Jean
-
Pierre GESLIN,
professeur de Biologie-Géologie
à l'Ecole Normale - IUFM
du Bourget.
Les
Végétaux
carnivores
Larve de moustique capturée
par une utriculaire.
Photographie : Claude Nuridsany et
Marie Pérennou.
Informations pour les
Fleur d'une utriculaire :
Photographie :
Serge Lavayssière (instituteur)
Dessin du site Internet
de Pierre Gélinaud
Jean-Pierre Geslin, professeur. 2
Plan :
I
- Qui sont les plantes
carnivores et où les trouver ?
II-
Que
Mangent les plantes
carnivores ?
III-
Comment capturent-
elles leurs proies ?
IV-
Comment
digèrent-elles ?
V-
Intérêt pour la plante de
telles pratiques.
VI-
Les champignons
carnivores.
Introduction :
Il existe environ 550 espèces de
plantes carnivores auxquelles ils
faut ajouter environ 150 espèces
de champignons carnivores.
Les plantes carnivores sont toutes des plantes VERTES, c'est-à-dire des plantes
possédant des pigments verts : les chlorophylles. Celles-ci leur permettent
d'effectuer leurs synthèses de "matières carbonées" (= "matières organiques") selon
la réaction globale suivante :
6 CO2 + 6 H2O C6H12O6 + 6 O2
On dit que les végétaux verts (qu'ils soient carnivores ou non) sont "autotrophes"
pour le carbone (de auto = soi-même et trophê = nourriture) car ils fabriquent leurs
matières carbonées à partir de gaz carbonique prélevé au niveau des feuilles et
d'eau absorbée au niveau de leurs racines.
Les champignons carnivores sont, comme tous les champignons, des végétaux (on
ne dit pas "plantes" car les champignons n'ayant pas de vraies racines ne sont pas,
de ce fait, "plantés") dépourvus de chlorophylle et donc incapables d'effectuer la
synthèse de leurs matières organiques. On les dit "hétérotrophes" (de hetero = autre
et trophê = nourriture) pour le carbone.
Différentes variétés horticoles de dionées.
Photographies : Romuald Anfraix
Lumière
Chlorophylles
Gaz carbonique
= Dioxyde de
carbone
eau Glucose
(matière organique)
Oxygène
(qui est ici un
déchet)
Jean-Pierre Geslin, professeur. 3
Fiche pédagogique : les
plantes carnivores
I- Les objectifs :
Objectifs conceptuels :
Fonctions de nutrition et concept adaptation
1. Analyser l'originalité de la nutrition des végétaux
verts en général et des plantes carnivores en
particulier.
2. Mettre en évidence les relations alimentaires dans
un milieu donné (chaînes et réseaux). Ici les plantes
carnivores sont à la fois productrices et
consommatrices de matières organiques.
3. Distinguer les diverses manifestations de la prise
alimentaire (prélèvement de nourriture, digestion,
transport des aliments par la sève.
4. Constater l'existence de liens entre fonction (ici
alimentaire) et organes correspondants : notion
d'adaptation à des milieux de vie particuliers.
Objectifs méthodologiques :
1. Apprendre à observer, à expérimenter.
2. Vérifier systématiquement les résultats obtenus à l'aide de documents.
II- Le matériel :
* Des dionées attrape-mouches.
* Des photographies d'autres plantes carnivores (on en trouve en quantité sur Internet : taper
"plantes carnivores" dans un moteur de recherche).
* Des textes décrivant la vie de ces plantes… lire notre petit livre : "Si tu veux (presque) tout
savoir sur les plantes carnivores" et la revue "Dionée" avec en particulier de nombreux articles
de Pierre Sibille.
III- La démarche :
1. Connaître les représentations préalables des enfants… "A votre avis, qu'est-ce
qu'une plante carnivore? Quelle taille a t-elle ? Dessinez-la….
Comparaison des productions des élèves et de leurs commentaires… Qui a raison ?
2. Introduction de plantes carnivores, ici des dionées dans la classe. Faire noter aux
enfants leurs observations et remarques, leurs questions et leurs hypothèses en
construisant progressivement 3 colonnes au tableau.
Relire, corriger et classer dans chaque colonne.
3. Mise en situation de recherche des réponses par équipes :
* en utilisant le matériel végétal dans un 1er temps (observations ou expérimentations).
* que la réponse ait été trouvée ou non par observation(s) ou expérimentation(s),
recherche dans des photographies ou des documents écrits.
4. Bilan des recherches : chaque équipe présente le résultat de ses recherches.
Les productions des enfants sont confrontées à leurs représentations préalables…
Les concepts sont dégagés (cf. objectifs) et un résumé, prenant en compte la notion
de chaîne alimentaire, est construit en commun.
Un drosera (Drosera capensis), plante
des tourbières, capturant un insecte.
Photographie Pierre Gélinaud
Jean-Pierre Geslin, professeur. 4
5. En quoi le comportement
alimentaire des végétaux
carnivores diffère t-il de
celui des autres végétaux ?
(recherche documentaire).
A noter que ce "thème" (= ici
à "ensemble de formes
vivantes étudiées dans leur
milieu") peut constituer une
motivation à une étude portant
sur la nutrition des plantes
vertes ou bien faire suite à une
telle étude.
6. Avec des élèves plus âgés
(collège), on pourrait arriver
aux notions de décomposeurs
(champignons, bactéries, nécrophores, bousiers…) qui permettent la décomposition des
cadavres animaux et végétaux) et de transformateurs (
microbes qui prennent la suite des
décomposeurs et font repasser les déchets organiques à l'état de substances minérales permettant
ainsi une nouvelle utilisation par les végétaux verts).
Une visite de la "Grande serre tropicale", section des plantes carnivores, est possible au
jardin des plantes : 57 rue Cuvier. 75005 Paris. Renseignements : 01 40 79 30 00.
Ouvert tous les jours sauf mardi et 1
er
mai de 13 h à 17 heures d'octobre à fin mars et
de 13 h à 18 h samedis et dimanches d'avril à fin septembre.
7. L'évaluation peut être menée en réinvestissant les acquis dans le cadre de l'étude de
l'alimentation d'un organisme animal.
Ass. Fr. d'Amateurs de Plantes Carnivores :
Dionée http://www.multimania.com/dionaea/
Plante carnivore du genre
"népenthès" (Nepenthes alata).
Photographie Pierre Gélinaud
Plante carnivore du genre sarracénie
(Sarracenia leucophylla)
Photo : Jean-Daniel DEGREEF
Jean-Pierre Geslin, professeur. 5
I
- Les principaux groupes de plantes carnivores :
FAMILLE ET GENRE
CARACTERISTIQUES
DISTRIBUTION
SARRACENIACEES
Sarracénies
(9 espèces).
Photo S. Lavayssière
Plantes vivaces (= plantes vivant sur plusieurs
années), herbacées, de 10 cm à 1 mètre,
munies d'une rosette de feuilles se repliant
pour former des tubes en forme de trompettes.
Au sommet de ces tubes ou ascidies, une partie
élargie peut former un opercule immobile.
On distingue 9 espèces mais il existe de
nombreux hybrides.
Marécages du Nord-Est des Etats-Unis.
Sarracenia purpurea s'est naturalisée dans
quelques tourbières dans l'Ouest de la
Suisse et en France.
Cephalotus folli-
cularis (1 espèce).
Photo. J.M. Degreef
Le céphalotus se présente sous la forme d'une
rosette de feuilles lancéolées dressées, entou-
rées d'une couronne d'ascidies (sorte d'urnes
profondes) dont chacune repose obliquement
sur le sol. La tige est horizontale et enfouie :
c'est un rhizome cassant, en zigzag, de 3 à 10
cm de long et d'un diamètre de 3 à 7 mm. Les
racines ne partent pas de la tige mais sont
produites par les aisselles des feuilles.
Le Cephalotus est une plante des marais
qui exige un sol humide et même
mouillé. On le rencontre uniquement
dans des tourbières du S.O. de
l'Australie.
Darlingtonia califor-
nica (1 espèce).
Photo S. Lavayssière
En l'honneur du docteur Darlington, un
botaniste américain.
Plante vivace, herbacée de 40 cm à plus d'1
mètre de haut. Une tige souterraine ou
rhizome. Les feuilles, qui peuvent dépasser
un mètre de hauteur, miment un serpent
dressé
d'où son autre nom de "plante
cobra".
Partie ouest des États-Unis : Californie et
Oregon, à partir du niveau de la mer
jusqu'à 2000 mètres d'altitude.
Héliamphoras
(6 espèces)
Photo Manu Echevrier
Elles se présentent en massifs pour les plus
petites (5-10cm) et en "lianes" pour les plus
grandes (1m 50 à 4m).Ce sont des plantes
vivaces, herbacées et terrestres. Elles
possèdent des tiges souterraines (=
"rhizomes") d'où partent des feuilles en forme
d'urne ayant encore tous les caractères d'une
feuille enroulée et soudée. L'urne est
légèrement étranglée aux 2/3 de sa hauteur
avant de s'évaser dans le 1/3 supérieur.
Les héliamphoras sont originaires des
hauts plateaux gréseux à parois abruptes.
localisés aux confins de la Guyane
britannique (Guyana), du Venezuela et
de la Colombie. Ces plateaux appelés
tepuys à l'est et cerros à l'ouest ont une
altitude variant pour les plus importants
d'entre eux de 1200 m à 3045 m. Ils sont
parcourues par des vents violents et sont
situés en zone très pluvieuses avec une
humidité du sol et de l’air considérables.
NEPENTHACEES
Népenthès (75
espèces + de
nombreux hybrides).
Les Népenthacées sont des plantes vivaces,
terrestres ou épiphytes se présentant sous la
forme d'arbrisseaux ou de lianes de taille très
variable : quelques dizaines de cm à 20 m de
longueur. Les feuilles, vertes et coriaces, sont
modifiées en ascidies. Un opercule obture
l'urne jeune. Il se soulève par la suite ne
jouant aucun rôle dans la capture des proies.
Plantes épiphytes* et grimpantes (grâce
au pétiole des feuilles volubiles) des
forêts de l'Indonésie (Bornéo, Sumatra),
de Ceylan et de Madagascar.
* Une plante épiphyte est une plante
enracinée dans l'humus qui s'accumule dans
les creux ou déclivités des arbres.
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