Latin 4e - Livre du professeur - Partie 4 - Chapitre 13

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13
Les Carthaginois
pp. 122-129
Les Carthaginois (Carthaginienses ou Punicii) représentent l’ennemi par excellence au moment où
Rome cherche à s’imposer en Méditerranée.
OBJECTIFS DU CHAPITRE
▶ Découvrir l’essentiel de la rivalité entre les Romains et les Carthaginois (guerres puniques).
▶ Connaître et comprendre les mots-clés définissant les concepts d’hostilité et d’hospitalité.
▶ Réviser le pronom-adjectif is, ea, id et apprendre les pronoms-adjectifs hic, iste, ille.
Ressources numériques
www.4e.latin.magnard.fr
Audio
• Découvrir le texte : « Au sommet des Alpes », Tite-Live, Histoire romaine, livre XXI, chapitre
34, 5 et chapitre 35, 4 et 7-10 ➝ lecture en latin (p. 122)
Texte à copier/coller
• Phrases d’observation : « Héros ou guerrier sans foi ni loi ? », d’après Tite-Live, Histoire
romaine, XXI, 4 (p. 125)
Fond de carte
• Les guerres puniques (p. 128)
Vidéo
• Exposition sur Carthage (19/20), 1995 + Fiche d’activité pour exploiter la vidéo
Exercice à compléter
• Exercice 4 (p. 124)
Découvrir le texte
p. 122
Le texte permet de découvrir l’un des épisodes les
plus célèbres de la campagne d’Hannibal, ennemi
juré de Rome.
Texte : Au sommet des Alpes
Tite-Live, Histoire romaine, livre XXI.
La traversée des Alpes par Hannibal est l’un des exploits
qui ont suscité le plus de discussions depuis l’Antiquité.
Tite-Live lui-même signalait plusieurs variantes dans
le parcours de l’armée carthaginoise ; un demi-siècle
plus tard, Sénèque y fait allusion (Questions naturelles,
III, 6). Aujourd’hui, des documentaires en tous genres
proposent reconstitutions et trajets virtuels : après
avoir traversé le Rhône au niveau de son confluent
avec l’Isère, Hannibal aurait remonté la vallée de
cette rivière vers les Alpes, emprunté la vallée de
la Maurienne et franchi le col du Clapier (d’où l’on
aperçoit la plaine du Pô et Turin) ; pour d’autres, il
serait passé par le col du Petit-Saint-Bernard.
• Lire le texte
1 Les éléphants et les cavaliers étaient en tête de
l’armée en marche / avançait en regardant souvent
138
tout autour de lui et attentif à tout. / au sommet des
Alpes par des chemins le plus souvent impraticables.
[…] Hannibal montre l’Italie […]. À partir de ce
moment-là, l’armée se remit en marche.
2 L’armée carthaginoise se compose de fantassins
(pedites), de cavaliers (equites) et d’éléphants
(elephanti). Ce sont ces derniers qui suscitent la
stupeur chez les indigènes gaulois car ils n’ont jamais
vu de tels animaux.
3 Hannibal se comporte en chef consciencieux,
préoccupé par tout ce qui peut se produire
(circumspectans sollicitusque ad omnia). Il ferme
la marche pour assurer la défense à l’arrière (post)
avec une partie de son infanterie. Pour haranguer
son armée, il passe en tête, devant les enseignes
(praegressus signa), et se place sur un promontoire
(in promuntorio quodam) qui lui permet de
dominer la situation (unde longe ac late prospectus
erat).
4 Pour redonner courage à ses troupes épuisées,
Hannibal leur montre la proximité du but (l’Italie) et
leur promet une suite de campagne facile jusqu’à
Rome.
© Magnard, 2011 – Latin 4e – Livre du professeur
Activité numérique complémentaire
Texte à vidéoprojeter
Il peut être intéressant de décomposer la structure
d’une phrase complexe (lignes 14-18), en faisant
apparaître les segments suivants en différentes
couleurs grâce à l’outil surlignement .
militibus : D. pl. (COS. du verbe ostentat) ; ostentat :
verbe principal (sujet Hannibal) + 3 compléments
COD (Italiam, Acc. seul – subjectos ... campos, Acc.
pl. – moeniaque eos ... transcendere : prop. inf.)
Découvrir l’image
p. 123
Cette page permet de comprendre la dimension
légendaire de l’exploit avec son « ingrédient »
étonnant : les éléphants.
Un exploit de légende
Angus McBride (1931-2007), Hannibal traversant les Alpes.
Vase en terre cuite représentant un éléphant de combat,
période républicaine.
• Gros plan sur...
Le « gros plan » permet d’évoquer l’effet que produisit
la vue des pachydermes sur les Romains.
Selon le témoignage de Pline l’Ancien (Histoire
naturelle, VIII, 16), les éléphants (nom tiré du grec
qui signifie « ivoire ») furent nommés « bœufs de
Lucanie » d’après la région où les Romains les
rencontrèrent pour la première fois : c’est en Lucanie
en effet (région de Grande Grèce, au sud de l’Italie)
que Pyrrhus avait utilisé des pachydermes (du grec
« peau épaisse ») au cours de son expédition en 280
avant J.-C. Après sa victoire au cap Bénévent en
275 avant J.-C., le consul Manius Curius Dentatus
fit défiler pour son triomphe quelques éléphants,
capturés sur le champ de bataille. C’est à cette
occasion qu’on découvrit ces animaux à Rome.
Le poète Lucrèce décrit ainsi « les bœufs lucaniens »
(boves Lucas) « au corps garni de tours » (turrito
corpore) : « monstrueux quadrupèdes dont la trompe
est une main qui a la souplesse du serpent, ils furent
dressés par les Carthaginois à supporter les blessures
de la guerre et à jeter le trouble parmi les grands
bataillons de Mars » (De la nature, V, vers 1302-1304).
Lucrèce en profite pour souligner le raffinement
des Carthaginois, qui ont eu l’idée de dresser des
animaux pour en faire des instruments de combat.
Contrairement aux Gaulois qui manifestent une
barbarie « naturelle », les Carthaginois sont donc
présentés comme des maîtres dans une barbarie
« savante », bien pire encore que celle des sauvages
puisqu’elle ajoute l’artifice à la cruauté. Au-delà
de l’anecdote, c’est un point fondamental pour
comprendre la façon dont les Romains voient le
peuple punique.
Quant aux éléphants d’Hannibal qui survécurent à
la traversée des Alpes, ils furent d’une remarquable
efficacité lors de la bataille de la Trébie, où ils
contribuèrent au massacre des fantassins romains.
Mais, durant l’hiver 218-217 avant J.-C., Hannibal
perdit presque tous ses pachydermes, victimes des
intempéries.
• Lire l’image
1 Hannibal, reconnaissable à son casque et à
son grand manteau bleu, se trouve debout sur un
promontoire (en haut, à droite), comme le décrit
Tite-Live. Il est en train d’observer la montée de ses
troupes dans la montagne (question 3, p. 122).
2 Le décor montre un paysage de haute montagne,
avec de la neige et de la glace (per omnia nive oppleta,
Tite-Live, l. 9). Soldats et éléphants avancent sur une
route escarpée (beaucoup d’entre eux tombèrent
dans les précipices).
3 Les éléphants sont harnachés pour le combat :
l’illustrateur moderne s’est inspiré de l’animal turritus
(équipé d’une tour) tel qu’on le voit avec le vase antique
(même forme de la tour avec une sorte de bouclier
rond sur le côté, même harnachement de l’animal).
Découvrir les mots-clés
p. 124
Les mots-clés permettent de comprendre
l’évolution de la notion d’étranger à celle d’ennemi.
Fides, foedus, hospes, hostis
On rappelle que dans l’Antiquité les lois de
l’hospitalité sont fondamentales : voyager est
souvent risqué et il est important pour le voyageur
de savoir qu’il trouvera aide et réconfort auprès de
l’hôte qui lui ouvrira sa porte. Réciproquement, il en
fera de même si le cas se présente.
« Hostis apud majores nostros is dicebatur, quem nunc
peregrinum dicimus », explique Cicéron (Ce mot de
« hostis » s’appliquait au temps de nos ancêtres à
ceux que nous appelons « étrangers », Des devoirs,
I, XII). Mais quand l’étranger « venu du dehors »
(externus) est perçu comme un danger, il devient
inimicus, le contraire d’un ami (in-amicus), d’où le
nom « ennemi ».
À la fin du IIIe siècle avant J.-C., Carthage constitue
pour Rome une sorte de pôle « barbare » au sud de
la Méditerranée (par opposition à celui du Nord
avec les Gaulois) associant à la férocité la corruption
et l’immoralité orientales (sensualité, frénésie de
richesses, luxe tapageur).
© Magnard, 2011 – Latin 4e – Livre du professeur
139
Longtemps après la disparition du danger punique,
l’image du Carthaginois, vu comme l’ennemi par
excellence, se résume donc essentiellement à trois
défauts majeurs, qui sont les antonymes des vertus
romaines cardinales : perfidia (perfidie), crudelitas
(cruauté) et calliditas (habileté rusée).
À la fois féroce (ferox) et trompeur (fallax), le
Carthaginois a donc hérité de l’extrême perfidie
de la race phénicienne (Cicéron, Plaidoyer pour
Scaurus, XIV). Il n’y a qu’à lire le portrait d’Hannibal
par Tite-Live (manuel, p. 127 et phrases à observer
p. 125) pour comprendre la force des stéréotypes qui
alimentaient la crainte de l’ennemi (metus hostilis).
1 3. ejus : G. sg. m. de is, ea, id, traduit par un pronom
personnel (de lui, de ce guerrier) – ea : Acc. pl. n., adj.
démonstratif déterminant le nom à l’Acc. pl. neutre
genera (ces genres). 5. eum : Acc. sg. m. de is, ea,
id, traduit par pronom personnel (le) qui renvoie à
Hannibal.
2 ejus reprend ille vir (Hannibal). Il est traduit par un
adjectif possessif (son corps = le corps de cet illustre
guerrier).
Identifier hic, iste, ille
3 1. hunc : Acc. m. sg., pronom démonstratif qui
Prolongement
On peut faire rechercher aux élèves l’histoire de
Regulus, victime de la barbarie carthaginoise,
pour rappeler l’importance du serment chez les
Romains, en particulier dans le domaine des lois
de la guerre (jura belli).
• Étymologie
1 « Hostile » et « hostilité ». On signale au passage
que le nom ost, issu de hostis, désignait l’armée en
ancien français.
2 Le point commun est l’origine : les élèves retrouvent
hospes, hospitis. « Hôtel » et « hôpital » viennent plus
précisément de (cubiculum) hospitale, chambre pour
les hôtes. On fait remarquer la disparition du « s »,
dont l’accent circonflexe garde la trace.
3 Ce qui est « fiable » est ce en qui on peut avoir
confiance ; les élèves retrouvent l’élément racine fides.
Jouez avec les mots
4 1. pedes. 2. rex. 3. miles. 4. lex. 5. longe. 6. fides.
7. Alpes. 8. per. 9. post. 10. ante. 11. consul.
12. fabula. 13. urbs. 14. Italia. 15. hostis. 16. acies.
17. agmen. 18. Roma.
La phrase est : Delenda est Carthago (« Carthage doit
être détruite »), prononcée par Caton (Cato) l’Ancien.
Ressource
numérique
Reconnaître is, ea, id
reprend Hannibal, élément proche. 3. hoc : Abl. n.
sg., adj. démonstratif, détermine le nom certamine,
CC de lieu, élément proche – huic : D. m. sg. (esse +
D.), pronom démonstratif, renvoie à un élément
proche. 4. has : Acc. f. pl., adj. démonstratif, détermine
magnas virtutes, COD du verbe aequant, renvoie
à un élément proche. 5. his : Abl. m. pl., adjectif
démonstratif, détermine coloribus, CC de moyen,
renvoie à un élément proche.
4 2. istis : Abl. n. pl, adj. démonstratif, détermine
adversis proeliis, construit avec excedo + Abl.,
renvoie à la 2e pers. 5. ista : N. f. sg., adj. démonstratif,
détermine perfidia, sujet du verbe abiit, valeur
péjorative.
5 1. illis : Abl. n. pl., adj. démonstratif, détermine
temporibus, CC de temps, élément éloigné. 2. illum :
Acc. m. sg., pronom démonstratif, désigne Hannibal,
élément éloigné – ille : N. m. sg., adj. démonstratif,
détermine vir, valeur emphatique, laudative. 4. illius :
G. m. sg., CdN de vitia, pronom démonstratif, renvoie
à Hannibal, élément éloigné et valeur laudative.
6 1. En ce temps-là, Hannibal l’emportant, les
Romains louaient et simultanément critiquaient
<celui-ci> cet homme. 2. « Ne louerez-vous pas cet
homme-là ? Ce grand guerrier a quitté le dernier ces
combats malheureux <livrés par vous>.
• Observer l’image
1 Nous voyons Hannibal [assis] sur son cheval. Faux
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(il est sur un éléphant).
Exercice à compléter
L’exercice 4 est disponible au format .doc.
2 Hannibal montre le chemin à l’armée des
Romains. Faux (il s’agit de ses troupes).
Observer
p. 125
3 Les éléphants ont deux grandes dents en ivoire.
Vrai.
Ressource
numérique
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Texte à copier/coller
Les phrases sont disponibles au format .doc.
140
4 Cet éléphant est équipé d’une tour. Faux (c’est un
éléphant d’apparat).
5 Hannibal est barbu. Vrai (voir aussi son portrait,
manuel, p. 24).
© Magnard, 2011 – Latin 4e – Livre du professeur
Apprendre
p. 126
Le pronom-adjectif is, ea, id
En classe de 5e, les élèves ont découvert le pronom is, ea, id avec les pronoms personnels (manuel de 5e, p. 78).
Is, ea, id se rattache aux pronoms démonstratifs mais c’est surtout un anaphorique (qui sert à annoncer ou
rappeler).
Pour bien faire comprendre aux élèves son emploi pronominal (il sert à combler l’absence de pronom
personnel de 3e personne), on donnera un tableau synthétique permettant de réviser et de mémoriser les
différentes formes du pronom personnel.
N.
Singulier
1re
2e
(non réfléchi)
Pluriel
1re
V.
Acc.
G.
D.
Abl.
ego
tu
-
tu
-
me
te
eum, eam, id
mei
tui
ejus
mihi
tibi
ei
me
te
eo, ea, eo
nos
-
nos
nostri/nostrum
nobis
nobis
2e
vos
vos
vos
vestri/vestrum
vobis
vobis
(non réfléchi)
-
-
eos, eas, ea
eorum, earum, eorum
eis/iis
eis/iis
On insistera aussi sur l’utilisation fréquente des formes de génitif ejus, eorum, earum comme possessif de 3e
personne non réfléchi.
Le dernier emploi présenté (is, ea, id employé comme adjectif démonstratif avec un nom) ne pose pas de
problème particulier ; on signalera simplement qu’is, ea, id est l’adjectif démonstratif le plus neutre pour
renvoyer à un autre élément de l’énoncé (qu’il désigne un élément déjà mentionné ou un élément qui sera
précisé ensuite).
Les pronoms-adjectifs hic, iste, ille
Les trois pronoms-adjectifs démonstratifs hic, iste, ille permettent de repérer les éléments de l’énoncé par
rapport à celui qui parle. En classe de 4e, les élèves abordent l’énonciation en français. Il suffira de préciser
que le pronom-adjectif hic désigne ce qui est proche de l’énonciateur, iste ce qui est proche de la personne à
laquelle l’énonciateur s’adresse (son destinataire), et ille ce qui est éloigné de l’énonciateur. Le tableau de la
leçon précise ces points essentiels et signale la valeur affective des pronoms-adjectifs iste et ille.
Le tableau ci-dessous propose, pour le professeur, une synthèse des différents emplois.
hic,
haec,
hoc
ille,
illa,
illud
iste,
ista,
istud
désigne ce qui est proche de l’énonciateur dans l’espace et dans le temps ;
il s’emploie comme anaphorique ou cataphorique.
renvoie à ce qui est éloigné de l’énonciateur dans l’espace et dans le temps ;
il prend une valeur emphatique quand il renvoie à un passé disparu, un individu illustre (ce fameux , ce grand) ;
il s’emploie comme anaphorique ou cataphorique.
désigne ce qui est proche du destinataire de l’énonciation ;
il désigne aussi l’adversaire dans un procès, avec une connotation péjorative (qui peut être rendue par un
adjectif dévalorisant).
• Vocabulaire
Le choix des mots est déterminé par le thème du chapitre (voir aussi les mots-clés) : la liste comporte des
noms des 2e et 3e déclinaisons, des adjectifs de la 1re classe, des verbes et des mots invariables réutilisés dans
les exercices.
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141
S’exercer
p. 127
9 • Verbes : 1. dedit : 3e pers. sg. ind. parfait
SMS
actif (sujet : Fabius, imperator Romanus ; COD :
epistulam). 2. scripsit : 3e pers. sg. ind. parfait actif
(COD : populum … pacis). 3. debebant : 3e pers. pl.
ind. imparfait actif (sujet : Carthaginienses ; COD :
id) – cupiebant : 3e pers. pl. ind. imparfait actif.
4. responderunt : 3e pers. pl. ind. parfait actif (sujet :
illi) – eligemus : 1re pers. pl. ind. futur actif (sujet : nos ;
COD : neutrum) – advehent : 3e pers. pl. ind. futur
actif – relinquent : 3e pers. pl. ind. futur actif (sujet :
ii ; COD : id) – cupient : 3e pers. pl. ind. futur actif.
5. dicit : 3e pers. sg. ind. présent actif (sujet : M. Varro ;
COD : non hastam ... mitti ... sed duas tesserulas) –
indicebantur : 3e pers. pl. ind. imparfait passif.
• Subordonnées relatives : 3. quod cupiebat.
4. qui haec signa advehent – quod cupient. 5. in
quarum altera caducei, in altera hastae simulacra
incidebantur.
• Verbes à l’infinitif : 2. mississe : inf. parfait actif,
verbe de l’infinitive. 3. eligere : inf. présent actif, COD
du verbe debebant. 5. mitti : inf. présent passif, verbe
de l’infinitive.
• Subordonnées infinitives : 2. populum Romanum
misisse ad eos hastam et caduceum, signa belli aut
pacis. 5. non hastam ipsam neque ipsum caduceum
mitti, sed duas tesserulas
Traduction : 1. Quintus Fabius, général romain,
envoya une lettre aux Carthaginois. 2. Dans cette
lettre, il écrivit que le peuple romain leur avait
envoyé une lance et un caducée, deux symboles
de la paix et de la guerre. 3. Parmi ces symboles,
les Carthaginois devaient choisir celui qu’ils
voulaient. 4. Les Carthaginois répondirent : « Nous
ne choisirons ni l’un ni l’autre de ces symboles. Ceux
qui apporteront ces symboles laisseront celui qu’ils
voudront. » 5. Mais Marcus Varron dit que ce n’est ni
la lance elle-même ni le caducée qui sont envoyés
mais deux tablettes où étaient gravées, sur l’une,
l’image d’un caducée, sur l’autre, celle d’une lance.
7 Ce célèbre chef a été le premier à emmener des
Comprendre le sens des mots
éléphants en Italie : Pyrrhus (réponse D).
10 Synonymes : optimiste – hardi – crédule.
Antonymes : méfiant – soupçonneux – défiant.
L’adjectif confiant est formé à partir de l’élément
co- qui signifie « avec, ensemble » du latin cum et de
l’élément fi(d)- qui signifie « foi », du latin fides. On fera
remarquer aux élèves que les synonymes exacts sont
rares. Les adjectifs optimiste ou hardi comportent des
nuances particulières (des sèmes) que ne renferme
pas l’adjectif confiant. Il en est de même pour l’adjectif
crédule qui comporte une connotation péjorative.
Cet adjectif est formé à partir de l’élément cré(d)-,
signifiant « croire), du latin credere et de l’élément
Lire et apprendre
1 Cette citation permet de revenir sur le portrait
d’Hannibal par Tite-Live (phrase 4 déjà observée,
manuel, p. 125) : un modèle du genre dans le
domaine du récit historique. Après la confrontation
vitia/virtutes, les élèves retrouvent les stéréotypes
romains sur les Carthaginois.
Décliner
2 istius viri/isti viro – harum causarum/his causis –
illius temporis/illi tempori – hujus corporis/huic
corpori – istius dominae/isti dominae – horum
civium/his civibus.
3 hunc, istum, illum ferocem virum – hi, isti, illi
clari duces – horum, istorum, illorum ingentium
vitiorum – hoc, isto, illo forti corpore – his, istis, illis
gravibus laboribus.
4 ei bono consuli – ea gravia pericula – is audax
miles – eorum adversorum proeliorum – eas magnas
pugnas.
Traduire les pronoms adjectifs
démonstratifs
5 a. 1. eo. 2. ii. 3. Ejus. 4. Ei. 5. Is.
b. 1. Les troupes sont conduites par ce général. 2. Ils
sont effrayés par les Carthaginois. 3. Ses éléphants
effraient les Romains. 4. Les soldats lui offrent le
butin. 5. Il tue tous les ennemis.
6 1. Cette maison-ci est à moi, celle-là est à mes
amis. 2. Les soldats se réunissent dans cet endroitci, les chefs dans celui-là. 3. Les Carthaginois de ce
temps-là étaient féroces. 4. Les soldats n’obéissent
pas à cet individu. 5. En ce temps là, Hannibal les
surpassait.
S’initier à la traduction
8 a. 1. illius. 2. Isti. 3. hos. 4. Eis illi.
b. 1. L’île de Sicile, située entre l’Italie et l’Afrique, fut
la cause de cette guerre.
2. Ces funestes Carthaginois s’opposaient souvent
aux habitants de l’île qui étaient les amis des Romains.
3. Les Romains pensèrent que les alliés pouvaient
être laissés sans aide.
4. Ils avaient un consul célèbre : c’est à ce grand
homme qu’ils confièrent le soin de la guerre.
142
© Magnard, 2011 – Latin 4e – Livre du professeur
-ul- qui signifie « qui fait, qui est disposé à faire » et
qui entre dans la composition d’adjectifs et de noms
d’instruments (comme pendule).
On peut aussi attirer l’attention des élèves sur la
formation des deux antonymes méfiant et défiant.
Ils sont formés tous deux à partir de l’élément fi(d)-,
précédé dans un cas de l’élément dé- (des-, dés-) qui
indique la séparation, la privation ou l’action inverse
de celle qu’exprime la base qui le suit (du latin de) et,
dans l’autre cas, de l’élément mé- qui signifie « mal »
(du francique *missi, préfixe péjoratif ).
• Chassez l’intrus !
11 Mot intrus : horloge.
Ce mot est formé à partir de l’élément hor(o)- qui
signifie « heure », du grec hôra, division du temps et
de l’élément log- qui signifie « dire ».
Les autres mots sont formés à partir de l’élément
hosp-/hospit- qui signifie « étranger », « celui qu’on
accueille », du latin hospes, hospitis, hôte et de son
accusatif hospitem.
Culture : Deux empires rivaux
en Méditerranée
pp. 128-129
Cette double page permet de replacer dans
l’histoire la grande confrontation entre Rome et
Carthage.
Les Phéniciens sont un peuple très ancien, réputés
pour être d’habiles navigateurs (voir Hannon) :
depuis leur territoire (aujourd’hui le Liban), ils ont
sillonné la Méditerranée dès le IIe millénaire avant J.-C.
et installé des comptoirs pour faire du commerce.
Leur nom vient du grec (Phoinikes) en référence à
la teinture pourpre (phoinix), d’un rouge écarlate,
dont ils avaient inventé la fabrication à partir
d’un coquillage, le murex. Cette teinture était très
recherchée pour colorer les manteaux d’apparat.
Pour les historiens de l’Antiquité, l’affrontement avec
les Carthaginois fut l’équivalent du choc d’une guerre
mondiale qui engageait le sort de tous les peuples
(alliés d’un parti ou de l’autre). Avec la deuxième
guerre punique, souvent nommée aussi « guerre
d’Hannibal », les Romains connurent l’une des plus
grandes crises de leur histoire et un traumatisme
égal au « tumulte » gaulois.
Ressources
numériques www.4e.latin.magnard.fr
Vidéo et fiche d’activité
Le reportage du 19/20 (France 3) présente une
exposition consacrée à Carthage avec de nombreux
objets témoignant de la civilisation punique.
Fond de carte
Les élèves complètent la carte des guerres puniques.
• Corrigé des questions
1 et 2 On fait remarquer aux élèves que Didon a
connu le même destin qu’Énée : à la suite du meurtre
de son mari, elle a dû fuir sa patrie, la Phénicie, pour
trouver une terre d’accueil. Son « roman d’amour »
avec le héros troyen occupe tout le livre IV de l’Énéide
de Virgile ; on rappelle qu’il finit tragiquement :
rappelé à l’ordre par les dieux, Énée doit poursuivre
sa mission vers l’Italie et Didon, désespérée par son
départ, se suicide.
3 Les quatre grandes batailles où Hannibal fut
victorieux :
– Le Tessin (début novembre 218 avant J.-C.),
– La Trébie (décembre 218),
– le Lac Trasimène (juin 217),
– Cannes (août 216).
Cependant, Hannibal ne fonce pas sur Rome, d’où
le reproche, resté célèbre, d’un de ses officiers :
« Vincere scis, Hannibal, victoria uti nescis. » (« Tu sais
vaincre, Hannibal, mais tu ne sais pas profiter de la
victoire », Tite-Live, XXII, 51, 2).
4 à 6 Les personnages sont vêtus de couleurs
vives, avec des vêtements censés faire antiques
(manteau pourpre d’Hamilcar) et exotiques (turban à
l’orientale d’un soldat). Les attitudes sont fortement
théâtralisées : illustrant le texte de Tite-Live, le
peintre montre le père faisant jurer le fils (main sur
l’autel). Le geste d’Hamilcar désignant de son épée
recourbée (à l’orientale) le bas-relief orné de la louve
romaine est éminemment symbolique. Au sol, les
enseignes romaines et le javelot pointant Romulus
et Rémus désignent à la fois la menace de la guerre
et le futur vainqueur.
© Magnard, 2011 – Latin 4e – Livre du professeur
143
Dossier
Carthage, entre histoire et légende
pp. 130-131
1 Une ville riche
La civilisation punique est tournée vers la mer.
Aujourd’hui encore, les formes circulaire et
rectangulaire des ports de guerre et de commerce
de Carthage sont visibles dans le paysage. Or on sait
que pour les Romains, la mer et le commerce qui lui
est associé sont sources de méfiance.
Chez Homère, déjà, les Phéniciens sont évoqués
comme des « navigateurs fameux », « avides » et
« trompeurs ». Cette mauvaise réputation réapparaît
dans la culture romaine avec leurs « dignes » héritiers,
les Carthaginois : ils furent les premiers, explique
Cicéron, à exporter en Grèce, avec toutes leurs
marchandises, « l’avidité, la somptuosité et l’indicible
cupidité pour toutes choses » (De la République, III, 4).
2 Un dieu mangeur d’enfants ?
Outre la fourberie, l’avidité et la cruauté, les
Carthaginois se voient aussi reprocher l’impiété,
antithèse de la pietas si chère aux Romains, qui
jugent leur religion primitive et inhumaine. Au début
du IIe siècle avant J.-C., le poète Ennius évoquait déjà
les sacrifices d’enfants dans ses Annales.
1. Auteur de culture grecque, Diodore appelle
Cronos le dieu des Carthaginois car il le voit comme
l’ogre mangeur d’enfants que représente le père des
Olympiens dans les mythes grecs.
2. La légende a aussi associé la figure de Baal
Hammon à celle de Moloch qui apparaît dans la
tradition biblique : c’est le nom du dieu auquel les
Ammonites sacrifiaient leurs enfants premiers nés
en les jetant dans un brasier. D’après les recherches
récentes des spécialistes, le nom molk désignerait en
fait le sacrifice lui-même et non une divinité.
De même, on donne quelques précisions sur un
élément important de la religion carthaginoise : le
tophet (dans la tradition biblique, nom de l’endroit
où on passait les enfants par le feu pour honorer
Moloch), qui, pour les archéologues, est une enceinte
consacrée au dieu Baal Hammon (un espace sacrificiel
à ciel ouvert avec de très nombreuses stèles).
3. On voit comment la fiction a pu s’emparer de ces
récits flattant le goût de l’horreur : dans Salammbô,
Gustave Flaubert raconte ainsi dans une fameuse
scène qu’il nommait « la grillade des moutards »
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comment Hamilcar parvient à sauver son fils, le
petit Hannibal, lors du sacrifice des enfants jetés
dans les bras de Moloch. Le grand classique du
cinéma Cabiria en donne à son tour une version
très mélodramatique, comme on peut le voir sur
l’affiche (manuel, p. 130). On retrouve la même
vision « horrifique » dans une bande dessinée qui a
entrepris de raconter le destin d’Hannibal, Carthage
de David, Lassablière et De Luca (premier volume :
« Le souffle de Baal », 2010).
3 Des origines phéniciennes
1. Sur la stèle, les élèves reconnaissent la silhouette
d’un éléphant, animal emblématique de Carthage.
Ils observent aussi le signe de Tanit, grande déesse
d’origine phénicienne, chargée de veiller sur la
fertilité, les naissances et la croissance.
2. Les Phéniciens étaient réputés pour une invention
capitale dans l’histoire de l’humanité : celle de
l’alphabet, du nom des deux premières lettres qu’ils
ont créées, aleph et bet, à partir des dessins d’une
« tête de bœuf » et d’une “maison” (voir l’alphabet
grec, manuel, p. 190).
Latinis verbis : parler latin et…
carthaginois
Cette rubrique permet une nouvelle petite mise en
scène ludique tout en donnant un exemple concret
de la figure du Carthaginois (un marchand, comme
il se doit !) dans la littérature antique. La traduction
des mots carthaginois signalés en orange est une
restitution moderne proposée par des spécialistes
de cette civilisation.
1. Le jeu comique porte sur la confusion entre Donni
(« Monsieur » en carthaginois) et le génitif de donum
(doni nescio quid, une espèce de cadeau).
2. Milphion est un interprète de fantaisie, son rôle de
« truchement », comme dirait Molière, est mal assuré
puisqu’il ne comprend pas donni, mais on note qu’il
se rattrape habilement en répétant la formule par la
suite.
3. Les élèves retrouveront les mêmes ressorts
comiques dans la fameuse « turquerie » du Bourgeois
gentilhomme (acte IV, scène 5).
© Magnard, 2011 – Latin 4e – Livre du professeur
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