
ANTONIO PASCULLI
Fantasia sull’opera “La Favorita” di Donizetti
Au XIXème siècle, la paraphrase de concert est un genre très prisé.
Dans les salons bourgeois, on joue des transcriptions et autres
fantaisies sur des ouvrages en vogue, ce qui permet à l’auditoire
d’entendre ailleurs qu’à l’opéra les derniers airs à la mode,
et aux interprètes de faire la démonstration de leur virtuosité.
Si Liszt s’impose très vite comme le maître incontesté du genre,
de nombreux autres compositeurs s’essayent à l’exercice, comme
l’italien Antonio Pasculli. Né en Sicile, ce dernier est considéré,
à l’instar de Paganini pour le violon, comme le hautboïste le plus
virtuose de tous les temps. Dès l’âge de quatorze ans,
il parcourt l’Europe (comme Mozart en son temps) pour donner
des concerts, se distinguant dans des pièces de sa composition qui
mettent en valeur sa technique extraordinaire et son soufe hors
du commun. Parmi ces œuvres, on trouve un certain nombre de
paraphrases d’opéras, de Bellini, Verdi ou encore Donizetti.
C’est ainsi qu’il réalise une transcription de La Favorite, opéra
écrit par Donizetti en 1840, qui narre les amours contrariées d’un
jeune moine novice et de la maîtresse du roi de Castille. Plus qu’un
simple pot-pourri, Pasculli offre une véritable relecture du drame.
DIMITRI CHOSTAKOVITCH
Symphonie n° 5 en ré mineur, op. 47
Né en 1906 à Saint-Pétersbourg, Dimitri Chostakovitch, au terme
de brillantes études au conservatoire de sa ville natale, obtient
dès la création de sa Première symphonie en 1926 un immense
succès mondial. Il achève à vingt-deux ans son premier opéra,
le Nez d’après Gogol. Ses relations avec l’administration et le
pouvoir soviétique vont alors être pour le moins houleuses :
en 1936 son opéra Lady Macbeth de Mzensk est violemment
attaqué et taxé de “galimatias musical” par la Pravda ; l’année
suivante il est fêté pour sa Cinquième Symphonie, dont le nale
en forme d’apothéose semble résonner comme un cri de victoire.
Victoire ou dé ? En pleine période des purges staliniennes,
Chostakovitch offre avec cet opus une page d’une intensité
dramatique exceptionnelle, sorte de miroir des drames qu’il vit
et qu’il surmonte néanmoins. Constamment remis en cause par
le pouvoir en place, passant des honneurs ofciels à des mises à
l’index tout aussi ofcielles, Chostakovitch, profondément fragile
et sans doute sincèrement communiste avant le désenchantement,
continue inlassablement à composer jusqu’à sa mort en 1975,
offrant une œuvre prolique et généreuse.
Laure Lalo