La grippe H1N1 au Canada — un contexte favorisant une meilleure

11 février 2010
La grippe H1N1 au Canada — un contexte favorisant
une meilleure compréhension des patients et de leur
utilisation des services hospitaliers
Aperçu
En avril 2009, une nouvelle souche de la grippe A (H1N1) a été identifiée. En juin,
l’Organisation mondiale de la Santé qualifiait la vague du virus de pandémie1. Alors
que celle-ci se propageait, on s’est de plus en plus intéressé à l’effet du H1N1 sur
le système hospitalier de soins de courte durée. Les données complètes sur les
hospitalisations durant la pandémie (information non disponible à l’heure actuelle)
représenteront donc un outil important pour mieux comprendre cet effet. Entre-temps,
nous pouvons donner un aperçu des similarités et des différences entre d’une part,
les patients atteints de la grippe H1N1 et les services qu’ils ont exigés et, d’autre part,
les patients atteints d’une grippe courante.
Le présent document constitue une analyse des données de référence canadiennes sur la
grippe/pneumonie, tirées des données de l’ICIS sur les hospitalisations en soins de courte
durée du 1er avril 2007 au 31 mars 2008. Ces données sont comparées à celles sur la
grippe H1N1 obtenues auprès de Surveillance de l’influenza, le programme canadien de
surveillance de la grippe. Ce dernier est coordonné par le Centre de l’immunisation et des
maladies respiratoires infectieuses de l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC).
À partir de l’information recueillie par les organismes provinciaux et locaux de santé
publique de partout au pays, Surveillance de l’influenza est en mesure de fournir des
renseignements détaillés et opportuns sur l’activité de la grippe H1N1 au Canada.
Réunies, les données de référence de l’ICIS et l’information publiée sur la grippe H1N1
de Surveillance de l’influenza peuvent nous aider à comprendre :
1. la différence entre les patients de référence atteints de la grippe/pneumonie et les
patients hospitalisés en raison de la grippe H1N1;
2. si le nombre de patients gravement malades en raison de la grippe H1N1 (c’est-à-dire
ayant exigé un séjour aux soins intensifs ou une ventilation, ou qui sont décédés) était
différent du nombre de patients de référence;
2
3. si la répartition par groupe d’âge des patients gravement atteints de la grippe H1N1
était différente de celle des patients de référence;
4. si le nombre de femmes enceintes hospitalisées en raison de la grippe H1N1 était
différent du nombre de femmes enceintes dans le groupe de référence atteint de la
grippe/pneumonie, et si on avait constaté des écarts dans la proportion des femmes qui
avaient développé des troubles respiratoires graves dans chacun des groupes.
En attendant de disposer d’une information plus complète, il est possible d’obtenir un
premier aperçu de la question grâce à la juxtaposition de l’analyse de la grippe H1N1 de
Surveillance de l’influenza aux données de référence sur la grippe/pneumonie
de l’ICIS. Il est toutefois important de souligner qu’il ne s’agit pas d’une comparaison
d’éléments de même nature. Mentionnons quelques différences :
Sources de données différentes : Le système de surveillance identifie et enregistre
les cas hospitalisés pour lesquels la grippe H1N1 a été confirmée. Les données
administratives d’où provient l’échantillon de référence comprennent toutes les
hospitalisations. Dans les données de référence, la grippe n’est retenue comme
diagnostic que si une analyse de laboratoire positive est disponible ET que celle-ci
est consignée dans les notes du médecin. Il existe en outre des différences
définitionnelles entre l’analyse de Surveillance de l’influenza et les données de
l’ICIS, particulièrement en ce qui a trait à la ventilation et à la mortalité.
Selon certains, la meilleure façon de comparer la grippe
H1N1 avec la grippe
saisonnière est d’utiliser un modèle de surmortalité ou de surhospitalisation2.
Malheureusement, ce type d’analyse exige des données dont on ne dispose pas
encore. Le modèle de surmortalité examine les hospitalisations ou les décès (sans
tenir compte de la raison) et compare les chiffres constatés au plus fort de l’activité
grippale aux données de référence recueillies durant le reste de l’année. L’hypothèse
est que la grippe est responsable des hospitalisations et des décès supplémentaires
observés durant la saison grippale. Ce type de modèle ne peut être utilisé pour la
grippe H1N1 que lorsque toutes les données sur les hospitalisations seront disponibles
pour l’ensemble des patients. Les données sur les hospitalisations durant la période de
pandémie seront également utiles pour aborder d’autres questions, notamment :
Est-ce que les hospitalisations liées à la grippe H1N1 ont en réalité remplacé les
cas de grippe et pneumonie prévus ou est-ce qu’elles constituent de nouveaux
cas dans le système?
A-t-on observé des changements, par exemple moins de cas ou des séjours plus
courts, pour d’autres groupes diagnostics occupant des lits d’hôpital ou ayant
nécessité des soins intensifs ou des ventilateurs?
Quelles ont été les répercussions sur les services d’urgence des hôpitaux?
3
Périodes de référence différentes : Les données de référence couvrent un exercice
financier complet (du 1er avril 2007 au 31 mars 2008), année la plus récente pour
laquelle des données sont disponibles pour l’ensemble du Canadai. L’analyse sur la
grippe H1N1 représente une période de près de neuf mois, soit du premier cas
hospitalisé à la mi-avril 2009 jusqu’au 2 janvier 2010.
Approches différentes en matière de tests : Durant les épidémies de grippe
saisonnière, la plupart des hospitalisations concernent les aînés de constitution fragile
qui souffrent souvent d’un ou de plusieurs états pathologiques chroniques. Même si
la grippe peut empirer cet état, l’analyse de laboratoire peut ne pas avoir lieu et
l’hospitalisation peut être attribuée à une autre maladie, comme la pneumonie1. Les
efforts consacrés aux tests et à la documentation sur la grippe ont probablement été
plus importants lors de la pandémie qu’au cours d’une année ordinaire. Pour pallier
cette situation, les données de référence ont porté à la fois sur les cas où la grippe a
été clairement consignée dans le dossier du patient et sur une combinaison des cas
de grippe et de pneumonie (la complication la plus courante de la grippe).
L’annexe technique jointe au présent document présente les codes sélectionnés et
l’approche analytique adoptée pour identifier les cas de référence. Elle donne également
d’importantes mises en garde sur l’interprétation des résultats.
Aperçu des patients canadiens hospitalisés
en 2007-2008 en raison de la grippe/pneumonie
La plupart des patients atteints de la grippe se rétablissent d’eux-mêmes, mais certains
d’entre eux développent des complications et doivent être hospitalisés. En 2007-2008, plus
de 1 500 patients ont été hospitalisés au Canada en raison de la grippe (c’est-à-dire qu’ils
avaient un diagnostic principal de grippe ou qu’ils ont été admis pour une pneumonie et que
le virus de la grippe a été identifié comme étant l’organisme sous-jacent). Toutefois, les
analyses qui permettent de confirmer que la grippe était la cause de la pneumonie n’ont
souvent pas eu lieu, ou les résultats n’ont pas été consignés dans les notes du médecin. Par
conséquent, les données de référence sur la grippe sous-représentent le nombre réel de cas.
i. Ce document porte sur les données de référence d’une seule année. Toutefois, une étude de cinq ans
(2004-2005 à 2008-2009, excluant le Québec) montre que les taux d’hospitalisations pour une grippe et
une pneumonie étaient stables au fil du temps. En ce qui concerne les cas où la grippe a été consignée
clairement dans le dossier du patient, les taux d’hospitalisations étaient stables de 2005-2006 à 2008-2009,
mais sensiblement supérieurs en 2004-2005.
4
Pour compenser ce manque de documentation sur la grippe, le présent rapport examine
également plus de 80 000 patients qui ont été hospitalisés pour une pneumonie sans
mention de grippe. Il est possible que bon nombre de ces patients (mais pas tous) aient
attrapé une pneumonie à la suite de la grippe, bien que les dossiers hospitaliers ne le
précisent pas. Lorsque le nombre de cas le permet, l’analyse présente des données sur
les deux groupes de référence suivants :
les cas où la grippe a été consignée clairement, que le patient ait ou non eu
une pneumonie;
tous les cas de grippe/pneumonie.
Les maladies des voies respiratoires représentaient la quatrième principale cause des
2,7 millions d’hospitalisations en soins de courte durée au Canada, après les admissions
pour troubles circulatoires, grossesses et accouchements, et affections de l’appareil
digestif. Les patients (près de 85 000) dont le diagnostic principal était la grippe ou la
pneumonie représentaient environ un tiers des hospitalisations pour des troubles
respiratoires (3 % de l’ensemble des hospitalisations en soins de courte durée). Les
séjours à l’hôpital des patients atteints de la grippe/pneumonie représentaient un peu
moins de 750 000 jours en 2007-2008, soit environ 4 % des plus de 20 millions de
jours-patient en soins de courte durée.
Hospitalisations par groupe d’âge
Les personnes de 65 ans et plus représentaient 60 % des hospitalisations, contre 11 %
chez les enfants de 4 ans et moins. En général, les séjours à l’hôpital des patients âgés
étaient plus longs : la durée médiane d’un séjour pour une grippe/pneumonie était de
deux jours pour les enfants de 4 ans et moins et de six jours pour les 65 ans et plus.
Des résultats similaires ont été observés dans les cas où la grippe était consignée
clairement. Pour les deux groupes de référence, la durée du séjour des patients variait
significativement dans chaque groupe d’âge. L’annexe ci-jointe apporte des précisions
pour chacun des groupes d’âge.
Les aînés et les jeunes enfants affichaient les taux d’hospitalisations les plus élevés
pour une grippe/pneumonie. En examinant les hospitalisations où la grippe était
consignée clairement, on observe que les enfants de 4 ans et moins affichaient le taux
d’hospitalisations le plus élevé. Par conséquent, l’âge médian des patients pour lesquels
la grippe était consignée clairement était nettement plus bas que celui de la population
générale atteinte de la grippe/pneumonie (36 ans contre 71 ans). Dans tous les groupes
d’âge, la plupart des patients des deux groupes de référence, soit celui des patients
atteints de la grippe (86 %) et celui des patients atteints de la grippe/pneumonie
(90 %), avaient été admis à l’hôpital en passant par le service d’urgence.
5
Figure 1 Taux d’hospitalisations en raison d’une grippe/pneumonie, par groupe d’âge
0
2
4
6
8
10
12
14
0 à 4 5 à 19 20 à 64 65 ans et plus
Groupe d’âge
Grippe et pneumonie
Âge médian : 71
Hospitalisations liées à une grippe ou
une pneumonie par 100 000 habitants
Sources
Base de données sur les congés des patients, 2007-2008, Institut canadien d’information sur la santé;
Fichier des hospitalisations Med-Écho, 2007-2008, ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec.
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