« <i>Une France soumise</i> », un réquisitoire jugé « <i>diabolisant</i> » à l’égard des musulmans
"Une France soumise" (Albin Michel), recueil de témoignages et d'"éclairages", est paru
mercredi sous la direction de l'historien Georges Bensoussan, qui avait déjà coordonné "
Les Territoires perdus de la République
" (Mille et une nuits), sous le pseudonyme d'Emmanuel Brenner.
A l'époque, quelques mois après les attentats du 11-Septembre et la seconde Intifada, des
professeurs de collèges et lycées de banlieue parisienne faisaient état de difficultés à enseigner
la Shoah, devant des élèves souvent issus de l'immigration, notamment maghrébine. Dans
leurs classes, "l'antisémitisme, le racisme, le sexisme, l'irrespect" avaient selon eux prospéré,
dans " un climat de violence
larvée marqué par la peur de nombreux adultes - et leur embarras - devant l'offensive islamiste
".
«Une situation plus délitée qu’on ne le pensait»
Dans une France marquée par une vague d'attentats jihadistes depuis deux ans et des débats
enflammés sur l'islam, la parole est, à quelques mois de la présidentielle, désormais élargie à
des infirmières, médecins, assistantes sociales, élus, policiers... "La situation a tellement
empiré ", affirme la philosophe
Elisabeth Badinter en préface, "
que la très grande majorité des témoignages (...) ont été recueillis sous le masque de
pseudonymes
".
C'est le maire d'une "commune des Yvelines" qui critique la "stratégie de l'escalade" de
musulmans "
radicaux
" multipliant les demandes (de lieux notamment) auprès de lui. Un "médecin généraliste à
Saint-Denis" évoquant la "
sortie massive
" de femmes "enfermées dans leur jilbab" (voile long) les jours de marché. Une fonctionnaire
préfectorale assurant que les salafistes de sa banlieue sud de Paris sont vus par leurs
coreligionnaires comme les "
vrais musulmans
", avec des hommes qui "
tiennent le pavé
"...
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« <i>Une France soumise</i> », un réquisitoire jugé « <i>diabolisant</i> » à l’égard des musulmans
Au total, une soixantaine de témoignages qui illustrent, selon Georges Bensoussan, "une
situation plus délitée qu'on ne le pensait
".
'Le chiffon rouge du communautarisme'
"Cet islam politique n'est pas la totalité de l'islam en France - très loin de là -, mais c'est une
minorité très active et qui a un projet, qui se concrétise par une attitude quasi sécessionniste
avec la société française ", accuse l'auteur, interrogé par l'AFP. "C'est le silence qui
empoisonne la situation, c'est le déni de réalité qui a fait le Front national à 40% (dans certaines
régions en décembre 2015, NDLR)
", assure cet intellectuel en soulignant que beaucoup des contributeurs du livre sont ancrés
dans une gauche laïque. "
Leur livre est déjà récupéré par le pire de l'extrême droite
", tacle le politologue Thomas Guénolé, qui vient de publier un essai intitulé "
Islamopsychose
" (Fayard).
"Je ne nie pas les comportements de revendication chez une partie des Français de confession
musulmane. Simplement, constater des problèmes minoritaires voire marginaux c'est une
chose, diaboliser les Français de confession musulmane dans leur ensemble en ne parlant que
de cette minorité-là, c'en est une autre", ajoute-t-il en estimant, sur la foi d'une étude de
l'Institut Montaigne, que les trois quarts d'entre eux sont "
soit intégrés soit assimilés
".
"La religion est devenue un mode d'organisation sociale dans les quartiers, la nature ayant
horreur du vide. C'est l'islam, mais aussi les mouvements évangéliques ", explique Michel
Kokoreff, auteur avec Didier Lapeyronnie de "Refaire la cité" (Seuil, 2013). "
Mais agiter le chiffon rouge du communautarisme, d'une certaine manière, c'est contribuer au
phénomène de repli qu'on dénonce",
avertit ce sociologue des banlieues
.
Contributeur des "Territoires perdus de la République", Iannis Roder, professeur à Saint-Denis,
défend ce type de démarche: " On m'a dit
que c'était +un empilement de témoignages jusqu'à la nausée+. Mais c'est une réalité! Ce n'est
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« <i>Une France soumise</i> », un réquisitoire jugé « <i>diabolisant</i> » à l’égard des musulmans
pas parce que ce n'est pas scientifique qu'il faut la disqualifier
."
Et "Les Territoires perdus de la République" ont contribué à susciter une formation accrue des
enseignants pour les aider à parler de la Shoah à tous les élèves, souligne-t-il. Preuve, selon
lui, que le livre a eu " une utilité", fût-elle "tardive".
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