L’ute
´rus cicatriciel constitue un facteur de risque majeur en
obste
´trique, avec la hantise d’anomalies d’insertion du
placenta, de la de
´sunion pergravidique de la cicatrice et de
la rupture ute
´rine per-partum, pouvant e
ˆtre a
`l’origine
d’he
´morragies du post-partum graves [1-3]. En Afrique, comme
ailleurs, les e
´tudes sur le sujet ont porte
´essentiellement sur la
gestion de l’accouchement sur ute
´rus cicatriciel [4-11]. Certains
auteurs africains [8, 11, 12] ont identifie
´plusieurs facteurs de
mauvais pronostic d’accouchement sur ute
´rus cicatriciel, parmi
lesquels la mauvaise qualite
´du suivi des grossesses et le retard,
voire l’absence de re
´fe
´rence des gestantes en fin de grossesse
vers la structure approprie
´e. Il nous a alors paru opportun
d’effectuer ce travail afin d’e
´valuer la qualite
´du suivi pre
´natal
des femmes porteuses d’une grossesse sur ute
´rus cicatriciel et
d’en appre
´cier le pronostic maternel et ne
´onatal en milieu
africain.
Patientes et me
´thodes
Il s’agissait d’une e
´tude prospective, descriptive et analytique
re
´alise
´e entre le 1
er
novembre 2009 et le 31 aou
ˆt 2010 au centre
hospitalier Roi-Baudouin (CSRB) de Dakar (Se
´ne
´gal), qui re
´alise
en moyenne 6 000 accouchements par an. La population cible
de notre e
´tude e
´tait constitue
´e par l’ensemble des parturientes
porteuses d’un ute
´rus cicatriciel. E
´taient incluses toutes celles
qui e
´taient admises en salle d’accouchement avec une grossesse
estime
´ea
`vingt-deux semaines d’ame
´norrhe
´ere
´volues, qui
avaient au moins une cicatrice ute
´rine et qui disposaient d’un
carnet de consultations pre
´natales (CPN). Nous avions exclu les
cicatrices d’intervention gyne
´cologique (cures de malforma-
tions ute
´rines et myomectomies). L’e
´tude comportait un volet
qualitatif d’analyse des carnets de sante
´et une interview des
patientes en salle de travail ou dans l’unite
´des suites de couches
et des postope
´re
´es. Les variables e
´tudie
´es e
´taient : les carac-
te
´ristiques sociode
´mographiques (a
ˆge, re
´sidence, niveau d’ins-
truction), les ante
´ce
´dents obste
´tricaux, le suivi de la grossesse
(nombre de CPN, qualification du prestataire, qualite
´de
l’examen clinique, re
´alisation du bilan paraclinique obligatoire,
e
´tablissement du pronostic de l’accouchement et la re
´fe
´rence),
ainsi que les modalite
´s de l’accouchement et l’issue materno-
fœtale. La collecte et l’analyse des donne
´es e
´taient effectue
´es a
`
l’aide du logiciel Epi-Info version 3.0 et SPSS 13.0. L’analyse e
´tait
re
´alise
´e par des tests statistiques bivarie
´s. Le lien statistique e
´tait
appre
´cie
´par le test du Chi-carre
´de Pearson ou le test exact de
Fisher, selon l’importance de l’effectif. Le risque e
´tait estime
´par
l’Odds ratio (OR), avec un intervalle de confiance (IC) a
`95 %,
en acceptant une probabilite
´p0,05.
Re
´sultats
Fre
´quence
Durant les dix mois de notre e
´tude, 4 846 accouchements ont
e
´te
´collige
´s, parmi lesquels 388 ute
´rus cicatriciels, soit une
fre
´quence de 12,5 %.
Caracte
´ristiques sociode
´mographiques
L’a
ˆge moyen des gestantes e
´tait de 28 ans, avec des extre
ˆmes de
18 et 44 ans. L’essentiel de notre e
´chantillon e
´tait constitue
´de
femmes sans profession (81,4 %). La quasi-totalite
´des gestantes
(99,5 %) vivaient en couple. Dans plus de la moitie
´des cas
(54,9 %), les patientes n’avaient pas e
´te
´scolarise
´es et
seules 175 femmes (45,1 %) avaient fait des e
´tudes scolaires,
sans de
´passer le niveau primaire dans la majorite
´des cas
(56,6 %).
Donne
´es obste
´tricales
Nous avons releve
´qu’il s’agissait de paucipares dans 73,7 % des
cas, la parite
´moyenne e
´tant de 3. Les multipares et les grandes
multipares repre
´sentaient respectivement 22,7 % et 3,6 % de
l’e
´chantillon. Il y avait une pre
´dominance des ute
´rus unicica-
triciels : ils repre
´sentaient 72,9 % des cas. Les ute
´rus bicica-
triciels, tricicatriciels et quadricicatriciels repre
´sentaient
respectivement 20,3 %, 5,7 % et 0,8 %. L’indication de la
dernie
`re ce
´sarienne e
´tait connue dans 63,9 % des cas.
L’intervalle interge
´ne
´sique e
´tait de trente-six mois en moyenne
(extre
ˆmes de huit et 180 mois). Dans plus de la moitie
´des cas
(57 %), les gestantes n’avaient utilise
´aucune me
´thode de
contraception apre
`s le dernier accouchement.
Nombre et lieu des consultations pre
´natales
Le nombre moyen de CPN e
´tait de trois (extre
ˆmes de 1 et 5).
Moins de la moitie
´des patientes (48 %) avaient eu quatre CPN.
La premie
`re consultation avait eu lieu au premier trimestre dans
67 % des cas, au deuxie
`me trimestre dans 27,3 % des cas et
5,7 % des gestantes n’avaient consulte
´qu’au troisie
`me trimestre.
Un peu plus de la moitie
´(62,6 %) des gestantes avaient
be
´ne
´ficie
´de la consultation du neuvie
`me mois. Cette dernie
`re
avait e
´te
´effectue
´e dans la structure d’accouchement par
seulement 17,2 % des gestantes. Dans la majorite
´des cas
(67,8 %), le suivi avait e
´te
´effectue
´au niveau d’un poste de
sante
´, d’un centre de sante
´communautaire ou d’un centre de
sante
´de district. Il avait ainsi e
´te
´assure
´dans la plupart des cas
par une sage-femme (95,1 %), et seules quinze gestantes (5,3 %)
avaient e
´te
´suivies par un obste
´tricien ou un me
´decin
ge
´ne
´raliste. Les tests statistiques n’ont pas re
´ve
´le
´de diffe
´rence
significative dans la re
´partition du nombre de CPN en
fonction de certains facteurs socio-e
´conomiques des gestantes
(tableau 1). Cependant, nous avions constate
´que les consul-
tations avaient de
´bute
´plus pre
´cocement chez les patientes
entie
`rement prises en charge financie
`rement par leur conjoint
– cela e
´tant statistiquement significatif (p = 0,021). D’autres
parame
`tres tels qu’un a
ˆge infe
´rieur a
`20 ans (77 %), le statut de
femme marie
´e (68,2 %) et la scolarisation (71 %) avaient
influence
´positivement la fre
´quentation pre
´coce des structures
de suivi pre
´natal, mais sans e
ˆtre statistiquement significatifs
(p = 0,24 et 0,77).
Contenu des consultations pre
´natales
Les parame
`tres cliniques recueillis au cours de l’examen
clinique sont rapporte
´s au niveau du tableau 2. Le toucher
vaginal e
´tait re
´alise
´chez la quasi-totalite
´des gestantes au
troisie
`me trimestre.
Cependant, la qualite
´du segment infe
´rieur n’e
´tait appre
´cie
´e
que dans 13 % des cas, et le niveau de la pre
´sentation chez
seulement 39 % des patientes. Quant a
`la pelvime
´trie clinique,
elle n’avait e
´te
´effectue
´e que chez quinze patientes (6,2 %). En
ce qui concerne le bilan paraclinique, les examens biologiques
obligatoires n’avaient pas e
´te
´effectue
´s par toutes les gestantes
410 Me
´decine et Sante
´Tropicales, Vol. 24, N84 - octobre-novembre-de
´cembre 2014
M.E
´. F. DIE
´ME
´,ET AL.
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