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I - INTRODUCTION
« Le visage humain est avant tout l'instrument qui sert à séduire. »
Gaston Bachelard
La face, particulièrement développée et mise en valeur chez l'Homme, est probablement la partie
de notre organisme la plus dévolue à la vie de relation. C'est une interface entre soi et les autres, ce
qui en fait un puissant instrument de la communication.
Cette expressivité unique, permise par de nombreux muscles peauciers, est sous la dépendance
du grand nerf de la mimique : le nerf facial ou septième paire crânienne. Toute anomalie dans le
fonctionnement de ce nerf entraîne une perte de la symétrie du visage : ces lésions n'ont pas de
conséquences fonctionnelles gravissimes, mais elles causent des préjudices esthétiques et
psychologiques qui ne sont pas négligeables.
Si certaines lésions du nerf facial ont été longuement étudiées, notamment au niveau du tronc ou
des branches principales, les rameaux distaux, fins et soumis à de nombreuses variations, n'ont
éveillé un intérêt que plus tardivement. Pourtant, leur rôle dans l'équilibre d'un visage est majeur ; il
est donc de la priorité de tout chirurgien intervenant sur la face de préserver au maximum ces
rameaux.
Nous nous sommes intéressés dans cette étude à l'anatomie des rameaux frontaux du nerf facial.
Nous essaierons de détailler leur trajet ainsi que leurs anastomoses avec d'autres filets nerveux, afin
de tenter d'en déduire les zones à éviter lors d'une chirurgie faciale.
1) Embryologie et rôle du nerf facial
Le nerf facial apparaît conjointement avec le nerf vestibulo-cochléaire (huitième paire) dès la
troisième semaine de développement embryonnaire. Il s'individualise du nerf VIII à partir de la
quatrième semaine. Ses premières connexions avec les ébauches des muscles de la face apparaissent
vers la cinquième semaine (1).
Le développement du nerf facial proprement dit est effectif à partir de la seizième semaine.
Toutefois, ses rapports avec l'oreille moyenne ou l'os pétreux ne cessent d'évoluer in utero puis
pendant l'enfance.
Le nerf facial est dévolu à l'innervation du deuxième arc branchial. Ces arcs branchiaux sont des
ensembles complexes, comprenant à la fois de l'épiblaste, du mésoblaste et de l'entoblaste. Ceci
explique que la plupart des paires crâniennes ont des rôles très divers.
Ainsi, on décrit quatre fonctions majeures au nerf facial :
− fonction sensitive : initialement important, le territoire sensitif du VII est recouvert par celui
du trijumeau, lui laissant l'innervation de la conque (anc. zone de Ramsay-Hunt). Certains
auteurs lui prêtent aussi l'innervation sensitive du versant externe du tympan ainsi que celle,
plus inconstante, d'une partie des piliers antérieurs du voile du palais.
− fonction sensorielle : le nerf facial est responsable du goût des deux tiers antérieurs de la
langue, via la corde du tympan et le nerf lingual (V3).
Ces deux fonctions sont assurées par le nerf intermédiaire (anc. nerf intermédiaire de Wrisberg).
− fonction viscéro-motrice : par ses noyaux lacrymo-muco-nasal et salivaire supérieur, le nerf
facial participe à la sécrétion des glandes nasales, lacrymales et palatines ainsi que les
glandes salivaires submandibulaire et sublinguale.