monde remontant au berceau de l’humanité. Des siècles d’apiculture, avec, certes, quelques erreurs
de gestion bien humaines, ne peuvent, selon moi, expliquer le déclin extrêmement rapide de ces deux
dernières années.
Une autre théorie accuse Varroa destructor Anderson & Trueman,
un acarien, d’être la cause du déclin des abeilles
domestiques. Ce parasite suce l’hémolymphe (liquide
pouvant être assimilé au sang des insectes) et, ce faisant,
inocule à la larve de l’abeille des viroses. Il affaiblit ainsi
les adultes sur lesquels il est fixé. Il a été découvert en
Europe pour la première fois en 1982, provenant d’Asie
où les abeilles ont « appris » à vivre avec lui au cours des
siècles d’infestation.
Depuis 26 ans, les apiculteurs luttent contre cet animal
qui, au bout de deux ou trois saisons, peut venir à bout
d’une colonie entière.
Il est vrai que la lutte a parfois tenté certains apiculteurs à
utiliser des produits extrêmement nocifs. Il est vrai qu’il
fait des ravages s’il n’est pas contrôlé. Il est vrai aussi
qu’il est vecteur de maladies virales graves. Mais que
répondre au constat que les populations d’abeilles
sauvages, qui n’intéressent pas VD, sont également en
décrépitude ? Que dire aux apiculteurs qui utilisent des
méthodes douces pour réduire l’infestation de leurs
colonies par VD et qui n’ont, selon les cas, aucun
problème ou ont tout perdu ?
Certains chercheurs ont incriminé un protozoaire responsable d’une maladie appelée nosémose.
Cette maladie est connue depuis 1976 et est présente à l’état latent dans toutes les colonies sans en
affecter l’ensemble de la population d’abeilles. Elle ne se déclare que dans des ruches déjà affaiblies
et ne peut donc être considérée comme responsable de la disparition des abeilles.
Une hypothèse concernant la présence d’un virus s’attaquant au système nerveux des abeilles a été
émise sans qu’aucune preuve n’ait pu étayer celle-ci jusqu’à ce jour. Cet hypothétique virus n’a pas
encore montré le bout de son nez…
Il est certain que des colonies déjà affaiblies pour diverses raisons souvent inconnues développent
plus facilement des maladies. On observe une recrudescence de ces maladies dans diverses régions
mais sans que ce constat ne puisse être associé à l’effondrement des populations d’abeilles.
Dans les années 70, ma vieille voisine déclarait dans son wallon natal à toute personne qu’elle
rencontrait qu’ « ils » nous avaient détruit le climat « à cause de tous ces spoutniks qu’ils nous ont
envoyé au-dessus de la tête ». Intuitivement, comme beaucoup de vieilles personnes de la
campagne, elle avait déjà remarqué les changements climatiques que nous ne pouvons plus nier
aujourd’hui. Seule la cause nous semble aujourd’hui un peu farfelue.
Toutes les personnes un peu sensibles à notre environnement vous le diront, la période de floraison
de différentes espèces de plantes à fleurs est souvent avancée de deux à quatre semaines quand ce
n’est pas plus. Les abeilles, quant à elles, sont rythmées non seulement par les températures
extérieures mais également par la longueur des jours qui, elle est immuable, l’homme n’ayant pas
encore, heureusement, pu influencer la rotation de la terre autour d’elle-même et du soleil. Ainsi, dans
nos régions, la reprise de la ponte de la reine (qui s’est reposée de cette tâche pendant l’hiver)
correspond depuis que notre climat est tempéré maritime, à la floraison du saule marsault (Salix
caprea Linne) ou plutôt, de plus en plus fréquemment, correspondait à cette floraison, le saule ayant
une fâcheuse tendance à fleurir de plus en plus tôt. Les abeilles loupent alors un apport capital de
nectar et de pollen frais pour leurs larves.
En fin de saison, c’est le contraire qui se passe de plus en plus souvent. Les derniers apports se
trouvant de plus en plus tôt dans l’année, la période entre l’hivernage des colonies et les dernières
floraisons est beaucoup plus longue. Ne trouvant plus de quoi se nourrir à l’extérieur, les abeilles
doivent alors entamer leurs réserves beaucoup plus tôt pour beaucoup plus d’individus et des larves
qu’il faut réchauffer, ce qui demande de l’énergie. La disette menace donc assez rapidement la