Introduction
Cette étude est écrite dans le style des mathématiques constructives à la Bishop, i.e. les ma-
thématiques avec la logique intuitioniste (voir [Bishop,Bishop & Bridges,Bridges & Richman,
CACM,MRR,Yengui]).
Définissons l’algèbre réelle comme l’étude les propriétés algébriques des nombres réels, i.e., les
propriétés de Rformulables au premier ordre sur le langage
{· = 0,·>0,·>0,·+·,·×·,0,1,−1},
avec éventuellement comme constantes tout ou partie des réels constructifs. On peut en outre
envisager d’introduire de nouveaux symboles de fonctions pour des fonctions Rn→Rbien définies
(d’un point de vue constructif) et dont la description est purement algébrique, comme les fonctions
sup,inf et de nombreuses fonctions semialgébriques continues.
L’algèbre réelle constructive n’est pas bien comprise ! L’analyse constructive ('les méthodes
certifiées en analyse numérique) est nettement mieux étudiée.
D’un point de vue constructif, l’algèbre réelle est assez éloignée de la théorie usuelle classique
des corps réels clos à la Artin-Schreyer-Tarski, dans laquelle on suppose que l’on a un test de signe.
La plupart des algorithmes de l’algèbre réelle classique échouent avec les nombres réels, parce
qu’ils requièrent un test de signe.
Même en analyse constructive, on pourrait avoir des retombées intéressantes d’une étude plus
approfondie de l’algèbre réelle. Par exemple cela permettrait de mieux comprendre comment éviter
le recours à l’axiome du choix dépendant.
La compréhension de l’algèbre réelle constructive peut également être un premier
pas pour une théorie constructive (et donc algorithmique) des structures o-minimales
(cf. [Coste, 2000,van den Dries]).
La droite réelle peut être vue comme la plus simple des structures o-minimales. La théorie
classique (non algorithmique) des structures o-minimales donne en effet des pseudo-algorithmes
qui fonctionneraient correctement si l’on avait un test de signe sur les réels. Et la théorie des
structures o-minimales a a priori un champ d’application très important en analyse.
Ainsi nous cherchons une théorie dynamique aussi complète que possible pour décrire les propri-
étés algébriques du corps des réels en mathématiques constructives sans axiome du choix dépendant.
Dans l’étude que nous présentons ici, nous évitons aussi l’usage de la négation. Fred Rich-
man [38] montre que les mathématiques constructives sont plus élégantes lorsque l’on se passe de
l’axiome du choix dépendant. Nous pensons qu’elles sont également plus élégantes si l’on se passe
de la négation.
Nous proposons pour la théorie dynamique convoitée celle de la structure d’anneau réel clos
local archimédien. La théorie des anneaux réels clos est ici présentée sous une forme élémentaire,
purement équationnelle, dans le style de [49].
Dans le chapitre 1nous donnons quelques généralités sur les théories dynamiques.
Le chapitre 2essaie de définir la structure de corps ordonné en l’absence d’un test de signe.
La section 2.1 donne quelques rappels sur la théorie dynamique des corps ordonnés discrets et
celle des corps réels clos discrets.
La section 2.2 propose une axiomatique pour les corps ordonnés non discrets 1.
La section 2.3 donne une première discussion sur les théories dynamiques acceptables pour R
en tant que corps réel clos non discret.
Le chapitre 3traite les anneaux fortement réticulés et quelques structures dérivées.
Le chapitre 4essaie de définir la structure de corps ordonné réel clos en l’absence d’un test de
signe.
1. Dans ce texte, une négation est mise en italique lorsque l’affirmation correspondante, vraie en mathématiques
classiques, implique en mathématiques constructives un principe non constructif bien répertorié, tel que LPO ou
même MP.
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