1
Fiches réalisées par Arnaud LEONARD
(Lycée français de Varsovie, Pologne)
à partir de sources diverses, notamment des excellents « livres du professeur »
des éditions Nathan (dir. Guillaume LE QUINTREC)
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HC – Guerres et paix 1914-1946
Approche scientifique Approche didactique
Définition du sujet (termes et concepts liés, temps court et temps long, amplitude
spatiale) :
Insertion dans les programmes (avant,
après) :
Sources et muséographie :
Ouvrages généraux :
Mosse George Lachmann, De la Grande guerre au totalitarisme, la brutalisation des sociétés européennes, coll. « Pluriel »,
Hachette, 1999 (à partir de la question « Quelles sont les conséquences de l’expérience de la mort massive pendant la Première
Guerre mondiale ? », l’auteur insiste sur l’idée que 1914-1918 est une guerre d’un nouveau type et développe le concept de «
brutalisation » des populations, en particulier en Allemagne).
Audouin-Rouzeau Stéphane, Becker Annette, Igrao Christian, Rousso Henry (dir.), La Violence de guerre 1914-1945, Complexe,
2002 (ouvrage de collaboration – 22 auteurs – qui permet de mettre en relief les violences des champs de bataille, celles faites
contre les populations durant les deux conflits, les traumatismes et les réactions, mettant ainsi en relation violences de guerre et
violences politiques).
14-18, retrouver la guerre, AUDOIN-ROUZEAU Stéphane, BECKER Annette. Paris : Gallimard, 2000.
Les Monuments aux morts, mémoire de la Grande Guerre, BECKER Annette, Paris : Errance, 1988.
War and Remembrance in the XXth Century, SIVAN Emmanuel, WINTER Jay. Cambridge : University Press, 1999.
BRION Patrick, Le Cinéma de guerre, La Martinière, 1996.
Prost Antoine, « Pacifismes de l’entre-deux-guerres », dans Becker Jean-Jacques, Audoin-Rouzeau Stéphane (dir.), Encyclopédie
de la Première Guerre mondiale, Bayard, 2004.
Vaisse Maurice, La Paix au XXe siècle, Belin supérieur, 2004.
BOCK Fabienne, Les sociétés, la guerre et la paix. 1911-1946, Armand Colin, 2003.
DUFOUR Jean-Louis et VAÏSSE Maurice, La guerre au XXe siècle, Hachette, 1993. Propose une typologie selon six critères (cf.
l’Introduction). Particulièrement utile pour caractériser la guerre moderne du XXe siècle (chapitre 1) et préciser la notion de «
guerre totale » (chapitre 2). Tableau récapitulatif des victimes des deux guerres.
Plusieurs manuels conçus pour la préparation aux concours d’enseignement en 2003-2005 fournissent des mises au point sur les
thèmes de ce programme. Celui dirigé par Frédéric Rousseau est riche en informations sur les pacifismes (ROUSSEAU Frédéric
dir., Guerres, paix et sociétés 1911 – 1946, Atlande, 2004, p. 552-573). Ces ouvrages supposent de connaître les débats
historiques auxquels ils renvoient, notamment autour de la question du consentement des populations à la Première Guerre
mondiale (Stéphane Audoin-Rouzeau, Annette Becker, Frédéric Rousseau).
Bertrand Maurice, L’ONU, La Découverte, 2003, 128 p., coll. «Repères ».
Lafay Frédérique, L’ONU, PUF, 2003, 128 p., coll. «Que sais-je ?».
Ressources
Itinéraire urbain et travail sur les monuments aux morts (commanditaires, représentations, financements, discours inaugural…).
Sortie pédagogique au Mémorial de Péronne (Somme) sur l’expérience de la guerre, la culture de paix.
www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers
dossier/maintien-paix (Historique de la SDN à l’ONU, liens)
Ouverture pour les élèves
Giroud Franck, Dethore Jean Paul, Louis la Guigne, Glénat, 1985 : une bande dessinée qui aborde la période de l’Entre-deux-
guerres et notamment les difficultés de la République de la Weimar, le rôle des pacifistes ouvriers et internationalistes.
Documentation Photographique et diapos :
Audouin-Rouzeau Stéphane, « La guerre au XXe siècle, 1. L’expérience combattante », La Documentation photographique, La
Documentation française, n° 8041, 2005 ; Dumenil Alain, « La guerre au XXe siècle, 2. L’expérience des civils », La
Documentation photographique, La Documentation française, n° 8043, 2005.
Revues :
Les collections de l’Histoire, n° 21 consacré à la Grande Guerre (deux articles sur le pacifisme).
« Le pacifisme à la française (1789-1991) », L’Histoire, n° 144, mai 1991.
Carte murale :
Enjeux scientifiques (épistémologie, historiographie et renouvellement des
savoirs, concepts, problématique) :
Accompagnement 1
ère
STG :
« Centrée sur la période 1914-1946, cette séquence place l’Europe au coeur de
l’enseignement à travers l’étude des deux guerres mondiales, des totalitarismes,
des efforts pour construire la paix. Elle s’appuie sur les acquis de la classe de
Enjeux didactiques (repères, notions et
méthodes) :
BO 1
ère
STG « Guerres et paix (1914-1946)
L’EUROPE AU CŒUR DES GRANDS
AFFRONTEMENTS
On présente les événements militaires des
3
troisième et limite la part du récit au rappel des grands repères chronologiques et
géographiques. Pour cela, le recours aux cartes est indispensable. En premier lieu,
elles permettent de montrer les principaux changements intervenus dans le
découpage de l’Europe médiane et balkanique et la fixation des frontières entre la
France et l’Allemagne. Trois dates sont pertinentes pour cet exercice : 1914 –
1938 – 1947. Le choix de 1938 permet de décrire la nouvelle Europe née des
traités de paix à la fin de la première guerre mondiale, d’évoquer les
modifications apportées par la guerre soviéto-polonaise et de présenter la
politique d’agression nazie (Anschluss, autonomie de la Slovaquie). L’année
1947 correspond à une stabilisation des frontières européennes jusqu’aux années
1990 (abordées en Terminale). En second lieu, combinées à une chronologie, les
cartes peuvent servir de support à un rappel de quelques événements clés de
chaque conflit (bataille de la Marne, Verdun ; Stalingrad, Midway). Sur la carte
de l’Europe on montre les territoires directement touchés par chaque guerre et on
localise les principaux fronts. On souligne que le centre de gravité se déplace,
d’une guerre à l’autre, de l’ouest (front franco-allemand) vers l’est (front
germano-soviétique). Sur le planisphère on marque la différence entre une
première guerre mondiale encore européo-centrée et une deuxième guerre tout à
fait mondiale avec l’affrontement entre le Japon et les États-Unis dans le
Pacifique.
Cette mise en place des faits et des espaces débouche sur la notion de guerre
totale, en grande partie connue des élèves. On la caractérise par l’extension des
opérations dans la durée et surtout dans l’espace ; par la mobilisation de tous les
moyens, en hommes (pour combattre ou soutenir l’effort de guerre), en argent, en
matériel (économie de guerre) ; par l’acharnement des combats et la volonté
d’anéantir l’adversaire, jusqu’à passer « de l’acceptation de la guerre à
l’acceptation du crime ».
Pour chaque guerre on relève ensuite quelques éléments décisifs de l’histoire
européenne. De la Première Guerre mondiale, on retient surtout l’expérience
d’une violence qui atteint une ampleur et un caractère collectif sans précédent. Se
pose dès lors la question des raisons qui ont conduit les populations à soutenir
très majoritairement l’effort de guerre demandé par la nation. Si certains
historiens insistent sur les mécanismes d’adhésion qui conduisent au «
consentement » des individus, d’autres font valoir que cette apparente adhésion
est aussi le résultat d’un conditionnement ancien et des contraintes exercées par
l’État et la société.
La Seconde Guerre mondiale n’oppose plus seulement des États-nations mais des
projets politiques et des idéologies. Elle déplace et dilue les distinctions
traditionnelles qui permettaient d’opposer le front et l’arrière. La collaboration et
la Résistance, les bombardements et la guerre médiatique, ne connaissent pas de
frontière. Cette guerre marque aussi le franchissement de nouveaux degrés dans
le déchaînement de la violence, le recours aux armes de destruction
(bombardements, arme nucléaire), la planification des massacres jusqu’à la
volonté d’extermination (Juifs, Tziganes). Elle laisse une Europe en ruines où les
pertes militaires et civiles sont presque équivalentes, et cinq fois plus élevées que
pendant la Grande Guerre.
La présentation des génocides implique au préalable de clarifier le vocabulaire et
d’expliquer la distinction opérée progressivement par le droit international entre
crimes contre la paix, crime de guerre, crime contre l’humanité, génocide. La
volonté de fixer des règles pour protéger les civils et limiter le recours à certaines
armes durant les guerres est ancienne et avait donné naissance à un droit
international qualifié à l’époque moderne de droit des gens. À partir du XIXe
siècle, il se traduit en accords internationaux. La première convention de Genève
(1864) et la convention de La Haye (1907) ont, entre autres, tenté de réglementer
les lois et coutumes des guerres sur terre pour empêcher les belligérants de s’en
prendre à des objectifs non- militaires (civils, prisonniers, blessés). Mais la
définition juridique de plusieurs types de crimes s’impose seulement en 1945
avec la création d’un tribunal militaire international installé à Nuremberg. Il
distingue dans ses statuts (article 6) trois chefs d’accusation : crime contre la paix
; crime de guerre ; crime contre l’humanité. Le mot génocide est encore absent de
cette classification mais il s’impose très vite. Utilisé pour la première fois dans un
document officiel en 1945 par le tribunal de Nuremberg, il est défini sur le plan
juridique par l’Assemblée générale de l’ONU en 1946. Il entre définitivement
dans le vocabulaire du droit international en 1948. »
deux guerres essentiellement à l’aide de
cartes.
La Première Guerre mondiale marque
durablement les sociétés par le renforcement
de l’État et par l’expérience de la violence.
On posera la question du consentement des
opinions.
La Seconde Guerre mondiale franchit de
nouveaux seuils dans la violence du fait des
objectifs du nazisme et de l’impérialisme
japonais, de l’implication des civils, des
armes utilisées (bombe atomique).
On oppose les idées-forces des totalitarismes
(Allemagne nazie et URSS stalinienne) et
des démocraties, à travers leurs fondements,
leurs objectifs, leur fonctionnement.
On décrit et on analyse les mécanismes qui
entraînent les génocides de la Première
Guerre mondiale (Arméniens), puis de la
Seconde Guerre mondiale (Juifs, Tziganes).
SUJETS D’ETUDE
La recherche de la paix
Le sujet d’étude s’attache aux efforts
déployés pour construire la paix et aux
difficultés qu’ils rencontrent.
Un sujet d’étude au choix :
- De la SDN à L’ONU
L’échec de la SDN éclaire la mise en place
de l’ONU, son organisation, ses buts, ses
moyens. »
- Pacifisme et pacifistes
On montre la diversité du pacifisme, les
problèmes qu’il rencontre, son influence. »
BO 1ere ST2S : « Guerres et paix (1914-
1946)
L'EUROPE : UN ESPACE MARQUE PAR
DEUX CONFLITS MONDIAUX.
La guerre marque profondément l'Europe du
premier XXe siècle et ses peuples.
On analyse les dimensions géopolitiques des
deux conflits mondiaux, leurs caractères
spécifiques, la violence vécue par les
combattants et les civils.
SUJETS D’ETUDE
On montre la diversité du pacifisme, les
problèmes qu'il rencontre, son influence.
L’Italie, ébranlée par la Première Guerre
mondiale, devient un pays totalitaire.
On étudie la réalité de la vie quotidienne
sous le fascisme.
Auschwitz est un vaste complexe, construit à
partir de 1940. Il constitue un élément de la
politique concentrationnaire nazie et surtout
un instrument majeur de la politique
d'extermination des juifs d'Europe. Il est
devenu un lieu de mémoire. »
4
Plan, entrées originales (événements, acteurs, lieux, œuvres d’art), supports
documentaires et productions graphiques :
Accompagnement 1
ère
ST2S :
« La question est centrée sur l’Europe et sur les peuples qui y vivent : le
commentaire en exprime clairement le contenu et le déroulement. Elle ne requiert
pas un traitement chronologique détaillé : il est d’autant plus important que les
enseignants fassent exprimer à la classe – de manière positive – les savoirs sur la
période pour en faire des points d’appuis.
Les deux guerres mondiales ont profondément modifié, à l’échelle d’une vie
humaine, l’organisation géopolitique de l’espace européen. Elles ont suscité des
recherches de paix dans lesquelles s’inscrit l’idée européenne. Le projet européen
est né des traumatismes des deux guerres et de cette recherche répétée de paix.
L’étude des cartes permet de retracer la mise en place progressive des frontières
de l’Europe ainsi que la rapidité de leurs modifications. L’existence des empires
centraux et les tensions territoriales qui opposent notamment la France et
l’Allemagne sont rappelées à partir de la carte du continent en 1914. Elle fait
apparaître les nouveaux États nations qui se sont constitués, la montée des
tensions et le jeu des alliances. Il est possible de montrer la disparition des
empires centraux ainsi que les recompositions territoriales en Europe centrale
selon les principes wilsoniens en étudiant la carte de l’Europe dans l’entre-deux-
guerres. Les démocraties et les régimes totalitaires qui se sont installés
progressivement sont également localisés. Une carte de l’Europe en 1942 permet
de caractériser le continent à l’heure allemande et de mesurer les implications
territoriales de l’idéologie nazie : Grande Allemagne, espace vital, États
vassaux… Enfin, une approche même succincte de l’expansion soviétique est
utile pour comprendre le projet de construction européenne en introduisant
notamment les antagonismes moteurs de la future guerre froide qui sera traitée en
classe de terminale. Les déplacements de populations
générés par les régimes totalitaires dans l’entre-deux-guerres et les redécoupages
territoriaux après 1945 sont également abordés à partir des cartes. Des exemples
régionaux comme ceux de l’Alsace-Lorraine ou de la Haute-Silésie peuvent
permettre d’apporter une dimension humaine à cette étude en rendant sensible
aux élèves l’intensité et la brutalité des bouleversements vécus par certaines
populations.
Le programme invite à une étude globale des deux conflits dont il importe de
souligner les points communs et les spécificités. L’Europe a été, quoique
inégalement selon le conflit, le théâtre principal des deux guerres mondiales. Le
continent sort détruit et affaibli d’une période où se sont affrontées sur son
territoire, avec une extrême violence, des armées de masse et des idéologies
antagonistes. L’étude des affrontements à l’oeuvre lors de la Première comme de
la Seconde Guerre mondiale s’appuie sur la notion de guerre totale. L’analyse
d’affiches de propagande bien choisies (appel à souscription par exemple) peut
donc être l’occasion de souligner à la fois le rôle des États dans la conduite de la
guerre et la mise en place d’économies de guerre. Elles permettent d’appréhender
la perception de l’ennemi, de décrire l’ampleur de la mobilisation des populations
européennes et coloniales aux fronts comme à l’arrière ainsi que de comprendre
le rôle des médias dans le conditionnement psychologique. Si la Première Guerre
mondiale peut être considérée, avant tout, comme un affrontement de puissances,
aboutissement des nationalismes du XIXe siècle, la seconde met aux prises des
projets politiques radicalement différents : les régimes totalitaires cherchent à
imposer une logique d’exclusion de l’autre alors que les démocraties libérales
défendent un modèle de société reposant sur l’affirmation de l’égalité des droits
et la garantie des libertés individuelles et collectives. Le communisme soviétique
constitue un cas complexe : en dépit de son incarnation politique dans un régime
totalitaire, il se réclame de l’égalité individuelle et des libertés collectives et est
une clef majeure de la défaite allemande en 1945. Ces projets sont d’autant plus
inconciliables que chacun d’eux prétend à l’universalité.
La volonté d’anéantissement de l’ennemi et l’extrême violence qui l’accompagne
doivent être soulignées. Les Européens ont, en effet, payé un lourd tribut à la
guerre. L’analyse comparée du nombre et de la nature des victimes constitue un
moyen de souligner l’entrée des masses dans la guerre et, de fait, le poids
grandissant des civils victimes des conflits. Elle permet de mesurer en partie
l’escalade dans l’échelle de la violence : le nombre des victimes est cinq fois plus
élevé lors de la Seconde Guerre mondiale. Les civils connaissent l’invasion et la
Activités, consignes et productions des
élèves :
Filmer pour se souvenir
En 1956, Alain Resnais montre dans Nuit et
Brouillard des images d’archives,
principalement des photographies, sur le
texte d’un écrivain, ancien déporté, Jean
Cayrol. Camps de concentration et
d’extermination ne sont pas différenciés : le
film est une réflexion humaniste sur les
drames de la Seconde Guerre mondiale.
Dans Shoah (1985), au contraire, Claude
Lanzman refuse tout document d’archives :
son film est fondé sur la parole des victimes,
des bourreaux et des témoins de
l’extermination des Juifs d’Europe.
L’Histoire nous parvient par la catharsis de
la mémoire, comme dans le cas de l’ancien
coiffeur chargé de raser les victimes avant
leur extermination qui, dans un salon de
coiffure recréé pour le film, revit devant les
spectateurs horrifiés la cruauté de son
trauma. Rithy Panh, en mettant face à face
anciens bourreaux et victimes des Khmers
rouges dans S 21 (2004), se place dans la
même lignée, au moment où les responsables
confrontés à un futur procès plaident le
génocide par ignorance. Seule bande-son, la
Radio des Mille Collines appelant au
meurtre, seules images, des corps entassés,
sont les choix d’Eyal Sivan pour les 13
minutes d’Itsembatsemba, Rwanda, un
génocide plus tard (1996).
La notion de pacifisme est complexe. On
montre comment elle a évolué au cours de la
première partie du XXe siècle, jusqu’à la
Première Guerre mondiale, puis dans l’entre-
deux guerres, jusqu’à la création de l’ONU.
Comprendre que le pacifisme est une notion
polysémique ; sa lecture est « horizontale »,
c’est-à-dire qu’à une même époque, il
engendre des attitudes diverses, mais sa
lecture est aussi « verticale » : sa
signification subit des modifications au fil du
temps.
Etre capable de citer des acteurs des diverses
expressions du pacifisme, comme Jean
Jaurès.
Retenir des moments clés du pacifisme
comme le pacte Briand-Kellogg du 27 août
1928 ou la conférence de Munich en
septembre 1938.
Problématiques
– Comment la guerre de 1914-1918 marque-
t-elle l’échec des mouvements pacifistes ?
La réponse à cette problématique devrait
permettre de cerner la diversité des
conceptions et des types d’action du
pacifisme. L’intitulé du sujet d’étude illustre
bien que si le désir de paix est partagé, la
définition de la paix et les attitudes pour la
protéger ne sont pas identiques. Il faudrait en
outre éclairer l’échec des pacifistes
5
retraite ainsi que l’occupation. Les bombardements altèrent les distinctions
spatiales entre espace de combat et espace civil. La question de la violence dont
sont victimes combattants et civils introduit aux notions de culture de guerre et de
brutalisation des rapports humains comme à celles de génocide et de crimes
contre l’humanité. Les deux guerres génèrent des crimes contre l’humanité
définis dans l’article 6 des Statuts du tribunal de Nuremberg. L’étude du procès
de Nuremberg pourrait être, à la fois, l’occasion d’expliquer la « logique »
génocidaire en s’appuyant sur les témoignages et également de souligner
l’exigence de justice indispensable à la reconstruction d’une Europe pacifiée. Il
est aussi possible de rappeler aux élèves que si le terme de génocide s’est imposé
pour qualifier la Shoah, il divise encore concernant les Arméniens, sa
reconnaissance constituant, pour certains, un préalable à l’adhésion de la Turquie
au sein de l’Union européenne. Le sujet invite également à poser la question des
liens entre cette violence, nouvelle par son ampleur mais aussi par sa nature, et
l’idéologie comme le fonctionnement des régimes totalitaires. Elle ouvre la
réflexion sur le degré et les modalités d’acceptation de cette violence.
L’oeuvre de Marie Curie, son engagement pour soulager la souffrance des
malades avec la création d’une voiture radiologique, constituent une expérience
humaine dont le récit introduit les questions des traumatismes, des relations avec
l’arrière et de la place des scientifiques dans l’effort de guerre. Les articulations
potentielles avec les autres disciplines sont nombreuses.
Le recours à des extraits d’oeuvres littéraires, cinématographique ou picturales
peut être l’occasion d’un travail mené avec les professeurs de français. Le Grand
Troupeau de Jean Giono ou À l’ouest, rien de nouveau de Erich Maria Remarque
sont des supports intéressants pour approcher l’enfer des combats. Celui-ci peut
aussi être évoqué par la lecture de carnets de poilus ou encore à travers l’analyse
d’extraits de films de fiction. Les deux conflits ont inspiré une très riche
filmographie qui peut-être utilisée en accroche pour aborder l’expérience
combattante (Les Sentiers de la gloire de Stanley Kubrick, 1958 [1914-1918],
Week end à Zuidcotte d’Henri Verneuil, 1964, Stalingrad de Jean-Jacques
Annaud, 2002 [1939-1945]) ou donner une idée de l’ampleur des moyens
humaines et matériels mobilisés (Le Crépuscule des aigles de John Guillermin,
1966 [1914-1918], Il faut sauver le soldat Ryan de Steven Spielberg, 1998 [1939-
1945]). Si ces oeuvres de fiction offrent un point de vue idéologique, elles
peuvent inviter à une réflexion critique sur les raisons et la manière de filmer la
guerre. Celle-ci peut passer par la confrontation des oeuvres (l’ouvrage d’Erich
Maria Remarque, par exemple, a donné lieu à deux adaptations au cinéma : Lewis
Milestone, 1930, Delbert Mann, 1979). Les oeuvres d’Otto Dix offrent également
une entrée possible.
De la SDN à l’ONU
Les trois entrées proposées comme sujets d’étude possibles ont toutes pour
objectif de montrer comment les hommes, notamment en Europe, ont tenté
d’empêcher la guerre et d’instaurer une paix durable. La chronologie du
programme ne doit pas empêcher l’enseignant d’aborder des aspects postérieurs à
1946, par exemple quand il évoque les opérations de maintien de la paix, le
tribunal international de La Haye, les courants pacifistes.
La première entrée met l’accent sur le rôle des États et leur action diplomatique.
L’établissement de la Société des Nations en 1920, puis de l’Organisation des
Nations Unies, vise à substituer l’arbitrage à la guerre. L’échec de la SDN ne doit
pas conduire à sous-estimer l’espoir suscité dans les années 1920 par « l’esprit de
Genève ». Tirant les leçons de cette première expérience, l’ONU se dote d’une
charte (San Francisco, 26 juin 1945) et de moyens qui vont lui permettre, à défaut
d’empêcher les guerres, d’en prévenir certaines, d’en limiter d’autres en menant
des opérations de maintien de la paix, surtout après la fin de la guerre froide.
Pacifisme et pacifistes
Une troisième entrée déplace l’approche du côté du rôle des sociétés et des
opinions publiques. Il s’agit de montrer l’évolution du pacifisme et des formes
d’engagement pacifistes entre 1914 et 1946. L’aspiration à la paix est dominante
en Europe après la Première Guerre mondiale. Elle n’implique pas pour autant
que les populations soient acquises au pacifisme en tant qu’action militante
contre la guerre. Le pacifisme prend lui-même des formes différentes selon les
motivations et les objectifs poursuivis. Les mouvements les plus importants se
réclament d’un pacifisme chrétien, humaniste et socialiste. Ils conduisent certains
lorsqu’éclate la Première Guerre mondiale,
ainsi que les nouvelles solutions envisagées
durant le conflit lui-même.
– Comment les pacifismes s’expriment-ils
des années 1920 aux lendemains de la
Seconde Guerre mondiale ?
Cette problématique fait appel à des
connaissances factuelles : l’échec des
pacifistes avec la Grande Guerre, les
manifestations du pacifisme parfois poussé à
l’extrême dans l’entre-deux-guerres
(l’appellation est significative !) et l’échec –
une fois de plus – du pacifisme dans la
Seconde Guerre mondiale. La problématique
ne repose pas que sur la principale
mémorisation des événements et débouche
sur une réflexion quant à la nature du
pacifisme et ses différentes approches. Elle
permet de contextualiser une notion qui est
très complexe.
– Quels objectifs et quelles voies différentes
les pacifistes proposent-ils pour défendre la
paix ?
La seconde problématique, sans être
évidemment décontextualisée, amène
cependant vers une réflexion plus
approfondie sur les diverses expressions du
pacifisme. Que recouvre ce mot ? Pourquoi
n’y a-t-il pas une définition et une
manifestation uniques ?
Au cours du XIXe siècle et pendant les
premières années du XXe siècle, les idées de
paix, mais aussi paradoxalement les
nationalismes, prennent de l’ampleur. Le
pacifisme est pourtant présent dans la vie de
chaque État comme sur le plan international.
Ainsi, le premier prix Nobel de la paix est-il
attribué en 1901 au fondateur de la Croix-
Rouge, le Suisse Henri Dunant (1828-1910).
Des conférences internationales (La Haye,
1887 et 1907), montrent les efforts pour créer
une communauté internationale.
Mais les pacifistes sont issus de milieux très
divers : intellectuels, diplomates, hommes
politiques, militants syndicalistes,
féministes… Les mouvements pacifistes
concilient difficilement patriotisme et
pacifisme. Les socialistes ne parviennent pas
à se mettre d’accord sur les moyens
d’empêcher la guerre. En 1914, l’assassinat
du leader socialiste pacifiste français Jean
Jaurès, puis l’entrée en guerre, mettent en
évidence l’impuissance du mouvement
pacifiste. Pourtant celui-ci relève la tête,
pendant le conflit lui-même. Ainsi, dans ses
« quatorze points » de janvier 1918, le
président des États-Unis Woodrow Wilson
énonce-t-il des propositions pour la paix
future, reposant sur une diplomatie lisible,
des accords commerciaux équilibrés et une
réduction raisonnée des armements.
Les traumatismes laissés par la Première
Guerre mondiale, le « plus jamais ça » des
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