Retrouver un lien fort avec notre environnement, avec ce qui nous fait vivre, ce qui n’est pas
consommable et n’a pas de limite dans le temps, doit devenir le nouvel objectif à atteindre. Les pays
développés ont pris conscience depuis les chocs pétroliers de 1973 et 1979 que leur prospérité
matérielle était basée sur l'utilisation intensive de ressources naturelles finies, et que par conséquent,
outre l'économique et le social, un troisième aspect avait été négligé : l’environnement !
Il nous faut tenir compte de ce que les écosystèmes peuvent supporter, notamment en termes
de ponction annuelle de ressources naturelles par rapport au capital naturel disponible, et de
déchets. L'Union européenne, par exemple, doit pour cela promouvoir les marchés publics
écologiques, définir avec les parties concernées des objectifs de performance environnementale et
sociale des produits, accroître la diffusion des innovations environnementales et des techniques
écologiques… De plus, le nucléaire est trop centralisé, inutilement coûteux et dangereux, alors que
les technologies modernes de stockage d'énergie et de commutation intelligente permettent déjà la
réalisation d'une production distribuée d'énergies renouvelables, même avec des sources
intermittentes. Les grandes centrales centralisées, éoliennes et solaires incluses, sont nécessaires
dans la phase de transition, mais pourront, selon J. Rifkin, ensuite être remplacée par les bâtiments
et infrastructures qui produiront l'énergie au plus près de son lieu de consommation. Exception,
faite cependant, du réacteur à fusion nucléaire français du site de Cadarache, appelé ITER (énergie
propre et presque infinie), extrêmement coûteux mais offrant une alternative aux centrales
nucléaires actuelles.
Le progrès passe donc par l'émergence d'une troisième révolution industrielle et
économique, fondée sur les énergies vertes et l’immatériel… Elle se distinguerait des secteurs
d'activité classiques de la production et aurait démarré au milieu du XXe siècle avec la convergence
des nouvelles technologies de l'information et de la communication (Internet/satellitaires,
notamment) et des énergies renouvelables.
Elle n’est plus fondée sur la surconsommation mais renoue avec ce qui est essentiel, plus
pérenne et serait susceptible d’apporter le bonheur à plus long terme, d’autant que le bonheur
factice apporté par la consommation exige un renouvellement incessant.
Cette troisième révolution repose, pour J. Rifkin, sur la création conjointe :
• d'un système distribué de production et distribution d’énergies renouvelables. Cette énergie
serait produite non plus par de grandes centrales toujours sources de vulnérabilités, de
risques et associées à d’importantes pertes en ligne, mais de manière décentralisée,
distribuée partout où un besoin d'usage est géographiquement proche, directement sur les
constructions (toitures, terrasses, murs, vitrages photovoltaïques, murs anti-bruit…) ou via
les fondations (géothermie, puits canadien). Il s’agit donc de produire davantage localement,
selon la formule « agir local, penser global », employée par René Dubos, agronome,
biologiste et écologue français, au sommet sur l'environnement de 1972, et souvent
invoquée dans les problématiques de développement durable ;
• d’une capacité à stocker une partie de cette énergie et à la redistribuer de manière
«décentralisée», par l'intermédiaire d’un réseau intelligent de type «smart grid», sans
émissions de gaz à effet de serre.