2SSO |dentarena n° 1/2014
OBJECTIF CABINET
Hypnose en médecine dentaire
L’hypnose ne devrait plus être taxée de charlatanisme. En médecine, elle a acquis ses lettres de noblesse
durant la seconde moitié du siècle dernier. En médecine dentaire, elle peut rendre de judicieux services au quoti-
dien que ce soit en remplacement ou en combinaison avec les méthodes de sédation classiques.
Klaus Neuhaus
doit être attentif à ce qui se passe chez ce dernier. Une fois le
lien bien établi, le thérapeute commence l’induction, phase
durant laquelle le patient entre en transe. Contrairement à un
mythe qui a la vie dure, la transe n’est pas du tout imposée au
sujet. Le patient entre en transe de lui-même, guidé et accom-
pagné par le thérapeute. Les spécialistes parlent également de
transe thérapeutique. Le thérapeute est lui aussi dans un état
proche de la transe, ce qui facilite l’induction de la transe chez
son patient. Chacun est capable d’entrer en transe et passe
chaque jour par des états de transe: juste avant le réveil et juste
avant l’endormissement, lors de longs trajets sur l’autoroute, en
regardant la télévision ou en accomplissant des tâches monoto-
nes. Les signes caractéristiques de cet état sont le ralentissement
des rythmes cardiaque et respiratoire. Cet état physique est diamé-
tralement opposé à l’anxiété. Il est très indiqué pour les patients
anxieux.
Attention dirigée
Il y a différents niveaux de transe. Cela dépend d’une part du
patient, qui peut être ou non «doué» pour la transe, et d’autre
part de son entraînement. Après plusieurs séances d’hypnose,
le patient parvient en règle générale à se mettre en état de
transe plus rapidement et atteint des niveaux de transe plus pro-
fonds que la première fois. En médecine dentaire, il suffit que le
patient atteigne des niveaux de transe légers à moyens.
Lorsque la transe est induite, le patient se trouve dans un état
d’attention accrue, mais dirigée. Le patient sous hypnose n’est
ni inconscient ni plongé dans une sorte de sommeil. Il est parti-
culièrement réceptif aux suggestions positives. Ainsi, le fait de
l’inviter à se souvenir d’une situation particulièrement agréable
lors de ses dernières vacances d’été peut déjà provoquer la «pro-
jection mentale» d’un film. Lorsque patient et médecin-dentiste
sont convenus d’un scénario particulier lors de l’entretien de
préparation, ce dernier peut, durant le traitement, émettre des
suggestions que le patient parvient à «intégrer» facilement dans
son film mental. Ainsi, le patient parvient à associer des bruits
forts tels que l’aspiration ou le sifflement strident de la fraise à
ceux émis par un bateau à moteur qui fend les vagues ou un
buggy qui roule sur la plage, ce qui les rend plus acceptables.
L’attention dirigée semble faire partie de la nature humaine.
Chacun a déjà vécu une situation semblable: un enfant tombe
et se blesse; il se relève, court vers sa mère, et ce n’est qu’une
fois dans les bras de celle-ci qu’il s’abandonne à la douleur et se
Il n’est pas rare que le mot «hypnose» éveille des associations
négatives: l’hypnotisé est rendu sans volonté et est entièrement
soumis à un hypnotiseur qui le ridiculise sur scène pour le plus
grand plaisir des spectateurs. En outre, on croit à tort que la per-
sonne sous hypnose est endormie, cela sans doute à cause de
l’origine du mot: dans la mythologie grecque, Hypnos est le dieu
du sommeil.
Dans les faits, il s’agit d’une forme de thérapie antique qui per-
met de mettre le patient dans un état qui ressemble, superficiel-
lement, au sommeil. La médecine a redécouvert l’hypnose au
milieu du 19esiècle. Jusqu’au milieu du 20esiècle, ses utilisations
étaient marquées par un style très autoritaire. À partir des an-
nées 50, l’hypnose a évolué vers des méthodes modernes, moins
intrusives et plus permissives. Milton Erickson est l’une des figu-
res emblématiques de l’hypnose médicale. Il a développé une
approche narrative utilisée aujourd’hui encore. Les séances d’-
hypnose sont toutes structurées de la même manière. Le théra-
peute commence par établir un bon rapport avec son patient. Il
Chez l’enfant, hypnose et sédation au
protoxyde d’azote se combinent très bien:
le gaz contribue à sa relaxation
musculaire tandis que l’hypnose permet
de le distraire et de le calmer.