale
d’autonomie pour la collectivité, une dotation territoriale
pour l’investissement des communes et un dispositif
contractualisé relatif aux investissements prioritaires (dit
« 3e instrument financier »). À cela s’ajoutent deux autres
instruments : la défiscalisation et le cofinancement depuis
1994 des contrats de projets quinquennaux du Pays7.
L’État a lancé depuis 2007 une réforme communale afin
d’étendre aux communes les dispositions du Code général
des collectivités territoriales (CGCT). Cette réforme a
élargi le champ d’autonomie de gestion des communes
même si leur autonomie financière reste très théorique8,
leurs ressources provenant aux deux tiers des transferts
de l’État et du Pays. Du fait de cette réforme, l’obligation
de mise en place de services environnementaux (collecte
et traitement des déchets, fourniture d’eau potable
et assainissement des eaux usées) par les communes
implique une responsabilité directe des élus locaux.
6. En 2014, les dépenses budgétaires directes de l’État et des établissements publics nationaux se sont élevées à 1,44 milliard d’euros,
soit 5 300 euros par habitant, en diminution de 2,5 % par rapport à 2013.
7. En mars 2015, deux « contrats de projets » pour la période 2015-2020 ont été signés, le 1er entre l’État et le Pays (de l’ordre de
320 millions d’euros, à parité de financement), le 2d entre l’État, le Pays et les communes (de l’ordre de 100 millions d’euros, les
communes apportant environ entre 5 % et 15 % en fonds propres).
8. L’agence de Papeete a publié en 2014 un observatoire financier des communes polynésiennes, qui sera actualisé annuellement.
Polynésie française
5
1
1.3.
Un modèle économique en trompe-l’œil
1.3.1. Les « 30 glorieuses » polynésiennes
L’économie de la Polynésie française s’est construite
autour de l’activité du Centre d’expérimentation du Pacifique (CEP) installé sur son territoire entre 1962 et 1996,
date d’arrêt définitif des essais nucléaires. Durant ces
« 30 glorieuses » polynésiennes, le PIB polynésien a crû de
11 % par an en moyenne. Ce modèle économique, qu’on
pourrait qualifier de rentier, reposait sur les transferts
importants de l’État, liés principalement aux dépenses
militaires, qui ont représenté jusqu’à 70 % du PIB du
territoire.
1.3.2. L’échec post-CEP
La gestion de l’après-CEP représentait, pour le Pays, un
défi significatif. En effet, l’économie de rente a produit
des effets pervers puissants et durables qui ont hypothéqué l’avenir avec la disparition brutale, et insuffisamment
anticipée, de cette situation9. Le modèle économique
polynésien lié au CEP, même s’il a accompagné un certain
développement du territoire, notamment en matière
d’équipement, a empêché toute velléité de création d’un
système productif local et a facilité le développement
d’une économie tirée par la consommation exacerbée de
produits importés. Avec l’arrêt des essais nucléaires, l’État
et le Pays ont signé un Pacte de progrès pour accompagner progressivement le territoire vers l’émergence
d’un nouveau modèle basé sur un développement des
infrastructures, une augmentation des exportations et
un accroissement des recettes fiscales. Mais ce nouveau
modèle n’a pas atteint les objectifs attendus. La crise
économique et financière de la fin 2008 aux États-Unis
et en Europe a révélé l’ampleur de cette crise structurelle
locale, qui a été amplifiée par l’instabilité politique.
Aujourd’hui, en dépit de quelques signaux positifs récents10,
l’économie reste en difficulté et les relais de croissance
peinent à jouer leur rôle :
• l e nombre de touristes a baissé d’un tiers depuis le
début des années 2000 ;
•u
n chômage de longue durée apparaît (le taux de
chômage est estimé à 21,7 % selon le recensement
effectué en 201211) ;
• l es finances publiques restent dégradées malgré les
appuis financiers directs de l’État, qui a versé une
dotation d’ajustement exceptionnelle de plus de 50
millions d’euros fin 2012 et une avance (remboursable
en deux ans) de trésorerie de près de 42 millions d’euros
à la collectivité fin 2013. Ces mesures, couplées à l’augmentation significative de la fiscalité, notamment sur
les salaires (la cotisation de solidarité territoriale, dont
le taux marginal a été multiplié par cinq) et sur la TVA
(avec une augmentation de trois points, passant de 10 %
à 13 % sur les services), ont permis à la collectivité de
retrouver en 2014 une situation assainie (plus de 150
millions d’euros [18 milliards de francs pacifique]) de
recettes fiscales supplémentaires par rapport à 2013).
Les comptes sociaux restent néanmoins très déséquilibrés et pourraient conduire à moyen voire court terme
à une incapacité à verser la totalité des retraites, sauf
à mettre en place des réformes d’envergure (réduction des taux de remboursement des médicaments,
accroissement significatif des périodes de cotisation de
retraite…). L’engagement de l’État en 2015 d’accompagner de nouveau le régime de solidarité territorial,
dont le nombre de ressortissant est passé de 47 000 à
sa création en 1995 à 74 000 en 2013, à hauteur de
12 millions d’euros par an pendant trois ans a permis
de desserrer la contrainte sur le Pays.
9. Le « syndrome hollandais », qui repose sur une rente liée aux matières premières, pourrait s’appliquer ici.
10. Léger redressement du climat des affaires suite aux élections territoriales de mi-2013 ; reprise de la dépense publique (l’effort
d’équipement était descendu à 110 millions d’euros en 2012 contre 250 millions d’euros en moyenne sur les dix derniers exercices,
il s’élève à plus de 180 millions d’euros en 2014).
11. Il est certainement sous-évalué compte tenu du fait qu’il n’existe aucune incitation financière (aide sociale) à se déclarer demandeur
d’emploi.
6
CIP 2015-2019
Éléments déterminants pour la stratégie de l’AFD en Polynésie française
1.3.3. Une structure économique peu ouverte
à la concurrence
L’économie polynésienne est structurée autour de grands
groupes publics ou privés, la plupart du temps en position
de monopole ou de duopole, notamment dans les secteurs de l’électricité (situation de monopole de la société
Électricité de Tahiti à Tahiti), de la distribution de l’eau
potable ou de la grande distribution. Cette situation
résulte à la fois de l’étroitesse des marchés qui limite
naturellement la concurrence et d’une tendance, dans
les petites économies insulaires, aux effets de réseaux
entre opérateurs qui facilitent les positions dominantes
et constituent des groupes multisectoriels incontournables12. Une autorité indépendante de la concurrence
est en cours de constitution et devrait permettre de lutter
contre les pratiques anticoncurrentielles. Ce contexte crée
des tensions sur les prix et sur les coûts des facteurs de
production.
1.3.4. Pauvreté et inégalités en croissance
Une étude sur les conditions de vie des ménages en 200913
concluait que 20 % des ménages polynésiens disposaient
d’un revenu inférieur au seuil de pauvreté monétaire
relatif de 2009. Un résultat en hausse par rapport à une
enquête antérieure de 2001. La mesure des inégalités fait
apparaître un niveau proche de certains pays d’Amérique
latine, très supérieur à celui de l’Hexagone14, les 20 %
les plus riches captant près de la moitié du revenu total
des ménages. Les raisons de ces inégalités : la législation
fiscale locale qui ne permet pas à l’impôt de jouer son rôle
redistributif en permettant à beaucoup de bénéficiaires de
hauts revenus d’être faiblement taxés, peu de transferts de
solidarité en direction des plus pauvres (les allocations
publiques et les aides sociales ne représentent que 10 %
du revenu des ménages les plus pauvres contre 35 % dans
l’Hexagone), des politiques sociales mal ciblées (le dispositif actuel de protection sociale, particulièrement inéquitable et peu redistributif, est en cours de refonte), ou
encore de fortes disparités des niveaux d’éducation parmi
la population en âge de travailler.
La tolérance de la population à ces inégalités reste cependant relativement élevée reflétant une certaine cohésion
sociale et le sentiment d’appartenir à une société multiculturelle homogène. Pour autant, les années qui ont suivi
la publication de cette enquête ont été très destructrices
en emplois : selon l’ISPF, entre 2007 et 2012, près de
9 000 emplois salariés ont disparu. Les ménages polynésiens étant extrêmement dépendants des revenus de
leur travail, la pauvreté a dû s’accentuer depuis 2009.
Les solidarités familiales et religieuses, qui permettent
d’atténuer les difficultés matérielles des populations
les plus fragilisées, pourraient trouver leurs limites.
12. Florent Venayre, « Interventionnisme public et handicaps de compétitivité », Document de travail, AFD, 2012.
13. Javier Herrera et Sébastien Merceron, « Les approches de la pauvreté en Polynésie française : résultats et apports de l’enquête sur
les conditions de vie en 2009 », Document de travail, AFD, 2010.
14. Coefficient de Gini évalué à 0,40 pour la Polynésie française (source : ISPF 2009) contre 0,303 pour la France (2009). Cette tendance se retrouve dans les autres outre-mer.
Polynésie française
7
1
1.4.
L’Union européenne : un bailleur peu présent du fait du statut du Pays
et de son faible tropisme régional
Pour l’Union européenne, la Polynésie française a le statut
de Pays et territoire d’outre-mer (PTOM). Elle ne fait donc
pas partie du territoire européen et ne bénéficie pas des
fonds structurels. Toutefois, à travers le Fonds européen
de développement (FED), l’Union européenne apporte
un soutien financier à la stratégie territoriale et régionale
de développement du Pays depuis plus de 50 ans.
1.4.1. Le Fonds européen de développement
20,5 millions d’euros ont été mobilisés dans le cadre du
9e FED territorial pour contribuer aux programmes d’assainissement des eaux usées de Punaauia et de Moorea ainsi
qu’au programme de professionnalisation et de pérennisation de la perliculture. Au titre du 10e FED (2008-2013),
le Pays bénéficie d’une enveloppe de 19,8 millions d’euros
qui contribue à l’assainissement collectif des eaux usées de
Papeete et au renforcement des capacités institutionnelles
du Pays. L’enveloppe territoriale de l’ordre de 29,9 millions
d’euros au titre du 11e FED (2014-2020) sera destinée à
financer le secteur du tourisme. Ces enveloppes sont toutefois sans commune mesure avec celles des fonds structurels dont bénéficient les départements d’outre-mer.
La Banque européenne d’investissement (BEI) intervient
également sur le territoire polynésien par le refinancement
de lignes environnementales bonifiées (Socredo et Banque
de Polynésie), le refinancement de la Banque de Tahiti à
des conditions de marché et le cofinancement, avec l’AFD,
du projet SWAC15 de l’hôpital du Taaone (Tahiti). Dans le
cadre du 9e FED, la BEI a par ailleurs accordé 5 millions
d’euros de prêts à la Polynésie française pour le financement
de projets en matière d’énergies renouvelables et d’assainissement des eaux usées.
Enfin, dans le cadre du 10e FED, l’Union européenne
finance le programme d’initiative des territoires pour la
gestion régionale de l’environnement (Integre) impliquant les quatre PTOM du Pacifique16. La finalité de ce
programme d’un montant de 12 millions d’euros est de
renforcer la gestion intégrée des milieux insulaires littoraux,
terrestres et marins, et de valoriser durablement les ressources naturelles de la région Pacifique. La Communauté
du Pacifique17 (CPS), basée à Nouméa, est l’ordonnateur
régional de ce programme.
1.4.2. Les autres ressources européennes
Les autres guichets de l’UE disponibles pour les PTOM
(programmes pour la recherche ou pour la biodiversité)
sont peu, voire pas, utilisés ; le bureau des affaires européennes du Pays ne disposant pas, dans son mandat, d’un
rôle actif d’appui technique aux monteurs de projets. Seuls
les organismes de recherche locaux (Institut Malardé)
ou régionaux (Criobe) parviennent à être éligibles à des
appels à projets de l’UE et à capter des ressources européennes.
15. Sea Water Air Conditioning : système de climatisation à partir d’eau froide de mer captée en profondeur.
16. Nouvelle-Calédonie, Pitcairn, Polynésie française et Wallis-et-Futuna.
17. La Communauté du Pacifique (CPS) est une organisation internationale composée de 26 membres, dont 22 États et territoires
océaniens auxquels la CPS consacre son action et quatre membres fondateurs.
8
CIP 2015-2019
Bilan des activités passées
2
Polynésie française
9
2
Bilan des activités passées
Pour la période 2009-2014, les autorisations d’engagements ont été globalement en ligne avec les prévisions
(93 millions d’euros contre 105 millions d’euros par an en
moyenne). Cependant, cette moyenne masque des trajectoires très différentes selon le secteur d’activité.
Engagements (en million d’euros) 2009 2010 2011 2012 20132014
Secteur public
0
98
0
51
21
31
Prêts bonifiés au secteur public
0
0
0
11
7
11
Prêts non bonifiés au secteur public
0
98
0
0
10
20
Garanties
0 0 040 50
Secteur privé
70
22
39
105
70
53
Prêts aidés à l’investissement
30
15
0
0
0
0
Ligne de financement du secteur bancaire
15
0
35
100
60
45
Garanties Sogefom
10
7
4
5
10
8
Participations
0 00,3 0 00
PROPARCO
15 0 0 0 00
Total
70120 39 156 91 84
2.1.
Le contexte politique
Du fait de la crise économique et financière de 2009, les
relations entre le Pays et l’État se sont complexifiées, avec
un impact certain sur les conditions d’intervention de
l’AFD.
En avril 2011, la collectivité de Polynésie française et l’État,
suite aux recommandations de la mission d’expertise IGF/
IGA/IGAS de septembre 2010 conduite par Anne Bolliet,
ont signé un protocole de redressement financier, le
respect de ce dernier devenant une condition pour le
décaissement de la seconde tranche du prêt d’investisse-
10
CIP 2015-2019
ment accordé par l’AFD au Pays sans que l’agence puisse
exercer un suivi du plan de redressement. Ces difficultés se
sont renforcées à l’occasion de la proposition d’attribution
par l’État d’une « dotation budgétaire exceptionnelle » de
50 millions d’euros (LFR 2011), assortie ultérieurement
de conditions portant sur des cessions d’actifs (immeuble
parisien du siège de la délégation de la Polynésie française
sur le boulevard Saint-Germain et parts de la collectivité
dans la Socredo), qui ont été finalement abandonnées.
Ce contexte a pesé sur l’activité de l’agence pendant la
période 2011-2012.
Bilan des activités passées
Fin octobre 2012, une nouvelle convention a été signée
entre l’État et la collectivité. Elle a réaffirmé la validité et la
nécessité pour la Polynésie française de poursuivre la mise
en œuvre du plan de redressement, et les mesures d’appui
technique et financier de l’État.
2.2.
La mise en application de la loi Penchard lors des élections
de mai a aussi permis d’ouvrir une nouvelle ère de dialogue
dans les relations entre l’État et le Pays.
En octobre 2014, l’AFD a signé un accord-cadre de partenariat avec le Pays visant l’appui au développement de
politiques sectorielles.
Un bilan en demi-teinte pour la période 2009-2014
Il est indéniable que le dernier cadre d’intervention Pays
(CIP) sous-estimait la gravité de la crise économique
et l’impact du changement des modes d’obtention des
crédits de l’État (réforme de la dotation globale de développement économique18). Cependant, d’autres éléments
participent à la qualification du bilan 2009-2014 en demiteinte.
2.2.1. Le financement du secteur public
en évolution
Au début de la période passée, du fait essentiellement de
la situation financière préoccupante de la collectivité et de
ses conséquences sur la capacité de versement du Fonds
intercommunal de péréquation (FIP) aux communes19, le
financement du secteur communal a été suspendu.
Cette suspension d’activité a ensuite fait l’objet d’un
réexamen, notamment du fait :
•d
u caractère obligatoire du remboursement de la dette,
comme pour l’ensemble des collectivités locales et des
établissements publics de coopération intercommunale
de la République française ;
•d
e l’effet de levier significatif des financements de l’AFD.
En effet, les communes polynésiennes ont donné la
priorité aux investissements, largement subventionnés
par l’État et la collectivité de Polynésie française (90 %)
dans le cadre du contrat de projet 2008-2014, qui portaient essentiellement sur les services publics environnementaux (eau, assainissement, déchets et énergie). Les
financements de l’AFD ont ainsi permis aux communes20
d’apporter leur quote-part de financement dans les
projets et de ne pas perdre le bénéfice des subventions
de l’État et du Pays.
L’approche « projet » a également été initiée au niveau
des financements auprès de la collectivité, afin de flécher
les engagements de l’AFD sur des investissements structurants et générateurs d’économies futures, par exemple
pour le SWAC de l’hôpital du Taaone octroyé en juillet
2012, emblématique à plus d’un titre :
• il est cofinancé par l’AFD, la BEI et l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). Cette
approche permet de rassurer les entreprises qui répondront aux appels d’offres, dans le contexte de difficultés
structurelles de trésorerie de la Polynésie française : les
entreprises sont ainsi assurées que les financements du
projet sont garantis par les bailleurs de fonds ;
18. Trois nouveaux instruments financiers se sont substitués à la dotation globale de développement économique (DGDE, 150 millions d’euros annuels versés « libre d’emploi ») en 2010 : 1/ une dotation globale d’autonomie (DGA) à hauteur de 84,5 millions
d’euros (versée par douzième et libre d’emploi) ; 2/ une dotation territoriale pour l’investissement des communes de Polynésie
française (DTIC) de 9 millions d’euros (versée via le fonds intercommunal de péréquation pour des projets de traitement des
déchets, d’adduction en eau potable et d’assainissement des eaux usées) ; 3/ le « 3e instrument financier », destiné au financement
des investissements prioritaires de la Polynésie française à hauteur de 51 millions d’euros (qui fait l’objet d’une convention cadre
pluriannuelle entre l’État et la Polynésie française). La mobilisation des crédits de l’État pour les deux derniers instruments (DTIC
et 3e instrument) nécessite, côté Polynésie française, une capacité budgétaire et financière préalable pour engager les opérations,
objectif devenu très contraignant ces dernières années.
19. Le FIP, principale ressource des communes polynésiennes, est alimenté par une quote-part prélevée sur les impôts, les droits et les
taxes perçus au profit du budget général de la collectivité et par des dotations de l’État.
20. Citons, par exemple, le financement de la commune de Punaauia pour la collecte des déchets.
Polynésie française
11
2
• le projet doit permettre une économie de 6 gigawattheures d’électricité par an, soit une économie annuelle
d’environ 2 millions d’euros pour les acteurs publics
polynésiens ;
• il s’agit d’un projet pour lequel l’AFD et la BEI appliqueront pour la première fois dans l’outre-mer les principes
de reconnaissance mutuelle des procédures, définis
conjointement entre les deux institutions.
Enfin, l’amélioration de la situation financière d’Air Tahiti
Nui21 et les bonnes perspectives d’activité d’Aéroport de
Tahiti ont permis à l’agence d’accompagner le secteur
des transports aériens par des financements en prêts non
concessionnels en 2013. Par ailleurs, ses mandats d’administrateur dans ce secteur (Aéroport de Tahiti et Air
Tahiti) et dans celui de l’énergie (TEP) lui permettent de
participer aux débats autour de ces politiques publiques.
2.2.2. Une réponse partielle aux besoins
de financement du secteur privé
Dans un contexte de crise économique peu propice aux
investissements, la Sogefom a permis d’apporter des
solutions financières aux TPE/PME s’engageant dans des
projets de long terme. Si l’activité de garantie en 2010, en
2011 et en 2012 s’est contractée et a plafonné à 5 millions
d’euros, les années 2013 et 2014 ont enregistré une progression de l’activité en volume (avec des montants de plus
de 7 millions d’euros22) et surtout en nombre d’octrois
réalisés (+ 29 % entre 2012 et 2013, et + 53 % entre 2013
et 2014). En 2014, on estime que ce sont 168 entreprises
qui ont bénéficié de garanties Sogefom permettant de
catalyser un montant d’investissement de près de 24 millions d’euros ; cet appui aurait permis la création de près
de 130 emplois.
S’agissant des besoins de trésorerie – restructurations
de trésorerie ou besoins de crédits court terme – qui ont
constitué un enjeu majeur pour les acteurs économiques
qui subissaient directement la crise de la commande
publique, le dispositif de « plan de relance23 », engagé
à la demande de l’État pour la période 2008-2010, a
permis de répondre à une partie de la demande. L’outil de
garantie ciblé sur le renforcement de trésorerie des entreprises mis en place dans le cadre du Pacte national pour la
croissance, la compétitivité et l’emploi en 2012 et porté
par la Sogefom a apporté en 2013, et dans une moindre
mesure en 2014, une nouvelle réponse à ces besoins de
court terme persistants. Toutefois, si ces deux dispositifs
ont fourni des solutions concrètes aux demandes des
acteurs économiques polynésiens, leur caractère ponctuel
et les montants insuffisants qui ont été engagés n’ont pas
constitué une réponse pérenne, à la hauteur des besoins
des entreprises.
Utilisé à deux reprises, le « mécanisme pour le développement24 » a permis la mise en place de l’Adie en Polynésie
française et a apporté un soutien spécifique à l’organisme
Sofidep25 (pour augmenter la prise de risque sur la création
d’entreprises). Ce mécanisme, dont les sommes affectées
doivent être validées par un comité ad hoc présidé par le
ministre polynésien de l’Économie et des Finances, n’a
toutefois pas été réuni depuis 2010.
Enfin, actionnaire majoritaire de la Socredo, première
banque de la place, l’AFD a apporté un soutien régulier à
sa filiale en lui fournissant des lignes de refinancement de
court et de long termes, contribuant à consolider l’offre
de crédit nécessaire à l’économie locale.
2.2.3. Une activité d’appui/conseil
et de production de connaissances
dynamique
La période couverte par le CIP précédent a été riche en
activités de production de connaissances pour l’agence de
Papeete. Les principales réalisations cofinancées ou financées entièrement par l’AFD sont :
• l’étude sur la pauvreté en Polynésie française26, souvent
citée par les acteurs locaux comme un document de
référence, novateur sur un sujet sensible ;
• l’étude sur le coût du non-assainissement27 qui a permis
d’asseoir l’image de l’AFD en tant qu’acteur du développement et a permis d’instaurer un dialogue constructif
avec nos partenaires ;
21. SEM détenue à 85 % par la CPF.
22. Hors dispositif RTCCE.
23. À la demande du secrétariat d’État à l’outre-mer (annoncée le 31 octobre 2008), l’AFD a été chargée de mettre en œuvre le plan
de soutien gouvernemental aux PME dans l’ensemble de l’outre-mer.
24. Abondé par la réaffectation des dividendes de la Socredo par ses actionnaires principaux, et cogéré avec la collectivité.
25. Société de financement du développement de la Polynésie française (qui en détient 85 % des parts), qui offre des prêts participatifs
et des produits de capital-risque.
26. Javier Herrera et Sébastien Merceron, op. cit.
27. « Le coût économique des déficiences de l’assainissement en Polynésie française », AFD, Aspa-Utilities, 2009.
12
CIP 2015-2019
Bilan des activités passées
• le cofinancement avec l’Ademe et la collectivité du plan
climat stratégique du Pays, qui contribue à positionner la
Polynésie française dans les discussions internationales
sur le climat ;
• l a mise en place d’un modèle macroéconomique qui
a permis à l’AFD, avec ses partenaires économistes universitaires, de disposer d’un instrument de prévisions
macroéconomiques et budgétaires, pour simuler des
scénarios de sortie de crise et modéliser les interactions
entre croissance économique, impacts budgétaires
pour le Pays et effets sur les comptes sociaux ;
• l’étude sur la compréhension des processus culturels du
changement en Polynésie française, qui avait pour finalité de mieux accompagner les politiques publiques de
développement territorial, en se focalisant sur le cas des
collectivités locales.
En termes d’appui/conseil auprès des collectivités, la période
du CIP précédent a permis de poursuivre l’accompagnement des communes avec une offre de formation – via
le Centre d’études financières économiques et bancaires
(Cefeb), l’université d’entreprise de l’AFD – et le renforcement des capacités auprès des communes (formations
dispensées par la division Eau et assainissement de l’AFD).
Cet appui s’est aussi concrétisé par la publication en juin
2014 par l’AFD d’un observatoire financier des communes.
Il permet de comparer les trajectoires budgétaires de
toutes les communes polynésiennes, et de mettre en
exergue leur spécificité vis-à-vis des autres communes
ultramarines et métropolitaines d’une part, au sein des
communes polynésiennes d’autre part. Cet observatoire
est mis à jour annuellement.
L’accent a également été mis sur la communication (exposition pour les 70 ans de l’AFD, film La Soif du monde
diffusé auprès de différents publics, exposition des « 34 merveilles du monde » au grand public), ce qui a permis à l’AFD,
à une période où l’activité financière subissait quelques
remous, d’être plus visible et d’être perçue comme un
acteur du développement du territoire polynésien, et pas
seulement comme une banque.
Enfin, l’AFD a poursuivi ses missions d’assistance technique auprès de la Socredo, jouant pleinement son rôle
d’actionnaire de référence (sur la gestion actif/passif, la
fonction comptable ou l’appui environnemental et social
par exemple).
2.2.4. Des secteurs d’activité prioritaires
mais structurellement en difficulté
L’AFD a octroyé 11,6 millions d’euros fin 2008 à l’Office
polynésien de l’habitat (OPH) pour financer son programme de construction et de réhabilitation, dans le
cadre du contrat de projets, assorti d’un appui sectoriel
destiné à susciter un environnement propice à un accroissement à terme du rythme de production de logements
aidés, notoirement insuffisante. L’offre de logements sociaux
en habitat groupé (hors habitat dispersé) au cours des cinq
dernières années a en effet été de l’ordre de 60 logements
par an, loin des besoins identifiés (environ 2 500 demandeurs pour de l’habitat collectif actuellement, à comparer
avec un parc de logements sociaux d’environ 3 000 logements). Environ 75 % de ce financement a pu être décaissé,
du fait d’une programmation initiale peu maîtrisée par
l’opérateur, qui a été amené à la modifier substantiellement, avec des retards inévitables. Plusieurs missions de
conseil de la division Collectivités locales et développement urbain de l’AFD ont été menées, et ont conduit à des
recommandations que l’OPH et le Pays n’ont pas été en
mesure de mettre en œuvre dans le climat d’instabilité qui
a prévalu. Constatant cependant que cet environnement
s’était stabilisé, l’AFD a reconduit son soutien financier,
via l’octroi d’un prêt de 7,1 millions d’euros fin 2014, pour
la réalisation de trois opérations cofinancées par l’État et
le Pays : l’AFD, en accord avec les services de l’État et de
manière coordonnée avec la Caisse des dépôts et consignations (CDC) et l’Union sociale pour l’habitat (USH), a
décidé de renforcer ses appuis techniques pour améliorer
les capacités de l’opérateur public ainsi que l’élaboration
des politiques publiques en matière d’aménagement et de
logement du Pays, les deux dimensions étant indissociablement liées.
Dans le secteur de la santé, l’intervention de l’AFD s’est
principalement traduite par le financement du volet santé
du contrat de projets (10 millions d’euros), formalisé avec
la collectivité en 2009 : dans un contexte difficile, le prêt
a finalement pu être décaissé en totalité fin 2013, suite
à un investissement significatif de l’agence pour lancer la
réalisation des projets éligibles. L’AFD finance par ailleurs,
aux côtés du Pays, la réalisation du schéma d’organisation
sanitaire, dont la finalisation est attendue pour le second
semestre 2015.
Polynésie française
13
Stratégie d’intervention
de l’AFD en Polynésie française
14
CIP 2015-2019
3
3
Éléments déterminants pour la stratégie de l’AFD en Nouvelle-Calédonie
Stratégie d’intervention de l’AFD
en Polynésie française
Le cadre d’intervention régional (CIR) de l’AFD dans les
outre-mer, validé en 2014, a défini trois finalités de développement que l’agence ambitionne d’appuyer dans les
prochaines années :
• f avoriser une dynamique de rattrapage ;
•d
éfinir un nouveau modèle économique ;
•p
rotéger et valoriser le capital naturel.
Afin d’accompagner cette trajectoire de développement,
l’AFD s’est fixée quatre objectifs prioritaires :
• s outenir les politiques publiques en faveur de la cohésion
FINALITÉS DE DÉVELOPPEMENT
DE LA GÉOGRAPHIE
sociale et de l’environnement ;
• r enforcer le secteur privé pour créer de l’emploi et de la
valeur ajoutée localement ;
• a méliorer l’aménagement urbain et l’habitat ;
• e ncourager l’intégration régionale.
Cette feuille de route constitue le cadre général de l’intervention de l’agence de Papeete pour les années à venir,
cadre général que l’agence propose de décliner au niveau
local en l’adaptant aux spécificités des enjeux de développement polynésiens.
OBJECTIFS DIRECTS
DE L’INTERVENTION DE L’AFD
DANS LA GÉOGRAPHIE
Objectif 1
Accompagner les pouvoirs publics
dans leurs réflexions sur le modèle
de développement
Finalité A
Lutte contre les inégalités
économiques et sociales
Finalité B
Emergence d’un nouveau
modèle de développement
polynésien
Finalité C
Préservation
du patrimoine naturel
Objectif 2
Réduire les inégalités d’accès
aux services publics et en améliorer
la qualité
Objectif 3
Soutenir l’activité économique
et l’emploi dans tous les archipels
Objectif 4
Promouvoir des solutions innovantes pour un développement
économique durable et encourager
celles participant à l’adaptation au
changement climatique
Objectif 5
Valoriser les ressources naturelles,
vecteurs clés de croissance
ACTIVITÉS
a. Nourrir la réflexion sur les secteurs
contribuant à la cohésion
sociale, au dynamisme économique
et à la préservation
de la biodiversité
b. Poursuivre l’appui
aux communes
et intercommunalités
dans l’exercice
de leurs compétences
c. Appuyer le Pays
et ses satellites
dans la mise en place de projets
publics structurants
d. Favoriser la création
d’entreprises
et renforcer
leur compétitivité
e. Stimuler l’innovation
entrepreneuriale
et les filières à forte VA,
en particulier d’exportations
f. Développer des activités
de susbstitution
aux importations
Polynésie française
15
3
3.1.
Des finalités tournées vers la recherche d’un modèle de développement
équilibré et la valorisation des ressources naturelles
3.1.1. La lutte contre les inégalités économiques
et sociales
3.1.2. L’émergence d’un nouveau modèle
de développement polynésien
La lutte contre les inégalités est le premier enjeu de la
Polynésie française pour un développement harmonieux
du territoire. Les inégalités se posent en termes de revenus
entre les plus riches et les plus pauvres, d’accès aux services
publics et à l’emploi, de genre, etc. Le caractère archipélagique du territoire polynésien défavorise les populations
éloignées de l’île-centre, Tahiti, où se concentre l’activité.
Dès leur plus jeune âge, les populations des Tuamotu et
des Australes doivent quitter leur famille afin de poursuivre
leur scolarité dans les îles bénéficiant d’infrastructures.
Les femmes ne peuvent pas accoucher dans leurs îles et
doivent obligatoirement venir à Tahiti. Les déplacements
sont coûteux, parfois rares, et renforcent les inégalités.
Enfin, la concentration de l’activité à Tahiti et l’obligation
d’y migrer renforcent le risque de déstructuration des
familles, accentuent l’échec scolaire et entretiennent la
délinquance dans les zones urbaines.
Il n’existe pas à l’heure actuelle de modèle de développement
de la Polynésie française reposant sur des finalités partagées
par la population, des politiques publiques dans lesquelles
s’inscriraient des projets de territoire, des schémas territoriaux ou sectoriels d’aménagement, etc. Tous ces outils
de planification, articulés entre eux, sont pourtant essentiels
pour structurer l’action gouvernementale sur le long terme.
Ils restent donc à inventer et à construire dans un contexte
de raréfaction de la ressource financière.
Pour contribuer à atteindre cette finalité, l’AFD :
• a ccompagnera les pouvoirs publics par des actions
d’appui-conseil auprès des acteurs publics, notamment
dans le développement d’outils de planification en termes
de transports, d’organisation sanitaire, d’aménagement,
de logement social ;
• a ppuiera les investissements des collectivités du territoire et de leurs satellites, notamment les projets à forte
valeur ajoutée sur le plan économique, social et environnemental ;
• s outiendra directement par ses garanties et ses prêts,
ou indirectement par la stimulation de la commande
publique, l’activité économique et l’emploi dans tous
les archipels.
16
CIP 2015-2019
Afin de contribuer à l’atteinte de cette finalité, l’agence :
•p
articipera à la réflexion et à la définition de ce nouveau
modèle aux côtés des pouvoirs publics dans le cadre
de l’accord de partenariat signé entre le Pays et l’AFD
en octobre 2014 et qui vise précisément l’appui au
développement de politiques sectorielles dans une
démarche économique structurante ;
• s outiendra les projets qui permettront, à court et moyen
termes, de créer de l’emploi et de faire émerger des
solutions innovantes dans les secteurs clés de l’économie
polynésienne. Un accent particulier sera mis sur les projets
participant à la création de nouvelles filières économiques, au développement des activités exportatrices
et à la valorisation des ressources naturelles, vecteur de
croissance.
3.1.3. La préservation du patrimoine naturel
polynésien
Le patrimoine naturel polynésien, sa biodiversité marine,
ses paysages et ses écosystèmes ont une valeur économique,
sociale et culturelle inestimable. La préservation de ce
patrimoine naturel fragile et sa transmission aux générations futures constituent un enjeu essentiel. Il doit se
Stratégie d’intervention de l’AFD en Polynésie française
conjuguer avec celui du développement économique qui
ne peut être conçu que de manière durable.
L’agence intègre cette finalité dans ses objectifs d’intervention en :
• v eillant, dans son accompagnement, ses appuis-conseils
et ses financements, à ce que les exigences environnementales soient respectées, notamment dans le cadre
de projets d’aménagement ou dans la définition de
schémas directeurs ;
3.2.
•p
articipant à la réflexion locale sur le réchauffement
climatique et sur la préservation de la biodiversité ;
• e ncourageant les solutions innovantes dans le domaine
de la préservation de l’environnement et de l’adaptation
au changement climatique ;
• a ppuyant la valorisation raisonnée des ressources naturelles locales.
Intimement associée à l’image de la Polynésie française,
cette dernière finalité revêt un caractère transversal.
Une application des finalités s’appuyant sur les acteurs existants
et les secteurs en devenir
3.2.1. Nourrir la réflexion sur les secteurs
contribuant à la cohésion sociale,
au dynamisme économique et à
la préservation de la biodiversité
Le contexte de crise politique et économique, conjugué à
la contraction des capacités d’intervention des autorités
publiques locales, n’a pas permis, ces dernières années,
l’émergence de politiques publiques durables dans les
secteurs sociaux, de l’économie et de la préservation et la
valorisation de l’environnement. La structuration de politiques publiques capables de contribuer à faire évoluer le
modèle de développement polynésien constituera donc
un défi important pour le territoire dans les prochaines
années. En capitalisant sur le positionnement qu’elle a
progressivement acquis au cours de la période passée,
l’AFD cherchera à conforter sa place en tant qu’acteur
contribuant aux réflexions sur les grandes thématiques
polynésiennes. Cela pourra passer par les actions suivantes :
• s outien technique et financier aux autorités locales pour
la mise en œuvre des politiques publiques telles que
l’aménagement du territoire, les schémas de transports
publics, l’organisation sanitaire ;
• r enforcement du dialogue avec les acteurs engagés dans
l’insertion économique (Adie, acteurs socioprofessionnels,
chambre de commerce…) ;
• r enforcement du dialogue avec les acteurs engagés dans
le secteur de l’environnement (Ademe, Agence des aires
marines protégées notamment sur le projet d’aire marine
gérée des Marquises, Criobe…) ;
• a ppui au financement d’études sur les filières génératrices
de revenus (comme l’étude cofinancée avec le Fonds
français pour l’environnement mondial, FFEM, en 20122013 sur les possibilités d’exportation du bénitier, tant
sur le marché de l’aquariophilie que pour sa consommation) ou d’économies (émergence de circuits courts
dans le domaine de l’agriculture ou de la pêche) ;
•o
rganisation d’une mission de la division Éducation et
formation professionnelle de l’AFD devant explorer les
possibilités d’intervention dans le secteur de la formation
professionnelle, et notamment les modalités d’appui
financier et technique à une étude sur l’employabilité
en Polynésie française, afin d’adapter l’offre de formation
aux besoins des entreprises et aux objectifs de développement économique du Pays ;
Polynésie française
17
3
•o
rganisation, avec des partenaires publics ou privés,
d’événements de communication grand public qui
permettent de diffuser de façon large les thématiques
du développement durable, notamment les problématiques de l’accès à l’eau et du traitement des eaux usées
et celles liées à la préservation de la biodiversité.
Ces activités, par leur caractère transversal, contribueront aux
cinq objectifs que l’AFD s’est fixés en Polynésie française28.
3.2.2.Poursuivre l’appui aux communes
(et intercommunalités) dans l’exercice
de leurs compétences
Les communes polynésiennes assumeront progressivement la totalité des responsabilités liées aux services
publics environnementaux (fourniture de l’eau potable,
collecte et traitement des déchets, assainissement), dont
la mise en œuvre est souvent complexe dans le contexte
multi-insulaire de ce territoire. Elles font face à des
difficultés multiples : faiblesse des ressources financières,
capacités techniques réduites des agents communaux
et délicat exercice de pédagogie envers les usagers pour
expliquer la nécessité d’équilibrer le coût de ces services.
Dans ce contexte, l’AFD renforcera ses activités auprès des
communes et des intercommunalités à travers le financement de projets structurants, notamment environnementaux, en coordination et complémentarité avec le Pays et
l’État (dispositifs contractuels de cofinancement). Elle
mettra à disposition des communes et des intercommunalités son nouveau produit de préfinancement des subventions de l’État pour répondre aux difficultés de financement court terme qu’elles pourraient rencontrer. Elle
renforcera son activité d’appui-conseil/formation auprès
des élus, des techniciens des communes et des intercommunalités via des missions thématiques du siège dans les
secteurs de l’eau potable, de l’assainissement et des déchets,
et des séminaires de formation avec des experts du siège
(ou des prestataires), en lien direct ou indirect avec le
Cefeb. L’appui aux projets d’assainissement fera l’objet
d’une attention particulière, les communes devant être
en mesure d’assurer ce service public à l’horizon 2024 en
application du CGCT. Trois communes seulement proposant
ce service (dont Bora Bora, et Papeete plus partiellement),
le besoin d’appui des pouvoirs publics, tant d’un point
du vue technique (définition du besoin et des solutions
techniques les plus appropriées) que financier (cofinancement d’études, prêts long terme), sera important dans les
années à venir. Dans la logique de l’étude sur le coût du
non-assainissement produite en 2009, l’agence s’efforcera pour la période 2015-2019 d’assister les autorités
compétentes dans ce secteur : le Pays dans la définition
de sa politique sectorielle, les communes dans le financement de leurs investissements. Plus globalement, l’agence
apportera une expertise globale à ce secteur aux côtés des
services locaux de l’État.
Parallèlement, afin de mieux suivre la situation financière
des communes, l’AFD produit depuis 2014 et actualisera de
façon annuelle un « observatoire des finances communales »
(période rétrospective de cinq ans), qui permet d’analyser les
grandes tendances et de participer à l’élaboration de futurs
instruments de péréquation des ressources (réforme du
FIP) voire à la mise en place d’une fiscalité directe communale. L’AFD pourra également participer à des études
visant à optimiser les mécanismes actuels de péréquation
financière et contribuer à l’émergence d’une véritable autonomie financière des communes, au regard notamment
de l’élargissement de leur champ de compétences.
Ces activités participeront directement à l’atteinte d’un des
cinq objectifs que s’est fixé l’AFD en Polynésie française :
réduire les inégalités d’accès aux services publics et en
améliorer la qualité.
3.2.3.Appuyer le Pays et ses satellites dans la mise
en place de projets structurants
La relance de la commande publique à travers la réalisation
de « grands projets » est indispensable au redémarrage de
l’économie polynésienne. L’expérience passée met en évidence la nécessité d’accompagner davantage la collectivité
dans l’élaboration et la mise en œuvre de ces projets.
C’est cette dynamique que l’accord de partenariat signé
fin 2014 entre l’AFD et le Pays entend impulser.
28. Les objectifs mentionnés sont ceux du schéma logique d’intervention de l’AFD (figure 1).
18
CIP 2015-2019
Stratégie d’intervention de l’AFD en Polynésie française
Le futur soutien de l’AFD à des grands projets s’articulera
sous la forme :
•d
’appuis techniques (études, ateliers d’échanges, formations via le Cefeb) dans les secteurs de l’aménagement
de l’espace (par exemple, dans les transports) et du
logement social auprès du Pays, de ses satellites et des
grandes communes (par exemple, Tahiti). Des expertises
techniques du siège seront mobilisées. Concernant le
logement social, un travail en collaboration avec la CDC
et l’USH sera engagé pour accompagner les acteurs du
secteur dans la définition opérationnelle d’une programmation en habitat groupé et pour appuyer l’OPH,
principal vecteur de mise en œuvre opérationnelle de
la programmation, afin d’améliorer ses performances et
consolider ses relations financières avec le Pays ;
•d
e financements instruits via une « approche-projet »,
nécessitant une mobilisation importante des experts
techniques du siège et de l’agence. L’AFD concentrera
ses appuis financiers auprès du Pays et de ses satellites,
pour la réalisation de projets à fort impact économique,
social et environnemental (à l’image du projet SWAC).
Cet accompagnement sera fonction des projets qui
émergeront au niveau local dans les cinq prochaines
années. Il pourrait trouver des points d’application dans
les secteurs suivants : les transports aériens, avec le
financement éventuel d’avions ou d’infrastructures
aéroportuaires ; les transports maritimes, notamment
les infrastructures portuaires ; le secteur énergétique,
avec le soutien à des projets d’infrastructures électriques ; le logement, avec comme partenaire privilégié
l’OPH ;
•d
’un apport de financements de court terme au Pays ou
à ses satellites, afin de préfinancer des subventions de
l’État non encore perçues.
Ces activités s’inscriront dans l’objectif de réduction des
inégalités d’accès aux services publics et d’amélioration
de leur qualité, dans l’objectif d’accompagnement des
pouvoirs publics dans leurs réflexions sur le modèle de
développement et dans celui de soutien de l’activité
économique et l’emploi dans tous les archipels.
3.2.4.Favoriser la création d’entreprises
et renforcer leur compétitivité
La crise de l’économie polynésienne a un impact fort sur
le chômage, et conduit au développement d’une économie
informelle non génératrice de ressources fiscales et donc
engendrant un effet négatif sur les comptes de la collectivité. Les entreprises les plus durement touchées par la
crise sont les entreprises directement dépendantes de
la commande publique (par exemple, les entreprises du
BTP), et les entreprises de taille intermédiaire intervenant
en sous-traitance qui servent de variable d’ajustement
aux plus grosses entreprises.
Pour répondre à ces difficultés, l’activité de garantie
portée par la Sogefom constitue un axe sur lequel l’AFD
continuera de s’appuyer dans les prochaines années,
afin de partager le risque avec les banques locales et, in
fine, faciliter l’accès au crédit des TPE/PME, qui constituent la grande majorité des entreprises polynésiennes29.
L’assouplissement du produit court terme de la Sogefom
pour répondre aux demandes croissantes sur ce segment
d’activité ou l’élargissement des PME éligibles aux dispositifs de garanties constituent quelques-unes des évolutions
récentes adoptées fin 2014 par le conseil d’administration de
la Sogefom. L’agence de Papeete continuera de collaborer à
ce type de démarche visant à proposer des améliorations
du dispositif pour accompagner au mieux les évolutions
du marché.
S’agissant de son appui à la Socredo, l’AFD poursuivra son
rôle d’actionnaire de référence qu’elle exerce au travers de
trois postes d’administrateur au conseil d’administration
(dont le poste de président du CA) et d’un agent détaché au
poste de directeur général délégué en charge de la filière
risques. L’AFD continuera d’envoyer des missions d’appui
(par exemple, dans les domaines des ressources humaines
ou de la gestion actif/passif) et de contrôle destinées
à accompagner sa filiale sur les sujets où un partage de
compétences est possible. Parallèlement, l’AFD poursuivra
activement et en concertation avec les deux autres actionnaires (le Pays et la BRED) sa recherche d’un actionnaire
repreneur destiné à devenir le nouvel actionnaire de référence.
29. Seules 3,2 % des entreprises polynésiennes ont plus de 9 salariés contre 6,5 % au niveau national.
Polynésie française
19
3
Au-delà de cette présence auprès des banques locales,
l’AFD cherchera à soutenir les organismes qui contribuent
à la création, à la pérennité et au développement des
entreprises de Polynésie française par leurs actions de
promotion des produits et des services polynésiens, et par
leur engagement en faveur de la création de valeur ajoutée
sur le territoire. La Chambre de commerce, d’industrie,
des services et des métiers (CCISM), les services de la
Polynésie française chargés de l’économie, et les organismes privés ou publics fédérant des filières d’entreprises
en développement, comme le pôle d’innovations Tahiti
Fa’ahotu qui regroupe une trentaine d’entreprises dans
le secteur des ressources marines et terrestres, sont des
partenaires privilégiés de l’AFD, avec qui elle renforcera
ses échanges, ses prestations d’appuis/conseils et ses offres
de financement. L’agence s’efforcera également de relancer,
en coopération avec le ministère de l’Économie de la
Polynésie française et tout organisme existant pour le
soutien des entreprises polynésiennes (Sofidep, Adie,
etc.), le dispositif des « mécanismes de développement »
en faveur des créations d’entreprises.
Pour ce qui est de l’activité de prêts directs aux entreprises,
l’AFD souhaite renforcer son travail de prospection auprès
des acteurs économiques locaux pour accompagner, en
cofinancement avec le secteur bancaire, les projets à forte
valeur ajoutée disposant de perspectives de développement
avérées, en adaptant, le cas échéant, le montant plancher
de ses interventions.
Enfin, Bpifrance devrait étendre, à compter de 2015,
une partie de sa gamme d’outils financiers à la Polynésie
française. Les contours de cette activité et les modalités de
son déploiement sont, à la date de rédaction de ce document, en cours d’élaboration entre l’AFD, Bpifrance et les
acteurs locaux. L’AFD pourrait être amenée à contribuer,
au titre de son activité pour Bpifrance, à la mise en place
d’un prêt participatif ayant pour vocation de financer les
investissements immatériels sans garantie sur l’entreprise
ou le chef d’entreprise. Le déploiement de ces outils
nécessitera l’intervention de mécanismes de garanties,
dont la Sogefom.
20
CIP 2015-2019
Ces activités participeront à l’atteinte de l’objectif :
soutien de l’activité économique et de l’emploi.
3.2.5.Stimuler l’innovation entrepreneuriale
et les filières à forte valeur ajoutée
(en particulier d’exportations)
L’innovation – dans les secteurs de l’économie numérique
ou des énergies renouvelables par exemple – apparaît
comme l’un des vecteurs potentiels de croissance et
d’emplois en Polynésie française. En dépit de la faiblesse
des dispositifs de formation professionnelle, l’économie
polynésienne est dotée d’une capacité de résilience forte
et elle peut tirer bénéfice de politiques volontaristes de
soutien à la structuration de nouvelles filières. C’est cette
dynamique d’innovation que l’AFD cherchera à appuyer
dans les prochaines années. Elle pourra trouver des points
d’application dans les domaines suivants :
• l’économie numérique polynésienne qui possède certains atouts :
- u
n niveau d’équipement en informatique et en téléphonie
mobile supérieur à celui de la métropole,
-d
es infrastructures (data-centers) déjà installées et sous
utilisées,
- le décalage horaire important avec l’Europe et permettant le développement de partenariats 24 heures sur 24,
-u
ne position géographique favorable entre les ÉtatsUnis, le Sud-Est asiatique et l’Amérique du Sud ;
• le secteur de l’énergie, comme de nombreux secteurs
productifs en Polynésie française, qui mute progressivement d’une production dans de grosses unités
centralisées (production thermique ou hydraulique)
à une production plus localisée (centrales hybrides,
photovoltaïque, hydroélectricité plus légère, huile de
coprah…), notamment en raison du coût d’acheminement des énergies fossiles. La Polynésie française,
avec ses contraintes climatiques et d’insularité, est un
territoire qui doit affronter plus vite que d’autres ces
défis énergétiques. L’innovation dans la production des
énergies renouvelables en Polynésie française sera un
avantage comparatif, et donc une source de valeur ajoutée
exportable vers des territoires insulaires aux caractéristiques proches, en plus d’être un facteur de succès
potentiel pour les régions et territoires français.
Stratégie d’intervention de l’AFD en Polynésie françaisew
Mal appréhendé par le secteur bancaire local, le soutien
à l’innovation ne bénéficie pas d’un accès aisé aux financements. L’AFD appuiera, au moyen de ses prêts aux
entreprises, les projets structurants qui pourraient émerger
dans les secteurs à forte valeur ajoutée, en particulier
d’exportation. Elle assurera la diffusion des financements
en innovation de Bpifrance et sera en charge d’étudier
l’éligibilité des projets polynésiens à ces financements.
Au-delà de ce produit spécifique centré sur l’innovation,
les produits Bpifrance qui pourraient être distribués par
l’AFD dans les prochaines années pourront également
apporter des solutions financières à des porteurs de projet désireux d’investir dans ces secteurs d’avenir. Enfin,
l’AFD développera des appuis techniques pour soutenir
l’émergence des projets innovants, en coopération avec
les représentations patronales (Medef et CGPME), et elle
mobilisera ses partenaires pour participer au financement
d’expertise sur une ou plusieurs filières, à l’image du cofinancement en 2012 avec le FFEM et le ministère polynésien des
Ressources marines de l’étude de marché pour l’exportation
des bénitiers polynésiens en Asie, aux États-Unis et en Europe.
le secteur de l’agriculture de transformation par exemple,
en accompagnement des politiques publiques qui pourraient
être engagées dans ce sens.
Ce soutien pourra prendre la forme d’un financement
direct ou de garanties via la Sogefom. En partenariat avec
les autorités locales, l’AFD examinera avec intérêt toute
démarche pour mettre en place des fonds de garantie
sectoriels permettant de renforcer des filières jugées prioritaires. Forte de ses expériences similaires dans d’autres
géographies, elle pourra apporter son expertise, pour
appuyer le développement de ces projets.
Ces activités participeront à l’atteinte des objectifs suivants : soutien de l’activité économique et de l’emploi,
et valorisation des ressources naturelles, vecteurs clés
de croissance.
Ces activités participeront à l’atteinte des objectifs suivants :
soutien de l’activité économique et de l’emploi, promotion des solutions innovantes pour un développement
économique durable et encourager celles participant
à l’adaptation au changement climatique, valorisation
des ressources naturelles, vecteurs clés de croissance.
3.2.6.Développer des activités de substitution
aux importations
Le secteur primaire constitue un domaine privilégié pour
une démarche de substitution aux importations pouvant
offrir un volet important de créations d’emplois, en lien avec
des politiques publiques incitatives (fiscalité, formation
professionnelle).
L’AFD s’attachera donc à soutenir des projets prometteurs
(en termes d’emplois) dans le secteur primaire (agriculture,
aquaculture, secteur de la pêche, agrotransformation,
etc.) visant à accroître la production locale, à réduire le
volume des importations et donc à maintenir les populations dans les îles. Cet appui pourra se concrétiser dans
Polynésie française
21
Annexe 1 – Glossaire
Annexe 1 – Liste des sigles et acronymes
Ademe
AFD
BEI
CDC
Cefeb
CEP
Cerom
CFP
CGCT
CGPME
COM
CPF
CPS
DGDE
DOM
EDT
FED
FFEM
FIP
IEOM
Ifremer
IGA
Igas
IGF
Insee
IRD
ISPF
Medef
OPH
PAI
PIB
PME
PTOM
SEM
Socredo
Sofidep
Sogefom
SWAC
TEP
TPE
ZEE
22
CIP 2015-2019
Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie
Agence Française de Développement
Banque européenne d’investissement
Caisse des dépôts et consignations
Centre d’études financières économiques et bancaires
Centre d’expérimentation du Pacifique
Comptes économiques rapides de l’outre-mer
franc pacifique
Code général des collectivités territoriales
Confédération générale des petites et moyennes entreprises
collectivité d’outre-mer
collectivité de Polynésie française
Communauté du Pacifique
dotation globale de développement économique
départements d’outre-mer
Électricité de Tahiti
Fonds européen pour le développement
Fonds français pour l’environnement mondial
Fonds intercommunal de péréquation
Institut d’émission outre-mer
Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer
Inspection générale de l’administration
Inspection générale des affaires sociales
Inspection générale des finances
Institut national des statistiques et des études économiques
Institut de recherche pour le développement
Institut de la statistique de la Polynésie française
Mouvement des entreprises de France
Office polynésien de l’habitat
prêt aidé à l’investissement
produit intérieur brut
petites et moyennes entreprises
Pays et territoire d’outre-mer
société d’économie mixte
Société de crédit et de développement de l’Océanie
Société de financement du développement de la Polynésie française
Société de gestion de fonds de garantie d’outre-mer
Sea Water Air Conditioning
Société de transport d’énergie électrique en Polynésie
très petites entreprises
zone économique exclusive
NOTES
Polynésie française
23
NOTES
24
CIP 2015-2019
Agence Française de Développement (AFD)
5, rue Roland Barthes - 75598 Paris cedex 12
France
Tél. : + 33 1 53 44 31 31
AFD Polynésie Française
34, te aroa 5 no mati 1797 - BP 578 - 98713 Papeete
Polynésie française
Tél. : (689) 40 54 46 03
http://polynesie.afd.fr
www.afd.fr
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