leur donne louange. Ils durent réaliser quatre essais avant de trouver le
modèle d´homme qu´ils désiraient. Le premier essai consista à créer les
animaux. Mais les animaux ne purent pas parler et rendre louange à leurs
créateurs, à cause de cela ils furent punis par les dieux en faisant que leur
chair devienne nourriture pour d´autres êtres vivants. Le deuxième essai
consista à créer l´homme d´argile. Les hommes pouvaient parler mais
n´avaient pas de raison, et à cause de cela ils ne pouvaient pas rendre
louange à leurs créateurs, ils furent détruits avec de l´eau. Le troisième
essai consista à créer l´homme de bois. Les hommes pouvaient parler mais
ils n´avaient pas de cœur, donc ils ne pouvaient pas rendre louange aux
dieux et ils furent convertis en singes. Finalement les dieux se réunirent et
ils firent un dernier essai pour créer l´homme et ils le firent de maïs. « Et
notre grande mère Xmucane en prenant du maïs blanc et jaune, fit le repas
et la boisson pour faire la chair et la graisse, et c´est ainsi que le Seigneur
Tepeu Cucumatz façonna nos premiers pères. »1
Les quatre premiers hommes qui habitèrent la terre n´ont pas eu de père
ou de mère, mais ils furent créés directement par le dieu créateur qui
s´appelle Tepeu Cucumatz. Ces hommes de maïs une fois créés furent
reconnaissants envers leurs dieux et ils commencèrent à leur rendre
louange en leur disant : « Nous vous remercions parce que vous nous avez
créés et vous nous avez formés, c´est toi notre grand mère, c´est toi notre
grand père ! C´est ainsi qu´ils parlèrent en rendant grâces pour avoir été
créés. »2
Même si le livre sacré des mayas, Popol Vuh, dans la version que nous
connaissons actuellement, a de toute évidence été modifié – pour des fins
pastorales – par les religieux dominicains qui le traduisirent en espagnol3,
malgré cela il ne cesse d´attirer notre attention sur la matière avec laquelle
les dieux ont décidé de créer l´homme : le maïs. Les hommes, dans la
mythologie maya, ont été créés à partir du maïs. Le maïs, qui constitue la
base de la nourriture des peuples en Amérique latine, constitue aussi notre
essence, notre être.
Pourquoi le maïs ? Parce que dans le continent américain, surtout de racines
indigènes, le maïs constitue la base de notre nourriture. Si nous sommes ce
que nous mangeons, ce que nous assimilons, le maïs nous constitue, nous
forme, nous crée. Notre chair et notre sang ont été faits de maïs. Mais il
s´agit d´un type de maïs particulier parce que c´est un maïs qui a du cœur,
qui est sensible et qui a des sentiments. L´homme de maïs est
reconnaissant envers ses créateurs, avec les dieux qui le nourrissent des
choses qui viennent de la terre et tout particulièrement du maïs. Nous
pouvons trouver une certaine similitude avec d´autres peuples de
l’Amérique du sud qui remercient eux aussi la « Mère terre », ou
Pachamama, de les nourrir et leur permettre de se tenir en vie.
Il nous semble qu´il est important de nous arrêter ici un moment pour
analyser les trois étapes antérieures à la création de l´homme. Dans le
1 Popol Vuh, (anónimo), Ed. Promo libros, Madrid, 2003, p. 104.
2 Ibid.
3 Le P. Francisco Ximénez, prêtre dominicain, est né en 1666, il a été curé á
Chichicastenango, Guatemala. Il a été le responsable d´écrire la chronique de sa
province. Les indigènes lui montrèrent le texte manuscrit de l´histoire des anciens
quichés, qu´on connaît par le nom de Popol Vuh, ou le Livre sacré des Mayas, livre
que le Père Ximenez copia et traduisit al espagnol.