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On trouve peut-être encore,
dans quelques foyers français,
des vestiges de la guerre de
1870 dont c’est le centième an-
niversaire : portraits de vieux
soldats, pièces d'uniformes,
fragments de boulets de fonte,
petits cadres renfermant quel-
ques bribes du pain fabriqué
par les boulangers parisiens et
qui n'avait de pain que le nom.
Dans de nombreuses villes,
dans quantité de cimetières se
dressent des monuments aux
morts de cette guerre, aux
"mobiles" qui combattirent vail-
lamment, mal chaussés, mal
habillés, précairement armés.
On garde le souvenir des siè-
ges, des bombardements. On a
célébré au cours de patriotiques manifestations, celui de Belfort qui ne capitula pas et dont le fameux lion de
Bartholdi symbolise, au pied du château, l'héroïque résistance, celui de Strasbourg dont les monuments et les
maisons jurent écrasés sous les bombes, enfin celui de Paris qui fut défendu par des centaines de milliers de
combattants et qui ne se rendit qu'à la dernière extrémité. Evoquons, en quelques phrases, ce que furent ces
épisodes militaires.
STRASBOURG
Après le désastre de Woerth, le 6 août 1870, qui consommait la perte de l'Alsace, tandis que la ma-
jeure partie des troupes du maréchal de Mac-Manon battait en retraite vers Chalons, des isolés appar-
tenant à tous les corps de troupe venaient se réfugier dans Strasbourg. Dès le 8, la division Badoise
tentait un raid sur la place, espérant profiter de la confusion qui y régnait pour l'enlever sans coup férir.
Cette tentative échoua. Le général de division Uhrich, du cadre de réserve, avait été nommé gouver-
neur le 21 juillet précédent, et ne soupçonnait pas qu'il allait être obligé de soutenir un siège en règle
et particulièrement meurtrier. Les Badois
arrivèrent très vite sous les murs, ils furent
renforcés par la première division de réserve
et la division de landwehr de la Garde Prus-
sienne.
Le commandement supérieur des assié-
geants fut confié au général von Werder qui
disposa en outre de trente-trois compagnies
d'artillerie de siège (prussiennes, bavaroi-
ses, wurtembergeoises, badoises) repré-
sentant deux cents canons et cent mortiers,
et de quatorze compagnies de pionniers. En
tout, 60.000 hommes.
Le général Uhrich leur opposait un régiment
d'infanterie au complet, le 87
ème
, un bataillon
et le dépôt de chacun des 18
ème
et 96
ème
, un
régiment de marche d'infanterie à cinq ba-
taillons, une Garde Nationale de quatre ba-
taillons, et quatre bataillons de mobiles non
instruits. Une partie du 16
ème
régiment de
pontonniers était demeurée dans la place
après l'ouverture des hostilités avec les dé-
pôts de trois régiments d'artillerie, dix batte-
ries de la garde nationale mobile, quelque quatre cents douaniers, trois compagnies de francs-tireurs
et une flottille de la marine impériale. L'artillerie de la place comprenait quatre cent quarante pièces
de tous calibres, pour la plupart d'anciens modèles, armant les remparts et les ouvrages. Une centaine
seulement étaient des canons rayés se chargeant par la bouche et dont la portée était nettement infé-
rieure à celle des canons ennemis. Les autres, à âme lisse, remontaient souvent aux temps de Louis
XIV et de Louis XV... Un bataillon de sapeurs-pompiers devait aussi participer avec courage à la résis-
tance. L'ensemble formait une niasse peu cohérente d'une trentaine de mille hommes. Dans le conseil
de défense, autour du gouverneur, il y avait les généraux Moreno et Barrai, le contre-amiral Excel-
mans, les colonels Ducasse, Sabattier, Fiévet, Blot.
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Le préfet de l'empire fut remplacé par celui que nomma le gouvernement du Quatre-Septembre, Va-
lentin, un Alsacien, ancien officier et ancien représentant du Bas-Rhin en 1848 à l'Assemblée, proscrit
du 2 décembre, exilé en Angleterre, qui réussit à pénétrer dans Strasbourg bloquée au cours de la der-
nière période du siège.
Le premier obus tomba le 13 août dans le faubourg de Saverne et, dès lors, chaque jour qui se succéda
jusqu'à la capitulation apporta sa part d'événements tragiques. La garnison effectua quelques sorties,
mais, le 17, la ville fut soumise au premier grand bombardement. Des obus tombèrent un peu partout,
me sur la cathédrale, sur des écoles. Le bilan de ces destructions fut sévère : la bibliothèque de la
ville, célèbre dans toute l'Europe, comportant des rayons entiers de manuscrits et d'ouvrages uniques,
fut réduite en cendres. Avec le Temple Neuf disparut la plus vaste des églises protestantes de la
ville, ses orgues splendides et ses peintures murales renommées. Le 26 août, la cathédrale et l'hôpi-
tal civil brûlaient, le lendemain c'était le tour du Palais de Justice. Des trains entiers arrivaient d'Alle-
magne, chargés de toutes sortes de gens qui venaient contempler l'incendie de Strasbourg. Puis les
pionniers allemands ouvrirent les parallèles, détournèrent une partie des eaux de l'IIl, malgré les sor-
ties et les coups de main des francs-tireurs. Le 5 septembre, le général von Werder avait envoyé sa
cinquième sommation, repoussée comme les précédentes. Le 8, les immeubles de la place Broglie,
la mairie, la manufacture des tabacs étaient criblés d'obus. De plusieurs lieues à la ronde, la nuit, on
apercevait
les lueurs de l'incendie sur le rouge desquelles se détachait la flèche de la cathédrale.
Les Prussiens avaient mis en service deux mortiers qui tiraient des obus de 200 kilogrammes avec
fusées incendiaires : pour l'époque, c'étaient des mastodontes... La ville était atteinte chaque jour par
sept mille projectiles.
Des délégués suisses réussirent à faire évacuer des femmes, des enfants, des vieillards,, mais le
bombardement ne se ralentit pas pour autant. Le 27 septembre, les officiers supérieurs du génie
déclarèrent au gouverneur que Strasbourg était à la merci de l'ennemi. Fallait-il condamner la ville à
être prise d'assaut ? Le conseil de défense reconnut que la résistance était parvenue à son ternie et
qu'il y avait lieu d'entamer des négociations. L'honneur était sauf.
Le 28 septembre, la garnison sortit avec les honneurs de la guerre et fut dirigée vers les camps de
captivité. Les Allemands firent leur entrée à midi et défilèrent au pas de parade sur la place Kléber.
La ville était en ruines, le bombardement avait duré trente et un jours, les batteries ennemies avaient
tiré 220.000 obus, les pertes civiles se montaient à 500 tués et 2.000 blessés, la garnison avait eu
2.500 hommes hors de combat.
Au mois d'août 1919, le Président de la République remettait à Strasbourg la croix de la Légion d'hon-
neur : "Dans les rues ravagées par l'incendie, disait-il, la foule, ivre de douleur, s'était massée, depuis
qu'elle avait vu flotter le drapeau blanc sur la tour de la cathédrale. Elle sanglotait et suppliait qu'on
résistât encore. Il fallut que le général Uhrich démontrât que la situation était désespée. Alors, sur
le passage des troupes, tout Strasbourg se précipita en pleurant et en poussant des cris de "Vive la
France...". Le général von Werder fit connaître au
maire, M. Küss, qu'il exigeait que le
conseil municipal vint à sa rencontre et
lui remette les clefs de la cité sur un pla-
teau d'argent. Küss, conservant tout son
sang-froid, répondit : "Vous pouvez
m'emprisonner, mais vous ne me ferez
pas commettre une telle lâcheté. Je
n'irai pas au-devant de vous, je ne vous
remettrai pas les clefs sur un plateau.
Vous êtes libre d'entrer en triomphateur
au milieu de nos rues et de nos édifices
en ruines, mais je ne réponds de rien. Si
vous avez cru trouver des amis et des
compatriotes dans les Strasbourgeois,
vos illusions seront vite dissipées... Nous
serons peut-être tués et brûlés, vous
êtes le nombre et la force, nous nous y
résignons".
Le général n'insista pas. Soixante-quinze ans plus tard, reprise de vive force par les troupes du
général Leclerc, menacée d'être évacuée par le commandement allié, le général de Gaulle et le
gouvernement se refusèrent à laisser subir à la vaillante cité les horreurs d'une autre capitulation et
le drapeau français ne fut pas amené.
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BELFORT
Les troupes françaises du général de Faîlly, qui avaient été concentrées en Haute-Alsace à la fin du
mois de juillet, l'abandonnèrent après les premiers revers et firent route vers le camp de Chalons. Il
ne restait pour ainsi dire plus personne entre Strasbourg et Mulhouse et la place de Belfort était
réduite à ses seules ressources. Le colonel du génie Denfert-Rochereau en prit le commandement.
La garnison, forte en tout de 17.000 hommes comprenait un régiment de marche d'infanterie à
deux bataillons, un bataillon de la garde nationale sédentaire et trois régiments de mobiles cons-
titués avec des bataillons du Rhône, de la Haute-Saône et de Saône-et-Loire. Quelques compa-
gnies du Haut-Rhin et des Vosges, des douaniers de Mulhouse, quelques artilleurs et sapeurs la
complétaient.
C'est le l
er
novembre 1870 qu'arriva la division prussienne von Treskow, libérée par la capitulation
de Metz, composée des troupes de la landwehr. Elle avait eu affaire à des francs-tireurs et aux habi-
tants de Chatenoy qui s'étaient âprement défendus. Une colonne volante de Badois avait entrepris le
"nettoyage" du pays. A la fin du mois d'octobre, des combats s'étaient déroulés vers Souitz, ils
avaient été suivis de représailles, avec massacre d'otages.
On stait battu à Burnhaupt-le-Haut, Soppe-le-Bas, Cernay. A Mulhouse, des ouvriers avaient
échangé des paroles "désagréables" avec des Poméraniens qui tirèrent sur eux. Le maire Jean Doll-
fus s'était interposé et s'offrant comme victime, avait obtenu, que la ville ne soit pas incendiée... Le
viaduc de Dannemarie sautait le 2 novembre au matin. L'investissement de Belfort commea quel-
ques jours après.
Les fortifications avaient été construites par Vauban en même temps que celles de Neuf-Brisach
en vue de défendre les nouvelles frontières du royaume après le
traité de Westphalie. II avait accumulé
dans la place un matériel considérable qui, en 1870, temps où les canons à tir rapide n'avaient pas en-
core fait leur apparition, servit à la défense. Ces canons à âme lisse, tirant des obus sphériques, avaient
déjà été utilises en 1814 et en 1815, lors des deux précédents sièges.
Denferl-Rochereau, dont le nom est resté célè-
bre dans nos fastes militaires, qui était né à
Saint-Maixent en 1823, avait été blessé à Ma-
lakoff comme capitaine, se trouvait être chef du
génie à Belfort depuis 1863. Il connaissait ad-
mirablement son terrain et avait déclaré : "Moi
vivant, Belfort ne se rendra pas". L'enceinte
proprement dite comprenait le Château, les
forts de la Justice, de la Miotte, des Barres,
surplombés par les hauteurs environnantes. II
les consolida en faisant établir des ouvrages ex-
térieurs aux Hautes et Basses-Perches, à Bel-
levue, sur le front des faubourgs, fit organiser
les villages de Pérouse, Danjoutin, Cravanche,
le hameau de la Forge, le Mont, le bois de la
Miotte. Par d'habiles dispositions, il empêchait
l'ennemi d'aborder la ville par le sud, voie clas-
sique d'invasion que devait emprunter la pre-
mière armée française en 1944. Il l'obligea à
venir par des directions où les attaques pou-
vaient être mieux contenues. Il avait huit mil-
lions de cartouches, six mois de rations de vi-
vres, quatre de fourrage, disposait d'un trou-
peau de 1.000 bêtes à corne et 100 moutons.
Le siège devait durer trois mois.
Le premier engagement conséquent se produi-
sit entre Roppe et Gros-Magny le 2 novembre
1870 et le blocus commença le lendemain.
Denfert-Rochereau aguerrit ses hommes en
leur faisant exécuter des séries de harcèle-
ments, d'escarmouches, qui forcèrent les assaillants à demeurer dans une situation défensive. C'est le 20
seulement que ceux-ci reçurent leur matériel de siège en partie composé de canons pris à Strasbourg et
à Neuf-Brisach. La neige s'était mise à tomber et c'est sous une terrible tempête que l'on se battit pour la
possession du Mont. Le bombardement débuta le 3 décembre, les habitants se réfugièrent dans les caves.
Une épidémie de variole se clara.
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L'église reçut plus de 1.500 obus, l'hôtel de ville plus
de 200. Les assiégeants avaient armé 53 batteries
représentant quelque 200 pièces nettement supé-
rieures à celles de la place qui recevait 3.000
obus par jour. On se battait à Andelnans, Froide-
val, au bois de Bavilliers où les mobiles char-
geaient à la baïonnette. L'une des bouches à feu
de Belfort, matériel rayé de 24, qui tira plus de
5.000 obus pendant le siège, surnommée "la Ca-
therine" et dont la population connaissait bien la
voix, fut endommagée à plusieurs reprises et re-
mise constamment en état. Après cinquante neuf
jours d'investissement et vingt neuf de bombarde-
ment, l'ennemi n'avait réalisé aucun progrès.
Dans la nuit du 7 au 8 janvier, un terrible combat
se livra à Danjoutin, à l'issue duquel les mobiles
du Rhône perdirent 150 des leurs et 800 prison-
niers. Les jours suivants, les assiégés purent en-
tendre le bruit des canons de notre armée de
l'Est, engagée à Villersexel, sur la Lisaine, à Héri-
court, mais, finalement le bruit s'éloigna. Maîtres
de la région après Héricourt, les Allemands atta-
quèrent par le sud, concentrant leurs efforts sur
les Perches et sur le Château. Le 21, ils péné-
traient dans Pérouse. Treskow avait reçu de Bis-
marck la consigne de prendre Belfort avant la si-
gnature des préliminaires de paix. Très éprouvés
par ce siège les hommes de Treskow avaient sur-
nommé les ouvrages de la place Totenfabrik (la
fabrique à cercueils) et la ville Teufelsgruebe
(fosse du diable). Le 26 janvier, cinq de leurs ba-
taillons attaquèrent les Hautes-Perches et les
Basses-Perches et furent repoussés laissant 220
tués et blessés sur le terrain, 225 prisonniers. Ces
ouvrages furent évacués du 3 au 7 février. Du 9
au 13, le Château et le fort de la Justice furent
soumis à un terrible bombardement. Mais c'était la
fin. Le 12, Moltke avait notifié à Treskow la décision
de l'empereur Guillaume 1
er
de signer la reddition
de la place même si le gouverneur exigeait la libre
sortie de la garnison. Denfert refusa. Puis le gou-
vernement français l'autorisa à sortir, libre. Il y eut
suspension d'armes, lignards, mobiles et artilleurs
s'en allèrent, avec armes et bagages, les 17 et 18
février.
La ville était à demi détruite, les rues jonchées
de débris sur un mètre de hauteur, la garnison
avait perdu 2.500 hommes, 800 prisonniers,
1.600 blessés et malades étaient encore dans les
hôpitaux. Belfort avait reçu 450.000 projectiles :
mais elle allait demeurer française. Thiers, on le
sait, obtint la renonciation par le vainqueur à son
territoire en échange de l'entrée des troupes enne-
mies dans Paris. Ce lambeau d'Alsace forma une
division administrative à part qui existe encore.
La défense héroïque de BelFort a donc été sym-
bolisée par le colossal lion, œuvre de Bartholdi, en
grès des Vosges, sur le rocher qui supporte le
château. Il a 16 m de haut, 21m de large, il est cé-
lèbre. Une réplique en moindres dimensions
s'élève à Paris sur la place qui porte le nom du dé-
fenseur de la ville. Belfort reçut la croix de la Lé-
gion d'honneur au 25
ème
anniversaire de sa résis-
tance, le 19 avril 1896. Peu avant la guerre de
1914, le monument à la mémoire des Trois Sièges
1814, 1815, 1870 fut inauguré sur la place princi-
pale de la ville.
PARIS
Tandis qu'un corps d'armée entier, le 13
ème
,
échappé au désastre de Sedan, battait précipi-
tamment en retraite vers la capitale, la Républi-
que y avait été proclae le 4 septembre et les
députés de Paris s'érigeaient eux-mêmes en
gouvernement de la Défense Nationale dont le
général Trochu acceptait la présidence tout en
restant gouverneur et commandant des forces
militaires. Le siège était imminent. Une délé-
gation gouvernementale se rendit en province et
s'établit à Tours. C'est seulement le 17 septem-
bre que les III
ème
et IV
ème
armées allemandes en-
tamèrent l'investissement du vaste périmètre des
fortifications naguère établies par Thiers. Elles
venaient de Sedan et avaient perdu beaucoup de
temps à se regrouper. La III
ème
armée devait tenir
la rive gauche de la Marne et de la Seine (de
Noisy-le-Grand à Saint-Germain par Villeneuve-
Saint-Georges et Versailles), la IV
ème
à l'Est et au
Nord. Les effectifs ennemis étaient, au début de
150.000 hommes.
Les défenseurs étaient trois fois plus nombreux.
Paris devait être, en effet, défendu par des forces
considérables et ce fut la première des erreurs/
commises, peut-être même l'erreur capitale. Le
gouvernement parisien de la Défense Nationale,
la population parisienne, la garde nationale furent
persuadés que Paris était la France.
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Ils y accumulèrent des moyens qui firent cruelle-
ment défaut ailleurs et qui auraient pu être utili-
sés pour créer une puissante armée de réserve
rassemblée dans le sud du pays et acheminée
ensuite au point le plus favorable pour opérer
une diversion. On assista à une dispersion des
efforts dont vinrent à bout les Allemands qui ma-
nœuvraient sur des lignes intérieures. Enfin, la
liaison entre le camp retranché et les armées de
province se révéla constamment défectueuse, la
plupart des décisions prises à Paris pour des
opérations de guerre l'étant sous la pression
d'émeutes qui mettaient le gouvernement en pé-
ril.
Le noyau des forces actives fut constitué, à l'ori-
gine, par deux corps d'armée de troupes réguliè-
res, les 13
ème
et 14
ème
. Vinrent s'y ajouter des for-
mations diverses : régiments de gendarmerie, de
douaniers, puis les dix-sept bataillons de garde
nationale mobile de la Seine et soixante-quinze
bataillons de la garde mobile des départements,
certains venus des Pyrénées. La marine fournit
douze bataillons de fusiliers et de canonniers, l'in-
fanterie de marine quatre bataillons. L'artillerie
comprit quatre-vingt-quatorze batteries de l'armée
de terre, seize de la marine, quatorze de la garde
mobile. A ces éléments qui constituèrent les for-
mations de manœuvre, il faut ajouter la masse de
deux cent soixante bataillons de la garde nationale
proprement dite, affectée au service des remparts
et dont la valeur militaire était à peu près nulle en
rase campagne. La défense du périmètre de la
capitale était répartie en deux commandements
(rive gauche et rive droite), cinq arrondissements
et neuf secteurs.
Lorsque cette immense troupe eût
trouvé quelque assiette, elle fut répartie
en trois armées : la première, com-
mandée d'abord par le général Tami-
sier, puis par le général Clément-
Thomas, comprenait [es deux cent
soixante bataillons de la garde natio-
nale, divisés en cinquante-neuf régi-
ments. La deuxième, général Ducrot,
unissait trois corps d'armée de trou-
pes de ligne, les meilleures. La troi-
sième, général Vinoy, comptait six di-
visions asse^ disparates de ligne et
de mobiles. Enfin, le corps d'armée
dit de Saint-Denis était sous les or-
dres du vice-amiral La Roncière le
Noury.
Les opérations furent excessivement décousues
et ne répondirent à aucun plan d'ensemble vérita-
ble. Il s'agissait d'organiser des « sorties » pour
donner la main à des 'troupes venues de l'exté-
rieur, ou de manière à combiner ces sorties avec
des batailles livrées sur la Loire, dans le Nord ou
dans l'Est.
On ne peut que présenter une nomenclature des
actions de guerre qui se déroulèrent sur le péri-
mètre parisien, combats épisodiques d'une part,
batailles de secteurs d'autre part avec des effec-
tifs plus élevés, grandes batailles enfin dont au-
cune ne fut décisive. L'ennemi parvint toujours à
rassembler suffisamment de forces pour tenir tête
aux assiégés qui firent preuve de beaucoup de
courage mais qui ne purent trouver un champ de
bataille valable et suffisamment élargi pour rendre
une manœuvre possible.
Au mois de septembre 1870, on note le 17, le
combat de Montmesly ; le 19, celui
de Chatil-
lon ; les 22 et 23 ceux de Villejuif ; le 30 ceux de
l'Hay, Chevilly, Thiais et Choîsy.
Au mois d'octobre, le 13, les combats de Ba-
gneux, Chatillon et Clamart ; le 21, celui de la
Malmaison ; le 28, le premier combat du Bour-
get, suivi d'un deuxième !e surlendemain 30.
Au mois de novembre. Je 29, le combat de
l'Hay. Le 30, ceux de Thiais et Choisy, de
Montmesly et Créteil, d'Epinay-les-Saint-Denis
et la bataille de Villers-Coeuilly (première ba-
taille de la Marne).
Au mois de décembre, les 2 et 3, la grande ba-
taille de Champigny-Bry ; le 21, le quatrième
combat du Bourget ; les 21 et 22, ceux de Mai-
son-Blanche et de Ville-Evrard. Le 27 com-
mence le bombardement de Paris sur le front
Est.
Au mois de janvier 1871, le bombardement
s'étend au front Sud le 5 ; le 19, c'est la grande
bataille de Buzenval au cours de laquelle
90.000 hommes de troupes françaises (dont
42.000 gardes nationaux) ne peuvent venir à
bout de 25.000 Allemands. Inexpérimentée, la
garde nationale ne peut jouer le rôle de troupe
d'exploitation, la voie lui ayant été cependant
frayée par la ligne. C'est le dernier effort de la
garnison de Paris. Le 21 janvier, le bombarde-
ment se déclenche sur le front Nord. La popula-
tion, affamée, apeurée, soumise au tir des batte-
ries allemandes, donne des signes de lassitude.
Le 26, une suspension d'armes est signée pour
Paris seulement.
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