
C Couper l’incoupable : la physique atomique
Mais oublions ces calculs et revenons aux atomes. Aucune expérience de chimie, si violente soit-elle, ne
peut couper les atomes. Lors de la désintégration de la dynamite, par exemple, la molécule de
nitroglycérine est détruite mais les atomes de carbone, d’azote, d’oxygène et d’hydrogène qui la
composent restent absolument intacts. Les atomes ( en grec : impossibles à couper ) semblent donc bien
être les plus petits grains de matière qui puissent exister.
Il a fallu attendre le début du XXème siècle pour qu’on parvienne à les pénétrer. L’histoire de cette
découverte est passionnante, semée d’embuches et de fausses pistes mais trop longue pour être
racontée ici. Elle a abouti à la construction d’une nouvelle science : la Physique atomique.
C1 L’atome « vu » de l’extérieur : un flocon électrique
Les atomes, nous l’avons dit, sont extrêmement petits. Leur diamètre est de l’ordre de 10 – 10 mètre.
Pour rendre ce nombre concret, faisons un tout petit calcul : 10 – 10 m = 10 – 7 mm.
cela signifie que dans un mm, on peut aligner côte à côte 107, soit 10 millions d’atomes.
Vu de l’extérieur – si on pouvait les voir – les atomes apparaitraient comme de petites boules floues,
comme de petits flocons d’électricité. On sait aujourd’hui que cette enveloppe est un nuage de quelques
particules appelés électrons qui tournent autour d’un noyau dont nous parlerons plus loin. Lorsque des
atomes se lient les uns aux autres pour former des molécules, c’est au niveau des nuages électroniques
que se réalise l’accrochage. D’une certaine manière, on pourrait dire que la Chimie est la science des
couches électroniques des atomes. La Chimie ignore ce qui se passe dans les profondeurs.
Quant aux électrons, ils sont la plus petite quantité d’électricité qui existe. On les rencontre dans les
nuages électroniques des atomes mais on peut aussi les rencontrer « libres », c’est à dire faisant leur vie
loin de tout. Dans ce cas, on peut mesurer leur masse et on se rend compte qu’elle est extrêmement
faible par rapport à celle des atomes. Par exemple, un électron est environ 1800 fois plus léger qu’un
atome d’hydrogène.
Puisque les électrons peuvent être libres, se pose la question de savoir pourquoi il leur arrive de rester
piégés, en boule, pour former des atomes. Par analogie avec le système solaire dans lequel le lourd
Soleil maintient en orbite les légères planètes, on a pensé qu’il existait des noyaux au centre des atomes.
Mais la comparaison ne marche pas jusqu’au bout parce que la gravité découverte par Newton n’est pas
assez forte pour retenir les électrons. La force qui retient les électrons s’appelle interaction électro
magnétique. Elle est d’une autre nature que la gravité : elle se crée entre particules portant une charge
électrique. Ces charges peuvent être de même signe ou de signe opposé. Lorsque le signe est le même,
il y a répulsion et lorsqu’il est différent, il y a attraction. Pour expliquer la stabilité des atomes, il fallait
donc que le noyau fût porteur d’une charge de signe opposé à celui des électrons. Pour des raisons liées
à l’Histoire de l’Électricité, on nota « – » pour les électrons et « + » pour le noyau.
C2 Plongée dans les profondeurs : le noyau
Sous les couches mouvantes d’électrons, partons à la recherche de ce fameux noyau. S’il faut déjà de
bons yeux pour voir les atomes, il en faut de meilleurs pour l’apercevoir : le noyau est 100 000 fois plus
petit que l’atome, son diamètre est de l’ordre de 10 – 15 m !
Pour se faire une idée concrète de la petitesse du noyau, il va falloir imaginer une maquette à l’échelle
1012. Si nous représentions 1 mm par 1 000 000 km, l’atome serait une vaste bulle de 100 m de diamètre
et le noyau ne serait qu’une toute petite bille de 1 mm. En fait, l’atome est presque complètement vide
mais toute sa masse est concentrée dans un noyau extrêmement petit et donc extrêmement dense.
On trouve donc dans le noyau toute la masse, certes, mais aussi toutes les charges électriques positives
qui sont nécessaires pour retenir les électrons en orbite. En effet, globalement, l’atome est neutre. Il y a
donc autant de charges positives dans le noyau que d’électrons dans le nuage électronique. Sauf que
cela pose un problème car toutes les charges positives du noyau se repoussent. Il existe donc une force
supérieure qui les oblige à rester ensemble. Tout cela pousse à penser que le noyau lui-même n’est pas
homogène et qu’à son tour il doit être formé de particules plus petites encore.
Bienvenue au royaume étrange de la Physique nucléaire.