
non aigus, 1 787 fixations au lit (durée non répertoriée),
1 487 administrations de tranquillisants [9].
En Norvège, la psychiatrie est également très réglemen-
tée, avec toutefois quelques distinctions majeures. Il est
possible de traiter en ambulatoire sous contrainte certains
patients sévèrement malades, et dont on a l’expérience
qu’ils répondent au médicament proposé. En revanche, il
n’est pas possible de changer une admission volontaire en
prolongation de séjour involontaire. Le patient doit être
réadmis à l’hôpital après un examen pratiqué à l’extérieur
et avec la reconnaissance de l’autorité de police. Il n’y a
aucune statistique norvégienne sur l’effet des traitements
ambulatoires sous contrainte.
La loi suédoise ne reconnaît pas les traitements ambula-
toires sous contrainte, mais un médecin-chef hospitalier
peut donner « une permission » hors de l’hôpital, parfois de
plusieurs semaines, à un patient hospitalisé d’office et qui
reçoit un traitement sous contrainte, à condition qu’il le
suive pendant son congé.
Les plans de coordination entre
l’hospitalier et l’ambulatoire
Lors de la révision de la loi psychiatrique en 1999, deux
nouvelles procédures ont été inscrites, « le rendez-vous de
sortie » et « le plan de coordination ». Elles concernent les
personnes sévèrement malades, typiquement des patients
schizophrènes sans observance et souvent avec un pro-
blème de dépendance. Ces deux nouvelles lois permettent
au médecin-chef hospitalier d’établir, avec ou sans l’accord
du patient, un contrat avec le secteur ambulatoire, une
policlinique psychiatrique, les autorités sociales, les méde-
cins généralistes. Ce contrat permet d’échanger des infor-
mations entre les différents intervenants. Sans lui, ces
informations, de l’ordre du secret médical, ne peuvent pas
être transmises par l’hôpital à ces services, sans l’accord
écrit du patient. Ces contrats ne permettent pas un traite-
ment sous contrainte, mais sont un moyen d’essayer de
garder le contact avec la personne, de se rendre à son
domicile, de la joindre par téléphone, de parler avec son
assistant social de la commune.
Mille contrats annuels étaient attendus après la mise en
vigueur de cette nouvelle loi. Depuis 1999, environ cent par
année ont été enregistrés. Leur réalisation est chaotique,
peu de personnes se soucient de leur suivi en milieu aussi
bien hospitalier qu’extrahospitalier, personne ne se sent
vraiment responsable.
Les lois pénales psychiatriques
La psychiatrie légale au Danemark n’est pas une spécia-
lité, mais appartient à la psychiatrie générale. À partir du
XIX
e
siècle, les délinquants présentant des troubles psychi-
ques peuvent ne pas être condamnés à une peine de prison.
Philosophes, juristes, psychiatres, politiciens ont débattu
sur l’expression « straffefri », littéralement traduisible par
« libre de peine » lié au terme « insensé », sous-entendu
psychotique ou équivalent à un état psychotique comme un
état confusionnel dû à une maladie somatique [7].
Dans la loi de 1930, les psychiatres, influencés par un
optimisme thérapeutique, jouissaient d’un grand pouvoir
décisionnel quant aux mesures psychiatriques et à la durée
de leur application. Lors de la révision du Code pénal en
1973, cette fois sous l’influence de la pensée de la Neo-
classic School of Penology, les délinquants psychiquement
malades mais non psychotiques doivent subir une peine
ordinaire ; seules les personnes psychotiques ne peuvent
pas être condamnées ou emprisonnées, suivant ainsi les
conventions internationales européennes. Les années 1990
ont été davantage marquées par des discussions concernant
la durée des traitements psychiatriques imposés pénale-
ment, qui sont sans limite temporelle pour les patients jugés
dangereux.
La personne délinquante, à la demande de son avocat, du
tribunal ou du procureur, doit subir une expertise psychia-
trique, pas obligatoirement demandée même en cas d’anté-
cédents psychiatriques. Cet examen se passe soit dans un
service spécialisé (quatre cliniques de psychiatrie légale
pour tout le Danemark), soit dans un service public de
psychiatrie. Le psychiatre se prononce sur l’état mental au
moment des faits, mais aussi sur un diagnostic plus général.
Il propose, s’il l’estime nécessaire, des mesures de rempla-
cement de peine, afin de prévenir une potentielle récidive,
et il peut aussi s’exprimer sur la dangerosité de la personne.
La décision finale appartient au tribunal, qui accorde « une
liberté de punition » si la personne était considérée comme
psychotique au moment du crime et remplace la peine par
des mesures psychiatriques, décrites ci-dessous :
1) Placement en en quartier de haute sécurité : concerne les
personnes dangereuses, sans limite temporelle.
2) Placement en milieu psychiatrique, en division de psy-
chiatrie légale, s’ilyadelaplace autrement en division de
psychiatrie générale, sans limite temporelle.
3) Traitement psychiatrique à l’hôpital avec le contrôle de
l’autorité sociale judiciaire.
4) Traitement psychiatrique ambulatoire avec ou sans
contrôle de l’autorité sociale judiciaire.
5) Traitement psychiatrique ambulatoire avec une close
permettant au médecin-chef psychiatre d’hospitaliser la
personne d’office sans passer par la Loi psychiatrique
(Code civil).
Le placement en milieu psychiatrique implique que le
patient séjourne en milieu psychiatrique ouvert ou fermé,
décision prise par le médecin-chef du service, mais ses
permissions sont décidées par la justice et la sortie défini-
tive de l’hôpital par le tribunal. Les traitements psychiatri-
ques ont une durée déterminée, ils peuvent être prolongés si
Soins ambulatoires sous contrainte au Danemark
L’INFORMATION PSYCHIATRIQUE VOL. 82, N° 1 - JANVIER 2006 73
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