Evaluation des prises en charge dans les services d'urgence
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1. Contexte et finalité de l'étude
L'urgence médicale ou chirurgicale relevant d'un service d'urgences hospitalières se définit
comme un besoin de soins immédiat et inopiné. Elle se différencie de la demande de soins non
programmés relevant de la permanence des soins en médecine générale, par la mise en jeu du
pronostic vital et ou fonctionnel nécessitant l'intervention immédiate d'un médecin formé à la prise
en charge des urgences1.
Selon la littérature2, 70 % des recours aux services d'urgences hospitalières ne correspondent
pas à cette définition. Elles sont sur l’initiative du patient, les professionnels de santé les
qualifiant souvent d'urgences "ressenties" ou de demande de soins liée à la facilité de l'accès à
un plateau technique diagnostic et thérapeutique regroupé3.
La prise en charge des urgences en Bretagne a fait l'objet d'un volet spécifique dans le SROS 2
reposant sur 4 objectifs :
- l'organisation de l'accueil et du traitement des urgences dans les établissements, basée sur
les décrets du 9 mai 1995 et du 30 mai 1997,
- l'organisation de cette activité dans chaque secteur sanitaire,
- la régulation médicale et les transports médicalisés,
- la participation de la médecine libérale à la prise en charge des urgences.
Dans ce cadre le dispositif breton autorise l'activité de 7 SAU, 19 UPATOU dont 2 privés et 1
PSPH, 20 SMUR dans un maillage territorial s'articulant autour des 4 SAMU départementaux.
Cela a permis d'instaurer un réseau de soins complémentaires, gradués et coordonnés visant à
garantir l'accessibilité, la qualité et la sécurité des soins quels que soient l'âge, l'origine
géographique ou sociale des patients.
De 1999 à 2003, la prise en charge des urgences a été un axe prioritaire des politiques nationale
et régionale de santé, et a bénéficié d'un effort financier visant à renforcer les effectifs médicaux
et paramédicaux et à améliorer les locaux.
Cependant, dans le même temps, l'activité d'urgences hospitalières a poursuivi sa courbe
croissante puisque l'état des lieux national de la DHOS
décrit une augmentation nationale du
nombre de passages de plus 64 % entre 1990 et 2001.
Malgré les efforts réalisés, les services des urgences
vivent toujours des pics de saturation
d'activité, générant des temps d'attente prolongés avec risque de perte de chances comme l'a
confirmé l'actualité 2003 : canicule, pics hivernaux infectieux.
Ces difficultés ont sans doute été amplifiées par l'impact de la grève des médecins généralistes
du premier semestre 2002 sur la régulation pré-hospitalière des soins. Parallèlement il existe des
modifications démographiques avec un accroissement de la population urbaine et un
vieillissement dans certains territoires sans adaptation des capacités hospitalières.
On peut donc supposer qu'il existe à la fois des problèmes de régulation d'amont liés à un défaut
de coordination avec la médecine de ville, et d'aval liés à une insuffisance de capacité et ou
d'organisation des lits d'hébergement tant sur le plan sanitaire que sur le plan médico-social.
1 Circulaire N°195 du 16 avril 2003
2 Les usagers des urgences DREES N° 212 janvier 2003
3 Les passages aux urgences de 1990 à 1998 : DREES N° 72 juillet 2002