En es-tu sûr?
> Tout sur la question de savoir si l’on peut se protéger
sans préservatif
2 3
En règle générale, le VIH/sida n’est plus aujourd’hui la maladie
inévitablement mortelle qu’elle était au début de l’épidémie.
Nombre d’entre nous se demandent donc si le préservatif est tou-
jours aussi indispensable ou, du moins, s’il n’y a pas certaines
alternatives.
Cette brochure a pour but de faire un tour d’horizon de la situation
actuelle.
Nous aborderons différentes pratiques sexuelles ainsi que ce qui
peut les rendre plus douloureuses qu’agréables. Un partenaire
sexuel m’avouerait-il spontanément qu’il
est séropositif? Et si je mets une capote
juste avant de jouir, suis-je protégé?
Que faire si aucune sorte de préserva-
tif nest adaptée à ma bite?
C’est à de telles
questions et à
bien d’autres
que tu trou-
veras des
réponses
dans cette
brochure.
Quelques informations préliminaires 4
Que font et que préfèrent les gays au lit?
Sont-ils insatiables?
A propos du sexe anal 6
Comment s’y prendre? Et si ça fait mal?
Conseils, trucs et positions! Et le sida?
Safer sex! Sans moi? 16
Les raisons généralement invoquées pour renoncer
au préservatif.
Impossible sans capote? 24
Qu’en est-il des pratiques censées limiter le risque?
Tout savoir sur le préservatif 34
Le déballer, l’enfiler et choisir un lubrifiant adapté.
Problèmes d'érection avec une capote? Et si elle lâche?
Suck my cock! 44
Tailler une pipe – sans risque! Et tout ce qu’on peut faire
d’excitant en plus de la sodomie et des fellations.
VIH: les faits 52
Le VIH/sida, qu’est-ce que c’est? Faut-il faire un
dépistage? Qu’en est-il des autres MST?
Adresses importantes et liens 58
54
Les adeptes de jeux sexuels plus «hard» sont un peu moins
nombreux: environ un sur sept déclare les pratiquer.
Le VIH/sida concerne toujours dans une large mesure
les hommes ayant des rapports sexuels avec des
hommes: dans les lieux fréquentés par des homosexuels
(bars, clubs, fêtes, discothèques, saunas, darkrooms, dans
d’autres lieux de rencontre et sur des sites Internet spéciali-
sés), tu peux partir du principe qu’en moyenne, environ un
homme présent sur dix est séropositif. Bien souvent
d’ailleurs, ces hommes ne savent pas qu’ils sont séroposi-
tifs.*
La grande majorité des homosexuels ont contracté – et
contractent toujours – le virus lors d’une pénétration anale
sans préservatif; dans une mesure nettement moindre en
ayant eu du sperme dans la bouche au cours d’une fellation.
Il y a chaque année 700 à 800 dépistages positifs. C’est net-
tement moins qu’il y a quinze ans, mais toujours beaucoup
trop. Environ un quart de ces nouveaux cas concernent des
homosexuels – alors que les homosexuels et les bisexuels
représentent tout au plus 10% de lensemble de la population.
L’âge des hommes infectés lors d’un rapport homosexuel est
extrêmement variable et va de 18 à nettement plus de 70 ans.
L’homosexualité existe depuis l’aube de l’humanité. Deux hommes
peuvent tomber amoureux l’un de l’autre, devenir amis, s’intéres-
ser l’un à l’autre, vivre ensemble, se quereller, rire, pleurer, se faire
plaisir et souffrir ensemble. En fonction de l’époque et du lieu, on
pouvait – on peut – l’avouer plus ou moins franchement.
Aujourd’hui encore, l’homosexualité est un délit dans bien des
pays, alors qu’ailleurs, chez nous par exemple, elle est plus ou
moins entrée dans les mœurs.
Nous sommes insatiables, le sexe est notre élixir de vie: clic
ou réalité? Il est vrai que les homosexuels ont fréquemment des
partenaires multiples: la moitié d’entre nous ont plus de dix parte-
naires sexuels différents par an, pratiquement sans limite au som-
met de l’échelle. Une nette majorité d’entre nous souhaiterait pour-
tant un partenaire fixe.
Dans près de la moitié des relations stables, les partenaires ont
également des rapports sexuels en dehors du couple. Si certains
en parlent franchement, d’autres préfèrent garder le secret.
Pas de véritable rapport sexuel sans pénétration, le reste
est tout au plus une mise en appétit? Neuf gays sur dix apprécient
les fellations, se masturber réciproquement, se caresser et se
masser. Ils aiment aussi le sexe anal: trois sur quatre disent la pra-
tiquer plus ou moins régulièrement.
>Quelques informations préliminaires
* Zürich Mens Study, ZÜMS – «12% des hommes (dans ce milieu) sont séro-
positifs. Seuls deux tiers d’entre eux connaissent leur statut sérologique.»
6 7
Si les hétérosexuels semblent avoir de la peine à évoquer le thème
de la sodomie, il en va souvent de même pour les homosexuels,
surtout lors des premières expériences. Ce tabou a certainement
des origines culturelles: comment un orifice d’où sortent les excré-
ments pourrait-il être une source de plaisir? Bien des personnes
éprouvent un véritable blocage à cet égard.
Et pourtant! L’anus peut procurer du plaisir tant à celui qui y intro-
duit sa verge (le partenaire actif) qu’au partenaire dit passif. Le
rôle favori relève des préférences personnelles et de nombreux
homosexuels aiment les alterner.
D’innombrables cellules nerveuses, extrêmement sensibles,
sont concentrées dans et autour de l’anus (gros intestin, rectum),
un peu comme sur le gland. Ces cellules réagissent au contact, aux
caresses et aux lèchements sexuels par un feu d’artifice de sen-
sations – que cet anus soit celui d’un hétéro ou d’un homosexuel.
Plus à l’intérieur, devant le
rectum, se trouve la pros-
tate, une glande de la taille
d’une châtaigne dont la plus
grande partie participe à la
fabrication du sperme.
La prostate est, elle aussi,
très sensible au contact. Tu
peux t’en rendre compte si tu
introduis ton doigt dans
l’anus et que tu appuies vers
l’avant (ne pas oublier le
lubrifiant!). Lors d’une péné-
tration anale, le pénis stimule
la prostate, ce qui procure
une sensation très agréable à
la plupart des hommes et
certains parviennent même à
un orgasme sans aucune sti-
mulation du pénis.
Mais le sexe anal fait égale-
ment appel à des sentiments
tournant autour d’une forme
de fusion, de la confiance, du
don de soi, de la domination
ou de la soumission.
>A propos du sexe anal
Vessie Rectum
Prostate
Périnée
Pénis
Urètre
Epididyme
Testicule
8 9
Si la pénétration anale fait mal: arrêter, attendre que la
douleur s’apaise et refaire prudemment une tentative. Si tu as
mal, dis-le à ton partenaire et demande-lui d’attendre.
Pas de jeux avec l’anus sans lubrifiant. Les muqueuses
dans et autour de l’anus sont très sensibles aux blessures. Il
faut donc suffisamment de lubrifiant pour que «tout baigne».
Si tu veux en savoir plus au sujet du lubrifiant, parcours la
page 37. Les mains doivent être propres et les ongles bien
coupés si tu tripotes l’anus.
Beaucoup d’hommes se font un lavement pour se préparer:
de l’eau tiède est injectée dans le gros intestin. Tu peux te pro-
curer le matériel nécessaire en pharmacie, dans un sex-shop
ou sur Internet. Le tuyau de la douche, dont on retire le pom-
meau, peut également être utilisé à condition de faire preuve
de prudence: il doit être introduit délicatement en évitant
d’ouvrir l’eau trop fortement en raison des risques de blessu-
res. Du fait qu’à la longue, les lavements peuvent détériorer la
flore intestinale, on recommande de les limiter à un ou deux
au maximum par semaine. D’autre part, les lavements aug-
mentent le risque de contamination par le VIH lors de rapports
sexuels non protégés.
> «Sois sage, ô ma douleur...»
Certains associent automatiquement la sodomie à la douleur.
Avoir mal est pourtant un signe que quelque chose ne se
déroule pas normalement! Le but est de réussir à se faire
pénétrer sans souffrir et pour cela, il faut avant tout se détendre,
ce qui est plus facile si l’ambiance s’y prête. On conseille aussi de
respirer calmement et profondément.
Les douleurs éprouvées lors d’une pénétration anale sont souvent
causées par les releveurs de l’anus, également appelés muscles
«élévateurs»: il s’agit de muscles en forme d’anneaux qui tirent
sur l’angle du rectum et le sphincter anal, afin de contenir les sel-
les. Lorsque ces muscles ne sont pas totalement détendus, la
pénétration peut effectivement être très douloureuse si quelqu’un
tente malgré tout d’introduire son pénis.
Quand tu vas aux toilettes, tu constates que les releveurs de l’anus
sont relâchés. Apprendre à détendre ces muscles est une ques-
tion de «lâcher prise» et peut éventuellement exiger une certaine
pratique. Tu peux t’y entraîner à l’aide d’un godemiché ou de tes
doigts.
Le stress et la précipitation ne font pas bon ménage avec
le sexe anal. Comme n’importe quel autre muscle, il faut un cer-
tain temps aux releveurs de l’anus pour s’habituer à l’extension. Si
pour l’instant tu n’es pas certain de vouloir t’y essayer, sache qu’il
y a beaucoup d’autres choses excitantes que deux hommes peu-
vent faire ensemble (voir p. 47)!
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