ment à l’utilisation des déodorants aux
sels d’aluminium. (Sonthonnax, 2014).
Mais le débat fait encore rage. Une étu-
de récente de biologie cellulaire réalisée
par des chercheurs de l’Université de
Genève a mis en exergue que les sels
d’aluminium que l’on retrouve dans
nos déodorants sont nocifs pour les cel-
lules mammaires humaines in vitro. Ce-
pendant, selon Mandriota & Sappino
(2012) «[…] cette étude ne constitue pas
une preuve formelle de la responsabi-
Propositions d’interventions
En tant que professionnels de la santé, il
est important de se renseigner sur les dif-
férents types de produits présents sur le
marché. Si de nombreuses alternatives
existent aux antiperspirants, il faut mal-
gré tout rester prudent lors de l’achat de
déodorants dits «naturels». La pierre
d’alun, par exemple,est très en vogue.
Elle contient pourtant elle aussi des sels
d’aluminium mais sous une autreforme
que les anti-transpirants classiques.
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Krankenpflege ISoins infirmiers ICure infermieristiche 5/2016
Adopter un
regard critique
Prise de position professionnelle
En tant que soignants, nous pensons
que notre premier rôle est celui de pro-
moteur de la santé. Il est important
d’être au clair sur cette problématique
et de pouvoir en parler librement aux
patients qui s’interrogent ou s’inquiè-
tent. Poser un regard critique sur les
études scientifiques actuelles et donner
des informations claires et précises,
basées sur des données probantes, per-
met à chaque consommateur de se
faire sa propre opinion et d’agir en con-
naissance de cause.
Pour conclure, de nombreuses interro-
gations restent encore sans réponse.
Faudrait-il systématiquement éviter les
déodorants aux sels d’aluminium chez
les personnes souffrant d’un cancer du
sein? Et qu’en est-il de l’application
d’antiperspirants chez les femmes en-
ceintes ou qui allaitent? Si l’on sait que
l’aluminium passe la barrièrecutanée et
se retrouvedans le sang, quel impact
a-t-il sur le fœtus ou sur le nouveau-né?
La recherche est en cours. D’ici là, les
sels d’aluminium ont encorede beaux
jours devant eux.
Bibliographie
Becaria A., Campbell A. & Bondy S-C.(2002).
Aluminium as a toxicant. Repéré à
http://www.researchgate.net/publication/
8633742_Aluminum_as_a_toxicant
Institut national du cancer. (2007).
Comprendre le cancer du sein. Repéré à
http://www.cancersdusein.curie.fr/sites/
default/files/cancer-sein-guide-Inca.pdf
Mandriota S. & Sappino A-P.(2012). Service
de communication de l’université de Genève:
L’innocuité des sels d’aluminium sur les
cellules mammaires contestée. Repéré à
http://www.unige.ch/communication/
communiques/2012/CdP120106.html
Simon M. (2009). Analyse par microfaisceau
d’ions. Application à l’étude de la fonction
barrièrecutanée et à la nanotoxicologie in
vitro. Thèse pour obtenir le titrede docteur
de l’Université de Bordeaux. Université de
Bordeaux, France. Repéré à
http://ori-oai.u-bordeaux1.fr/pdf/2009/SIMON
_MARINA_2009.pdf
lité des sels d’aluminium dans le déve-
loppement du cancer du sein […]».
Dimensions socio-économique
et politique
Alorsque la polémique autour de l’alu-
minium s’intensifie, les entreprises de
cosmétiques ont élargi leur palette de
déodorants sans sels d’aluminium, pro-
posant diverses gammes de produits
naturels ou biologiques. Pourtant, à ce
jour, l’aluminium est toujours présent
dans les trois quarts des déodorants que
l’on peut trouver sur le marché Quelle
en est la raison? Les grands fabricants
de cosmétiques semblent rester silen-
cieux sur cette question. Il n’est peut-
êtrepas anodin de signaler que le mar-
ché du déodorant au niveau mondial
se chiffre en milliards de dollars par
année. Et que penser des études scien-
tifiques prouvant l’innocuité des sels
d’aluminium qui sont financées par les
grandes firmes leadersdans le secteur
des cosmétiques?
«Il n’est peut-êtrepas anodin de signaler que le marché
du déodorant au niveau mondial se chiffre en milliards de
dollars par année.»
Les déodorants à base d’alcool, quant à
eux, contiennent souvent d’autres com-
posants nocifs pour la santé et sont bien
moins efficaces que ceux aux sels d’alu-
minium, car ils n’agissent pas sur le flux
de transpiration. Cependant, certaines
marques ont développé toute une gam-
me de cosmétiques naturels et bio certi-
fiés non nocifs pour la santé. Des re-
cettes personnalisées, notamment à base
de bicarbonate de soude et d’huiles
essentielles existent également.
En tant que consommateur averti, il est
essentiel d’apprendreàrepérer l’alumi-
nium sous toutes ses appellations sur les
étiquettes des déodorants (par exemple:
chlorhydrate d’aluminium, chlorure
d’aluminium), et rester vigilant face à cer-
tains slogans publicitaires accrocheurs.
De plus,l’Office fédéral de la sécurité ali-
mentaire et des affaires vétérinaires
(OSAV, 2014) recommande de ne pas uti-
liser d’anti-transpirants sur peau lésée,
c’est-à-direaprès le rasage des aisselles
ou en cas de lésions cutanées.