La production d’embryons surnuméraires doit aussi être maîtrisée.
De quoi s’agit-il ? Lorsqu’il y a fécondation in vitro, le spécialiste
organise la fécondation de plusieurs embryons mais ne les
implante pas tous. Dans notre pays, les autres embryons sont
congelés et stockés ce qui, selon la mission parlementaire,
constitue une « transgression première ». Pourquoi ne pas
s’inspirer de l’Italie et de l’Allemagne où les fécondations in vitro
sont réalisées sans conservation d’embryon ?
Certaines recherches, notamment sur les cellules souches, sont
réalisées en France sur les embryons. Le chercheur détruit
l’embryon pour extraire ces cellules souches ou utilise des lignées
de cellules souches issues d’un embryon préalablement sacrifié.
Ces recherches, menées depuis vingt ans, n’ont pas donné de
résultats ; tout le monde en convient. Ailleurs dans le monde, des
recherches sur les cellules souches sont menées à partir de
cellules extraites du cordon ombilical ou d’autres parties du corps,
évitant ainsi de détruire l’embryon et de devoir en congeler pour
disposer du matériel expérimental. Pourquoi ne pas développer
les efforts de la recherche sur ces cellules non embryonnaires qui
ne posent pas de problèmes éthiques ? Au contraire, l’atteinte
directe à la dignité de l’embryon humain commande le principe
d'interdiction des recherches sur celui-ci ou sur les cellules
extraites de son corps embryonnaire. Or la loi que l’on nous
propose affiche l’apparence de l’interdiction de la recherche sur
l’embryon pour, à l'excès, organiser et multiplier les exceptions.
L’embryon ne peut être un matériau de laboratoire servant des
intérêts économiques et financiers. La France s’honorerait à
développer ces méthodes réconciliant l’éthique et la science.
Il faut enfin instituer une bioéthique citoyenne. La loi qu’on nous
propose donne une délégation excessive de pouvoir à l’agence de
biomédecine, c'est-à-dire aux experts. Nous ne voulons pas d’une
technocratie d’experts mais nous voulons une démocratie de
citoyens. La responsabilité ultime revient aux représentants du
peuple. La procréation humaine n’est pas un processus industriel
dont l’efficience est dans les mains d’un « ingénieur Qualité »,
quelles que soient ses qualités scientifiques, mais un acte à haute
valeur éthique constitutif de la dignité de l’homme. Dans ce
domaine, le Parlement est pleinement dans son rôle en exerçant
une vigilance sur le respect des droits des personnes et de leurs
familles.
Xavier BRETON, député de l'Ain
Marc LE FUR, député des Côtes-d'Armor, Vice-Président de l'Assemblée nationale
Hervé MARITON, député de la Drôme, Vice- Président de la Commission spéciale Bioéthique