15 juin 2017 747130899 4/5
mes filets (Lc 5,5). Comme s'il avait dit : puisque nous avons travaillé en vain toute la nuit et
que notre pêche ne nous a rien rapporté, je pêcherai désormais non pas avec un instrument,
mais avec la grâce, non pas en artisan appliqué, mais en fidèle zélé. Sur ta parole, dit-il, je
vais jeter mes filets. Nous avons lu que le Verbe est le Seigneur, notre Sauveur, comme le
dit l'évangéliste : Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe
était Dieu (Jn 1,1). Puisque Pierre lance son filet selon le Verbe, il répand partout son
éloquence selon le Christ. Il déploie les filets ourdis et tissés selon les prescriptions de son
maître, il lance au nom du Seigneur des paroles plus claires et plus efficaces qui permettent
de sauver, non pas des animaux, mais des hommes. Nous avons peiné, dit-il, toute la nuit
sans rien prendre. Oui, Pierre avait bien peiné toute la nuit : auparavant, gêné par l'obscurité,
il ne pouvait voir ses proies; lorsque la lumière du Sauveur a brillé, les ténèbres se sont
dissipées, et sa foi lui a permis de distinguer, au plus profond des flots, ce que ses yeux ne
pouvaient voir. Pierre a effectivement souffert de la nuit, jusqu'à ce que le jour, qui est le
Christ, vienne à son secours. C'est ce qui fait dire à l'apôtre Paul : La nuit est avancée. Le
jour est arrivé (Rm 13,12)
.
Jésus Christ, notre Seigneur, qui vit et règne dans les siècles des siècles, amen.
SAINT AUGUSTIN (V°S)
Augustin compare les deux pêches miraculeuses données dans les évangiles, celle de Lc 5
qui se situe au début de la vie publique de Jésus, et celle de Jn 21 qui a lieu après la
Résurrection. Dans la première, les filets craquent dans la seconde, ils ne se rompent pas.
Nous ne prendrons que la première partie du commentaire.
Deux pêches miraculeuses
Quand donc le Seigneur Jésus-Christ eut choisi des pécheurs pour en faire des pêcheurs
d'hommes, il a voulu nous donner, précisément par leurs pêches, un enseignement sur
l'appel des peuples. Remarquez que les deux pêches sont bien distinctes, avec cette
différence essentielle : la première eut lieu quand le Seigneur les choisit parmi les pêcheurs
et en fit ses disciples, la seconde, dont nous venons d'entendre le récit à la lecture du saint
évangile, après la Résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ; l'une avant la Résurrection,
l'autre après la Résurrection. Remarquez bien ce qui sépare les deux pêches, cette barque
sert à notre instruction.
La première pêche, l’appel des apôtres
C'était au début de la prédication de l'évangile; les trouvant alors en train de pêcher, il
s'approcha et leur dit : Jetez les filets. Eux de répondre : De toute la nuit nous n'avons rien
pris, c'est en vain que nous avons peiné, mais en ton nom nous jetterons les filets (Lc 5, 4-5).
Ils les jettent et la prise fut telle qu'ils remplirent les deux barques, et la multitude de poissons
pesait tellement que pour un peu elles enfonçaient. Ensuite, toujours à cause de cette
multitude de poissons, les filets se rompirent. Il leur dit alors : Suivez-moi, je vous ferai
pêcheurs d'hommes (Mc 4,17).Laissant alors filets et barques, ils suivirent le Christ.
Le passage du sens littéral du texte biblique, aux sens spirituels est du même ordre : un passage des
ténèbres intérieures à la Lumière de l’Esprit. Les récits bibliques, et d’abord ceux des évangiles, n’accèdent
à leur pleine clarté que référés à la mort et à la Résurrection de Jésus, notre Seigneur, qui nous envoie sa
lumière.
Sermons pour la Pâque, SC N°116, p..313-315