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© Université de Liège - http://reflexions.ulg.ac.be/ - 19 April 2017
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constituer des systèmes binaires, les deux astres (parfois trois) tournant l'un autour de l'autre. Une étoile est
dite massive si sa masse équivaut à au moins dix fois la masse solaire. Ces étoiles sont les moins nombreuses
de la population stellaire, ne représentant ainsi qu'une petite fraction d'une galaxie comme la nôtre. On pourrait
donc imaginer qu'elles ont une importance négligeable. Or c'est le contraire : elles sont les plus lumineuses,
contribuant de manière importante à la luminosité globale d'une galaxie et elles vont le plus loin dans les
réactions de fusion nucléaire qui se déroulent dans le cœur des astres puisque la température de leur cœur
est bien plus élevée que celle du Soleil par exemple. D'autre part, comme ces étoiles sont très lumineuses, la
lumière va y exercer une pression de radiation importante, jusqu'à provoquer l'expulsion progressive de leurs
couches extérieures, ce qui conduit à la formation de vents stellaires (lire aussi l'article Le vent stellaire livre
ses secrets). Ces vents vont enrichir le milieu interstellaire en éléments chimiques et être source d'énergie
mécanique. L'environnement interstellaire n'est donc pas figé. Autre caractéristique de ces étoiles : elles
terminent en général leur évolution par une explosion (supernova). Lors de celle-ci, de grandes quantités de
matière sont relâchées dans l'environnement interstellaire et, comme d'autres types de réactions nucléaires
se produisent alors, de nouveaux éléments chimiques vont également y être largués.
« Mes recherches en astrophysique des hautes énergies, explique Michaël De Becker, portent notamment
sur une autre particularité des étoiles massives. Il faut savoir que notre galaxie est baignée par un flux de
particules de haute énergie, les rayons cosmiques. Ce sont des particules chargées, le plus souvent des
protons, des noyaux d'hélium et dans une moindre mesure des noyaux d'autres éléments chimiques. Elles
ont été accélérées jusqu'à des vitesses proches de celle de la lumière mais leurs origines sont diverses.
Si certains de ces rayonnements cosmiques, ceux de très haute énergie, sont produits en dehors de notre
galaxie, les moins énergétiques proviennent notamment des étoiles massives de notre galaxie, à différents
stades de leur évolution.»
Supernova et binarité
Ces rayons cosmiques galactiques sont accélérés dans des environnements liés aux étoiles
massives, principalement dans l'entourage des résidus de supernova. Quand l'explosion a lieu, il y a
contraction du cœur de l'étoile jusqu'au stade d'étoile à neutrons ou trou noir, mais les couches extérieures sont
violemment expulsées, à très haute vitesse, plusieurs milliers de kilomètres par seconde. Cela va créer des
chocs avec la matière interstellaire environnante, des chocs qui sont capables d'accélérer des particules. Une
partie de l'énergie mécanique va en effet être transmise à des particules (provenant de l'étoile ou de la matière
environnante) qui vont alors atteindre des vitesses très élevées et constituer ainsi les rayons cosmiques. Ce
mécanisme est sans doute la source principale de rayons cosmiques d'origine galactique.
Les recherches de Michaël De Becker explorent une piste complémentaire permettant d'expliquer
l'accélération des particules, notamment dans le cas des rayons cosmiques de plus basse énergie. Leur
source serait bien des étoiles massives mais plus précisément des paires d'étoiles massives, des systèmes
binaires. On sait aujourd'hui qu'une fraction importante de la population des étoiles massives est constituée
de systèmes doubles, parfois triples. Le scénario envisagé par le chercheur liégeois n'est donc pas isolé mais
concerne un grand nombre de systèmes.
« La binarité est très importante, explique Michaël De Becker, car s'il y a deux étoiles, les vents stellaires
vont entrer en collision et cela donne lieu à des chocs hydrodynamiques qui rappellent un peu un choc de
supernova mais avec une géométrie différente. Au lieu d'avoir comme dans le cas du résidu de supernova
une géométrie sphérique, une coquille qui s'étend dans toutes les directions, il y a ici deux fronts de choc en
vis-à-vis et c'est au niveau de ces fronts que l'accélération des particules va intervenir.»