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Ils y accumulèrent des moyens qui firent cruelle-
ment défaut ailleurs et qui auraient pu être utili-
sés pour créer une puissante armée de réserve
rassemblée dans le sud du pays et acheminée
ensuite au point le plus favorable pour opérer
une diversion. On assista à une dispersion des
efforts dont vinrent à bout les Allemands qui ma-
nœuvraient sur des lignes intérieures. Enfin, la
liaison entre le camp retranché et les armées de
province se révéla constamment défectueuse, la
plupart des décisions prises à Paris pour des
opérations de guerre l'étant sous la pression
d'émeutes qui mettaient le gouvernement en pé-
ril.
Le noyau des forces actives fut constitué, à l'ori-
gine, par deux corps d'armée de troupes réguliè-
res, les 13
ème
et 14
ème
. Vinrent s'y ajouter des for-
mations diverses : régiments de gendarmerie, de
douaniers, puis les dix-sept bataillons de garde
nationale mobile de la Seine et soixante-quinze
bataillons de la garde mobile des départements,
certains venus des Pyrénées. La marine fournit
douze bataillons de fusiliers et de canonniers, l'in-
fanterie de marine quatre bataillons. L'artillerie
comprit quatre-vingt-quatorze batteries de l'armée
de terre, seize de la marine, quatorze de la garde
mobile. A ces éléments qui constituèrent les for-
mations de manœuvre, il faut ajouter la masse de
deux cent soixante bataillons de la garde nationale
proprement dite, affectée au service des remparts
et dont la valeur militaire était à peu près nulle en
rase campagne. La défense du périmètre de la
capitale était répartie en deux commandements
(rive gauche et rive droite), cinq arrondissements
et neuf secteurs.
Lorsque cette immense troupe eût
trouvé quelque assiette, elle fut répartie
en trois armées : la première, com-
mandée d'abord par le général Tami-
sier, puis par le général Clément-
Thomas, comprenait [es deux cent
soixante bataillons de la garde natio-
nale, divisés en cinquante-neuf régi-
ments. La deuxième, général Ducrot,
réunissait trois corps d'armée de trou-
pes de ligne, les meilleures. La troi-
sième, général Vinoy, comptait six di-
visions asse^ disparates de ligne et
de mobiles. Enfin, le corps d'armée
dit de Saint-Denis était sous les or-
dres du vice-amiral La Roncière le
Noury.
Les opérations furent excessivement décousues
et ne répondirent à aucun plan d'ensemble vérita-
ble. Il s'agissait d'organiser des « sorties » pour
donner la main à des 'troupes venues de l'exté-
rieur, ou de manière à combiner ces sorties avec
des batailles livrées sur la Loire, dans le Nord ou
dans l'Est.
On ne peut que présenter une nomenclature des
actions de guerre qui se déroulèrent sur le péri-
mètre parisien, combats épisodiques d'une part,
batailles de secteurs d'autre part avec des effec-
tifs plus élevés, grandes batailles enfin dont au-
cune ne fut décisive. L'ennemi parvint toujours à
rassembler suffisamment de forces pour tenir tête
aux assiégés qui firent preuve de beaucoup de
courage mais qui ne purent trouver un champ de
bataille valable et suffisamment élargi pour rendre
une manœuvre possible.
Au mois de septembre 1870, on note le 17, le
combat de Montmesly ; le 19, celui
de Chatil-
lon ; les 22 et 23 ceux de Villejuif ; le 30 ceux de
l'Hay, Chevilly, Thiais et Choîsy.
Au mois d'octobre, le 13, les combats de Ba-
gneux, Chatillon et Clamart ; le 21, celui de la
Malmaison ; le 28, le premier combat du Bour-
get, suivi d'un deuxième !e surlendemain 30.
Au mois de novembre. Je 29, le combat de
l'Hay. Le 30, ceux de Thiais et Choisy, de
Montmesly et Créteil, d'Epinay-les-Saint-Denis
et la bataille de Villers-Coeuilly (première ba-
taille de la Marne).
Au mois de décembre, les 2 et 3, la grande ba-
taille de Champigny-Bry ; le 21, le quatrième
combat du Bourget ; les 21 et 22, ceux de Mai-
son-Blanche et de Ville-Evrard. Le 27 com-
mence le bombardement de Paris sur le front
Est.
Au mois de janvier 1871, le bombardement
s'étend au front Sud le 5 ; le 19, c'est la grande
bataille de Buzenval au cours de laquelle
90.000 hommes de troupes françaises (dont
42.000 gardes nationaux) ne peuvent venir à
bout de 25.000 Allemands. Inexpérimentée, la
garde nationale ne peut jouer le rôle de troupe
d'exploitation, la voie lui ayant été cependant
frayée par la ligne. C'est le dernier effort de la
garnison de Paris. Le 21 janvier, le bombarde-
ment se déclenche sur le front Nord. La popula-
tion, affamée, apeurée, soumise au tir des batte-
ries allemandes, donne des signes de lassitude.
Le 26, une suspension d'armes est signée pour
Paris seulement.