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© Magnard, 2011 – Latin 4e – Livre du professeur
Activité numérique complémentaire
Texte à vidéoprojeter
Il peut être intéressant de décomposer la structure
d’une phrase complexe (lignes 14-18), en faisant
apparaître les segments suivants en différentes
couleurs grâce à l’outil surlignement .
militibus : D. pl. (COS. du verbe ostentat) ; ostentat :
verbe principal (sujet Hannibal) + 3 compléments
COD (Italiam, Acc. seul – subjectos ... campos, Acc.
pl. – moeniaque eos ... transcendere : prop. inf.)
Découvrir l’image p. 123
Cette page permet de comprendre la dimension
légendaire de l’exploit avec son « ingrédient »
étonnant : les éléphants.
Un exploit de légende
Angus McBride (1931-2007), Hannibal traversant les Alpes.
Vase en terre cuite représentant un éléphant de combat,
période républicaine.
• Gros plan sur...
Le « gros plan » permet d’évoquer l’eff et que produisit
la vue des pachydermes sur les Romains.
Selon le témoignage de Pline l’Ancien (Histoire
naturelle, VIII, 16), les éléphants (nom tiré du grec
qui signifi e « ivoire ») furent nommés « bœufs de
Lucanie » d’après la région où les Romains les
rencontrèrent pour la première fois : c’est en Lucanie
en eff et (région de Grande Grèce, au sud de l’Italie)
que Pyrrhus avait utilisé des pachydermes (du grec
« peau épaisse ») au cours de son expédition en 280
avant J.-C. Après sa victoire au cap Bénévent en
275 avant J.-C., le consul Manius Curius Dentatus
fi t défi ler pour son triomphe quelques éléphants,
capturés sur le champ de bataille. C’est à cette
occasion qu’on découvrit ces animaux à Rome.
Le poète Lucrèce décrit ainsi « les bœufs lucaniens »
(boves Lucas) « au corps garni de tours » (turrito
corpore) : « monstrueux quadrupèdes dont la trompe
est une main qui a la souplesse du serpent, ils furent
dressés par les Carthaginois à supporter les blessures
de la guerre et à jeter le trouble parmi les grands
bataillons de Mars » (De la nature, V, vers 1302-1304).
Lucrèce en profi te pour souligner le raffi nement
des Carthaginois, qui ont eu l’idée de dresser des
animaux pour en faire des instruments de combat.
Contrairement aux Gaulois qui manifestent une
barbarie « naturelle », les Carthaginois sont donc
présentés comme des maîtres dans une barbarie
« savante », bien pire encore que celle des sauvages
puisqu’elle ajoute l’artifi ce à la cruauté. Au-delà
de l’anecdote, c’est un point fondamental pour
comprendre la façon dont les Romains voient le
peuple punique.
Quant aux éléphants d’Hannibal qui survécurent à
la traversée des Alpes, ils furent d’une remarquable
effi cacité lors de la bataille de la Trébie, où ils
contribuèrent au massacre des fantassins romains.
Mais, durant l’hiver 218-217 avant J.-C., Hannibal
perdit presque tous ses pachydermes, victimes des
intempéries.
• Lire l’image
1 Hannibal, reconnaissable à son casque et à
son grand manteau bleu, se trouve debout sur un
promontoire (en haut, à droite), comme le décrit
Tite-Live. Il est en train d’observer la montée de ses
troupes dans la montagne (question 3, p. 122).
2 Le décor montre un paysage de haute montagne,
avec de la neige et de la glace (per omnia nive oppleta,
Tite-Live, l. 9). Soldats et éléphants avancent sur une
route escarpée (beaucoup d’entre eux tombèrent
dans les précipices).
3 Les éléphants sont harnachés pour le combat :
l’illustrateur moderne s’est inspiré de l’animal turritus
(équipé d’une tour) tel qu’on le voit avec le vase antique
(même forme de la tour avec une sorte de bouclier
rond sur le côté, même harnachement de l’animal).
Découvrir les mots-clés p. 124
Les mots-clés permettent de comprendre
l’évolution de la notion d’étranger à celle d’ennemi.
Fides, foedus, hospes, hostis
On rappelle que dans l’Antiquité les lois de
l’hospitalité sont fondamentales : voyager est
souvent risqué et il est important pour le voyageur
de savoir qu’il trouvera aide et réconfort auprès de
l’hôte qui lui ouvrira sa porte. Réciproquement, il en
fera de même si le cas se présente.
« Hostis apud majores nostros is dicebatur, quem nunc
peregrinum dicimus », explique Cicéron (Ce mot de
« hostis » s’appliquait au temps de nos ancêtres à
ceux que nous appelons « étrangers », Des devoirs,
I, XII). Mais quand l’étranger « venu du dehors »
(externus) est perçu comme un danger, il devient
inimicus, le contraire d’un ami (in-amicus), d’où le
nom « ennemi ».
À la fi n du IIIe siècle avant J.-C., Carthage constitue
pour Rome une sorte de pôle « barbare » au sud de
la Méditerranée (par opposition à celui du Nord
avec les Gaulois) associant à la férocité la corruption
et l’immoralité orientales (sensualité, frénésie de
richesses, luxe tapageur).