Pulmonaire helvetique

Fiche d’action no 20 Version Date Auteurs Page
Pulmonaire helvetique 5.1 16.06.2009 Groupement de bureaux DELARZE et AMAibach Sarl 1
Service des forêts, de la faune et
de la nature
Inspection cantonale des forêts
PULMONAIRE HELVETIQUE
Pulmonaria helvetica Bolliger Fiche no
20
Photo Christophe Bornand
Description générale
Pulmonaria helvetica est l'une des rares plantes endémiques de Suisse. Elle fait partie de
l’agrégat P. officinalis (pulmonaire officinale) et n’a été identifiée comme espèce distincte
qu’en 1975.
Il s’agit d’une plante herbacée de 20-60 cm de haut, à floraison printanière (mars-mai).
L’essentiel du cycle biologique se déroule avant le débourrement des feuillus sous lesquels
elle croît. Après la floraison, la plante développe des feuilles estivales à large limbe,
adaptées à la photosynthèse avec une faible intensité de lumière.
Cette espèce a fait l’objet d’une fiche pratique pour la conservation éditée par l’OFEFP
(Käsermann & Moser 1999) et d’une étude de détail récente réalisée sous l’égide du canton
de Fribourg (Bornand 2007). La plupart des indications présentées ici sont tirées de ces
deux travaux.
Département de la sécurité et de l'environnement
Service des forêts, de la faune et de la nature
www.vd.ch – T 41 21 316 61 45 – F 41 21 316 61 62
[email protected]h

Espèces forestières prioritaires
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Identification
Comme toutes les pulmonaires, elle possède une corolle
de pétales soudés, en tube, d’abord rose puis bleu
violacé. Les feuilles sont poilues et rêches,
indistinctement maculées de vert clair ou presque sans
macules. Le limbe des feuilles estivales atteint 30 cm de
long, à base arrondie ou contractée en coin. Leur face
supérieure porte de nombreux poils longs de 0.1-0.5mm
entremêlés de poils sétacés, longs de 2-3mm.
Espèces semblables
P. helvetica se distingue des pulmonaires de montagne
(P. mollis, P. montana, P australis) par ses feuilles
basales nettement arrondies à la base et par l’absence de
poils glanduleux.
La distinction des trois espèces de l’agrégat officinalis (P.
officinalis, P. obscura, P. helvetica) est plus délicate.
Les critères distinctifs sont résumés dans le tableau de la
page suivante:
P. helvetica P. officinalis P. obscura
Macules des
feuilles indistinctes, vert clair ou
presque
absentes
nettement
marquées, vert
pâle ou
blanchâtres
absentes
Limbe des
feuilles
estivales
atteint 30 cm, à
base arrondie
ou contractée
en coin
plus petit
(maximum 18
cm) en coeur à
la base
plus petit
(maximum 15
cm), en cœur à
la base
Pilosité des
feuilles
estivales (forte
loupe
nécessaire)
face supérieure
avec poils
sétacés de 2-3
mm et nbx poils
très courts (0.1-
0.5 mm)
soies éparses
longues de 3
mm et de petits
tubercules
pointus (0.02-
0.08 mm)
soies éparses
longues de 3
mm et de petits
tubercules
pointus (0.02-
0.08 mm)
Longueur de la
corolle 16-21 mm 12-20 mm 8-16 mm
Tube de la
corolle (forte
loupe
nécessaire)
poilu à
l’intérieur, sous
l’anneau de
poils de la
gorge
glabre sous
l’anneau de
poils de la
gorge
généralement
glabre à
l’intérieur
Une corolle dépassant 16 mm permet d’exclure la pulmonaire sombre (P. obscura). Mais
pour être sûr d’avoir affaire à P. helvetica, il faut vérifier que les feuilles d’été sont grandes,
arrondies à la base, munies de macules vert clair et de nombreux poils courts (< 1 mm).
Habitat
Macrohabitat ;
Cette pulmonaire pousse sur des sols frais ou humides et humifères, dans des forêts mixtes
de feuillus, par exemple dans des stations claires de frênaies ou de hêtraie à frênes et dans
des gorges ombragées de ruisseaux. Il existe aussi des populations sur des talus de routes
et dans des coupes forestières. Elle est en général plus abondante en lisière qu’à l’intérieur
des peuplements, mais elle supporte un ombrage estival important.
Collinéenne-montagnarde, elle se trouve entre 400 et 800 m d’altitude.
Pulmonaria helvetica occupe différents types de hêtraie (Fagion silvaticae, milieu CH-6.2.3),
avec une préférence pour la hêtraie à gouet (Aro maculati-Fagetum, VD-135).

Espèces forestières prioritaires
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Elle apparaît en outre dans la frênaie à érable (VD-555) et dans les frênaies alluviales
(Fraxinion; CH-6.1.4, en particulier la frênaie alluviale sècharde ; VD-562).
Station typique de Pulmonaria helvetica, en lisière de frênaie (photo Ch. Bornand)
Microhabitat :
La pulmonaire helvétique affectionne les situations de lisière. Elle est souvent associée à l’ail
des ours (Allium ursinum), à la mercuriale vivace (Mercurialis perennis), à la prêle d’hiver
(Equisetum hiemale) et au gouet (Arum maculatum).
Quelques sondages pédologiques effectués dans la région du Gros-de-Vaud par François
Clot ont montré qu’elle occupait des sols profondément décarbonatés, mais le spectre
complet de ses préférences édaphiques reste à établir. Sa pénétration dans des sols
pauvres en calcaire la distingue des autres pulmonaires, qui sont plutôt calcicoles.
Distribution
Situation en Suisse
La pulmonaire helvétique est une endémique stricte connue à ce jour seulement dans les
cantons de Vaud et Fribourg. La Suisse porte donc l’entière responsabilité de conservation
de ce taxon à l’échelle mondiale. Bien qu’un certain nombre de stations n’aient pas été
confirmées récemment, il est supposé qu’elles sont toujours présentes (Käsermann et Moser
1999). Néanmoins, comme l’aire de l’espèce couvre moins de 1000 km2, elle est considérée
comme vulnérable.
Statut selon la liste rouge CH : VU vulnérable
(Moser & al. 2001) JURA : - espèce naturellement absente
PLATEAU : VU vulnérable
N. ALPES : - espèce naturellement absente

Espèces forestières prioritaires
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Situation dans le canton
Distribution historique Distribution actuelle
(toutes données cumulées) (données postérieures à 1986)
On compte actuellement une quinzaine de populations dans le canton. Selon Bornand
(2007), la pulmonaire helvétique est probablement encore présente dans toutes les stations
signalées et même ailleurs, car elle a souvent été confondue avec d’autres espèces (P.
officinalis en particulier). Un contrôle systématique de toutes les données anciennes
permettrait probablement de confirmer que l’espèce est peu menacée et même assez
répandue dans son aire de répartition, la petite taille de cette dernière justifiant néanmoins le
statut VU.
Le canton de Vaud étant avec celui de Fribourg le seul dépositaire de l’espèce, il a une très
grande responsabilité pour sa conservation au niveau national.
Les stations connues dans le canton sont fournies dans un document annexe réservé à
l’usage du service.
Menaces, causes du déclin
Généralités
Pulmonaria helvetica est un taxon à distribution réduite et de ce fait intrinsèquement
vulnérable. Il présente toutefois une certaine plasticité écologique, ce qui lui permet de se
maintenir dans des milieux relativement eutrophes et perturbés (prés gras proches de
lisières, coupes forestières, etc.). On ne dispose d’aucune donnée sur une éventuelle
compétition entre taxons de l’agrégat P. officinalis ni sur les effets possibles du
réchauffement climatique sur le déplacement des zones de contact.
Effets liés à la sylviculture
Les populations forestières sont potentiellement menacées par la monoculture de l’épicéa.
L’espèce est par contre peu affectée par les coupes et l’exploitation de la forêt en général.
Autres impacts humains
Aucun.
Objectifs pour l’espèce
Objectif stratégique Maintenir les colonies répertoriées
JU - (espèce absente)
PL Privilégier les feuillus de station, éviter de
perturber le régime hydrique et conserver des
lisières naturelles
Objectifs opérationnels
NA - (espèce absente)

Espèces forestières prioritaires
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Mesures-type
Mesures de gestion forestière
Les belles colonies de pulmonaire helvétique méritent d’être préservées lors des travaux
sylvicoles. ors des coupes à ces endroits, on évitera en particulier :
- de couvrir le sol de déchets ligneux (branches, copeaux, écorces, etc.),
- de créer des ornières profondes ou d’autres atteintes à la végétation du sous-bois,
- de modifier le régime d’écoulement des eaux,
- de planter des essences résineuses.
Une information ciblée des agents forestiers des arrondissements 5, 6, 8 et 18 est à prévoir,
après contrôle des stations citées dans la littérature. Un marquage permanent de toutes les
stations à conserver n’est pas recommandé. Il est par contre utile de reporter toutes les
stations connues sur les plans de gestion afin de garantir qu’elles seront prises en compte
lors de chaque intervention.
Coûts
Les mesures préconisées correspondent aux bonnes pratiques usuelles. Tout au plus
requièrent-elles une attention particulière, ce qui ne devrait pas occasionner de surcoût
significatif.
Un budget est à prévoir seulement pour l’établissement d’une couche SIG et son intégration
dans les plans de gestion, puis pour l’information des gardes (admis : 300.- par station).
Autres mesures
Il y aurait lieu de compléter sur territoire vaudois la prospection commencée par Christophe
Bornand et François Clot afin d’obtenir une image plus précise de la distribution de l’espèce
Une analyse des relations entre P. helvetica et P. officinalis (exclusion compétitive avec
zone hybride ?) mériterait aussi d’être menée au plan académique.
Monitoring
Sur la base d’un inventaire des colonies qui reste à compléter, il est recommandé de mettre
en place une surveillance légère comprenant une visite de contrôle tous les 10 ans
(vérification de la présence et évaluation qualitative de l’état de la population). Des suivis
plus précis (pose de transect pour suivi quantitatif des effectifs) sont à envisager seulement
aux endroits ou des problèmes de déclin seraient constatés (ce qui n’est pas le cas
aujourd’hui).
Sources
Publications
Bolliger, M. (1982) Die Gattung Pulmonaria in Westeuropa. Cramer. Stuttgart/Vaduz. 215 p.
Bornand C. (2007) Contribution à l'étude de Pulmonaria helvetica. Etat des populations dans
le canton de Fribourg et de Vaud et mesures de conservation nécessaires. Bureau de la
protection de la nature et du paysage. Fribourg. 33p.
Käsermann C. et Moser D.M. (1999) Fiches pratiques pour la conservation. Plantes à fleurs
et fougères. Office fédéral de l'environnement, des forêts et du paysage. Berne. 344p.
Données non publiées
Données transmises par le Centre du réseau floristique suisse (CRSF ; Beat Bäumler).
Compilation des coordonnées des stations préparée par Christophe Bornand (2007).
Observations personnelles de François Clot.
Personne de contact
François Clot, Poste 1, 1040 Echallens. [email protected], 021/881 52 09
Autres spécialistes
Christophe Bornand, Av. De Chanel 13, 1110 Morges. [email protected]
Markus Bolliger, 3400 Burgdorf
Version 05.1 / RD_13.07.2008