S’ouvrir à un Dieu surprenant
(Carême 2014 : deuxième semaine)
La page que je veux lire avec toi, chère ami, cher ami, est vraiment surprenante. C’est le récit
de trois visiteurs qui viennent rendre visite à Abraham. L’auteur commence la narration avec
une phrase qui sert de titre : « Et se laissa voir, Yhwh, à Abraham » (Gen 18,1). Mais dans la
suite du texte, le narrateur, au lieu de parler de Yhwh, parle de trois hommes. Ils se présentent
à Abraham ; Abraham les accueille et prépare, aidé aussi par Sara, un repas très riche et
abondant.
Dans cette partie du récit, l’action est surtout celle d’Abraham. Mais dans la suite...
9Ils lui disent: «Où est Sara, ta femme?» Et il répond : «Elle est là, dans la
tente».
10Et dit: «Je reviendrai, oui, je reviendrai vers toi au temps de la vie / au
temps du renouveau. Et voici : un fils sera à Sara ta femme».
Et, derrière lui, Sara écoute à l'entrée de la tente. 11Mais les jours ont passé:
Abraham et Sara ont beaucoup vieilli. Sara n’a plus ses règles. 12Et rit, Sara,
à l’intérieur d’elle-même disant: «Usée comme je suis, et flanquée d’un vieil
homme, je connaîtrai encore le plaisir?».
13Et dit, Yhwh, à Abraham: «Pourquoi donc Sara a-t-elle ri, en disant: “Est-
ce que je pourrais vraiment enfanter, moi qui suis si vieille?” 14Quelque
chose serait extraordinaire et trop pour Yhwh? Au moment où je reviendrai
vers toi, au temps de la vie / au temps du renouveau, un fils sera à Sara»
(Genèse 18,9-14).
Le premier détail qui me surprend c’est l’emploi du verbe dire. Au début (v. 9), le narrateur
utilise le pluriel : les visiteurs « disent ». Mais au verset suivant il y a le singulier, sans aucun
sujet : «Et dit». Et, en poursuivant la narration, ce verbe au singulier aura un sujet précis :
« Et dit, Yhwh, à Abraham » (v. 13). L’idée est claire : Dieu nous interpelle, et sa voix se
mélange et se confond avec des voix humaines, des voix que nous pouvons écouter.
Et, à travers ce mélange des voix, le message que Dieu nous donne est la promesse de son
action surprenante. Ce qui nous apparaît comme « extraordinaire et trop pour Yhwh» (v. 14),
n’est pas trop extraordinaire pour Dieu.
Ce récit de la Genèse a un parallèle dans le Coran où on lit:
71La femme d'Abraham, debout [derrière les stores de la tente], se mit à rire,
lorsque nous lui avons fait l’heureuse annonce [de la naissance] d'Isaac et,
après celle d’Isaac, celle de Jacob.
72«Quoi donc?» s'écria-t-elle. «Moi, avoir un enfant à mon âge si avancé et
alors que mon mari que voici est un vieillard? Ce serait là une chose
vraiment extraordinaire!».
73Ils disent: «T’étonnes-tu de l'ordre de Dieu?» Que la miséricorde de Dieu
et ses bénédictions soient sur vous, ô habitants de cette demeure! Dieu seul
est digne de louange et de gloire » (Sourate 11,71-73).
Un peu comme dans la Bible, la parole de Dieu peut nous paraître « vraiment extraordinaire »
(v. 72). Et notre réaction peut être celle de nous «étonner» (v. 73); elle peut être, comme celle
de Sara, de «rire» ou «sourire». En hébreu, le verbe est sahaq, et de ce verbe viendra le nom
du fils «Isahaq». Donc, le fils qui va naître rappellera toujours cette action étonnante - et
apparemment incroyable - de Dieu.
Une dernière remarque. La Bible nous parle de la réalisation de la parole de Dieu «au temps
de la vie» (vv. 10 et 14). On peut aussi traduire «au temps du renouveau». En effet,
l’intervention de Dieu est en faveur de la vie, du renouveau, d’une vie rénovée.
Je t’invite donc, mon amie, mon ami, à t’ouvrir à ce chemin de vie, à ce temps de renouveau,
que Dieu te propose. Moi aussi, je ferai de même, avec toi et encouragé par toi.
Renzo