Cours IV : Les structures de la phrase simple
1.Introduction 1
2.Éléments de phrase 1
2.1. Catégorisation des groupes 1
2.2. Identification des groupes 3
3.Analyse en constituants immédiats 8
3.1. Les constituants immédiats 8
3.2. Structure hiérarchique 9
3.3. Règles de réécriture 10
4.Les structures fondamentales de la phrase simple 11
4.1. La phrase minimale 11
4.2. La phrase étendue 11
1. Introduction
Nous étudions aujourd’hui les structures de la phrase simple. Nous allons d’abord
aborder les éléments constituant la phrase que sont les groupes, pour voir
notamment comment les identifier dans une séquence de mots. Nous examinerons
ensuite un type d’analyse de la phrase appelée analyse en constituant immédiat, qui
permet de dégager la structure d’emboîtements successifs de la phrase. Notre étude
sur les structures de la phrase simple se terminera par l’examen de ses schémas
fondamentaux.
2. Éléments de phrase
Nous commençons par l’examen des éléments de phrase.
Nous avons vu que la phrase n’était pas une simple suite de mots, mais qu’il y avait
des rapports de regroupement entre ces mots. Ces regroupements de mots sont
appelés des groupes ou des syntagmes. La phrase peut donc être considérée non
seulement comme constituée de mots, mais aussi comme composée de groupes de
mots. Tout comme les mots simples, les groupes peuvent aussi être classés dans
différentes catégories.
2.1. Catégorisation des groupes
On peut donner deux définitions des catégories des groupes. L’une est fondée sur
l’analyse interne, et l’autre est fondée sur la distribution.
Première définition : analyse interne
Comme nous l’avons déjà vu, la nature d’un groupe est déterminée par le constituant
principal appelé tête qui régit les autres éléments du groupe. Les éléments
susceptibles d’être tête du groupe sont des mots lexicaux tels que les noms, les verbes,
les adjectifs, ainsi que les préposition. Ces têtes constituent chacune respectivement
des groupes nominaux (GN), groupes verbaux (GV), groupes adjectivaux (GA) et
groupes prépositionnels (GP).
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Par cette définition, la séquence « une fille » est considérée comme un GN parce
qu’elle est constitué du nom tête « fille » précédé d’un déterminant « une ».
Seconde définition : distribution
Il existe également une deuxième définition qui est fondée sur la distribution. Selon
cette définition, une séquence est considérée comme appartenant à une catégorie
donnée, non pas parce qu’elle contient des composants requis, mais parce qu’elle
partage la même distribution que les constructions de cette catégorie.
C’est par cette définition que les mots simples, tels que le pronom « quelqu’un » ou le
nom propre « Pierre » peuvent être appelés groupes nominaux, dans la mesure ils
peuvent commuter avec un GN comme par exemple « Une fille » de la phrase :
Une fille chante.
Elle
Quelqu’un
Pierre
« Une fille » est un groupe nominal construit, mais « Elle », « Quelqu’un » et
« Pierre » ne sont pas construits : ce sont des mots simples, alors qu’ils présentent
des propriétés communes avec le groupe construit. Comme on peut le constater, les
pronoms (comme « Elle », « Quelqu’un ») et les noms propres (comme « Pierre »)
peuvent fonctionner comme le sujet de la phrase tout comme les GN (« une fille »).
Ces mots simples qui commutent avec un groupe forment des classes appelées
classes d’équivalence.
Cette seconde définition permet ainsi d’assimiler les mots simples à des groupes
construits.
Il est à noter toutefois qu’il existe des cas l’emploi d’un test de commutation pour
identifier les classes d’équivalence risque de nous induire en erreur. Par exemple :
Il boit son jus d’orange
salement
« son jus d’orange » et « salement » commutent dans le même cotexte ; ce n’est pas
pour autant que le GN et l’adverbe forment des classes d’équivalence. Ce phénomène
est dû à la possibilité d’effacement du COD de certains verbes transitifs.
Mais le fait qu’il soit possible d’utiliser ces deux éléments en même temps montre
qu’il s’agit d’éléments de classes différentes. Si on peut les utiliser dans une même
phrase en même temps, on peut en déduire que ces deux éléments ne sont pas
distributionnellement équivalents. Les éléments « son jus d’orange » et « salement »
peuvent apparaître dans la même phrase :
il boit son jus d’orange salement
on peut donc dire qu’ils ne sont pas équivalents distributionnellement et que le GN et
l’adverbe ne forment pas des classes d’équivalence.
Exercice 1 :
Essayez maintenant d’identifier la catégorie du mot « fort » et de prouver que le mot
« fort » et le groupe « le bouton » n’appartiennent pas aux classes d’équivalence.
Utilisez bien plusieurs tests (cf. Cours sur différents tests) !
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Pour ouvrir, enfoncez fort
le bouton
Récapitulatif : catégories
Nous avons donc vu les neuf catégories des formes non construites et quatre
catégories de formes construites.
Catégories des mots simples
1. Nom
2. Verbe
3. Adjectif
4. Adverbe
5. Préposition
6. Subordonnant
7. Coordonnant
8. Déterminant
9. Pronom
Catégories des groupes
1. GN
2. GV
3. GA
4. GP
2.2. Identification des groupes
Comment identifier et délimiter des groupes dans une séquence de mots ?
Il existe quatre propriétés du groupe qui permettent de décider si une séquence de
mots constitue ou non un groupe :
1. la possibilité de lui substituer un seul mot ;
2. la possibilité de l’effacer globalement ;
3. la possibilité de la déplacer en bloc ;
4. la possibilité de multiplication.
Test de substitution (ou de commutation)
Dans la phrase :
Le vieil homme entra dans la maison de son fils.
certaines séquences peuvent être remplacées par un seul mot. Par exemple, la
séquence « son fils » peut être substituée par le mot « Paul », et « (la maison) de
Paul » par « (la maison) familiale », et ainsi de suite (cf. tableau ci-dessous).
Le
vieil
homme
entra
dans
la
maison
de
son
Paul
familiale
hutte
Paris
facteur
dedans
Il
marche
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La substitution d’un mot à des séquences montre que dans la phrase, elles ont les
mêmes propriétés qu’un mot simple et forment une unité syntaxique construite. Cette
procédure d’identification des groupes est appelée test de commutation ou de
substitution.
On peut dire par exemple que les mots « vieil » et « homme » constitue un groupe car
cet ensemble a les mêmes propriétés qu’un seul mot « facteur », et que cet ensemble
constitue également avec le pronom « le », un autre groupe dans un autre niveau car
cette construction fonctionne comme un seul mot, tel que le pronom « Il » et assure
la même fonction de sujet.
On voit bien ici que plusieurs mots se combinent pour former un groupe à un certain
niveau et qu’ils se comportent comme une unité. Le test de substitution nous montre
les éléments équivalents qui peuvent assurer la même fonction dans une phrase.
L’adjectif « vieil » et le nom « homme » constituent un groupe « vieil homme », qu’on
appelle nom expansé (que nous allons noter N’). Il est équivalent à un nom. Le
déterminant « le » et le nom « facteur » constituent un GN, qui est équivalent à un
pronom.
Exercice 2:
Enumérez toutes les classes d’équivalence que l’on peut constater dans l’exemple.
Exercice 3 :
1. Identifiez la catégorie du mot « de » dans les exemples.
1. Il a rencontré d’anciens amis.
2. La table se recouvre de poussière.
3. Elle n’y est plus allée depuis des années.
4. L’atmosphère est pleine de fumée.
5. Je ne vois pas d’erreur dans ce travail.
6. On ne vit pas d’amour et d’eau fraîche.
2. Prouvez qu’un « de » déterminant constitue un GN, tandis qu’un « de »
préposition constitue un GP qui ne commute pas avec un GN.
1. Il a rencontré d’anciens amis.
2. La table se recouvre de poussière.
3. Elle n’y est plus allée depuis des années.
4. L’atmosphère est pleine de fumée.
5. Je ne vois pas d’erreur dans ce travail.
6. On ne vit pas d’amour et d’eau fraîche.
Exercice 4 :
Essayez maintenant d’identifier des groupes dans la phrase suivante à l’aide du test
de substitution :
Cette semaine, le directeur de l’école présente le programme annuel.
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L’opération de substitution par un pronom est un cas particulier de la substitution et
on l’appelle la pronominalisation. La pronominalisation avec un pronom clitique
consiste non seulement en une substitution mais aussi en un déplacement après la
substitution. Par exemple, pour la phrase :
L’enfant lance cette balle.
la pronominalisation du GN CD « cette balle » donne la forme :
L’enfant la lance.
En revanche, la pronominalisation à l’aide d’un pronom disjoint, comme par exemple
d’un pronom démonstratif, n’implique pas de déplacement, et le résultat de la
pronominalisation du premier exemple « L’enfant lance cette balle. » donne la
forme :
L’enfant lance celle-là.
Exercice 5 :
Quels sont les groupes que l’on peut identifier d’après le corpus suivant ?
1. Les parents de Paul achètent un tableau.
Ils achètent un tableau.
2. Marie a téléphoné à son père.
Marie lui a téléphoné.
3. Pierre parle de son voyage.
Pierre en parle.
4. L’enfant mange du pain.
L’enfant en mange.
5. Le directeur participe à la réunion.
Le directeur y participe.
Test d’effacement
Si une séquence peut être effacée dans son ensemble, elle constitue un groupe. Cette
procédure d’identification est appelée test d’effacement.
Dans la phrase :
Cette semaine, le directeur de l’école présente le programme annuel.
deux éléments de la phrase sont effaçables : « cette semaine » et « de l’école ».
L’information de la phrase diminue, mais la phrase reste bien formée du point de vue
syntaxique. Ce sont des éléments qui sont par définition facultatifs. Le premier
« cette semaine » est un complément circonstanciel, et le second « de l’école »
est un complément du nom.
Exercice 6 :
Quelles sont les éléments effaçables dans la phrase :
Le vieil homme entra dans la maison de son fils.
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