
  XVII
conscience syndicale, l’administration  se montra hésitante pour légiférer sur la question 
sociale et l’organisation du travail dans les colonies.  Elle n’a concédé  la liberté syndicale 
qu’aux travailleurs citoyens français à part entière. Aussi, l’interdiction de participer à la 
vie syndicale imposée aux sujets français  constituant la majorité des travailleurs explique 
t-elle  le  développement  spontané  d’organisations  professionnelles,  utilisant  des  formes 
détournées  pour  contourner  la  réglementation  et  défendre  les  intérêts  des  travailleurs 
(amicales, mutuelles, etc.). L’étau de l’opinion internationale, voire métropolitaine et  la 
pression des employeurs contraignent alors  l’administration à combler le vide juridique 
avec la promulgation du décret du 22 octobre 1925 règlementant le travail indigène en 
Afrique occidentale française (AOF). Il s’agit surtout d’atténuer les critiques soulevées 
par le recours au travail forcé comme solution à  la dite  pénurie de la main-d’œuvre et de 
n’accorder la liberté syndicale qu’aux seuls  travailleurs ayant une qualification alors que 
60% des employés  en sont dépourvus. Avec l’avènement du Front Populaire en France et 
sous  l’impulsion  du  Gouverneur  Général  Marcel  De  Coppet  (1936-1938),  certaines 
dispositions  de  la  législation  sociale  métropolitaine  ont  été  appliquées  en  Afrique 
occidentale française  (AOF),  favorisant ainsi  l’essor des organisations professionnelles 
syndicales.  L’intervention  de  la  deuxième  guerre  mondiale  atténue  l’élan  revendicatif  des 
syndicats  mais  elle  annonce des mutations qui  donnent  une nouvelle allure  à  la  question 
sociale. 
 
La deuxième  partie  est    intitulée Industrialisation,   et Développement  du salariat :  un 
marché du travail alternativement dominé par le secteur privé puis par le public (1946-
1990).  Elle  étudie  l’évolution de la politique de mise en valeur coloniale suivie par celle 
d’industrialisation  du  Sénégal,  principal  bénéficiaire  des  investissements  du  Fonds 
d’Investissement pour le développement économique et social des territoires d’outre-mer 
(FIDES). La période 1948 à  1956 constitue l’âge d’or des investissements industriels de 
substitution à l’importation réalisés par des sociétés de la Métropole. Le panorama des 
unités manufacturières est assez varié avec la cohabitation des huileries, des conserveries 
de poissons avec les minoteries, l’industrie du tabac, les établissements de torréfaction de 
café, le textile, l’industrie du sac, les savonneries, les industries mécaniques et portuaires, 
les  entreprises  des  Travaux  publics  et  de  Matériaux  de  construction  et  les  industries