Cours 18 - (DDL), Lyon

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Cours swahili 18
Le conditionnel; Les extensions : le passif
Le conditionnel (hypothétique) :
On peut distinguer trois degrés d'hypothèses en français
- s'il vient aujourd'hui, je serai content de le voir (présent dans la condition, futur dans la
principale)
-s'il venait aujourd'hui, je serais content de le voir (imparfait dans la condition, conditionnel
présent dans la principale)
- s'il était venu aujourd'hui, j'aurais été content de le voir (plus que parfait dans la condition,
conditionnel passé dans la principal).
Pour le swahili, nous avons vu que le premier degré est rendu par la forme en -ki- et ne se
différencie pas vraiment de "quand...". Pour les deux autres degrés, il existe en principe deux
formes différentes, encore que l'une d'entre elle soit presque uniquement littéraire. On notera
aussi, que le swahili a la même forme pour la condition et la principale, contrairement au
français (mais penser au français populaire "si j'aurais su, j'y aurais pas dit"!)
1) hypothétique présent : la condition peut encore se réaliser, même si elle est douteuse :
Structure : PS-nge-Base-a (dans les deux membres de phrase)
conjugaison avec -anguka :
1sg. ni-nge-anguk-a : je tomberais
2sg. u-nge-anguk-a : tu tomberais
cl. 1 a-nge-anguk-a : il tomberait
etc.
1pl. tu-nge-anguk-a : nous tomberions
2pl. m-nge-anguka : vous tomberiez
cl. 2 wa-nge-anguk-a : ils tomberaient,
Les monosyllabes gardent -ku- : ningekula, ungekula, etc.
Exemples
(kama) ungekuja, ungeniona : si tu venais, tu me verrais (noter que l'on peut faire précéder
la condition de kama "si", mais ce n'est pas indispensable)
(kama) ningejua, ningekuambia : si je savais, je te le dirais
(kama) tungemaliza kazi, tungepumzika : si nous finissions le travail, nous nous
reposerions
2) hypothétique passé : la condition ne peut plus se réaliser, l'occasion est passée
Structure : PS-ngali-Base-a
Exactement comme le précédent, mais remplacer -nge- par -ngali(kama) ungalikuja, ungaliniona : si tu étais venu, tu m'aurais vu (mais c'est trop tard
maintenant)
(kama) ningalijua, ningalikuambia : si j'avais su, je te l'autrais dit
(kama) tungalimaliza kazi, tungalipumzika : si nous avions terminé le travail, nous nous
serions reposés
Bien qu'assez utilisée à l'écrit, cette forme ne s'entend pour ainsi dire jamais à l'oral - au moins
en Tanzanie - où l'on emploie toujours la forme en -nge- pour les deux hypothétiques. Noter
qu'on entend assez souvent au Kenya une forme -ngeli- qui est à bannir en swahili standard.
Négatif:
Structure : PS-si-nge-Base-a
(N.B. l'hypothétique forme son négatif avec -si- précédé des PS positifs - comme le subjonctif
négatif ou la forme relative négative)
1sg. ni-si-nge-anguk-a : je ne tomberais pas
2sg. u-si-nge-anguk-a : tu ne tomberais pas
cl. 1 a-si-nge-anguk-a : il ne tomberait pas
1pl. tu-si-nge-anguk-a : nous ne tomberions pas
2pl. m-si-nge-anguk-a : vous ne tomberiez pas
cl. 2 : wa-si-nge-anguk-a : ils ne tomberaient pas,
etc.
hata ningejua , nisingekuambia : même si je savais, je ne te le dirais pas
wasingefanya kazi, wasingepata pesa : s'ils ne travaillaient pas, ils ne gagneraient pas
d'argent
mvua isingenyesha, tungekwenda kutembea : s'il ne pleuvait pas, nous irions nous
promener
On a la même forme avec -ngali-, mais elle est rare à l'oral aussi
wasingalifanya kazi, wasingalipata pesa : s'ils n'avaient pas travaillé, ils n'auraient pas
gangné d'argent
mvua isingalinyesha, tungalikwenda kutembea : s'il n'avait pas plu, nous serions allés nous
promener
Comparer avec : mvua isiponyesha, tutakwenda kutembea : s'il ne pleut pas, nous irons
nous promener
Les extensions verbales
Nous abordons ici un chapitre très important - et un des plus difficiles - de la grammaire
swahili. Les extensions sont des éléments qui s'insèrent entre le radical d'un verbe et la
voyelle finale et qui changent - parfois considérablement - le comportement du verbe dans la
phrase. Rendons-nous compte immédiatement de quoi il s'agit, en examinant un verbe dont le
sens se modifie avec les principales extensions :
Forme de base : ku-fung-a
Forme applicative : ku-fung-i-a
Forme passive : ku-fung-w-a
Forme stative : ku-fung-ik-a
Forme causative : ku-fung-ish-a
Forme réciproque : ku-fung-an-a
pas d'extension
-i-w-ik-ish-an-
fermer, attacher
fermer ou attacher pour qq.
être fermé, être attaché
se fermer, s'attacher
faire fermer, faire attacher
s'attacher l'un l'autre
On peut ajouter deux extensions un peu moins importantes :
Forme réversive : ku-fung-u-a
-uForme stative-réversive : ku-fung-uk-a -uk-
ouvrir, détacher
s'ouvrir, se détacher
L'étude détaillée des extensions est très complexe et sera reprise en deuxième année. On
présentera ici les principaux mécanismes.
Nous allons étudier ci-dessous les extensions les plus importantes en traitant d'abord de la
forme puis des constructions de chacune.
Le passif :
Nous avons vu ci-dessus que la forme de base de l'extension est -w-, mais il y a beaucoup de
variantes.
cas général : -wku-andik-a : écrire
ku-dangany-a : tromper
ku-fich-a : cacher
ku-fuat-a : suivre
ku-it-a : appeler
ku-uliz-a : demander
ku-andik-w-a : être écrit
ku-dangany-w-a : être trompé
ku-fich-w-a : être caché
ku-fuat-w-a : être suivi
ku-it-w-a : être appelé
ku-uliz-w-a : être demandé
quand la base verbale se termine par -i- ou -e- : -w- également :
ku-saidi-a : aider
ku-ti-a : mettre dans , introduire
ku-poke-a : recevoir
ku-saidi-w-a : être aidé
ku-ti-w-a : être mis, introduit
ku-pok-e-w-a : être reçu
quand la base verbale se termine par -u- ou -a- : -liwku-chagu-a : choisir
ku-chuku-a : prendre
ku-fua : laver (vêtements)
ku-nunu-a : acheter
ku-pasu-a : fendre
ku-chagu-liw-a : être choisi
ku-chuku-liw-a : être pris
ku-fu-liw-a : être lavé
ku-nunu-liw-a : être acheté
ku-pasu-liw-a : être fendu
ku-twa-a : prendra
ku-za-a : mettre au monde
ku-twa-liw-a : être pris
ku-za-liw-a : être mis au monde, naître
Noter cependant :
ku-u-a : tuer
ku-u-aw-a ou ku-u-liw-a : être tué
quand la base verbale se termine par -o : -lewku-oko-a : sauver
ku-oko-lew-a : être sauvé
ku-ond-o-a : enlever, ôté
ku-ondo-lew-a : être enlevé, être ôté
Pour les verbes ne se terminant pas pas -a- à l'infinitif :
quand la voyelle finale est -i ou -e : on ajoute -wa
ku-samehe : pardonner
ku-samehe-wa : être pardonné
ku-fasiri : traduire
ku-fasiri-wa : être traduit
ku-shtaki : accuser
ku-shtaki-wa : être accusé
quand la voyelle finale est -u : on remplace par -iwa
ku-haribu : détruire
ku-harib-iwa : être détruit
ku-hesabu : calculer
ku-hesab-iwa : être calculé
ku-hukumu : juger
ku-hukum-iwa : être jugé
ku-jaribu : essayer
ku-jarib-iwa : être essayé
Noter les deux verbes suivants se terminant en -au : on ajoute -liwa
ku-sahau : oublier
ku-sahau-liwa : être oublié
ku-dharau : mépriser
ku-dharau-liwa : être méprisé
N. B. : à partir du moment où l'extension a été ajoutée (et cela vaut pour toutes les
extensions), ces verbes se terminent maintenant par -a , ce qui signifie qu'ils deviennent
réguliers et vont donc changer le -a en -i au présent négatif et -e au subjonctif]
Pour les verbes monosyllabiques :
ku-l-a : manger
ku-nyw-a : boire
ku-p-a : donner
ku-l-iw-a : être mangé
ku-nyw-ew-a : être bu
ku-pew-a : être donné
Noter que les verbes monosyllabiques ne le sont plus au passif, puisque celui-ci ajoute une
syllabe : -la (une syllabe) -li.wa (deux syllabes). Ils ne conservent donc pas le -ku-.
Construction des phrases : le passif du swahili fonctionne fondamentalement comme celui du
français : c'est à dire que l'objet de la phrase active devient le sujet de la phrase passive;
l'agent du verbe (qui était sujet dans la phrase active) se retrouve complément d'agent
introduit par na :
mama alipika chakula hiki : maman a préparé cette nourriture - forme active
sujet
objet
agent
patient
chakula hiki kilipikwa na mama : cette nourriture a été préparée par maman
sujet
complément d'agent
patient
agent
watoto walivunja kikombe : les enfants ont cassé la tasse
kikombe kilivunjwa na watoto : la tasse a été cassée par les enfants
mbwa atakula nyama : le chien mangera la viande
nyama italiwa na mbwa : la viande sera mangée par le chien
Un emploi particulièrement fréquent du passif sert à rendre l'équivalent de la construction
impersonnelle "on" du français [attention pas le "on" qui signifie "nous" en français
contemporain, mais le "on" de "on a brûlé ma voiture", c. à d. quelqu'un d'inconnu]
yuko wapi yule mgonjwa aliyeletwa hapa ? : où est le malade qu'on a apporté ici ?
mawe yote yameondolewa : on a enlevé toutes les pierres
kitu hiki hakihitajiwi : cette chose n'est pas nécessaire = on n'a pas besoin de cette chose (de
-hitaji : avoir besoin)
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