Autre exemple: #refugeeswelcome, une plateforme numérique basée à Berlin qui met en
relation citoyens et réfugiés et se finance au travers de micro-dons, du financement
participatif ou de soutiens financiers en «bitcoin».
Mais certaines de ces entreprises sociales se heurtent à la législation du travail et
l'approche par l'inclusion sociale est une bouée de sauvetage qui n’est pas suffisante
lorsque le bateau coule...
Le débat a également insisté sur le risque d'élargir la fracture numérique entre les
territoires géographiquement éloignés (les zones de montagne, par exemple) et les
hotspots connectés. L'une des solutions à ce problème serait à terme d'introduire ces
nouveaux modèles économiques dans les programmes scolaires.
Le séminaire a aussi été l’occasion d’en savoir plus sur GABV, the Global Alliance for
Banking on Values, un réseau indépendant de 40 banques et coopératives bancaires
éthiques qui investissent pour un développement durable, au service des populations,
des territoires et de l'environnement. L'objectif est de se recentrer sur les valeurs
européennes fondamentales de nos sociétés humaines, à savoir les trois P: Personne,
Planète, Prospérité.
En théorie, l'avenir de ces modèles reste incertain et leur efficacité pour réduire les
inégalités sociales continue de susciter des controverses. L’économiste Christian du
Tertre estime que l'économie fonctionnelle peut être une alternative intéressante au
modèle fordiste industriel. Sa thèse est que pour atteindre le développement durable, les
composantes environnementales et sociales doivent être intégrées dans toutes les
décisions de l'entreprise. Mais cela ne peut se faire que par le biais d’un changement
institutionnel et de l'innovation sociale, en impliquant les usagers/citoyens finaux dans la
boucle.
Pour le représentant de la DG CONNECT de la Commission européenne, ces nouveaux
modèles représentent plus une innovation sociétale qu’une innovation sociale: on passe
du «think tank» (laboratoire d’idées) au «do tank» (laboratoire d’action). Selon lui, une
nouvelle profession est en train de naître, «le passeur.»
Et les choses bougent rapidement. Le Comité économique et social européen a
récemment créé un groupe d'étude permanent sur les entreprises d'économie sociale
(EES). En février 2017, la Commission européenne (DG GROW) a lancé une
consultation des parties prenantes dans le secteur de l'hébergement (Airbnb, etc.). À la
DG ENV, une étude sur l'impact environnemental net de l'économie collaborative est en
cours et une autre étude sur les implications de l'économie circulaire sur l’emploi est en
train d’être lancée.
Plusieurs événements majeurs seront également organisés d’ici l'été:
- En avril 2017, ECOLISE et plusieurs des partenaires de SIC (Social Innovation
Community) se sont associés au Global Hub for the Common Good pour
organiser à Malaga (Espagne), du 19 au 22 avril, le premier «Forum mondial sur
la nouvelle économie et l’innovation sociale (NESI)».
- A Toulouse (France), en mai 2017, le FabLab Festival rassemblera des milliers
de «makers» et «Fablabs»
du monde entier qui présenteront leurs projets au
public à travers stands, débats, ateliers, etc.
- En juin 2017, la Conférence Open Innovation 2.0 se tiendra à Cluj-Napoca
(Roumanie), sous les auspices du Groupe Open Innovation Strategy and Policy
Les Fablabs sont des espaces hybrides cogérés par des «makers» ou «créateurs-fabricants», dans le but de
générer des activités partagées dans divers domaines: éducation et formation (apprentissage, atelier manuel,
formation pratique, enseignement pour tous, éducation populaire), investissement (financement participatif,
nouveaux instruments financiers), consommation (recyclage, écologie), inclusion sociale (accueil non-discriminatoire,
prix abordables). Ils sont également appelés «Tiers Lieux», «Maker Spaces», «Living Labs», «Media Labs»,
«Coworking», etc. Le mouvement des makers s’inspire des principes du «Do it Yourself» (A faire soi-même) et
s’appuie notamment sur le mouvement numérique des logiciels libres (open source).