Consideré depuis de nombreuses années comme un des quelques disquaires indépendants de qualité de Paris, de vyniles qui fait le bonheur des DJs de la capitale et d’ailleurs, car on vient de loin pour profiter des perles distribuées dans sa boutique de la rue d’Argout. Mais Youri est avant tout quelqun , surtout quand il endosse le costume de Mc Genou et du Genou System et met le hip hop à sa sauce. Youri propose une fine selection sérieux qui ne se prend pas au Un simple entretien avec un mec simple ... Retrouver Youri et le Genou System : www.chezyouri.com Comment a ouvert la boutique en 1999 ? A l’origine je n’étais pas du tout dans la musique. J’ai été jusqu’en 3éme puis j’ai pas mal glandé avant de trouver un job dans la bourse. Un jour j’ai acheté un stock de cd’s chez Cash Converters, j’ai pris le pas de porte, j’avais juste deux bacs de vinyles. En une semaine j’avais vendu tous les vyniles et peu ou pas de cds. J’écoutais les Pixies, Parliament, Public Enemy mais aussi de la variet’, un peu de tout en fait. Puis c’est au contact des clients que j’ai approfondi dans la musique. On a commencé à me donner des listes, je cherchais les titres. Ca doit aussi au quartier, j’aurais été ailleurs je me serais peut être pas spécialisé, ça a beaucoup compté. Ta sélection est assez éclectique, est ce qu’on vient chez toi en sachant avec quoi on va ressortir ? Ca dépend vraiment des clients, certains viennent avec un titre très précis et ne repartiront avec rien d’autre même si on l’a pas, d’autres sont là à fouiller au hasard. D’ailleurs je trouve que depuis quelques années ça s’ouvre, c’est-à-dire qu’un mec peut être un fan de funk et repartir avec un maxi de new wave. Un truc qui se voyait très peu il y a quatre ou cinq ans, on avait à faire à beaucoup d’aïatolas dans chaque style. Du genre exclusifs. On commence à dépasser un peu les clivages ? Ca commence, quand tu vois Solo, qui dans ses soirées Toxic peut mixer du hip hop old school, du rock ou des nouveautés, il y a vraiment pleins de gens qui ont pris le virage du crossover. Si t’écoutes du hip hop, c’est plus la honte d’aimer un morceau de disco. Qu’est ce qui t’a poussé après 3 ans à la boutique à te lancer plus activement dans la musique. De façon classique, je bossais un peu Pro Tools pour sauvegarder des vinyles et j’ai exploité au fur et à mesure les possibilités, jusqu’à faire de plus en plus de sons. En connaissant bien le vieux son, tu te rends compte qu’il y a des gens qui sortent des trucs, il y a aucun boulot qui est fait dessus. Même si des fois, il y a rien à toucher, quand une boucle est bonne, pas la peine de la dénaturer. Tu passes alors à la production ? Mouais … On ne peut pas vraiment dire production. Déjà quand tu écoutes énormément de musique, tu deviens aussi exigeant envers ce que tu écoutes qu’envers ce que tu fais. Et puis, par exemple, je vois pas mal de gens à la boutique qui font des sons, des débuts de morceaux mais qui ont du mal à finaliser. Le problème est que, si tu n’as pas l’idée ou le projet fini avec la gamine qui chante ou le rappeur hardcore, la pochette, le concept, au final tu ne fais qu’accumuler les sons sur ton disque dur, ce qui est un peu mon cas en ce moment.Je fais de la musique, plus pour faire marrer mes potes … d’où le nom Mc Genou, tu vois … Pourtant, il y a le label Genou System avec la sortie du maxi « L’exécuteur de Hong Kong » ? Il a plutôt été bien chroniqué à ce que je m’en souviens ? Pareil, c’est pas vraiment un label non plus … 1 seul maxi qui a été un échec commercial. C’est un bon artiste, le morceau a plutôt bien plu, mais le budget était pas à la hauteur, j’ai claqué trop à certains postes, pas assez à d’autres … C’est un mec dont j’ai eu les maquettes à New York, alors qu’il habite à côté de la boutique. Mais bon voilà, il a fait « coup de cœur » à la FNAC, mais au final j’avais fait 1000 vinyles, et j’en ai encore un tout un stock qui dort ! C’est le métier qui rentre ? Carrément … Et puis ça m’a donné plein d’idées niveau production. C’est pas tout de sortir l’objet, il faut réussir à trouver l’artiste qui va porter le projet, avec qui tu t’entends bien, en qui tu peux avoir confiance, c’est plus ça le problème. Dans le hip hop français aujourd’hui, y a pas du tout cet état d’esprit, et les bons artistes sont de plus en plus rares. Mais en tous cas, ça m’a vraiment donné envie de poursuivre l’aventure, même si je sais pas encore avec qui. Tu peux nous en dire un peu plus ? J’aimerais me diriger vers des produits vraiment finis, des objets à toucher, à lire, avec des belles photos, des jingles … Proposer un truc en plus par rapport au simple support. Qui fasse aussi joli dans ta bibliothèque. Quelque chose qu’on a envie de garder. Ensuite on ne peut jamais prédire l’avenir d’un morceau. Je fais du hip hop et je me suis aussi mis à rapper sans me prendre au sérieux, mais le prochain morceau sera peut être bossa nova ou rock. Ca fonctionne surtout à l’envie. Tu fais des soirées ? Pas trop, déjà j’ai horreur du Djing, si je viens jouer c’est avec des gens qui s’en foutent du style que tu passe, que tu puisse mettre un beatles ou un cure si ça te fait plaisir. Après avoir des gens à faire danser, faire le show, ce n’est pas du tout mon truc. Je préfère les soirées entre potes …